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 every breath I take is filled with you and pain. (leviathan/eachan)

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Ishikawa Ryuku
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MessageSujet: every breath I take is filled with you and pain. (leviathan/eachan)   every breath I take is filled with you and pain. (leviathan/eachan) EmptyMer 25 Sep - 20:04

Depuis des semaines, il voyait rouge.
Rouge comme le sang qui brûlait ses veines, qui le transformait en loup à chaque pleine lune. Et depuis des semaines, il se passait de cette potion qui n’était rien d’autre qu’un poison, qui rongeait ses artères, qui détruisait le loup pour laisser la place à l’humain. Et Leviathan ne voulait pas se voir refléter dans le miroir de la lune, alors il tirait un trait sur cette ode à l’humanité dont il ne voulait pas. Il était entièrement loup, il oubliait son prénom et son nom, il était un autre une fois par mois. Ton égoïsme est un poison, lui aussi murmuraient-ils, et ils avaient peut-être raison, mais ce même égoïsme faisait que Leviathan vivait sans eux, sans leurs pensées, sans leurs remords. Il se transformait pleinement en loup et oubliait l’enveloppe de l’humain, l’âme aux milles facettes qui se détruisaient pour prendre plus de place que l’autre. Il se moquait des injonctives sur son nouveau statut, il était protégé d’une cage dorée qu’il avait construit de ses propres mains, il était l’architecte de son propre labyrinthe et il s’y perdait à chaque rotation lunaire. Il était Dédale et Icare à la fois, le père et le fils dans une symétrie qu’il ne pouvait pas comprendre car les relations étaient un concept abstrait qu’il s’efforçait de vivre en se plongeant à corps perdu dans les attentes de ceux qui l’entouraient. Ils pleuraient tous, ensuite, ces proches qui attendaient trop de lui. Mais il avait l’air presque satisfait, un sourire carnassier sur les lèvres, lorsqu’il se rapprochait de l’image des relations qu’il avait, image travestit par une vie à l’extérieur des cercles qu’il traçait lui-même.  
Rouge comme le sang qu’il goutait sur sa langue à chaque réveil. Et chaque déglutition était un nouveau mouvement qu’il apprenait après presque cinquante ans de vie. Il apprenait à apprécier un nouveau goût, celui du sang, celui du métal, le goût d’une vie, celle qu’il raflait et dont il n’avait que faire. Lorsque l’épais brouillard de la transformation le quittait, il se rendait compte que le goût n’était pas aussi naturel qu’il le croyait, et il se surprenait à l’apprécier d’autant plus, à se croire loup alors que c’était ses mains d’humain qui vérifiait si son corps n’était pas trop marqué par la métamorphose. Mais ce dernier se déformait de mois en mois, et les cicatrices s’effaçaient sous la magie qu’il apposait sur chaque plaie, mais elles devenaient fantômes, brillantes de mille feux alors qu’elles n’existaient même plus. Il les sentait alors qu’il passait ses doigts sur des flancs lisses, sur une peau étirée par trop d’années. Elles étaient bien présentes, ces marques, mais invisibles à eux de tous, si ce n’était aux siens.
Rouge comme le sang qui s’était glacé dans ses veines lorsque le sort aussi rouge que le liquide oxygéné l’avait frôlé. Sa réaction avait été modifié par des réflexes plus animaliers qu’humain. Avec le recul, il en voulait plus à Eachan de lui avoir rappelé qu’il n’était qu’un entre deux - un être mi animal, mi humain, sans vraiment savoir qui il était - que le sort qui n’avait que pour but de le faire souffrir. Il voyait encore le jet rouge, les traits déchirés de l’homme qui lui faisait face, puis sa propre rage, cette entité qu’il ne contrôlait pas encore, et Leviathan avait envoyé un sort de sa propre composition. Il en avait rit, une fois qu’il avait transplané loin de la forêt.
Tu te demandais pourquoi ils t’avaient envoyé vers moi, n’est-ce pas Eachan?
Tu m’as suivis pendant des jours, tu t’es demandé pourquoi. Pourquoi lui, pourquoi cet homme à l’égo trop marqué, à l’assurance moqueuse. Tu t’es sûrement dis que je n’étais qu’un hériter, un poster boy de ces génies indécis, trop préoccupés par leur propre jouissance que l’état du monde autour d’eux.
Tu le sais maintenant. Ce sont ces sorts qui t’ont envoyé vers moi. J’ai crée un monstre de ma propre magie, et le loup n’est rien par rapport à ce que je peux inventer. Mon esprit est plus cruel que n’importe quelle morsure que cette forme animal peut engendrée.
Je suis plus dangereux en tant qu’humain qu’en tant que loup garou.
Tu l’as oublié, et c’est mon devoir de te le rappeler.

Il y avait la gamine qui ne savait rien, qui avait pensé bien faire, et l’éternel supplice d’un esprit qui voyait trop mais qui ne voulait rien faire. Pourtant, Leviathan s’était rendu au chevet de ce même homme qui avait voulu le torturer pour lui montrer que lui aussi pouvait souffrir. Il l’avait soigné mais avait pris ses distances. Il était trop pragmatique pour ressentir de la trahison. Il était trop insensible pour sentir son coeur se briser, et cependant.
Il le détestait, pourtant il ne pouvait le voir souffrir. Leviathan avait cédé à ses pulsions et avait guéri Eachan, mais l’avait laissé pour se sentir supérieur, pour pouvoir se dire qu’il ne pensait plus à lui, qu’il était au dessus. La réalité était toute autre, et il se connaissait trop pour ne pas savoir que son coeur était le seul organe qu’il ne pouvait pas contrôler, et le seul qu’il ne pouvait pas soigner. La distance qu’il avait instauré lui avait remis les esprits en place, et la trahison s’était dissipé pour un autre sentiment, une haine de soit-même qu’il n’avait pas senti depuis longtemps.  Il s’était voilé les yeux depuis sa première transformation et il s’était exonéré de ses péchés en considérant que le wendigo s’était chargé de dévorer son passé. Mais Earl, mais Uriel, mais Méphistophélès, ils étaient tous présents. Ses démons étaient devenu invisibles, mais ils tournaient tous autour de sa tête et aucun exorcisme ne pouvait faire les taire. Ils murmuraient ses défauts, ses agissements passés et futurs, les raisons trop nombreuses de sa solitude.
C’est moi qui t’ai fais replongé, Eachan. Me détestes-tu désormais? Dis-moi si ton sort aurait de la puissance désormais, quand c’est mon propre sort qui a incité les autres à replonger dans tes veines tes pires démons. Et pourtant tu veux me revoir, tu m’envois des lettres comme si nous n’avions jamais cessé d’être autre chose que des amis de longue dates. Tu te mens à toi même, et tu le fais si bien que je ne peux que t’imiter.
Bonnie avait murmuré des mots qu’il n’avait pas souhaité entendre, et pourtant, il avait consenti à revoir cet homme qui bousculait tout ce que Leviathan avait construit. Il savait exactement pourquoi il avait acquiescé mais ne voulait pas se l’avouer. Il était encore trop fier, trop arrogant, et Eachan ne s’était jamais trompé sur cela.
