-45%
Le deal à ne pas rater :
PC Portable LG Gram 17″ Intel Evo Core i7 32 Go /1 To
1099.99 € 1999.99 €
Voir le deal

Partagez
 

 d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : 1, 2  Suivant
AuteurMessage
Riley Graham
Riley Graham
Messages : 558
Date d'inscription : 29/03/2018

d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz) Empty
MessageSujet: d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz)   d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz) EmptySam 3 Aoû - 20:55

she was broken from moment to moment; watching her world collide, she felt lost inside herself. ✻  Il avait eu raison. Par un hasard qui lui semblait trop énorme pour en être un, il avait eu raison. Elle n’aurait pas dû aller à Dublin. Et elle n’y avait pas été, pas à cause de sa mise en garde louche mais parce que plusieurs devoirs lui étaient tombés dessus en même temps, l’obligeant à rester à Poudlard pour travailler. Elle n’y avait pas été, ne repensant pas à ce que son professeur de divination avait bien pu lui sortir. Et à présent, des flammes dansaient sur la une de la gazette des sorciers. Une boite de nuit moldue avait brûlée et les mangemorts avaient été fortement soupçonnés. Une boite de nuit moldue avait brûlée, en plein Dublin. Une boite de nuit avait brûlée et une partie de l’immeuble d’à côté. Immeuble où sa tante habitait. Immeuble où elle avait censée être hébergée. Il lui avait dit de ne pas y aller et à présent, elle se rendait compte qu’elle avait bien failli y perdre la vie. Que sa tante avait bien failli y perdre la vie également, si elle avait été là, sauvée seulement parce qu’Athanasia avait annulé son voyage et qu’elle était elle-même partie chez sa sœur, libérée de ses obligations envers sa nièce. Elle aurait pu mourir et pourtant elle était là, un journal entre les mains, journal suffisant à lui faire penser qu’elle perdait la raison. Elle fixa les lignes, encore et encore, cherchant à comprendre quelque chose d’impossible. Elle n’y avait même pas pensé. Elle n’avait même pas prêté attention à ce que Devereaux avait bien pu lui dire, elle l’avait à vrai dire bien vite oublié. Mais lorsque ses yeux s’étaient posés sur la photo mouvante de l’immeuble enflammé, c’était la seule pensée qui était venue à son esprit. Si j’étais vous, je n’irais pas à Dublin la semaine prochaine. Il l’avait prévenue, de la manière la plus étrange qui soit et désormais un immeuble entier était en cendres. Athanasia parcourut de nouveau l’article du regard, à la recherche d’une réponse, à la recherche d’une explication, peut-être cachée entre les lignes.
Etait-ce une attaque prévue ? Y avait-il eu des menaces une semaine avant le désastre ? Y avait-il même des tensions entre les mangemorts et les moldus à Dublin ? Comment est-ce que tout cela pouvait être possible ?
Elle passa sa main dans ses cheveux, entortillant les mèches de cheveux d’un blond plus sombre qu’à leur habitude, traduisant sans mal sa détresse. Assise à la table des Serpentard, elle ignorait les regards que l’on pouvait bien lui lancer, trop occupée à essayer de démêler ses pensées. De toutes manières, la moitié du château était encore en quarantaine, si bien qu’il n’y avait qu’une poignée d’élèves autour d’elle. Oubliant l’assiette encore pleine devant elle, Athanasia releva enfin les yeux, cherchant du regard son professeur de divination. Sans surprise, elle le vit assis à la table des professeurs, profitant lui aussi de son petit-déjeuner. Elle ne se donna pas le temps de réfléchir, se levant, ses doigts serrant fermement le journal, froissant au passage les fines feuilles de papier. D’un pas déterminé, elle se dirigea vers l’estrade, alors que Devereaux se levait à son tour, sans pour autant la regarder. En l’espace des quelques secondes qu’il lui fallut pour le rejoindre, il avait entamé une conversation avec une élève, un peu à l’écart. Elle se planta devant lui, ignorant le fait qu’il était en pleine discussion, levant le journal devant elle. « C’est quoi ce bordel ? » Les mots s’étaient échappés de sa bouche, trop vite, trop précipitamment pour qu’elle puisse faire attention aux mots qu’elle employait. Elle se mordit la lèvre inférieure, les sourcils froncés, consciente qu’elle devait avoir l’air démente. Elle baissa la voix avant de reprendre. « Vous m’avez dit de ne pas aller à Dublin. J’ai eu un empêchement et maintenant il y a ça sur toutes les couvertures, » ajouta-t-elle en haussant le ton, tout en gardant le volume de sa voix modéré, agitant de nouveau le journal devant elle. « C’est juste à côté de là où j’étais censée aller. » Elle pouvait entendre les notes d’inquiétude dans sa propre voix, à mesure que l’impression de ne faire aucun sens grandissait. Elle déglutit, ne prêtant pas attention à l'élève qui était toujours là, soutenant le regard du professeur. « Ne me dites pas que vous voyez pas de quoi je parle, parce que je vous jure que j’ai l’impression de devenir tarée. » Elle n’ajouta rien, gardant son regard fixé dans le sien, espérant que cette fois, cette fois, il pourrait lui expliquer.

(c) little wolf.
Revenir en haut Aller en bas
Riley Graham
Riley Graham
Messages : 558
Date d'inscription : 29/03/2018

d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz) Empty
MessageSujet: Re: d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz)   d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz) EmptySam 3 Aoû - 20:56


