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 q - if you're anything like me, then you've experienced soul-crushing loneliness (eachan)

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Riley Graham
Riley Graham
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MessageSujet: q - if you're anything like me, then you've experienced soul-crushing loneliness (eachan)   q - if you're anything like me, then you've experienced soul-crushing loneliness (eachan) EmptySam 3 Aoû - 17:26

Huit mornilles pour un paquet de clopes ? Je plissai mon regard vers le vendeur qui ne broncha pas. Mais va te faire … Il leva sa paume vers moi pour me couper dans ma réflexion. « Les gens changent et les prix avec. » Je me retins de lui assener un coup dans son visage gras mais il devait avoir l’habitude. La politique de répression du Royaume-Uni sur le tabac se faisait ressentir plus les mois passaient et le monde sorcier était d’autant plus dur sur cette question car il s’agissait massivement d’importation moldue. Toutes les boutiques ne vendaient pas forcément de paquets et celles qui le faisaient se laissaient des marges confortables lors de la conversion en monnaie sorcière. J’étais bien obligé de me plier parfois à ce vol orchestré puisque le village le plus proche de Poudlard était Pré-au-Lard et que j’étais bientôt de service au château. Surveillant. Je n’ignorai pas que la menace restait ancrée dans les murs du château et que beaucoup d’élèves étaient rassurés par la présence d’Aurors au sein de l’école, mais je savais précisément pourquoi j’étais bloqué à Poudlard, et ce n’était pas pour mes qualités de sortilèges défensifs. Je n’avais donc que de rares occasions durant lesquelles il m’était possible de retourner à Londres : mes réunions hebdomadaires ainsi que quelques sorties autorisées mais que Bonnie voyait d’un mauvais œil, son regard réprobateur de médecin jugeant en silence de ce qui était bon ou non pour moi me fixant jusqu'à ce que je disparaisse derrière sa porte d'entrée. Je penchai la tête sur le côté et, après quelques secondes durant lesquelles j’affichai un air défiant pour tenter de convaincre le vendeur de baisser en vain son prix, je déposai la somme demandée sur le comptoir et il hocha la tête une fois qu'il eut recompté le nombre de pièces d’argent qui se présentaient devant lui. « T’as intérêt à me donner le plus beau paquet. » lançai-je d’une voix agacée, remarque qu’il ignora en faisant glisser vers moi les Marlboros les plus communes que cette planète renfermaient. Elles se ressemblent toutes, Eachan. Oui, certes, mais cela restait frustrant. Je mis mon achat dans ma poche, renonçant à allumer une cigarette en sortant du magasin car je voulais les faire durer le plus longtemps possible. Je décidai de rentrer à pieds jusqu’au château, j’avais du temps devant moi et l’air frais de l’hiver correspondait à l’humeur dont je faisais preuve ces temps-ci : incisive, réfléchie, renaissante, éclairée par les journées qui, quoique plus courtes, n’en étaient que plus belles. Pré-au-lard survivait : l’influence de l’Ordre et de la Résistance encourageait les habitants à faire revivre le village et, malgré les sourires tristes que la plupart de ceux que je croisais sur le trottoir m’adressaient, je voyais dans leurs yeux ce que je retrouvais dans les prunelles de Bonnie lorsqu’elle constatait que j’étais sain et sauf, à chacun de nos entretiens : la fierté à l’égard de leurs responsabilités.