Il n’était rien d’autre que Leviathan Faust alors qu’il parcourait le sol d’une boite moldu pour retrouver Eachan. Pour un être aussi singulier, Leviathan se fondait parfaitement avec une foule qui n’avait rien de rapport avec lui, son corps se faufilant avec agilité entre les membres se mouvant au rythme d’une chanson qu’il connaissait et dont les paroles sortaient de ses lèvres par brides. Il se persuadait aisément que son coeur ne faisait que suivre le tempo de la batterie, mais ses lèvres formaient un rictus alors que son propre esprit agissait en traître, ne le laissant que peu de temps dans un mensonge complaisant. Il aurait aimé être un homme simple et pouvoir se distraire en prétextant qu’il ne ressentait aucune anxiété, mais s’il mentait au monde entier, il était tout simplement incapable de se tromper sur ses propres sentiments. Et si personne ne l’acceptait comme il était, il s’était juré de ne plus se mentir à lui-même, alors il fermait les yeux pour retenir le flux d’information dont il ne voulait pas encore disposer. Le bruit ambiant était un supplice pour ses oreilles encore trop sensibles après sa récente transformation, mais son corps vibrait encore de l’alcool qui réchauffait déjà sa gorge. Il manquait de courage, Leviathan, alors il l’avait trouvé dans une vieille bouteille de bourbon dont il n’avait même pas apprécié le goût. Un tic nerveux agitait son oeil gauche alors qu’il chercha la forme humanoïde d’Eachan entre les corps serrés, et il ne fut pas surpris de voir l’écossais assit à une table.
S’il voyait rouge une nouvelle fois, ce n’était en aucun cas parce que son sang ne faisait qu’un tour en voyant Eachan, et il avait appris il y avait des années qu’il ne pouvait en aucun cas contrôler ses réactions lorsque l’autre homme était concerné. Mais la fierté était une arme dont il disposait aisément, et elle était son dernier rempart alors qu’il était tout simplement incapable de s’excuser. Alors il se glissa sur le siège en face d’Eachan, les lèvres retroussées par un sourire d’une arrogance propre non naturelle mais qui lui allait si bien au teint qu’il aurait pu naître avec.
« I must grant you forgiveness for you seem so pitiful.  »
Et ses poings se serrèrent dans ses poches, incapables de savoir s’il voulait enfoncer son poing dans la gueule détruite d’Eachan ou attraper son col de veston médiocre pour s’approcher des lèvres gercées de l’autre homme. Mais il brûlait d’une force qu’il ne pouvait contenir et qu’il pensait capable de perforer sa peau jusqu’à la brûler, révélant au monde que derrière le visage froid de l’américain se trouvait un être fait de chaleur et d’impulsion.
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Ishikawa Ryuku
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MessageSujet: Re: every breath I take is filled with you and pain. (leviathan/eachan)   every breath I take is filled with you and pain. (leviathan/eachan) EmptyMer 25 Sep - 20:04

Le crayon roula entre mes phalanges et j’en plantai délicatement le bout entre les rainures de la table en bois, faisant tourner la pointe en granit sans la casser jusqu’à n’entendre que le bruit du frottement que cela générait. Je redessinai les détails de la surface, les traits s’apparentant à la longue chevelure châtain d’une femme allongée, puis reposai finalement le crayon en soupirant. Je n’avais pas ôté mon manteau car d’une part, j’allais sûrement rester seul et finir ma nuit ainsi, et d’autre part, même s’il venait, je doutais que l’entrevue dure véritablement. Que s’est-il passé ? On avait arrêté de me poser la question. On a eu des différends, lui et moi. Je m’en étais toujours sorti ainsi et pourtant, à chaque fois que j’avais prononcé ces mots, quelque chose en moi s’était pincé d’amertume, pas forcément mon cœur, mais plutôt un organe invisible qui faisait miraculeusement tenir tous les autres ensemble. Je plissai les yeux, le visage plongé dans cette ombre de coin de salle que les stroboscopes venaient perturber de temps à autres, d’une manière irrégulière comme le pouls d’un mourant. Toutes les personnes présentes se tuaient peu à peu, dansant frénétiquement sur les tubes d’une époque nouvelle, les veines en feu, le palais gorgé d’acide et l’esprit embrumé par des cocktails élaborés dont les couleurs témoignaient de la modernité. Je leur enviais l’hypocrisie avec laquelle ils prenaient du plaisir à se montrer ainsi. J’étouffais dans ce corps et dans ce lieu, la bouche pâteuse car déshydratée comme à son habitude. Et je pouvais entendre la voix de Bonnie me faire la morale, voyant d’un mauvais œil la témérité qui m’avait poussé à fixer le rendez-vous dans une boîte de nuit, là où l’haleine de ces fêtards souriants de toutes leurs dents puait un nombre de drogues que mes dix doigts seuls ne pouvaient énumérer. Cela faisait peut-être deux semaines, peut-être un mois, peut-être seulement une poignée de jours que je m’étais tenu à l’écart de tout ce qui avait attrait au monde extérieur et donc attrait à l’héroïne, mais je voyais mon évolution en comptant le nombre de réunions auxquelles j’avais assisté, restant toujours silencieux sur ma chaise et ne pouvant comprendre pourquoi elles étaient salvatrices. Elles l’étaient, c’était tout ce qu’il fallait savoir. Mes nuits d’aventurier solitaire me manquaient cruellement car, aussi agréable que soit l’enceinte de Poudlard, je restais un électron libre, un oiseau nocturne en quête d’indépendance. Voilà donc ce que j’étais venu chercher ce soir au fond de cette boîte bruyante : l’occasion de tester mes sens et ma perception des choses pour vivre de nouveau comme l’homme que j’avais autrefois été.