Athanasia & tobiasz — I've said it once, I've said it twice, I've said it a thousand fucking times, that I'm OK, that I'm fine, that it's all just in my mind. But this has got the best of me, and I can't seem to sleep. It's not 'cause you're not with me, it's 'cause you never leave. Is this what you call love? Because this is a war I can't win. One more nail in the coffin, one more foot in the grave, one more time I'm on my knees as I try to walk away. Everything I've loved became everything I lost ✻ ✻ ✻ Mes pensées émergeaient dans mon esprit embrumé, décousues, loin de la réalité, me donnant presque la nausée. Je fixai le vide devant moi, avant de tendre la main, au hasard, vers un plat. J’ignorai avec superbe les remarques joviales de mon voisin de table qui ne s’était pas encore rendu compte qu’il parlait dans le vide, me focalisant sur le pancake que j’étais en train de disposer dans mon assiette avec une application grossière. J’attrapai du bout des doigts la soupière qui contenait du miel, puis en versai d’une main lourde. Je fermai les paupières quelques instants sans parvenir à faire le tri. Sans parvenir à revenir à la réalité.
J’avais sans doute trop bu, hier soir.
Cela n’était pas la première fois que cela m’arrivait en semaine. Cela n’était pas la première fois que je perdais le compte des verres. J’avais beau avoir retrouvé Syeira, j’avais beau avoir retrouvé ma sœur, mais cela était arrivé trop tard. J’avais déjà franchi la frontière du raisonnable. J’avais déjà dépassé les bornes.
Syeira était revenue, oui. Mais elle était revenue quand j’avais déjà touché le fond de la mer.
J’attrapai fourchette et couteau, m’appliquant à réduire le contenu de mon assiette en petits morceaux. Je portai une bouchée à mes lèvres, mastiquant avec dégoût, avant d’avaler avec difficulté. Ma bouche toute entière était pâteuse ; mon crâne, lui, était victime de ses propres pensées qui tambourinaient, qui tambourinaient encore et encore. J’avais encore des flashs de souvenirs, fades et délavées, qui ne semblaient pas appartenir à la réalité. Au fond de moi, je le savais. Au fond de moi, je savais que j’avais sans doute déliré. Et, sans que je ne le dise, cela me faisait peur. Et, sans que je ne l’admette, j’étais effrayé par les proportions que ma propre psychose pouvait prendre. « Professeur Devereaux ? » Je levai la tête vers l’élève qui s’était doucement approchée de la table des professeurs. Je fronçai les sourcils en la détaillant du regard, peinant à remettre un nom sur ses traits. Puis, finalement, au beau milieu de mes pensées dispersées, je me souvins. Cinquième année. La blonde du premier rang qui semblait boire mes paroles, même les plus absures. « Oui, mademoiselle Rutherford ? » répondis-je d’une voix lasse. Elle parut presque gênée, au delà de l’excitation passagère qu’elle ressentait. « Je voudrais vous parlez en privé, si vous avez le temps, » continua-t-elle. J’observai mon assiette avant de finalement acquiescer et me lever de ma chaise ; je fis un pas sur le côté avant de descendre de l’estrade des professeurs, emmenant l’élève légèrement à l’écart. « Je vous écoute. » Je l’observai d’un air absent, essayant, en vain, d’être attentif à ce qu’elle pouvait bien vouloir me dire. « Alors, en fait, je voulais vous demander à propos du devoir que vous nous avez deman… » Mais elle ne parvint pas à terminer sa phrase. Une autre blonde entra dans mon champ de vision et, avant qu’elle ne développe ses interrogations, elle lui coupa la parole. « C’est quoi ce bordel ? » Malgré la précipitation de ses paroles, j’avais l’impression que j’aurais pu reconnaître sa voix entre mille. Mes yeux se posèrent sur Athanasia Rhodes. Son expression avait changé, depuis notre dernière entrevue ; si son intervention ne me présageait rien de bon pour ma propre santé mentale, elle ne semblait pas en colère. Elle ne semblait pas hors d’elle. Juste paniquée. Juste perdue. Et, encore, aucun de ces mots ne me paraissaient appropriés. « Vous m’avez dit de ne pas aller à Dublin. J’ai eu un empêchement et maintenant il y a ça sur toutes les couvertures, » poursuivit-elle en me mettant une page de journal sous les yeux. « C’est juste à côté de là où j’étais censée aller. » Mes paupières papillonnèrent entre les grandes lignes de la Gazette, accusant les Mangemorts d’être à l’origine d’un incendie à Dublin, et ses traits. J’avais complètement oublié l’autre élève, devenue silencieuse. J’avais complètement oublié l’autre élève, cette autre élève qui nous écoutait avec attention comme si notre conversation allait lui prouver quelque chose. « Ne me dites pas que vous voyez pas de quoi je parle, parce que je vous jure que j’ai l’impression de devenir tarée, » finit la Serpentard. Je sentis ma mâchoire se serrer, puis je finis par enfin tourner la tête vers la demoiselle venue me poser une question. « Excusez-nous, mademoiselle Rutherford, mais je vais devoir m’occuper de mademoiselle Rhodes avant vous. Venez dans mon bureau dans une demi-heure pour me poser vos questions, » J’acquiesçai pour accentuer mes propres paroles, avant de finalement prendre Athanasia par le bras et la tirer un peu plus loin, à l’abris des regards et des oreilles.
Je savais à quoi elle faisait référence, oui. Je savais ce dont elle parlait, pour une fois. Après tout, je m’en étais voulu toute une soirée d’avoir laissé échapper des paroles délirantes à propos de Dublin. Après tout, j’avais tenté de trouver des explications à mes propres dires durant les trois jours qui avaient suivi. Puis, finalement, j’avais fini par tenter d’oublier. Puis, finalement, j’avais continué de vivre, continué de sombrer. « Le hasard, » finis-je par lâcher, préférant déballer la première excuse qui m’effleurait l’esprit plutôt qu’endurer plus longtemps son regard insistant. « Vous vouliez savoir, mademoiselle Rhodes ? Il s’agit de purs hasards. Les charlatans misent souvent sur ça pour leurs tours de passe-passe. » J’espérais qu’elle se satisfasse d’une telle réponse. J’espérais qu’elle lâche l’affaire maintenant que je lui donnais raison. Je sentais déjà mon corps trembler. Je sentais déjà mon esprit faiblir. Je n’avais pas encore déjeuné, ce matin. Je n’avais encore rien avalé.
Et c’était bien souvent dans ces moments-là que je lâchais prise le plus facilement. Le plus rapidement. Le plus spontanément. Je lâchais prise, oui. Je lâchais prise parce que je ne répondais plus des agissements de mon propre corps. De ma propre tête.  
Revenir en haut Aller en bas
Riley Graham
Riley Graham
Messages : 558
Date d'inscription : 29/03/2018

d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz) Empty
MessageSujet: Re: d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz)   d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz) EmptySam 3 Aoû - 20:56

she was broken from moment to moment; watching her world collide, she felt lost inside herself. ✻  Peut-être avait-elle tort de demander. Peut-être avait-elle tort d’insister. Elle était quasiment certaine que toute personne normale aurait haussé les épaules et serait passé à autre chose. Que toute personne normale aurait vu que ce n’était qu’une coïncidence, que ce ne pouvait être qu’une coïncidence, que chercher toute autre explication était parfaitement absurde. A vrai dire, elle-même aurait réagi comme cela, quelque mois plus tôt. Mais à présent, elle n’était plus sure de rien, ayant encore en tête ce qu’il avait dit sur la peste des patronus, ayant encore en tête les petits avertissements qu’il avait bien pu lui servir au cours de l’année, avertissements qui lui avaient bien trop souvent servis. A présent, elle n’était plus sure de croire que la divination n’existe pas, pas avec un tel comportement de la part de son professeur. Avec les autres, au moins, elle avait pu voir clairement qu’ils nageaient en plein délire, que leurs visions n’avaient rien de réel. Tobiasz Devereaux, lui, semblait véritablement prédire l’avenir. Sans s’en vanter. Sans en faire tout un cinéma. Avec elle seule comme témoin, alors qu’il aurait certainement dû profiter d’un public plus large s’il s’était agi d’un numéro. Il avait dit lui-même ne pas être là pour leur raconter des mensonges, si bien qu’elle ne comprenait pas pourquoi il aurait commencé ainsi, avec des détails aussi précis.  
Poussée par sa curiosité, poussée par l’impression nette qu’elle avait de devenir dingue, Athanasia s’approcha de la table des professeurs, déterminée à recevoir des réponses. Sans réellement sans soucier, elle le coupa en pleine conversation, ignorant l’élève qui lui avait adressé la parole. Elle n’avait à vrai dire pas même réalisé qu’elle dérangeait peut-être, trop focalisée sur son besoin de savoir, trop focalisée sur son besoin de lui parler, immédiatement. « Excusez-nous, mademoiselle Rutherford, mais je vais devoir m’occuper de mademoiselle Rhodes avant vous. Venez dans mon bureau dans une demi-heure pour me poser vos questions, » dit-il finalement à l’autre élève et Athanasia commença à réaliser qu’il allait peut-être répondre à ses questions. Qu’il allait peut-être parvenir à démêler ses pensées. Il lui attrapa le bras, l’emmenant plus à l’écart, même si le brouhaha des élèves était toujours parfaitement audible. Elle fixa son regard sur le sien, appréhensive. « Le hasard, » dit-il finalement et elle pu sentir sans mal la déception déferler sur elle. « Vous vouliez savoir, mademoiselle Rhodes ? Il s’agit de purs hasards. Les charlatans misent souvent sur ça pour leurs tours de passe-passe. » Elle continua de le regarder, attendant autre chose, attendant plus mais il avait visiblement fini. Il n’avait visiblement que cela comme explication. Elle croisa les bras, tenant le journal du bout des doigts, les sourcils froncés et détourna le regard un instant avant de le reporter sur lui. Malgré elle, un rire amer lui échappa, même si elle n’était absolument plus d’humeur à être amusée. « Je ne comprends pas, » dit-elle finalement, secouant la tête. « Pourquoi vous continuez de mentir ? Pourquoi est-ce que vous ne voulez pas dire la vérité ? » Elle marqua une pause, se retenant de lui hurler dessus. Elle commençait à être véritablement frustrée, frustrée qu’il ne se montre pas plus coopératif, frustrée qu’il nie que quelque chose d’évident clochait. Elle décroisa les bras, pointant un doigt sur l’article qui faisait la une de la gazette, ne s’occupant pas du fait que le journal était à présent largement froissé. « Ça, ce n’est pas un hasard, monsieur Devereux, » dit-elle précipitamment, écorchant son nom encore une fois. « Je ne vous ai même pas dit que j’allais à Dublin. Comment est-ce que vous auriez pu le savoir ? Comment est-ce que vous l’avez su ? » Elle laissa retomber ses bras, poussant un soupir. « Je ne vois même pas comment vous auriez pu le deviner. » Elle était fatiguée à présent, fatiguée d’avance d’avoir la même conversation avec lui, fatiguée de se prendre des stops en pleine figure. Elle était certaine qu’aucun de ces deux événements n’avaient été des hasards, de même qu’aucun de ces deux événements n’auraient pu être prévus avec ce que Devereaux savait d’elle ou de la peste, inexistante à cette époque.