L’escalier s’arrêta devant moi et je l’empruntais pour grimper jusqu’aux tours. J’avais des lettres à envoyer à Gringotts et j’avais enfin pris le temps de les rédiger, surmontant la difficulté qu’était le retour à la normale, à cette époque civilisée et tolérante qui me considérait comme un rejeton, au même titre que mes semblables. Une fois le hibou parti, je fis quelques pas sur le couloir suspendu et m’y attardai pour m’accouder au rebord d’une fenêtre, observant le lac apaisé de loin. J’avais l’impression qu’il tentait de me dire quelque chose mais je restai impassible et borné. Quelque chose ne va pas, n’est-ce pas ? Je posai ma main sur l’une des pierres qui entouraient l’ouverture. Elle était parée de ce froid minéral et éternel qui restait inchangé au fil du temps, comme un charme ne pouvant être rompu. Je doute qu’une telle chose existe, Eachan. Ma respiration siffla pour que la voix se taise et que je l’empêche ainsi de remuer de mauvais souvenirs. Il y avait des choses irréparables. Des chagrins qui ne passaient pas. Des maux invisibles et inexorables. J’en étais persuadé. Ou peut-être voulais-je m’en persuader en détournant le regard comme je changeai de chemin pour ne pas croiser les mauvaises personnes. Mais l’idée d’arrêter de fuir d’évidentes responsabilités m’avait une nuit effleuré l’esprit et elle était tenace, telle une plante enracinée autour d’un arbre mort, cherchant à lui insuffler un souffle vital pour le faire fleurir de nouveau. Je te l’ai déjà dit. Mon regard fut attiré par le mouvement furtif d’un coléoptère, plus bas contre le mur extérieur. Rien ne pousse sur la lande stérile qu’est devenu mon cœur. L’insecte parut hésiter l’espace d’un instant puis, profitant d’une brise agréable pour les plus couverts, il prit son envol. Je suivis sa trajectoire jusqu’à ce qu’il ne devienne qu’un point parmi d’autres puis je soupirai doucement, lorgnant sur la forêt pour son parfum de liberté. Mais je savais que cette dernière m’était inaccessible et je ne pouvais m’en vouloir qu’à moi-même pour m’être mis dans cette situation. Je fermai les yeux le temps d’une poignée de secondes, cherchant à vider mon esprit, mais un souvenir réussit tout de même à s’accrocher à ma mémoire, grossissant car je lui faisais de la place à mesure que mes pensées redevenaient vierges. Ne t’en fais pas, tu le reverras, songeai-je, incapable de savoir s’il s’agissait de la voix ou de moi-même, refusant d’admettre que cela revenait au même. Mais les camés en rémission s’accordaient tous à dire que le drogué, ce n’était pas vraiment eux.  C’était plus une entité qui décidait à leur place, instaurant tacitement la loi du plus fort que caractérisaient la position de l’oppresseur – la drogue – et celle de l’oppressé – le consommateur. Des conneries, oui. Probablement. Car pour les autres, nous étions une seule et même personne. Après tout, la drogue ne se jetait pas dans nos veines : sauf cas exceptionnel, c’était une impulsion plus ou moins consentante d’un esprit en quête de quelque chose d’autre qui la laissait entrer. Quelque chose d’autre ? On ne fait que se découvrir soi-même, dans toute sa monstruosité. Et tout ce que la drogue nous faisait faire ensuite était de notre ressort, de notre responsabilité. Absolument tout. Mes paupières s’ouvrirent de nouveau. L’image de Leviathan et le parfum de ses lèvres restèrent dans mon crâne comme un arrière-goût d’extase au milieu d’une descente. Je détestais ce sentiment car il était celui qui remplaçait tous les autres au creux de ma cage thoracique, piétinant les plus belles émotions pour les réduire à de vagues souvenirs. Je ne connais pas l’attachement, je connais l’addiction. Et en effet, c’était pire que tout, en effet, elle m’empêchait d’aimer. Je n’avais plus les mêmes valeurs, les mêmes réactions, les mêmes attentes que les autres et je voyais les relations humaines à travers le prisme d’une solitude que l’héroïne avait bâtie tout autour de moi, m’isolant du reste du monde pour qu’elle soit ma seule compagne. Je voulais refuser, mais je connaissais mon instabilité dû à ce mot qui signifiait tout et rien à la fois : addiction. On avait creusé un vaste trou dans ma poitrine et, faute de compassion, j’avais entretenu le manque jusqu’à ce que je me rende compte de la vérité : je ne manquais pas d’héroïne, je manquais d’amour car je l’avais rejeté à chaque fois qu’on avait voulu m’en offrir, prétextant qu’il n’était rien par rapport à la drogue. Cet arrière-goût d’extase me prouvait le contraire.