Mais l’exercice était ardu et je repérai à chaque alcôve mystérieuse l’écho d’un trafic hypothétique de stupéfiants. Je reconnaissais les regards fous et les gestes fébriles, incontrôlés car n’appartenant déjà plus à ce monde, plongeant dans des hallucinations trop belles mais trop courtes, probablement trop innocentes – c’était le jugement hâtif d’un héroïnomane aguerri dont l’attention n’avait jamais été véritablement captée par l’acide ou le LSD puisqu’il avait semé ces monstres-là pour sauter directement dans le plus profond des gouffres. Si ça ne va pas, accroche-toi à un souvenir, à un visage, à une sensation qui te fait te sentir en sécurité. Mes doigts tremblants tâtonnèrent sur la table pour retrouver le crayon et j’en plantai la mine avec nervosité dans le bois malléable. Trust, commençai-je avec hésitation, is artTake a bow and arrow, … Il n’y avait étrangement qu’un unique souvenir qui grimpait le long de ma mémoire. Une silhouette maigre à la voix dénuée d’une véritable nature humaine car son âme avait été ravagée par la drogue, mais son discours avait semblé à cet instant répondre à d’étranges questionnements. Do you know … J’écarquillai les yeux, cherchant à oublier les alentours et la douce voix de l’héroïne qui susurrait des mots terribles à mon oreille. Do you know Marina Abramović ? Je replaçai le souvenir quelques semaines plus tôt, lorsque le gouvernement avait été renversé et que les fugitifs étaient retournés à Londres sans aucune directive à part de futiles messages d’encouragement qui n’avaient eu pour cause que nous marginaliser et me pousser à reprendre le chemin des squats moldus où s’entassaient les camés de la capitale. J’y avais rencontré un homme dont je n’avais pu deviner l’âge tant la drogue brouillait ce genre de piste. She makes art … out of her fucking body, man. Il m’avait parlé de cette artiste serbe avec l’obsession d’un drogué pour ces choses qui paraissaient pourtant si secondaires. Et cependant, j’avais eu l’impression en écoutant ce qu’il me disait que les performances dont il me parlait résonnaient d’une façon juste avec mon existence. Une femme, un homme, un arc et une flèche, cette dernière pointée vers le cœur d’Abramović et leurs corps penchés en arrière mais accrochés l’un à l’autre, de sorte que si le premier lâchait, la flèche ôtait la vie de la seconde. Au nom de quoi pouvait-on ainsi risquer de se tuer ? La tension créée par l’équilibre entre les deux corps m’avait glacé le sang. J’avais imaginé les deux artistes, l’une tenant l’arc par son manche, l’autre bandant ce dernier en direction de l’amour de sa vie, et … je posai mon crayon, le cœur battant vite mais à un rythme régulier qui me rassura. Au nom de l’art ? J’étais un sorcier, l’art m’était étranger. Au nom de l’amour ? Et je mis plusieurs secondes à me rendre compte que j’avais retenu ma respiration jusqu’alors, incapable de me détacher de cette idée destructrice que je me faisais de l’amour comme cet équilibre fragile et incertain mais absolument et éternellement consenti.
Je pus sentir son parfum attirant avant même qu’il n’entre dans mon champ de vision mais ce dernier s’accompagnait de l’odeur singulière de l’alcool qui n’eut pas l’air d’avoir entaché le comportement ou le caractère de l’Américain, si ce n’était une assurance plus prononcée, si cela avait été humainement possible – mais nous savions tout deux qu’il n’était pas qu’humain, et que moi non plus. Je tournai la tête, une cigarette encore éteinte entre les lèvres, mes prunelles l’observant à travers le verre de mes lunettes où frétillaient les demi-lunes que les néons venaient loger en rythme avec la musique. Je m’accoudai à la table et me penchai en avant, l’air sombre. Le sevrage m’avait creusé les joues et pâli le teint, ce qu’il n’hésita pas à souligner, lui dont les cheveux luisaient de santé et dont la barbe était taillée d’une façon presque mathématique. « I must grant you forgiveness for you seem so pitiful. » Le dernier mot de son offensive verbale étira mes lèvres en un sourire satisfait. Je te connais tellement bien Leviathan que ça te ferait flipper. Etait-il capable d’être assez froid et pragmatique pour contrôler des sentiments qui semblaient ne fleurir qu’en de rares occasions, comme de mystérieux jubilés dont lui seul avait le secret ? Si oui, il fallait qu’il m’apprenne. Si non, … il ne voulait pas entendre cette réponse. Je le fixai quelques secondes, laissant traîner le silence pour me montrer en parfaite maîtrise d’une situation qui bientôt m’échapperait sur tous les fronts, puis j’allumai nonchalamment ma cigarette et soufflai un nuage de fumée qui enveloppa mon visage, l’espace d’un instant. « I already got your apology. » indiquai-je avec arrogance. « You blamed yourself enough to come back and remove your spell. Too bad you didn't stay longer to know if I accepted it. » Je jouais avec le feu car je me savais en position d’extrême faiblesse : le fait-même que Leviathan m’ait lancé un sort de sa propre création me prouvait que je n’avais pas idée de l’étendue véritable de ses pouvoirs, mais pour la première fois, cela ne me rendait pas nerveux, cela ne me complexait pas concernant nos rapports de force car j’étais enfin persuadé qu’il existait un équilibre entre nous, que cet arc et cette flèche illustraient avec précision sans que je ne puisse comprendre comment une œuvre si lointaine, si étrangère à mon existence pouvait ainsi lui correspondre aussi bien. Les œuvres les plus authentiques communiquent avant d’être comprises. Je portai le filtre à mes lèvres. C’est ça, l’art. Et mon sourire s’accentua car, peut-être pour la première fois, j’avais l’impression d’avoir un coup d’avance sur Leviathan et de peser le même poids que lui dans la balance, générant cette tension à la fois créatrice et dangereuse au sein de laquelle nous décidions de ce qui suivrait. « I didn't think you'd come though. » Il fallait se rendre à l’évidence, c’était inattendu. Il y avait pourtant un sentiment de justesse, au-delà de cette satisfaction que je ne pouvais m’empêcher de ressentir, car notre histoire était restée inachevée et sa suite morcelée entre mes absences et mes rares épisodes durant lesquels j’avais été conscient et consentant dans mes mots et mes actes. S’il était venu lever le sort à Godric’s Hollow, il avait compris l’erreur que Romy avait commise, et de toute façon Bonnie l’avait probablement informé de la raison pour laquelle je logeais chez eux à Pré-au-lard. « Thanks for putting me up. » notai-je, railleur, comme une anecdote mentionnée à un vieil ami que l’on oubliait de rappeler car elle était évidente. Mais Leviathan n’était pas un vieil ami. Il était le corps opposé au mien qui m’empêchait de tomber en arrière mais qui tenait la flèche pouvant à tout moment transpercer ma poitrine si l’un de nous décidait d’abandonner.