(c) little wolf.
Revenir en haut Aller en bas
Riley Graham
Riley Graham
Messages : 558
Date d'inscription : 29/03/2018

d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz) Empty
MessageSujet: Re: d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz)   d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz) EmptySam 3 Aoû - 20:56


Athanasia & tobiasz — I've said it once, I've said it twice, I've said it a thousand fucking times, that I'm OK, that I'm fine, that it's all just in my mind. But this has got the best of me, and I can't seem to sleep. It's not 'cause you're not with me, it's 'cause you never leave. Is this what you call love? Because this is a war I can't win. One more nail in the coffin, one more foot in the grave, one more time I'm on my knees as I try to walk away. Everything I've loved became everything I lost ✻ ✻ ✻ J’étais fatigué et usé. Fatigué et usé par mon propre corps. Fatigué et usé par mes propres pensées. Je n’avais plus aucune influence sur ce que je pouvais bien faire ou dire ; le moindre de mes gestes semblait être dicté par une force qui m’était supérieure, par une force contre laquelle je ne pouvais pas lutter. Par une force contre laquelle j’avais cessé de lutter. J’avais arrêté de me battre pour lui tenir tête. J’avais arrêté d’être vaillant et courageux pour me sauver, moi, de la chute libre.
C’était si simple de tout simplement arrêter. Si simple de tout simplement se laisser aller.
J’avais déjà passé ma vie à me battre, quelque part. Me battre pour ma sœur. Me battre pour sa survie. Me battre pour son bien être. Me battre pour qu’elle aille bien, qu’elle aille bien et qu’elle n’ait pas de regret ou de remord. J’avais passé ma vie à me battre pour elle, oui, mais aussi pour sa fille. Me battre pour sa sécurité. Me battre pour qu’elle grandisse sans manquer de rien. Me battre pour son bonheur, même si j’avais toujours su que je n’étais pas forcément à la hauteur pour une telle tâche. Et j’avais fini par faillir, d’ailleurs. Par échouer lamentablement. Parce que, la vérité, c’était que je m’étais battu pour rien. Elles m’avaient toutes les deux filer entre les doigts. Parce que, la vérité, c’était que je n’avais plus de raison de me battre, maintenant que je les avais laissé partir, maintenant que je les avais laissé m’échapper. Elles étaient hors de ma portée. Elles étaient ailleurs. Et la seule personne qui me restait à défendre était moi. Moi, cet être que je détestais. Moi, cet être dont j’avais peur, presque.
Moi, cet être qui ne valait pas la peine d’être sauvé. Cet être qui ne valait pas la peine pour tous ces efforts. J’étais une cause perdue bien avant ma naissance ; maintenant qu’il n’y avait plus Syeira, ni Phoenix, je n’avais plus suffisamment de courage pour me battre pour ma propre survie.
L’élève me tendait le journal pour que je puisse lire les gros titres, mais, à vrai dire, j’étais bien incapable de poser mes yeux sur les lignes qui flottaient devant moi. L’intégralité de mon corps était sous tension et je serrai les poings, dans mes poches, pour tenter de me raccrocher à quoi que ce soit de réel. Elle ne devait pas se rendre compte, non. Elle ne devait pas se rendre compte que je n’avais pas de réponse à lui fournir. Elle devait faire partie de ces personnes persuadées qu’il existait des raisons pour chaque chose ; et, dans ce cas précis, hormis ma folie, je n’avais absolument rien à lui apporter. Rien à lui expliquer. Rien à lui démontrer. J’aurais aimé qu’elle ne s’accroche pas de cette manière à mes paroles, à mes gestes. J’aurais aimé qu’elle cesse de me voir comme une personne capable de lui prouver des choses. « Je ne comprends pas. Pourquoi vous continuez de mentir ? Pourquoi est-ce que vous ne voulez pas dire la vérité ? » J’entendais son énervement, je pouvais presque le percevoir dans sa posture. Elle était à deux doigts d’élever la voix mais le fait que nous nous trouvions encore dans la Grande Salle l’en empêchait ; quelque part, cela me rassurait presque. Cela me rassurait presque qu’elle soit suffisamment bien élevée pour connaître des limites dans son comportement, dans ses mots, dans ses actes.   « Ça, ce n’est pas un hasard, monsieur Devereux, » poursuivit-elle en me montrant du doigt l’article. « Devereaux, » corrigeai-je, la gorge serrée. Mais elle s’en fichait. Cela n’était qu’un détail futile dans le questionnement qui la tourmentait ; elle attachait tant d’importance aux raisonnements, aux explications, qu’elle passait à côté des faits les plus simples, les plus fondamentaux. J’étais fou. Fou et perdu. Fou et seul. « Je ne vous ai même pas dit que j’allais à Dublin. Comment est-ce que vous auriez pu le savoir ? Comment est-ce que vous l’avez su ? Je ne vois même pas comment vous auriez pu le deviner, » reprit-elle. Ma gorge me serrait si fort que j’étais persuadé de ne plus être capable de parler. Je sentais son propre agacement, sa propre incompréhension et, étrangement, cela n’était que le pâle reflet de tout ce que je pouvais ressentir.
J’aurais aimé pouvoir lui dire. Lui dire que je n’en savais pas plus qu’elle. Lui dire que je ne savais pas non plus comment j’avais su, qu’il y avait cette autre personne en moi qui s’emparait de temps à autre de mon corps, de mes mots. Mais je ne pouvais pas l’admettre à voix haute. Je ne pouvais pas l’énoncer clairement. Cela aurait été comme admettre la vérité. « Votre accent, » repris-je comme si cela était la chose la plus normale du monde. Je n’avais même pas fait attention à sa façon de prononcer les mots. Je ne parlais même pas suffisamment bien anglais pour prêter attention à ce genre de choses. Mais j’étais trop désespéré pour veiller à élaborer un mensonge convaincant. « Le reste n’était que de l’illusion. Vous êtes contente, mademoiselle Rhodes ? La voilà votre explication. Je ne suis qu’un imposteur. C’était ce que vous vouliez entendre ? » Ce qu’elle ne savait pas, c’était que cela était également ce que j’aurais souhaité entendre. Que cela était également ce que j’aurais voulu. Être un imposteur. Un charlatan. Pas un fou furieux. « Maintenant, rangez ce journal avant de vous embarrasser toute seule. » J’étais presque sûr que mes tremblements de plus en plus incontrôlables me trahissaient. J’étais presque sûr de ne pas être crédible.
Mais la tension montait. Elle montait, encore et encore, et ne faisait que générer la crainte de ce que j’allais bien pouvoir en faire. La crainte de ce qui allait bien pouvoir se passer.
Revenir en haut Aller en bas
Riley Graham
Riley Graham
Messages : 558
Date d'inscription : 29/03/2018

d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz) Empty
MessageSujet: Re: d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz)   d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz) EmptySam 3 Aoû - 20:56