Quatre mois et demi. Quatre mois et demi. Quatre mois et demi. Plus je ressassais cette période dans mon esprit et plus elle me paraissait avoir duré une éternité. Quatre mois et demi que Romy et moi ne nous parlions plus. Je doutais même que nous nous regardions encore lorsque nous y étions forcés. Quatre mois et demi, et même si on ne se regardait pas, même si on ne se parlait pas, il était indéniable que l’on pensait à l’autre. Quatre mois et demi sur lesquels j’avais envie de fermer les yeux, mais elle avait joué une carte adroite et désintéressée : celle de m’avoir sauvé la vie pour la deuxième fois. Je souris en admettant que je lui en voulais de ne pas accepter plus de rancœur au sein de sa poitrine. Je lui en voulais de m'’interdire de lui en vouloir. Le pire restait qu’elle ne le faisait pas exprès : elle était au service des autres et elle était capable de tendre la main à son pire ennemi si cela pouvait l’empêcher de tomber d’une falaise. Mais je n’étais pas son pire ennemi. J’étais un échec, une déception qui ne faisait que revenir pour la marquer au fer rouge de son dédain. C’était une drogue dangereuse que de voir le bon chez les autres car on risquait de se faire ensevelir par le mal qu’ils cherchaient à déverser. C’était son principal défaut : croire qu’elle pouvait sauver tout le monde et que tout le monde méritait d’être sauvé, sous prétexte que nous étions tous des frères humains. Je ne supporte plus ton altruisme. Au fond de moi, j’avais espéré que la colère dont elle avait fait preuve le soir de notre dispute m’aurait procuré une quelconque satisfaction. Et ce serait mentir que de dire que cela n’avait pas été le cas, mais petit à petit, cette satisfaction s’était elle aussi mutée en absence et je m’étais retrouvé seul, à nouveau. Quatre mois et demi, et je n’avais pas pris la peine de lui dire que je savais qui m’avait traîné jusqu’au seuil de la maison de Bonnie, je n’avais pas pris la peine de lui adresser le moindre regard à part ceux qui caractérisaient les prunelles des aveugles lorsqu’ils sentaient notre présence à leurs côtés. Et cependant, elle était bien là, foulant le même sol que moi, parcourant les mêmes couloirs, surveillant les mêmes élèves. Qu’est-ce qui avait changé ? Moi, et non elle, ou bien j’avais repris possession de mon corps d’antan au fil du processus de sevrage car il était cette fois-ci suivi avec bien plus de justesse que le précédent. Tu aurais dû me laisser mourir, avais-je envie de me persuader, car je refusais d’admettre une erreur qui pourtant sifflait à mes oreilles depuis quatre mois et demi. Mais on parlait de Romy Londubat, celle qui avait conscience de ses privilèges mais qui considérait que le sang était toujours aussi rouge, qu’il soit pur ou non. Qu’importait, puisque ses fonctions vitales restaient les mêmes ? J’aurais pu parler de sang pendant de longues heures car, après tout, il s’agissait de la rivière où naviguait l’héroïne pour se rendre à chaque recoin de mon corps. Un mois était peut-être passé depuis ma récente consommation et les vingt-et-un premiers jours de sevrage avaient été les plus difficiles. Le pire est derrière toi, me disait-on dans mon sommeil pour me rassurer. Cela aurait pu être vrai si j’avais eu la chance d’être entouré comme il le fallait. Mais mon anxiété me défendait d’aller à Sainte-Mangouste – sans compter la présence de Leviathan entre les murs aseptisés de l’hôpital, tel un champion se relevant après la bataille, à jamais invaincu. Bonnie, quant à elle, ne pouvait m’accorder plus de temps qu’elle ne le faisait déjà, malgré mon ton rustre et ma mauvaise humeur. Elle m’avait vivement conseillé de me faire quelques amis sans comprendre l’ironie : je ne me fais pas d’ami, je préfère les perdre.