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Ishikawa Ryuku
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MessageSujet: Re: every breath I take is filled with you and pain. (leviathan/eachan)   every breath I take is filled with you and pain. (leviathan/eachan) EmptyMer 25 Sep - 20:10

L’alcool réchauffait sa gorge endolorie par les regrets et son incapacité à s’exprimer. Il y avait tant de chose qu’il aurait aimé dire à Eachan, ses lèvres demeuraient fermées dans un simulacre de sourire, et ses poings se refermaient dans le vide qu’il avait au niveau du thorax. Avouer ce qu’il ressentait réellement était bien plus dur que ce qu’Eachan pouvait penser, alors qu’il prétendait tout connaître sur l’américain. Peut-être que le Faust n’était qu’un livre ouvert pour les uns, ou peut-être était-il simplement l’un de ces atlas d’anatomie que certains aiment s’acheter en guise de livre de chevet. Il n’était dans tous les cas qu’un nombre fini de pages, certaines blanches, certaines couvertes par une écriture terrible, quelques virtuoses prodigieuses et tellement de ratures. Il serra son verre pour prendre une nouvelle gorgée, laissant la boisson emporter avec elle le gout de sang et de vomis qui restaient sur sa langue depuis qu’il avait envoyé un sort de sa composition sur Eachan. Il s’était penché pour récupérer la baguette qu’Eachan avait laissé tombé, et ses doigts s’étaient à peine approché du bois qu’il avait fait un bon en arrière. Etre médicomage n’était pas qu’un titre aux yeux de Leviathan, malgré l’accord universel de son entourage pour se demander quelle folie l’avait prise quand il s’était engagé dans cette voie. Lui qui était incapable de savoir ce que les autres voulaient de lui, savoir ce qu’ils attendaient comme réaction lorsqu’ils lui parlaient, il s’était intéressé à la magie, avec l’intention de pouvoir soigner pour compenser ce trou qu’il avait dans les relations humaines. Il n’avait jamais eu l’empathie des médicomages brillants, ceux qui à l’aide d’un sourire faisait évanouir les peurs et pouvaient rassurer les familles ainsi que leur donner confiance. Leviathan avait le charme d’une brute qui se moquait des autres, et essayer d’être autrement le rendait malade. Alors il s’était entrainé afin de ressentir la magie des autres, sentir les fluctuations lorsqu’il passait sa baguette en diagnostique. Et des années plus tard, il s’était avoué, entre plusieurs verres de vins, qu’il était tout simplement incapable de comprendre comment les autres fonctionnaient, car même l’analyse de ces fluctuations lui échappaient. Lui, le brillant, lui le génie, s’avouait vaincu par les sentiments des uns et des autres, et il avait appris à faire avec. Il vivait avec une légèreté qu’il ne ressentait pas, et jonglait avec les mots des uns pour les transformer en mots des autres. Il s’était approprié le nom que ses parents lui avaient donné à la naissance, cet héritage porté par les lettres d’un monstre, suivi de celles d’un ancêtre dont il n’était qu’une énième réincarnation. Son démon, il ne l’avait pas cherché, il l’avait crée en respirant, en vivant. Il était un humain comme les autres, et sur les poings d’Eachan vivaient d’autres démons qu’il n’avait jamais voulu montré aux autres mais que Leviathan avait découvert lorsqu’il avait refermé les plaies de l’écossais. Eachan avait les doigts tremblants d’un drogué, d’un homme qui vivait sous le signe de la dépendance, d’une cause moins noble que la survie mais qui paraissait tout aussi importante. Il s’était absolu dans les sentiments exacerbés que ressentaient tous ceux qui se laissaient aller, qui plaçait dans leur sang une substance étrangère dans le but de cautériser l’intérieur de leurs veines. Et Leviathan comprenait trop tard pourquoi cela plaisait. Il avait passé des années à se croire supérieur pour ne jamais avoir utilisé de drogue dure, mais en réalité, il avait lutté, il avait voulu trouvé une force que personne ne voulait lui donner. Il était si facile de l’imaginer enduire son esprit d’hallucinogènes, et il en rêvait si faire que son sommeil en devenait cauchemardesque. Il y avait eu la curiosité scientifique, au départ, dans il avait commencé à l’extérieur de sa tour dorée, de son enfance privilégiée. Il y avait eu ses cousins maternels qui utilisaient récréativement des drogues, et il avait étiré ses lèvres en un rictus, parce qu’ils vivaient dans une putain de hutte, alors ils pouvaient fumer cette putain d’herbe comme ils le souhaitaient. Il s’était tenu éloigné de tout pour tomber à son tour dans une consommation abusive d’alcool, car sa morale lui indiquait que c’était légal, comme la cigarette. Mais si ses sens s’étaient exacerbés pour lui retirer toute envie de laisser de la fumée entourer sa langue, cette dernière recherchait encore le gout des boissons qui pouvaient à elles-seules embrumer son esprit. Et alors, il pensait comme les autres, avec une lenteur qui le déstabilisait mais qui le laissait propice à la conversation, parce qu’il n’avait plus besoin de faire des efforts pour refréner son train mental. Il en avait fait une arme, bien plus efficace et cruelle que la baguette avec laquelle il était pourtant capable d'invoquer des miracles et des catastrophes. La désinhibition d’un homme tel que lui n’engendrait jamais rien de beau, si ce n’était que la destruction dans ce qu’elle avait de plus pure. L’humain par l’humain, la beauté du geste.
La création s’était éloignée d’Eachan, aux traits tirés. Alors que l’américain puait le neuf, parce que les plis de sa chemise étaient impeccables malgré l’alcool sur sa langue, et qu’il n’avait jamais réussi à donner autre impression que celle de l’argent. Pourtant, ce n’était même plus son odeur maintenant, l’or et les rubis avaient coulé le long de son cou pour devenir de la terre mouillée, foulée, l’odeur des arbres - qu’il avait peint en argent, parce qu’il ne pouvait pas accepter être une forêt, même lorsqu’il rêvait de ses escapades chaque nuit.
Le visage d’Eachan s’assombrit alors qu’il souffla la fumée devant lui, et Leviathan arqua un sourcil, l’instrument de mort sur les lèvres de l’écossais une profonde ironie mordante.
si j’étais vraiment un monstre, j’aurais investi ma fortune dans les cigarettes, pour voir les humains se tuer tous l’un après les autres, et je serais devenu encore plus riche et puissant
ne suis-je pas un ange au final?

« I already got your apology. » Il laissa son sourcil retomber, et ses yeux foncés, presque mordorés quelque fois, se plongèrent dans ceux d’Eachan, comme s’il essayait de lire les pensées les plus profondes de l’autre homme. Mais Eachan n’avait plus rien à caché, et il dévoilait son jeu en un coup de poker qu’un homme qui n’avait jamais eu à parier ne pouvait pas comprendre. Il n’avait jamais eu peur de perdre, Leviathan. Il avait tout en double, en triple, et il se dédoublait, se coupait en morceaux pour les distribuer là où il le souhaitait. Perdre n’était qu’une partie de plus, une qu’il gagnerait en revanche pour écraser l’autre de plus belle. « You blamed yourself enough to come back and remove your spell. Too bad you didn't stay longer to know if I accepted it. » Et Eachan abattait ses cartes, sans même les regarder, une lueur presque folle dans les yeux. Leviathan n’avait que deux choix, surenchérir ou laisser tomber. Mais l’assurance d’Eachan, l’arrogance presque dans ses yeux, sublimait ses traits fatigués, et Leviathan se retrouvait comme ensorcelé par l’auror, incapable d’arrêter de le dévisager. Que s’était-il passé pour qu’il obtienne un tel regard? Qu’avait-il crée, Leviathan, en envoyant son sort - le fruit de son travail, de sa conception du monde et de la magie- vers Eachan? « I didn't think you'd come though. » Leviathan non plus. Mais il avait eu raison de venir, ne serait-ce que pour ce regard, qui réchauffait son ventre et qui ornait ses lèvres d’un sourire presque amusé. « Thanks for putting me up. » Leviathan haussa une épaule, son verre de nouveau à ses lèvres, qu’il plongea à peine, parce qu’il n’avait que faire de l’alcool quand quelque chose de plus intéressant était devant lui. « I was only doing my job, really. And I’m not cheap so I really hope you have a good health insurance.  » Il baissa les yeux, enfin, pour faire tourner son verre dans sa paume, l’autre tenant son menton, dans une complaisance qu’il ne pouvait montré que parce qu’il était Leviathan Faust. Et qu’en face de lui se tenait Eachan Reid, et ils savaient tous les deux qu’ils riaient sous leurs sourires macabres. « So tell me, I’m curious, » commença t’il, le regard une nouvelle fois levé vers Eachan. « Does everyone become conceited after a near death experience, or just you? Asking for a friend. » Le ton était aussi mordant que celui d’Eachan et ensemble ils jouaient à un jeu vieux comme le monde, cherchant les excuses de l’un dans ses propres mots, car ils étaient incapables de s’avouer vaincu et qu’ils n’apprécieraient pas que l’autre se laisser aller.