she was broken from moment to moment; watching her world collide, she felt lost inside herself. ✻  La curiosité l’avait toujours consumée, d’une manière ou d’une autre. Elle n’avait jamais aimé les mystères, elle n’avait jamais aimé ce qu’elle ne pouvait pas expliquer, préférant alors réfuter leur existence. Elle avait toujours eu ce besoin, petite déjà, de mettre un mot sur l’inexplicable, d’avoir des réponses à ses questions, à toutes ses questions. Elle avait toujours été le genre d’élève à agacer les autres, à poser des questions juste à la fin du cours, empêchant tout le monde de pouvoir s’en aller. Elle avait toujours été dévorée par la curiosité au point où elle avait décidé d’arrêter de l’ignorer. Elle avait décidé de la laisser guider ses actions, la laisser guider ses paroles, afin d’être enfin satisfaite. Parfois, cela n’était pas suffisant et elle restait sur sa faim, frustrée de ne pas avoir pu calmer les questionnements de son esprit. C’était ce qu’elle détestait le plus, au fond, si bien que sa détermination ne flanchait presque jamais. Elle avait su, au moment où elle avait fait le lien entre la peste et ce qui lui avait dit son professeur de divination,  que ce dernier avait des secrets qu’elle pourrait découvrir. Que si la divination n’existait pas, il devait avoir un autre moyen pour qu’il puisse deviner qu’elle allait à Dublin, pour qu’il puisse deviner qu’elle n’y serait pas en sécurité. Elle n’était pas certaine de croire en l’alignement des étoiles par exemple mais si c’était ce qu’il lui expliquait, s’il pouvait le lui prouver, elle était prête à l’écouter. Dans son esprit, cela était beaucoup plus concret qu’un quelconque don permettant d’avoir une intuition plus aiguisée et des visions précises d’un futur qui aurait dû rester incertain.
Sa curiosité l’avait emportée, une fois encore. Sa curiosité l’avait empêchée de réfléchir raisonnablement, de voir qu’elle dépassait sans aucun doute les limites à lui parler ainsi et à lui faire un scandale au milieu de la Grande Salle. Pourtant, la situation lui mettait les nerfs à vif. Elle était certaine qu’il lui mentait depuis le début, qu’il y avait quelque chose qu’il ne voulait pas qu’elle sache. Et elle ne parvenait pas à mettre le doigt dessus, peu importe le nombre de fois qu’elle insistait. « Votre accent, » lui répondit-il, comme si cela était suffisant pour deviner qu’elle entreprendrait un voyage jusqu’à Dublin. « Le reste n’était que de l’illusion. Vous êtes contente, mademoiselle Rhodes ? La voilà votre explication. Je ne suis qu’un imposteur. C’était ce que vous vouliez entendre ? Maintenant, rangez ce journal avant de vous embarrasser toute seule. » Elle soutint son regard, les lèvres pincées, persuadée qu’il ne pouvait tout de même pas s’attendre à ce qu’elle se contente de cela. Elle était blessée, aussi, qu’il la traite comme une enfant alors qu’ils étaient tous deux adultes, simplement parce qu’elle était son élève. De la manière dont il l’expédiait, elle avait l’impression d’être une gamine faisait un caprice sur l’existence du Père Noël. Et elle se doutait qu’il avait peut-être raison sur un point. D’eux deux, elle était celle qui était sans doute le plus en tort, elle était celle qui avait sans doute le plus l’air folle à lier. Elle était certaine, cependant, que ses questions n’étaient pas infondées. Qu’il y avait quelque chose qu’elle ne savait pas et que Devereaux s’acharnait à lui cacher. « Mon accent ne veut rien dire, » lâcha-t-elle finalement. Elle essayait de garder un ton calme, à présent, consciente qu’elle l’avait sans doute abordé de la mauvaise manière, cachant la panique qui enflait dans ses veines. « Même si vous en aviez déduit que je me rendais à Dublin précisément ce weekend là, ça n’expliquerait pas pourquoi vous m’avez dit de ne pas y aller. Vous saviez que quelque chose arriverait. » De même qu’il avait sur qu’elle ne serait pas malade alors que le reste des élèves serait touché par la peste. De même qu’il avait su qu’il allait pleuvoir, alors que le ciel était encore bleu au dehors. Toutes ces coïncidences commençaient à être trop énormes pour en être véritablement. Et Athanasia était convaincue que même s’il essayait de la persuader du contraire, il le savait lui aussi. Elle poussa un soupir, repliant le journal qui ne lui servait à présent plus, avant de croiser les bras et de relever le regard vers son professeur. « Je ne vous laisserai pas tranquille tant que je n’aurais pas de réponse claire. Alors vous pouvez me répondre tout de suite ou vous pouvez attendre que je hausse la voix et que vos collègues deviennent assez curieux pour que je puisse leur toucher deux mots là-dessus, » dit-elle en secouant le journal encore entre ses doigts. « Je veux dire, si vous étiez au courant de cette attaque, peut-être est-ce parce que vous étiez impliqué. » La menace était tout ce qu’il lui restait à présent, puisqu’il ne voulait pas céder et qu’elle non plus. La menace, afin d’assouvir son désir de savoir, afin de comprendre ce qui lui échappait.

(c) little wolf.
Revenir en haut Aller en bas
Riley Graham
Riley Graham
Messages : 558
Date d'inscription : 29/03/2018

d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz) Empty
MessageSujet: Re: d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz)   d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz) EmptySam 3 Aoû - 20:57


Athanasia & tobiasz — I've said it once, I've said it twice, I've said it a thousand fucking times, that I'm OK, that I'm fine, that it's all just in my mind. But this has got the best of me, and I can't seem to sleep. It's not 'cause you're not with me, it's 'cause you never leave. Is this what you call love? Because this is a war I can't win. One more nail in the coffin, one more foot in the grave, one more time I'm on my knees as I try to walk away. Everything I've loved became everything I lost ✻ ✻ ✻ Toute ma vie, j’avais été considéré comme un charlatan, un imposteur, à un tel point que j’avais fatalement fini par en devenir un. Je ne savais pas réellement où est-ce que la frontière se trouvait entre mon être et cette définition qu’on avait faite de moi ; je me perdais quelque part entre ce qu’on m’avait dit d’être et ce que j’étais finalement devenu, ne comprenant pas toutes les nuances, n’acceptant pas toutes les formes de ces vérités. J’étais un charlatan honnête, un imposteur qui refusait le faux et les illusions. J’étais une confrontation d’idée, une opposition de concepts, et je me perdais moi-même avec les jugements des autres, mes aspirations à m’assumer tel que j’étais et l’horreur qui m’habitait à mesure que je constatais que mon corps et mon esprit ne m’appartenaient pas entièrement.
Parce que, ce que les autres personnes ne comprenaient pas, c’était que tous leurs mots, toutes leurs paroles, toute cette application qu’ils avaient à me décrire comme bon leur semblait, finissaient par m’atteindre, moi. Par m’atteindre et diviser ma personnalité, diviser cette âme qui s’effritait déjà entre mes doigts.
Je ne savais même plus ce que j’avais le droit d’être. Je ne savais même plus si j’étais un charlatan par choix ou pas obligation ; je suivais un chemin sinueux tantôt appelé par la raison, tantôt ramené par mon éducation, me rendant compte, au bout du compte, que je n’avais fait qu’aller en arrière.
Je sombrais. Je sombrais dans cet esprit contradictoire. Je sombrais à cause de mes pensées qui s’entremêlaient, à cause des attentes des autres, à cause des promesses que j’avais faites sans même me rendre compte que je ne pourrais pas les honorer, malgré toute la bonne volonté du monde. Je voulais être fort pour les autres mais j’avais une âme trop instable pour prendre des décisions. Je voulais être courageux pour Syeira et Phoenix mais j’étais dans un tel état d’égarement que je ne savais plus à quoi me raccrocher pour être fidèle à moi-même.
Et puis, il y avait l’autre. Cet autre qui me rongeait ma vie. Cet autre qui me volait mon existence. Cet autre qui prenait le dessus parce que j’étais trop affaibli par le reste pour réussir à le combattre. « Mon accent ne veut rien dire, » déclara-t-elle, ne sachant même pas, sans doute, à quel point elle pouvait avoir raison. A quel point je n’en avais eu que faire de son accent avant qu’elle n’ouvre la bouche. A quel point je n’y avais même pas fait attention. « Même si vous en aviez déduit que je me rendais à Dublin précisément ce weekend là, ça n’expliquerait pas pourquoi vous m’avez dit de ne pas y aller. Vous saviez que quelque chose arriverait. » Je serrai les dents pour m’empêcher de pousser un cri de rage. J’avais envie de partir, de la laisser-là, avec ses théories. J’avais envie de tourner les talons pour ne plus jamais recroiser son chemin, pour enfin en finir avec toutes ces choses que je ne contrôlais pas.
Mais je ne pouvais pas. J’étais professeur, apparemment. Et une fois n’était pas coutume, j’avais des règles à respecter, j’avais un moule dans lequel entrer. J’allais à l’encontre même de la personne que j’étais en mon fort intérieur pour convenir aux modèles d’une société qui ne me correspondait pas. Pour convenir aux modèles d’une société qui n’était même pas la mienne. « Je ne vous laisserai pas tranquille tant que je n’aurais pas de réponse claire. Alors vous pouvez me répondre tout de suite ou vous pouvez attendre que je hausse la voix et que vos collègues deviennent assez curieux pour que je puisse leur toucher deux mots là-dessus, » reprit-elle. Elle ne prenait même plus la peine de voiler ses menaces, comme si elle avait le droit d’obtenir une réponse, comme si elle pouvait se permettre de me parler de cette manière.
Je ne savais même pas si le nom de famille Rhodes avait une quelconque importance. Dans tous les cas, elle semblait considérée qu’au moins, elle, elle en avait. « Je veux dire, si vous étiez au courant de cette attaque, peut-être est-ce parce que vous étiez impliqué. » Sa phrase raisonna dans ma boîte crânienne et je finis par baisser le regard sur elle. Sans réellement réfléchir à mes actions, je l’attrapais par le poignet, me fichant bien si je lui faisais mal, ne me demandant même pas si mon geste était approprié. Je l’entrainais à l’extérieur de la Grande Salle en tirant sur son bras sans aucune galanterie, sans faire attention, veillant à l’attirer dans une salle au rez-de-chaussée, où des meubles étaient entreposés. Je lâchai son poignet, le regard furieux, la respiration sifflante, le corps tremblant. « Ce sont des menaces, Rhodes ? » demandai-je d’une voix dure. « Il s’agit de ma parole contre la vôtre. Et j’ai la confiance de Dumbledore. » Je répondais à ses accusations comme je le pouvais mais je ne savais pas, au fond de moi, si j’étais responsable. Si j’avais quelque chose avoir avec ce qu’il s’était passé. Si c’était de ma faute. Si c’était à cause de moi. Parce que je ne le savais pas. J’étais un inconnu aux yeux des autres, mais j’étais également étranger à ma propre âme. « Vous interprétez simplement mes paroles. C’est là dessus que se repose l’imposture, » repris-je sans parvenir à me calmer. « Quelqu’un vous aurait bousculé et aurait renversé quelque chose sur votre chemisier préféré, vous aurez mis cela sur le compte de mes paroles. C’est ce qu’il se passe, quand on commence à y croire. Vous vous êtes simplement faite avoir comme tous les autres. » Je serrai les poings pour tenter de rester professionnel, pour tenter de rester civilisé, mais la vérité, c’était que je perdais le fil, je perdais pied. Je coulais dans cet espace trop confiné, je manquais d’air face à ses accusations qui étaient fondées.
Je ne me faisais plus confiance, non. Au point d’être capable de me blâmer pour les horreurs qui se produisaient.
Revenir en haut Aller en bas
Riley Graham
Riley Graham
Messages : 558
Date d'inscription : 29/03/2018