J’eus du mal à trouver la bonne porte car, bien évidemment, il s’agissait du seul cours du semestre qu’elle ne passait pas enterrée dans la serre : la correction des devoirs maison des cinquièmes années, et Merlin savait qu’elle avait des choses à leur dire sur leur niveau déplorable. Mes pas résonnèrent dans le couloir du premier étage et je poussai la porte de la salle que l’on m’avait indiquée pour pénétrer dans une pièce à l'ambiance studieuse dont les tables de bois verni étaient occupées par de jeunes sorciers. Je n’avais pas hésité avant d’entrer, ni demandé une autorisation quelconque mais malgré mon insolence, je doutai qu’elle fasse le moindre commentaire. Je me postai l’espace d’une seconde au fond de la salle et mon regard perçant la scruta alors que le sien rencontrait ma silhouette. Salut princesse. Elle n’avait pas changé, si ce n’était la sérénité qui accompagnait ses traits qui se crispèrent cependant, probablement sous le coup de la surprise. Je ne me fis pas prier pour m’asseoir, mes semelles claquant contre les dalles rocheuses du sol jusqu’à trouver une rangée vide pour m’isoler jusqu’à la fin de la séance. Quatre mois et demi, probablement autant de souvenir qui débordèrent de notre mémoire jusqu’à ce que la cloche sonne et celle-ci tarda à se faire entendre. J’allumai l’une de mes fameuses cigarettes puis croisai les bras sur la table et les jambes sur ma chaise pour venir poser mon menton sur mes poignets endoloris par la fatigue. Combien de mornilles pour une seule cigarette ? Je n’étais pas vraiment là. La seule chose qui me raccrochait à l’instant présent était le lien ininterrompu qui reliait mon regard à la silhouette de Romy jusqu’au terme du cours, et ce dernier arriva comme un soupir de soulagement suivi par un pincement au cœur. Je laissai la classe se vider peu à peu puis me levai et comblai l'espace qui me séparait de l’estrade. Je m’étais d’abord accordé sur le fait de ne pas rendre la scène trop théâtrale et puis finalement, je m’étais dit que ça faisait quatre mois et demi, et qu’on pouvait bien apprendre quelques répliques pour rendre ces retrouvailles plus vivantes – après une séparation si caustique. Alors j’ouvris mon sac et je posai sur le bureau un terrarium, le choc sec intimant à Romy de m’accorder son attention. A l’intérieur, une plante morte, visiblement peu arrosée. « J’ai reçu cette endive pour Noël. Paraît que c’est à la mode de faire pousser ses propres trucs. » En vérité, il s’agissait d’une pousse asséchée et laissée à l’abandon dans le coin de la serre où je m’étais d’abord rendu pour trouver Romy, en vain. Mais cela n’avait pas d’importance. Pas plus d’importance que tout ce à quoi j’avais voulu en donner, quatre mois et demi plus tôt. Elle ne voulait pas savoir ce que j’avais vraiment reçu pour Noël, de toute façon. J’allais l’épargner. « Paraît aussi que j’ai pas trop la main verte. » Et même si mon mince sourire cherchait son reflet sur le visage de Romy, mon cœur battait à présent bien plus fort dans ma poitrine, car on pouvait orchestrer une entrée mais pas forcer les autres personnages à rester dans leurs rôles : sa réaction m’était imprévisible. « Paraît en plus que t’enseignes de nouveau le jardinage. » Je levai les mains en un mouvement convaincu, mes paumes tournées vers elle d’un air innocent, une moue approbatrice sur les lèvres. « J’dis ça, j’dis rien, mais moi perso j’trouve que ça tombe bien. » Mais ça ne suffirait pas car je savais que l’humour amical n'égalait pas les excuses, puisque ces dernières étaient les seules à prouver, par leur simple existence, ce qui valait vraiment aux yeux de nos êtres chers.