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Ishikawa Ryuku
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MessageSujet: Re: every breath I take is filled with you and pain. (leviathan/eachan)   every breath I take is filled with you and pain. (leviathan/eachan) EmptyMer 25 Sep - 20:10

C’était amusant. Voilà ce dont je cherchais à me persuader en ne lâchant pas Leviathan du regard car mon esprit encore volatile ne parvenait pas à rester parfaitement concentré. La fête battait son plein autour de nous mais nous semblions protégés par une sphère increvable et invisible dans laquelle régnait l’instant présent ainsi que ses satellites passés et futurs qui gravitaient autour de nous. Cet instant présent n’existait pas en tant que tel, il était le maillon d’une longue chaîne qui me reliait à l’américain et chacun de nos actes l’avaient rendue plus résistante puisque même nos ruptures n’avaient fait que marquer davantage l’empreinte de l’autre sur notre cœur. Et c’était amusant qu’il soit présent malgré tout, son corps et ses vêtements sans défaut renfermant son esprit alourdi par l’alcool, face à ma maigre carcasse qui luttait pour garder la lucidité entre les barreaux de ma cage thoracique. Je pouvais le lire dans son air perplexe : j’avais l’air d’un épouvantail avec mes habits au tissu usé et terne, mon poignet nu car je n’étais pas dépendant du temps qui passait sur le cadran d’une montre, ma ceinture serrée jusqu’au dernier trou mais la taille de mon pantalon flottant encore, et ma peau blême, bien trop blême pour que quiconque parie sur ma survie. Mais on appelait ça la sélection naturelle. Ses airs supérieurs et son mépris m’avaient bien fait comprendre qu’il savait parfaitement de quoi il s’agissait. Lui aussi, il s’adaptait, changeant au gré du temps tout en prétendant qu’il était impérissable, inébranlable. C’était évident car il avait du mal à garder ses masques en place sur sa figure et que cela irritait sa peau à force d’en mouler de nouveau. Je te vois, Leviathan. Je voyais malgré tout que des sentiments terriblement forts s’échappaient des craquelures de l’apparence qu’il s’était donnée, ces mêmes sentiments que tout le monde refusait de croire réels au sein d’une poitrine comme la sienne où ne semblait fleurir que des pétales rugueux de l’orgueil et de la médisance. Mais le médicomage vivait, comme nous tous, des expériences émotionnelles qu’il gardait simplement pour lui jusqu’à paraître insensible. J’ignorais simplement si c’était par peur ou bien par honte. Peut-être les deux, car voilà bien une chose sur laquelle il ne pouvait apposer de protocole scientifique, voilà bien une chose dont même ses sortilèges les plus puissants ne pouvaient le protéger. C’était une chose qu’il avait à perdre et cela devait le changer, oui. Et enfin, il devenait un peu plus lui-même, cet être que je poursuivais depuis le jour où sa silhouette si singulière avait croisé mon regard pour la première fois entre les reflets nocturnes des rues de New York. Dis-moi ce qui a changé depuis ce jour, Leviathan. Il ne me le dirait jamais, me laissant suspendu à ses lèvres si bavardes mais pourtant si silencieuses car ce qu’il disait n’avait aucune profondeur. Il ne voulait pas en donner à ses mots : ses insultes sonnaient comme des compliments, ses élans de sagesse se ponctuaient systématiquement d’une cadence sarcastique et ses soupirs de satisfaction ne l’avaient jamais rendu affable, bien au contraire. Dis-moi ce que tu veux changer, alors. Rien, car il s’en sortirait ainsi, enserrant la fameuse sélection naturelle de son poing ganté de soie. Il survivait ainsi, étouffant le reste sous ses richesses, achetant un nouveau corps, une nouvelle vie lorsque celle qu’il avait l’ennuyait jusqu’à sa perte, mais quoi qu’il fît, je restais accroché au coin de son existence. Je n’étais payé ni pour rester ni pour partir car je n’étais pas l’un de ses figurants dont il oubliait le nom, les appelant en claquant simplement des doigts d’un geste désagréable. Dis-moi ce que je dois changer. Nous ne cessions d’interrompre l’existence de l’autre sans le prévenir si bien que j’en étais venu à croire que même si je l’avais voulu au plus profond de mon âme, j’étais incapable d’empêcher Leviathan d’être dans ma vie, ni moi dans la sienne, et chacun de nous survivait aux intempéries du destin pour se relever après chaque bataille. Je ne m’adaptais pas avec sa facilité bourgeoise. Non, moi, j’étais un serpent rusé qui dévorait son ancienne peau après avoir mué, ne laissant derrière lui aucune trace de ses faiblesses passées. Ah bon ?