d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz) Empty
MessageSujet: Re: d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz)   d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz) EmptySam 3 Aoû - 20:57

she was broken from moment to moment; watching her world collide, she felt lost inside herself. ✻  Elle n’avait même pas voulu le penser coupable. L’idée ne lui avait traversé l’esprit que sur le moment, seulement lorsqu’elle s’était rendue compte qu’il risquait de se défiler. Elle ne savait pas pourquoi cela l’obsédait tant, à vrai dire. Peut-être parce que cette fois-ci, c’était plus grave qu’avec la peste. Cette fois-ci, il y avait eu des morts. Et quelque part, cela ne lui rappelait que trop bien l’état de chaos dans lequel était plongé le monde sorcier. Cela ne lui rappelait que trop bien l’accident du Poudlard Express au début de l’année et la manière dont sa main avait tremblé avant de jeter le sort. Elle refusait de penser que l’incendie de Dublin ait pu être évité et que son professeur de divination, qui avait été celui à la mettre en garde, n’en ait rien à faire. Des dizaines de personnes étaient mortes. Des dizaines de moldus. Elle avait pensé que si l’accident de train l’avait tant bouleversée, cela était dû au fait que les victimes aient été des sorciers. Pourtant, cette fois-ci ce n’était pas de sa faute et elle ressentait le même genre de détresse. Le même genre d’angoisse, alors qu’il ne s’était agit que de moldus, alors qu’elle avait passé sa vie à ne rien en avoir à faire. Cela ne collait pas avec ce en quoi elle avait toujours cru mais elle réalisait à présent qu’elle ne savait plus en quoi croire. Que leur monde était tant divisé et torturé qu’elle était incapable de prendre parti, qu’elle était incapable de se dire qu’elle ne s’en serait pas voulue, en septembre, si cela avait été un train moldu. Quelque part, cela ne changeait rien. Elle avait beau penser les sorciers supérieurs aux moldus, ces derniers restaient des êtres humains. Et c’était quelque chose qu’elle avait peiné à réaliser jusqu’à présent, seulement pour se rendre compte que cela n’avait pas d’importance aux yeux de Devereaux, qu’il s’en fichait surement de savoir qu’il aurait pu éviter que cela n’arrive.
Elle était encore calme, même si les premières minutes de leur conversation avaient été agitées et pourtant elle ne savait pas comment elle parvenait à baisser le ton. Peut-être était-ce le public involontaire qu’elle s’était donnée en l’abordant dans la grande salle, peut-être était-ce la restreinte que la relation professeur-élève lui imposait. Après tout, elle n’était pas censée lui manquer de respect. Elle n’était pas censée céder au désir qu’elle avait de lui crier dessus. Elle n’était pas censée s’énerver après lui. Pourtant, elle était frustrée, frustrée de ne pas avancer malgré ses efforts, frustrée de se prendre un mur. Peut-être avait-il raison, après tout. Peut-être s’était-elle trompée et tout cela n’était qu’une coïncidence. Cependant, elle refusait d’y croire. Elle refusait de céder. Et quelque part, elle savait qu’elle avait tort d’insister autant. Pourtant, cela n’empêcha pas les menaces de sortir de sa bouche, menaces auxquelles elle n’avait pas réellement songé auparavant. Elle pouvait voir dans son regard qu’elle allait trop loin et qu’elle l’avait sans doute énervé, mais elle resta plantée là où elle était, attendant de voir si sa dernière solution fonctionnerait. Si ce n’était pas le cas, elle n’aurait qu’à remballer ses théories et trouver une autre obsession. Pour toute réponse, Devereaux lui attrapa le poignet, la prenant tant par surprise qu’elle ne tenta pas de se dégager, le cœur battant sous l’apréhension. Au fond d’elle, elle espérait qu’il l’emmène à l’écart pour lui expliquer enfin, pour l’aider à démêler ses pensés, pour l’aider à faire taire ses questions. Cependant, la force qu’il employa la ramena brutalement sur terre et elle serra les dents alors qu’il la faisait entrer dans une salle d’entrepôt, avant de finalement la relâcher. Les sourcils froncés, elle se retourna vers lui, faisant bouger son poignet pour chasser l’inconfort, tenant toujours son journal dans son autre main, alors qu’il n’avait à présent plus d’importance. « Ce sont des menaces, Rhodes ? Il s’agit de ma parole contre la vôtre. Et j’ai la confiance de Dumbledore, » lui cracha-t-il alors. Elle serra les dents, refusant d’admettre qu’il avait probablement raison. Elle n’était qu’une élève, après tout. Sa parole ne valait rien aux yeux de ses aînés. Mais elle n’était pas certaine qu’elle aurait mis à exécution ses menaces, sachant pertinemment qu’ils pourraient croire à une invention de sa part. « Vous interprétez simplement mes paroles. C’est là dessus que se repose l’imposture. Quelqu’un vous aurait bousculé et aurait renversé quelque chose sur votre chemisier préféré, vous aurez mis cela sur le compte de mes paroles. C’est ce qu’il se passe, quand on commence à y croire. Vous vous êtes simplement faite avoir comme tous les autres. » Il ne retenait pas ses mots à présent, ayant abandonné le calme dont il avait su faire preuve jusqu’à présent et c’est sans doute ce qui énerva Athanasia encore plus. Hors d’elle, elle fit un pas en avant, malgré le fait qu’il semblait hors de lui, malgré le fait qu’ils soient seuls, à l’écart du reste du château. « Vous n'en avez rien à faire, n’est-ce pas ? » cracha-t-elle, ayant du mal à garder les esprits clairs à présent. Echo, qui était jusqu’à présent, ne l’aidait en rien, l’encourageant dans un coin de son esprit à lui donner une gifle. « Des gens sont morts, » asséna-t-elle, ignorant son patronus. Sans réfléchir, elle lui colla le journal sur le torse, suffisamment fort pour le faire reculer, comme si cela allait suffire à le convaincre.Trop focalisée sur ses propres pensées,elle ne vit pas que ses cheveux viraient peu à peu au rouge, laissant deviner sans mal la rage qui l'habitait. Elle savait qu’elle allait trop loin. Elle savait qu’elle n’avait probablement pas le droit de le toucher. Au fond, elle s’en fichait. « Vous le saviez et vous n’avez rien fait, » continua-t-elle, criant presque à présent. Elle n’était pas certaine qu’on ne puisse pas les entendre de l’extérieur de la pièce mais elle n’eut aucune envie de baisser la voix. A vrai dire, son ton montait à mesure qu’elle prononçait ses mots. « Vous les avez laissé mourir. C’est de votre faute. C’est de votre putain de faute, » acheva-t-elle, le poussant de nouveau, autant qu’elle le put, autant que sa force le lui permettait. Elle allait être exclue, elle en était certaine à présent mais cela ne l’empêcha pas de ne pas regretter son geste, de ne pas regretter ses paroles.

(c) little wolf.
Revenir en haut Aller en bas
Riley Graham
Riley Graham
Messages : 558
Date d'inscription : 29/03/2018

d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz) Empty
MessageSujet: Re: d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz)   d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz) EmptySam 3 Aoû - 20:57


Athanasia & tobiasz — I've said it once, I've said it twice, I've said it a thousand fucking times, that I'm OK, that I'm fine, that it's all just in my mind. But this has got the best of me, and I can't seem to sleep. It's not 'cause you're not with me, it's 'cause you never leave. Is this what you call love? Because this is a war I can't win. One more nail in the coffin, one more foot in the grave, one more time I'm on my knees as I try to walk away. Everything I've loved became everything I lost ✻ ✻ ✻ Je ne savais pas. Je ne savais rien. J’étais incapable de connaître les limites de l’autre, de savoir jusqu’où il était capable d’aller. Il me manquait des fragments entiers de mon existence ; il m’arrivait de revenir à moi sans savoir comment j’avais bien pu arriver là, ou même ce qui avait bien pu se passer. J’entendais, parfois, des récits délirants semblables à ceux d’Athanasia, comme s’ils ne correspondait pas à ma propre existence, comme s’ils n’avaient rien à voir avec moi ; il était fréquent, également, que certaines paroles ne m’échappent sans que je n’aie décidé de les prononcer, alors que j’étais toujours lucide, toujours en contrôle. Cela m’effrayait, oui. Cela m’effrayait parce que je n’avais absolument plus aucun pouvoir sur mon corps, plus aucune possibilité de m’en sortir sans que l’autre ne vienne reprendre le dessus.
C’était comme si plus rien ne m’appartenait.
Et, au fond, je savais que c’était le cas.
Je tremblai. Je tremblai de tout mon corps, incapable de me contrôler, incapable d’adopter un ton calme et posé. Tout cela me dépassait bien trop pour que je puisse feindre l’arrogance ; j’étais en colère, oui, en colère contre moi-même. J’avais perdu tout repère en l’espace de quelques instants ; mon équilibre instable avait basculé et l’élève en face de moi, sans qu’elle ne s’en rende compte, sans doute, me rongeait toute mon assurance biaisée, toute mon mépris imaginaire. Elle avait le dessus. Elle ne le savait pas mais elle avait le dessus.
Le dessus sur moi. Cependant, j’étais bien incapable de ce que l’autre pouvait lui faire et dans de maigres élans de courage, je fermai les poings dans l’espoir de pouvoir prendre sur moi et passer mon chemin. Dans l’espoir de pouvoir rapidement lui faire comprendre qu’il était inutile pour elle de creuser pour qu’elle puisse enfin me laisser tranquille, moi et mon instabilité, moi et l’autre.
Mais je le vis dans son regard qu’elle n’était pas de cet avis. Qu’elle ne se laisserait pas faire.
Qu’elle ne me laisserait pas tranquille. Ne voyait-elle pas ? Ne voyait-t-elle pas dans mon regard qu’elle jouait dangereusement avec le feu ? « Vous n'en avez rien à faire, n’est-ce pas ? » répliqua-t-elle finalement d’une voix acide. Je ne répondis rien parce qu’elle osait parler sans savoir. Parce qu’elle osait prétendre sans avoir conscience que, si, cela m’importait. M’importait beaucoup trop. Je m’en voulais. Je m’en voulais de laisser l’autre prendre le dessus. Je m’en voulais de laisser l’autre me contrôler, moi et mon corps. Je m’en voulais parce que j’étais responsable de ses actes, responsable de ses paroles, responsable de tout ce qui se passait à cause de lui.
Mais, ça, elle ne le savait pas. Elle ne le savait pas parce que je ne pouvais pas l’admettre. Elle ne le savait pas parce qu’elle ne pouvait pas imaginer à quel point mon esprit pouvait être ravagé. « Des gens sont morts, » reprit-elle comme une piqure de rappel. Mon visage se ferma, alors que mon coeur battait, battait si fort. Boum. Je fermai les poings pour me contenir, sans succès. Mon sang bouillonnait. Il bouillonnait en me consumant de l’intérieur. Boum. Elle me colla le journal contre mon torse, et je refusai de le prendre entre mes doigts comme s’il risquait de me bruler. Dans un froissement de papier, il tomba à terre. Boum. Je pris une profonde inspiration, mes yeux se perdant sur sa chevelure qui changeait peu à peu de couleur pour se teindre en rouge. Je fronçai les sourcils, avant de n’être rappelé par mes ongles qui s’enfonçaient doucement dans ma chair. Boum Même mon corps semblait ne plus me répondre. Plus rien semblait me répondre. Absolument plus rien. Boum. « Vous le saviez et vous n’avez rien fait. »  Boum. Boum. Non, je n’avais rien fait. Je n’avais rien fait parce que je n’avais rien pu faire. Boum. « Vous les avez laissé mourir. C’est de votre faute. C’est de votre putain de faute » Ma gorge se serra violemment, si fort que j’eus la nausée. Boum. Elle avait raison. C’était de ma faute. Boum. De. Boum. Ma. Boum. Putain. Boum. De. Boum Faute.
Boum. Boum. Boum. Je lâchai prise. J’avais beau lutter. J’avais beau me battre. J’avais beau tenter. Je lâchai prise.
***
Et, finalement, il lâcha prise.
Ses yeux se perdirent dans le vague. Son poings se desserra à mesure que la tension abandonnait son corps, ce corps qui le lâchait, ce corps qu’il maltraitait qui rendait les armes. Durant l’espace d’un instant, il ne dit plus rien. Sa respiration se calma. Son expression crispé se détendit. Des flashs de couleurs l’éblouissaient presque ; sa main frôla celle de la jeune femme, et ceux-ci s’amplifièrent. Il aimait ces lumières. Il aimait cette chaleur qui se dégageait de son corps, de son aura, de toutes ces images qu’il entrapercevait sans réellement les voir. Puis, finalement, sa main saisit son poignet pour obtenir des traits plus nets, des couleurs plus vives ; il en perdit son souffle puis, finalement, les mots s’échappèrent de sa bouche dans un flot fluide et continu. « Elle est sans apparence et sans origines, dotée d’un coeur hybride qui change au gré de ses folies. Par une seule fois l’affection remplacera ses tourments, l'éloignant de ses peines jusqu’au crépuscule de sa vie. La colère fera place aux sourires, les cris céderont aux désirs, pourtant il n’est qu’un homme qui a été arraché de son pays. Marqué sous la paupière et l’esprit massacré avec sa famille, il ignore qu’elle est l’espoir dans ses éternelles nuits. Le sablier de leur existence commence à décompter avant le début de leur éternité. Enfants perdus, enfants oubliés, ils n’auront que l'autre sur qui, à jamais, compter. » Il ne s’arrêta qu’à la toute fin, qu’à l’instant où il prononça les dernières syllabes, ses paroles s’étant précipités à cause de la hargne qu’il avait de revenir à lui. Il était là, au fond. Il était là, en train de lutter contre ce qu’il voyait, en train de lutter contre ce qu’il était. Il était là, clairvoyant mais aveugle, si aveugle qu’il se plaisait dans ses propres ténèbres.
Et, finalement, il parvint à gagner, par revenir à lui. Son corps faiblit et il s’affala sur le sol comme une marionnette à qui on aurait coupé les fils.
Mais, l’autre, cet autre qu’il aimait tant désigner de cette façon, n’avait plus si peur. N’était plus si effrayé. Il savait. Il savait que les jours de cette lutte intérieure étaient comptés.