« I was only doing my job, really. And I’m not cheap so I really hope you have a good health insurance. » Je levai les yeux au ciel. Je ne lui en voulais étrangement pas, bien que ma rechute soit liée entre autres aux conséquences de notre dernière entrevue. Mais son absence s’était révélée assez longue pour que je me rende compte que je ne la préférais pas à son humeur acariâtre. Un Leviathan irrité valait mieux que pas de Leviathan du tout, en somme. « Bloody Americans. » répondis-je finalement dans un grognement. « I’m a Scottish activist. I support free health care for everyone. » Je marquai une pause, ne détachant pas mon regard de ses boucles folles qui dansaient au rythme de ses mouvements et, alors qu’il faisait semblant de siroter le liquide ambré que contenait son verre, je ne pus me souvenir d’une fois antérieure où je l’avais trouvé plus désirable qu’à cet instant précis. Beau et agaçant, son costume sur mesure souffrant des plis de son corps désinvolte, sa chevelure soyeuse dont les courbes et le mouvement se confondaient en un chaos aux couleurs d’ébène où les poètes se seraient arrêtés des heures entières pour y écrire quelques vers à son attention. Je n’avais pas ce talent-là et me contentai de contempler derrière mes lunettes aux reflets malicieux. « So tell me, I’m curious. » Je portai ma cigarette à mes lèvres à nouveau, levant le menton pour l’intimer de poursuivre. « Does everyone become conceited after a near death experience, or just you? Asking for a friend. » Je haussai les sourcils, amusé. Il prenait ça pour de l’arrogance alors qu’il s’agissait simplement d’une liberté que j’avais refusé de m’octroyer depuis des années. Mais les hommes de pouvoir confondaient souvent les deux. C’était amusant. De le voir et de ne pas avoir peur. Mon sommeil avait encore du mal à effacer les traits terrifiants qu’il avait affichés après m’avoir jeté son sortilège mais je retrouvais enfin l’être si unique et phénoménal qu’il était, même caché derrière son verre d’alcool. Tu veux te donner des airs sombres d’anti-héros qui se noie dans le whisky ? L’addiction, c’était déjà pris et je ne partageais pas mes peines car je n’avais pas envie d’aider les autres. « Leviathan Faust calling me conceited. That's funny. » Je savais qu’il ne se regardait plus dans son miroir depuis des années. Attendait-il que quelqu’un le décrive alors pour lui rappeler à quoi il ressemblait ? Ecoute-moi bien, Levi. Il avait vieilli en marbrant ses yeux de cette lueur dorée dans laquelle je reconnaissais la fébrilité d’une nuit de chasse au clair de lune. Ses rides étaient autant de cicatrices qui restaient sur son corps après qu’il ait étouffé chacune de ses émotions, stigmates visibles seulement par ceux qui cherchaient à voir au-delà de ses prunelles vives et intelligentes qui s’étaient passées toute leur vie d’être larmoyantes car Leviathan ne supportait pas les pleurnicheurs. Je ne me demandais plus s’il était capable de lancer un Doloris : c’était un sort trop vulgaire à son goût, manquant d’originalité et de panache. Mais je voulais savoir s’il était capable de pleurer à son tour. Car l’Américain était comme moi au fond, il se définissait par ce qu’il n’était. Peut-être pas pour les mêmes raisons, certes. Lorsque je me bornais simplement à être à peine humain, cendrant mes cigarettes sur les sanglots des autres et tordant mes grands classiques pour admettre qu'être était ne pas être et qu’on n’avait pas à choisir, Leviathan, lui, sondait l’opinion de tous pour mieux pouvoir apparaître là où on l’attendait le moins, semant le doute parmi l’auditoire. Deus ex machina. Il avait tout d’un dieu en effet. Ecoute-moi bien, Levi. Alors comment le décrire, si ce n’était par les ombres de son visage creusé par l’étau de ses émotions trop vives et ses imperfections dignes d’un nouveau courant artistique rejetant le précédent ? Il était en avance sur son temps et s’était lassé d’attendre à la croisée des chemins, prenant des décisions pour tout le monde car son argent et son charisme lui avaient toujours permis de le faire. Le démon s’était présenté pour lui acheter son âme mais Leviathan était de ceux dont on ne prenait rien car il avait déjà la vie éternelle et qu’il était lui-même un envoyé des enfers, simplement déguisé pour surprendre ses collègues d’outre-tombe et débattre sans fin avec ces derniers pour finalement les épuiser et dévorer leur cœur sous sa forme lupine. Son nom était déjà inscrit dans les textes sacrés mais il lui en fallait toujours plus, refusant de parler d’addiction car on ne savait pas de quoi il pouvait bien dépendre, à part de son existence-même. Mais c’est un peu ça, Levi. Une overdose de ta propre vie. Car à force de se dédoubler, à force de tout avoir, à force d’arriver à satiété sans même avoir ressenti le besoin une seule fois, il avait fini par en mourir, juché seul sur sa montagne de tous les plaisirs inachevés, réduits en cendres par son ennui et sa déraison. Ecoute-moi bien, Levi. Jamais il n’écouterait : la dernière fois, il m’avait fait taire en me clouant au sol pour me signifier que lui seul était en mesure de décider qui me ferait souffrir et qui me soignerait. Je m’étais évertué toutes ces années à croire que j’étais hors de sa portée, pourtant j’avais été le premier à succomber en comprenant que si mon cœur battait encore aujourd’hui dans ma poitrine, Leviathan en était pour quelque chose. Tu veux disserter sur la dépendance ? Sur l’arrogance ? Sur ton verre que tu fais mine de finir alors que ton corps avachi me dit déjà que tu es ivre ? Que valait la qualité de l’alcool lorsque l’on avait laissé sa sobriété à l’entrée de bar ? Il était fort, pourtant : seule sa démarche s’était montrée plus lente pour trahir les syncopes de son esprit, mutant en un dieu du vin, des excès et de la démesure. Oui, mais un dieu tout de même. Et les dieux n’écoutaient pas les mortels, c’était bien connu. « I thought hanging with Bonnie made me kinder. » notai-je finalement pour plaisanter. « So I guess it’s just me being around you and your self-confidence. I have to be up to it. » Il valait mieux le mettre au centre de la scène, à nouveau. Il adorait ça tout en prétendant mépriser son public, mais je doutais qu’un homme faisant autant attention à son apparence soit indifférent à ce que les autres pouvaient penser de lui. Cependant, il avait oublié que j’étais celui qui l’avait invité à venir et qu’en pénétrant dans ce bar, en me rejoignant à cette table, il entrait dans mon tableau et non l’inverse. Je me devais de lui rappeler avant qu’il ne décide de prendre trop de place.
« Wanna see somethin’ conceited? » Je ne le laissai pas répondre et me levai finalement, écrasant mon mégot dans le cendrier prévu à cet effet et reculant doucement vers la foule en le fixant durant une poignée de secondes. Mes épaules roulèrent avec fluidité au rythme de la musique et je me fondis finalement parmi les corps mouvants alors que le synthé laissait une mélodie moderne et électrique résonner dans nos oreilles. Il fit place à une basse singulièrement prononcée, presque arrogante, avant de l’accompagner jusqu’au début du couplet : How does it feel to treat me like you do? When you’ve laid your hands upon me and told me who you are. Je perdis Levi de vue et mes paupières se fermèrent en embrassant finalement ce que la nuit m’avait toujours offert : la beauté de ses lumières. I thought I was mistaken, I thought I heard you words. Tell me how do I feel, tell me now, how do I feel. Son parfum cependant, mêlant cette fameuse haleine ivre, les effluves de propreté de ses vêtements ainsi que, plus discrète mais bien présente, l’odeur de la terre sylvestre qui ne faisait plus qu’un avec son corps de loup. Reconnaissait-il le renard au milieu de tous ces gens qui, pour nous deux, se ressemblaient tous tant l’autre nous était indescriptible ? Those who came before me lived through their vocations, from the past until completion, they’ll turn away no more. Mes mouvements me mirent face à Leviathan de nouveau et je ne les suspendis pas, penchant simplement la tête pour pincer mes lèvres en un sourire mutin. And still I find it so hard to say what I need to say, but I’m quite sure that you’ll tell me just how I should feel today. J’eus le temps pour une pensée de plus à son égard avant que les lumières ne changent de direction et de couleur, puis je perdis son visage dans le chaos à nouveau. La musique ne laissait aucun répit et c’est ce qui faisait sa force, puisant l’énergie commune pour se sublimer en ces rythmes qui paraissaient uniquement simples mais qui étaient en réalité absolument géniaux. I see a ship in the harbor, I can and shall obey. But if it wasn’t for your misfortune, I’d be a heavenly person today. La chanson passait si vite que mes gestes me parurent déconnectés de ma volonté. Seuls la lumière épileptique des stroboscopes me guidait à présent et bientôt la foule se désépaissit et le parfum de Leviathan sembla s’évanouir. And I thought I was mistaken, and I thought I heard you speak. Tell me, how do I feel. Tell me now, how should I feel? Je clignai des paupières, distinguant autour de moi des visages qui semblaient m’observer et, en l’espace d’un instant, une sueur froide embauma mon dos et mes poings se serrèrent. Now I stand here waiting. Je relâchai mes muscles et m’avançai tel un fantôme ayant chassé tous ceux qui avaient osé le hanter de son vivant. Dans le coin, derrière un large pilier qui soutenait la mezzanine, des prunelles luisaient et m’observaient avec insistance, à tel point que je me sentis magnétisé et que mes pas ne purent s’empêcher de s’avancer jusqu’à elles, mes lèvres se courbant en un sourire inconscient. I thought I told you to leave me when I walked down to the beach. Ce ne fut pas la voix de Bonnie que j’étouffai au fond de moi, mais bien mes propres sermons à présent inaudibles qui ricochaient contre les parois de mes démesures passées, présentes et futures alors que je m’adossai au pilier pour faire face à l’inconnu. Il releva le menton, penchant légèrement sa tête sur le côté, ayant repéré depuis le début les marques sur mes bras fragiles, ma maigreur maladive et mon teint blafard accueillant les lumières artificielles simplement pour se cacher derrière leurs nuances exacerbées. T’aurais dû rester assis. J’avais su en entrant au sein de ce lieu bruyant et excessif que c’était trop pour moi. Il s’approcha et me glissa quelques mots à l’oreille, de quoi faire saliver mon instinct de camé, de quoi me faire oublier que c’était la dépression qui abattait ses cartes sur la table : merci pour cet accueil Eachan, te voilà dépendant de tout ce qui te rendra plus heureux, ne serait-ce qu’un peu. Quelle ironie de me voir traité de vaniteux alors que mon être s’était brisé en millier de morceaux comme autant d’addictions à tout ce qui me faisait oublier une réalité que je trouvais trop difficile à supporter. Pleurnicheur. Ne parlant que de lui-même mais n’existant qu’à travers ce qu’il disait aux autres et ce que les autres disaient de lui. La définition d’un dieu, en somme.