***
Je rouvris les paupières, les deux paumes sur le sol, l’esprit embrumé. Je rouvris les paupières mais je ne dis rien, me focalisant sur mes inspirations sans même me donner la peine de me relever.
Je savais ce qu’il venait de se passer, oui. Et je n’étais même plus suffisamment sûr de moi pour assumer. Pour me donner la peine de continuer mon combat perdu d’avance depuis des années.
Revenir en haut Aller en bas
Riley Graham
Riley Graham
Messages : 558
Date d'inscription : 29/03/2018

d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz) Empty
MessageSujet: Re: d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz)   d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz) EmptySam 3 Aoû - 20:57

she was broken from moment to moment; watching her world collide, she felt lost inside herself. ✻  Elle n’était que rage, elle n’était que colère. Elle était perdue dans les émotions qui la submergeaient, perdue parce qu’elle ne savait pas quoi en faire. On avait passé sa vie à lui dicter ses émotions, à lui dire comment agir, à lui dire comment réagir. Elle avait retenu chacune des réponses appropriées, dans un coin de son esprit, comme si sa vie n’avait été qu’un long scénario où toutes ses répliques étaient déjà toutes prêtes. On lui avait toujours dit, petite déjà, que parce qu’elle était une femme, elle devait agir d’une certaine manière, de la même manière qu’un homme était tenu d’agir d’une autre façon. Elle devait être douce. Elle devait être discrète. Elle devait être en contrôle de ses émotions. Elle ne devait pas y céder, parce que venant de personnes de son sexe, cela passait pour de l’hystérie. Cela passait pour de la folie. Elle avait tout absorbé, persuadée que tout était vrai, croyant ce qu’on lui avait répété depuis toujours. Elle avait interprété les paroles à sa façon, à sa manière, pour essayer de mieux les comprendre. Ses émotions ne comptaient pas. Ses émotions n’avaient pas d’importance. Tant que l’image qu’elle renvoyait était irréprochable, ce qu’elle ressentait réellement n’avait aucune valeur. Elle avait passé son existence à suivre ces simples règles, à jouer à la perfection ce scénario qu’on lui avait écrit, à réagir d’une certaine manière dans certaines situations. Ses sentiments avaient été en carton, illusions contrôlées qui traversaient son visage de temps à autre, pour satisfaire les autres mais jamais elle-même. Elle, n’avait jamais su que faire de ses propres émotions. Elle, n’avait jamais appris comment réagir lorsque ce qu’elle ressentait était réel. Elle, avait toujours su comment jouer avec le faux, jamais ce qu’elle devait faire du vrai. Elle avait eu l’éducation d’une sang-pur, dès ses quatorze ans, dès la mort de sa mère et tout ce qu’elle avait appris jusqu’à lors avait été effacé, détruit, remodelé. Elle avait eu l’éducation d’une sang-pur mais elle n’en avait jamais été une. Elle avait eu l’éducation d’une sang-pur mais elle avait été constamment rappelée que son sang était loin de l’être. Elle avait eu l’éducation d’une sang-pur mais elle n’en avait jamais eu les privilèges. Elle n’en avait jamais eu les avantages. Et au fond, elle n’avait jamais véritablement eu le choix.
Elle était en colère, à cause de l’article, à cause de Devereaux, à cause des mensonges qu’il lui servait. Elle était en colère et elle pouvait sentir que cela était bien réel. Elle pouvait sentir que ce sentiment venait d’elle, d’elle et d’elle seule. Sa colère était réelle. Sa colère était palpable. Alors, elle s’y raccrochait. Alors, elle refusait de la laisser lui échapper. Quelque part, c’était le sentiment qu’elle connaissait le mieux, c’était le sentiment qui lui était le plus familier, c’était le sentiment qu’elle avait ressenti le plus de fois. La colère, la rage, la hargne, la frustration. La détresse, la peine, parfois, lorsqu’elle était fatiguée d’être en colère, lorsqu’elle était fatiguée d’être énervée. La joie, véritable, n’avait toujours été qu’une conception abstraite dans son esprit. Elle l’avait déjà ressentie, pourtant, plus souvent lorsqu’elle était enfant. Récemment, cela n’avait jamais véritablement duré, cela avait toujours été éphémère, l’affaire de quelques instants, de quelques secondes où son cœur était plus léger, avant de s’alourdir de nouveau pour quelconque raison que ce soit. Cela n’avait jamais été suffisant pour qu’elle soit heureuse. Cela n’avait jamais été suffisant pour qu’elle sache comment vivre autrement qu’avec de l’amertume. Elle avait toujours pensé ne pas en avoir besoin, de ce bonheur, après tout, qu’elle se contentait très bien de ce qu’elle avait. Elle ne savait plus si cela était vrai, à présent. Elle ne savait plus ce qu’elle devait ressentir, parce qu’il n’y avait plus personne pour lui souffler quoi faire.
Elle cédait à ses sentiments, parce qu’elle n’avait plus d’excuse pour les masquer à présent. Ils étaient seuls. Ils étaient seuls et s’énerver après lui en devenait d’autant plus facile. Elle laissa son corps décider pour elle, elle le laissa faire place à la violence, elle le laissa en contrôle, pour une fois. Les mots sortaient de sa bouche, étranglés parce qu’elle n’était pas habituée à lâcher prise ainsi, parce qu’elle n’était pas habituée à hausser le ton ainsi. Elle voulait en dire plus, tellement plus. Elle voulait profiter de l’opportunité qu’elle avait tant qu’elle était là. Elle voulait savoir ce que cela faisait de laisser passer ses émotions au lieu de les enterrer. Elle voulait savoir ce que cela faisait de ne pas réfléchir à chacune de ses paroles, à chacun de ses gestes. Elle voulait continuer mais Devereaux la regardait étrangement, le visage crispé, les poings serrés. Elle ne se recula pas, attendant que quelque chose se passe, attendant d’être envoyée chez Dumbledore. Elle patienta, le souffle court, voyant l’expression sur le visage de son professeur changer. Ses yeux étaient fixés sur elle mais elle était persuadée qu’il ne pouvait pas la voir. Ils étaient posés sur elle mais il ne la regardait pas. Il regardait autre chose, à travers elle. Il regardait autre chose, au-delà d’elle. Elle fronça les sourcils, sa respiration se calmant peu à peu, ses cheveux retrouvant leur couleur naturelle. Les doigts de Devereaux effleurèrent sa main et elle eut un mouvement de recul, involontaire, pas assez rapide cependant puisqu’il lui saisit immédiatement le poignet. Quelque part, elle ne se sentait pas menacée, parce que contrairement à quelques minutes plus tôt, le contact était doux, ferme, mais loin d’être agressif. Elle ne tenta pas de se dégager, essayant de lire sur son visage ses intentions, essayant de comprendre ce qu’il cherchait à lui dire. Lorsqu’il recommença à parler, son ton avait changé. « Elle est sans apparence et sans origines, dotée d’un coeur hybride qui change au gré de ses folies. Par une seule fois l’affection remplacera ses tourments, l'éloignant de ses peines jusqu’au crépuscule de sa vie. La colère fera place aux sourires, les cris céderont aux désirs, pourtant il n’est qu’un homme qui a été arraché de son pays. Marqué sous la paupière et l’esprit massacré avec sa famille, il ignore qu’elle est l’espoir dans ses éternelles nuits. Le sablier de leur existence commence à décompter avant le début de leur éternité. Enfants perdus, enfants oubliés, ils n’auront que l'autre sur qui, à jamais, compter. » Elle savait de quoi il s’agissait. Elle savait ce qu’il était en train de faire. Elle l’avait vu, une fois auparavant, lorsqu’elle avait traîné pour récupérer ses affaires à la fin de l’un de ses cours. Il avait saisit son poignet de la même manière, sans explication. Il l’avait regardé de la même façon, sans la voir. Et les mots qu’il avait prononcés avaient été tout aussi perturbants. Si à l’époque elle avait fait passer cela pour un délire passager venant d’un autre de ses lunatiques de professeurs de divination, elle n’était plus sure à présent de ce qu’elle devait en faire. La dernière fois, il lui avait parlé du Grand Fléau. La dernière fois, il lui avait dit qu’elle serait épargnée. Et quelques mois plus tard, la peste des patronus faisait ses premières victimes et elle était toujours là, intacte, épargnée. Elle ne savait pas ce que ce que ces nouvelles paroles pouvaient signifier mais elle savait qu’il s’agissait d’elle. Qu’elle était sans apparence, sans origines et qu’elle devrait s’en souvenir.
Devereaux s’écroula au sol, rompant leur contact, la ramenant brutalement à la réalité. Surprise, elle fit un pas en arrière, le cœur battant. « Monsieur Devereaux ? » demanda-t-elle, retrouvant enfin sa voix. Il avait encore l’air conscient, les mains appuyées contre le sol, la tête baissée vers celui-ci. Doucement, elle s’abaissa à sa hauteur, essayant d’apercevoir son visage, essayant de comprendre, l’esprit emmêlé avec ses propres pensées. « Monsieur Devereaux, est-ce que ça va ? » Elle déglutit, ne sachant pas ce qu’elle devait faire, ne sachant pas ce qu’elle devait dire. Elle secoua la tête, un rire nerveux lui échappant. « Qu’est-ce qui vient de se passer ? » souffla-t-elle à mi-voix, le cœur au bord des lèvres. Elle en avait oublié le sujet de leur conversation. Elle en avait oublié le sujet de leur dispute. Tout ce qui lui restait était ses paroles, résonnant incessamment dans son esprit.

(c) little wolf.
Revenir en haut Aller en bas
Riley Graham
Riley Graham
Messages : 558
Date d'inscription : 29/03/2018

d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz) Empty
MessageSujet: Re: d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz)   d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz) EmptySam 3 Aoû - 20:57


Athanasia & tobiasz — I've said it once, I've said it twice, I've said it a thousand fucking times, that I'm OK, that I'm fine, that it's all just in my mind. But this has got the best of me, and I can't seem to sleep. It's not 'cause you're not with me, it's 'cause you never leave. Is this what you call love? Because this is a war I can't win. One more nail in the coffin, one more foot in the grave, one more time I'm on my knees as I try to walk away. Everything I've loved became everything I lost ✻ ✻ ✻ Mon souffle était court. Mes pensées confuses. Mon corps continuait de trembler malgré le fait que je sois à terre, malgré le fait que j’aie lâché prise, malgré tout, malgré rien. Mais, par-dessus tout, c’était le sentiment d’échec qui me déchirait le coeur. Le sentiment d’avoir échoué. Echoué comme j’avais pu laisser ma soeur se faire emprisonner. Echoué comme j’avais pu laisser ma nièce tomber malade. Je fermai les paupières avec violence, laissant échapper un grondement rageur, étouffé par ma gorge serrée et ma cage thoracique douloureuse.
J’étais vidé. Vidé de mon énergie. Vidé de mon équilibre. Mon propre esprit m’échappait, oubliant déjà l’évènement qui venait de se produire. Les souvenirs s’effaçaient aussi vite qu’ils n’étaient apparus dans mon esprit, laissant des pans entiers de ma mémoire filer entre mes doigts. C’était toujours ainsi, au fond. J’avais conscience sans être là de ce qu’il se passait. Je me rappelais sans détenir aucun souvenir. Je me revoyais prononcer des paroles que je n’avais plus en mémoire.
Je m’étais laissé aller, oui. J’avais laissé l’autre prendre le dessus. J’avais laissé l’autre s’acharner sur mon corps. J’avais laissé l’autre me guider, jouer avec mes mots, jouer avec ce que j’étais. Je n’étais pas sain. Je n’étais même plus sûr d’être seul dans ma propre tête. Je partageais mon existence avec cette ombre qui hantait mes nuits, qui hantait mes absences, qui me volait ma vie dès que je n’étais plus suffisamment fort pour garder ma place. Je sentis la rage trembler au fond de mes entrailles mais je n’avais même plus suffisamment de courage pour la laisser s’exprimer. Pour la laisser sortir.
Elle était encore à mes côtés, m’observant dans ma chute, me voyant revenir à la réalité. J’étais en colère, oui. En colère contre elle. En colère contre ses mots, contre cette façon qu’elle avait de toujours parvenir à réveiller l’autre. Pourtant, parmi toute cette rage, je ressentais une pointe de soulagement en sachant qu’elle était juste là. Une pointe de soulagement que je ne comprenais pas. Que je ne comprendrais pas. C’était l’autre, après tout. Je savais que c’était l’autre qui l’appréciait. Je savais que c’était l’autre qui la désirait à ses côtés parce que, de cette manière, il pourrait prendre le dessus plus facilement. Plus aisément. Plus rapidement. Je rouvris les paupières, tentant de me redresser mais mon corps était encore trop faible pour que je puisse faire un pas en avant, ou même un pas en arrière. « Monsieur Devereaux ? » me demanda-t-elle. Je vis son ombre s’abaisser à ma hauteur. J’eus un bref mouvement de recul, partagé entre ce sentiment de réconfort et la répulsion que j’éprouvais à son égard. Je voulais qu’elle parte. Je voulais qu’elle reste. Je voulais qu’elle ne croise plus mon chemin.  Je voulais qu’elle me serre contre elle, qu’elle passe ses bras autour de mon corps à moitié mort pour le soulager dans ses peines. « Monsieur Devereaux, est-ce que ça va ? »  reprit-elle, laissant échapper un rire. Un rire, une moquerie. Je n’en savais rien. Je n’appartenait plus à la même réalité, de toutes manières. J’étais là sans l’être. Je l’entendais sans que ses mots ne m’atteignent. Du moins, c’était ce que j’espérais. Du moins, c’était ce que je voulais. « Qu’est-ce qui vient de se passer ? » Je secouai la tête, tentant de me redresser tant bien que mal. Je ramenai mes genoux près de mon torse pour me donner suffisamment d’inflexion pour me remettre sur mes deux jambes ; je chancelais, perdis l’équilibre, me rattrapai au dernier instant à une table poussiéreuse qui se trouvait à une cinquantaine de centimètres de moi.
J’étais une épave, j’en avais conscience. Un merveilleux désastre. Un fantastique chaos. Je ne pouvais même plus prétendre. Je n’étais rien, plus rien du tout. « Rien, rien du tout, »  marmonnai-je, faisant écho à mes propres pensées, mon coeur tambourinant dans mon crâne. Le monde me tournait. Et, avec lui, j’avais l’impression de sombrer. « Ca va. Je vais devoir vous laisser, mademoiselle. » La laisser, oui. La laisser avec toutes les preuves sur ma folie qu’elle pouvait bien avoir. La laisser avec ses certitudes, ses certitudes d’être face à un fou furieux. Un cinglé. Je chancelai avant de retrouver un certain équilibre. J’étais vidé, vidé de toutes énergies, vidé de ma propre personnalité. Vidé de ma propre vie. « N’oubliez pas le… N’oubliez pas… Devoir pour lundi prochain, »  murmurai-je, bien incapable de formuler des paroles cohérentes. Je me redressai complètement en faisant un pas, puis deux, jugeant mon équilibre suffisamment stable pour regagner la porte.
Je m’accrochai à l’encadrement de la porte, me retournant pour l’observer pendant quelques instants. C’était étrange, au fond. Etrange de sentir mon coeur et mon corps dépérir en assistant à cette distance que j’instaurais entre elle et moi. Etrange de sentir mon coeur et mon corps sentir des choses que je ne comprenais pas. Que je ne comprendrais pas.
Des choses que l’autre, lui, attendait.
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé

d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz) Empty
MessageSujet: Re: d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz)   d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz) Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

d - we're the tired kind of broken now. (tobiasz)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant

 Sujets similaires

-
» s - there’s a galaxy hidden behind her tired eyes, when she smiles, she draws you in like a black hole. (roshario)
» Tobiasz Devereaux
» f - you will love him to ruins. (tobiasz)
» g - the midnight was held in his eyes. (tobiasz)
» c - everyday, we are closer to our doom (tobiasz)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
BROKEN SOULS ARE ALWAYS BLEEDING :: defeat never suited her anyway :: broken dreams can only lead to a tortured heart :: Laura :: Athanasia Rhodes-