Tell me how does it feel, when your heart grows cold
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Ishikawa Ryuku
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MessageSujet: Re: every breath I take is filled with you and pain. (leviathan/eachan)   every breath I take is filled with you and pain. (leviathan/eachan) EmptyMer 25 Sep - 20:16

Ils étaient maîtres de mondes différents mais attirés l’un vers l’autre par une pulsion plus forte que la simple gravité. Deux microcosmes, indépendants, qui pourtant menaçaient de se percuter à chaque instant. L’explosion sera belle, Leviathan le savait. Il n’avait qu’à fermer les yeux pour observer les deux astres planétaires se rencontrer, l’impact progressivement de plus en plus destructeur. Ou alors l’un de ces mondes imploserait avant l’éclat, et Leviathan mettait sa main au feu que cela sera le sien, avant celui d’Eachan. L’écossais avait implosé par le passé, il connaissait que trop bien la sensation de sa chaire se recroquevillant autour d’un coeur trop petit pour une cage thoracique pourrie par la corrosion. Leviathan lui, était vierge de toute implosion, si ce n’était que des crocs se plantant dans sa peau pour faire de lui une nouvelle créature. Mais ceci était une explosion, un nouveau sens animal qui provenait d’un monstre extérieur qui se fondait avec la planète qu’il voulait envahir. La chimère continuait de respirer avec les organes de l’être originel mais leurs mots étaient différents, et même l’enveloppe corporelle s’était modifiée pour accepter les changements. Et derrière l’esprit de l’homme, pulsait avec allégresse une créature dont les bras maudits se joignaient au coude à ceux de l’humain. L’explosion ne les avait pas tué, avait au contraire donné naissance à un être que l’américain considérait comme supérieur, même s’il était maintenant traqué par des êtres qui le trouvaient trop différent. Il n’avait pas peur d’exploser en vol, car son nom perdurerait après sa mort, puisque son obsession ne se limitait pas une simple frontière dynamique. Mais l’implosion était une menace qu’il ne connaissait pas, qu’il ne voyait que dans les yeux d’Eachan quand ce dernier se perdait dans les méandres d’un esprit qui ne s’était toujours pas remis de ce qui lui était arrivé. Eachan, lui, se protégeait de toute explosion extérieur, comme si la stature de son corps de géant suffisait à placer une armure entre le monde et lui. Et Leviathan riait, doucereux, puisqu’Eachan lui reprochait sans cesse de ne pas joindre le monde dans lequel il vivait, mais Leviathan avait accepté ce dernier, avec ses vices inhérents, sa cruauté, ses démences. Il était un homme du monde dans ce qu’il y avait de plus pernicieux, une créature née de l’ambre et du diamant, n’ayant jamais cherché à éviter son retour fatidique à l’état de poussière. Il sera grand avant, il était déjà grand. Et son esprit était la seule armure dont il avait besoin. Mais Eachan, l’homme arrogant qui pensait tout connaître de Leviathan, qui pensait le comprendre parce que lui était aussi était né homme mais avait vieillit animal, qui posait ses yeux couleurs d’amertume et regret, et Eachan qui jugeait, avait peur. Il pensait n’avoir rien à perdre, avoir déjà tout perdu, et cela amusait l’américain qui regardait l’autre homme jongler avec des idées trop grandes, trop ambitieuses comme des remèdes à son existence tiraillée par le vide qu’il ne pouvait plus remplir par intraveineuse. Mais Leviathan était magnanime. Il n’y avait pas d’homme plus enfoncé dans l’auto-dérision, dans la haine de soit que lui, alors il acceptait les reproches d’Eachan, se voyait porter le titre d’égoïste quand la couronne reposait si bien sur le front de l’écossais. Dans l’histoire, Leviathan sera toujours le démon. Il en avait le nom, il en avait le caractère, les traits, aux yeux trop sombres, aux boucles rebelles. Il avait l’accent qui coulait avec de l’argent liquide, à la soie effleurée par des mains trop royales.
please allow me to introduce myself. I’m a man of wealth and taste. I’ve been around for a long, long year. stole many a man's soul to waste.
Les lèvres de l’homme s’étirèrent au rythme de la chanson qui était passée depuis plusieurs minutes mais qui résonnait encore dans les oreilles trop sensibles du lycanthrope. Leviathan portera à jamais la condescendance de ceux qui l’entouraient. Peut-être n’était que justice, quand lui même s’ennuyait dans ce monde où les esprits voguaient trop lentement. Les embarcations primitives des autres hommes ne l’intéressaient pas, et pourtant il devait faire comme si.
homo homini lupus est.
ego sum lupum.

« Bloody Americans. » Il leva un sourcil, irrité par la facilité de la remarque. Eachan tombait peu à peu dans la prévisibilité et cela achevait l’aura qu’il projetait. Leviathan se demanda s’il allait s’ennuyé avec lui désormais, si Eachan allait devenir membre de la liste trop longues d’existences pénibles à supporter, celles que Leviathan observait telles des pièces d’échecs. « I’m a Scottish activist. I support free health care for everyone. » Un rire mordant s’arracha de sa gorge, tranchant avec le matériel souple de son costume, et la douceur de son visage marqué par les années. « Sure. Does that pull a roof on your head? » Il n’avait pas besoin du rappel sur les préoccupations politiques d’Eachan. N’était-ce pas cette discussion qui avait engendré leur dispute? Quand Eachan s’était rendu compte qu’il ne pouvait pas supporter l’indifférence de Leviathan, pas plus que la vérité? Au moins Bonnie avait appris à ne plus faire l’hypocrite; mais elle était beaucoup moins intense qu’Eachan ; une des raisons de leur proximité après tant d’années. Il n’avait jamais essayé de la blesser, Bonnie. Il y était parvenu trop de fois pourtant.
« Leviathan Faust calling me conceited. That's funny. » L’homme en question fit un geste de la main, lassé par ces injonctives. Il était arrogant, oui. Mais il avait le mérite de porter cette arrogance, par l’intelligence délié qui l’avait mené à diriger deux des plus grands hôpitaux magiques du Monde Sorcier, par sa faculté à créer des remèdes. Il avait dans la paume de sa main l’accès à ces soins qu’Eachan désirait pour tous. Cela te fait-il chier, Eachan? De savoir que je suis l’un de ces hommes puissants que tu veux voir mourir dans les caniveaux? Cela te donne t’il la gaule de penser que tu puisses insulter l’un d’entre eux?
La dualité du moment était plus pénible que les mots d’Eachan. Comment Leviathan pouvait-il passer de cette admiration physique d’Eachan à la réalisation que s’ils continuaient ainsi, il détournerait les talons. Il voulait arracher les yeux bleus de l’homme en face de lui, y laisser le fond de son verre pour cautériser la plaie, et la violence se crispait dans ses doigts rigides. L’autre l’observait avec un regard trop saignant, bien plus violent que le sort lancé par l’américain des semaines plus tôt. Eachan voulait-il voir si le regret l’habitait? S’il se retournait la nuit, ravagé et hanté par les cris qui avaient secoué la carcasse de la victime? Eachan le connaissait trop pour savoir que ce n’était pas le cas. Leviathan ne s’intéressait à la souffrance que sur le point de vue biologique, incapable de reconnaître dans le visage des autres tout ce qui était psychologique. Il courbait cette vision détraquée par l’alcool qui embaumait son esprit, jusqu’à retrouver les coins habituels. N’était-il pas presque humain, lorsque la boisson glaçait sa langue, tordait ses mots? N’était-il pas celui qu’ils voulaient tous, celui presque accessible, celui qui n’était Leviathan Faust. Car n’était-ce pas la meilleure version de lui, celle entravée, celle qui ne lui ressemblait pas. Celle où les rides n’étaient pas de réflexion mais de vieillesse, lorsque le gris de sa barbe reflétait ce qu’il se laissait subir, car il était toujours plus facile de laisser les autres le haïr à sa place. « I thought hanging with Bonnie made me kinder. »
Ses mains se refermèrent sur son verre et il baissa les yeux, le sourire faux trahissant le fait qu’il ne voulait pas entendre ce nom. Il ne voulait pas voir Bonnie aux côtés d’Eachan, il ne voulait pas imaginer Fang devant cet homme. La jalousie était un sentiment qu’il ne connaissait pas, car il était habitué à tout voir tomber dans sa main. Il n’avait aucun droit de parler de Bonnie comme s’ils se connaissaient, comme s’ils avaient un lien. « So I guess it’s just me being around you and your self-confidence. I have to be up to it. » Il finit son verre d’une traite, observant la foule se mouvoir au rythme d’une chanson qu’il ne prit pas la peine de reconnaître. « Stupid of you to think so. I’ve known her since we were eleven. » Son sourire se fit plus carnassier tandis qu’il rapprocha son visage de celui d’Eachan. « I thought it was arrogance, and now self-confidence? Make up your mind, Reid, it’s not cute. » Il se laissa retomber dans son dossier, et la différence entre les deux hommes détonnaient. « Wanna see somethin’ conceited? »
Leviathan jura, et voulut détourner son regard d’Eachan, mais l’attraction ne lui laissa pas le choix, et malgré ses mots, malgré ses doutes, il était incapable de ne pas observer l’homme. Il le perdit des yeux au bout d’un moment, malgré l’étrange nyctalopie que lui offrait sa condition de lycan. Leviathan avait le souffle court d’une chasse folle, la position d’un chasseur lui venant naturellement, peut-être trop, et ses oreilles ne captaient le bruit que de sa respiration rapide. Il insultait Eachan pour son arrogance, et c’était cette même arrogance qui revigorait les brides de son attirance. Les dernières semaines avaient jeté un voile sur les sentiments de Leviathan, acharnés à un box pour ne pas perdre pied d’une réalité qu’il n’avait pas réellement conscience d’habiter. Mais les années volaient, et avec elles, les souvenirs d’un temps plus clément, lorsqu’un Leviathan moins marqué par la vie et à l’épaule encore vierge avait tiré un Eachan moins brisé dans un club moldu, lorsqu’il lui avait appris à engendrer un rythme corporel en symbiose avec la musique ambiante. « Fuck. » Il passa une main lasse sur le visage, et se concentra sur sa respiration pour se calmer, tentant vainement de moins sentir l’agitation de ses veines en réponse à un mouvement lunaire. Il tourna le visage pour retrouver le corps dansant d’Eachan et son sang se figea, lorsqu’il le vit avec un inconnu. La jalousie se dispersa rapidement lorsqu’il remarqua le comportement de l’homme, et Leviathan se leva. Il ne fallait pas être paêticulireèement intelligent pour savoir ce qui se passait, et Leviathan était un génie, alors il arriva aux côtés d’Eachan. Il tira sur le bras de ce dernier pour le détourner, mais l’inconnu s’avança. « Is there a problème gentlemen? » Deux types derrières relevèrent le visage, et Leviathan redressa légèrement les épaules, comme si cela pouvait l’aider à paraitre plus grand dans cette confrontation. Leviathan mit plus de force sur le bras d’Eachan pour le mettre derrière lui, et lorsque l’autre homme fit mime de s’interposer, l’américain réagit tout de suite. « Since you’re asking nicely. »
Depuis sa transformation, Leviathan sentait que son corps était différent, puisque la force du loup résidait désormais dans ses membres, même lorsque les poils s’évanouissaient devant la peau humain. Son poing atterri dans la mâchoire de celui qui voulait vendre la drogue à Eachan, et deux crics résonnèrent rapidement. L’un venant d’une mâchoire brisée, et l’autre de doigts fracturés. Leviathan jura et dans un mouvement vif ramena sa main vers son torse, presque surpris de ce qu’il venait de se passer. La douleur pulsait lentement, lancinante, et inconsciemment, Leviathan essaya d’envoyer la magie qui habitait son corps vers son poignet afin d’atténuer la souffrance. Un sourire sur les lèvres, l’arrogance d’un gamin dans les yeux, il se tourna vers Eachan et se dépêcha pour se mettre dans son dos. « Poor people know how to fight, right? And you’re taller. Have at it, hot stuff. »
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