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Riley Graham
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MessageSujet: Re: q - if you're anything like me, then you've experienced soul-crushing loneliness (eachan)   q - if you're anything like me, then you've experienced soul-crushing loneliness (eachan) EmptySam 3 Aoû - 17:27

La gorge nouée, elle referma la porte de l’appartement d’Ashley, après avoir vérifié que le couloir était vide. Il y avait une certaine familiarité à présent à la peine qu’elle ressentait à chaque fois qu’elle disait au revoir à sa fille, les simples mots qu’elle lui adressait la ramenant systématiquement à la nuit où elle l’avait confiée à son mari, avant que les autorités ne débarquent à Godric’s Hollow. Il y avait cette peur, irrationnelle, qui la prenait à la gorge et la noyait de doutes. Après tout, cela pourrait être une nouvelle fois un au revoir pour bien trop longtemps, après tout, cela pourrait être un adieu pour toujours. Il n’y avait pas de raisonnement derrière sa peur, aucune logique pour lui prouver qu’elle avait raison. Simplement une impression de déjà-vu qui entachait ses pensées et la poussait à rester à jamais enfermée avec Juliane dans le petit appartement de son mari. Mais ses responsabilités, en tant que professeur, en tant que directrice de sa maison la rattrapait toujours inévitablement, l’arrachant encore et encore à son enfant. D’un pas résigné pourtant, elle manque de prendre le chemin du rez-de-chaussée puis des serres, avant de se rappeler que ce cours ne serait pas comme les autres. Un soupir accroché à ses lèvres, elle ouvrit la porte de la salle de classe miteuse qu’on lui attribuait pour son seul cours entre les murs du château, passé à corriger des copies pour chaque niveau qu’elle enseignait. Les cinquième années étaient les concernés, aujourd’hui, et en sortant les parchemins couverts d’encre rouge, elle réalisa que ce ne serait pas une séance évidente. Au compte goutte, ses élèves s’installèrent en face d’elle et bientôt, dix-sept paires d’yeux étaient fixés sur elle, et elle les salua, avant de se lever. « Je vais vous rendre vos copies mais je suis très déçue du résultat. Il y a encore beaucoup trop de T pour cette période de l’année et je sais que vous avez chacun beaucoup de potentiel. Si vous voulez obtenir votre BUSE en botanique à la fin de l’année, il va falloir redresser la barre maintenant. » Un silence pesant lui répondit, alors elle baissa les yeux sur le premier nom et commença à distribuer, regardant la déception se peindre sur le visage de la quasi totalité de ses élèves au fur et à mesure qu’ils recevaient leur résultat.
L’ouverture de la porte troubla le calme de la correction, qui trainait comme toujours en longueur alors que Rosemary devait s’y reprendre à plusieurs fois pour expliquer une réponse, son visage levé vers le tableau et ses doigts couverts de craie. En reconnaissant le visage de celui qui interrompit son cours, après s’être retournée, elle décida de ne pas relever sa présence, voyant que ses élèves étaient déjà distraits par l’arrivée de l’auror, des murmures parcourant immédiatement les rangées. « Concentrez-vous, nous avons presque terminé. » Elle recommença à écrire lorsque le calme fut rétabli, pourtant elle pouvait sentir son esprit dériver à son tour, alors que l’effet de surprise s’atténuait peu à peu pour laisser place à l’agacement. Eachan ne lui avait pas adressé la parole depuis des mois et elle n’avait fait aucun effort pour aller lui parler de son côté, la rancoeur qu’elle avait nourrit à son égard trop présente pour qu’elle puisse d’elle-même lui demander d’arranger les choses. Elle s’était attendue à ce que ce soit lui qui vienne vers elle, parce que c’était lui qui avait craché des paroles accusatrices au visage et qui avait insulté ceux qu’elle aimait, ce qu’elle était. Elle avait attendu, persuadée qu’en une semaine, l’histoire serait réglée, tout simplement parce qu’elle ne pouvait pas croire qu’il soit sincère. Mais les semaines avaient passé, puis les mois, dans un silence assourdissant et elle avait peu à peu perdu espoir, préférant éviter son regard quand elle le croisait que de faire le premier pas. Il ne l’avait pas fait, si bien qu’elle ne pouvait pas imaginer pourquoi il avait décidé de s’installer au fond de sa classe. Elle se retourna pour lire ses notes et la lueur de la cigarette attira immédiatement son regard. Puisant dans son sang-froid, elle ramassa simplement sa baguette pour l’éteindre d’un geste discret, avant de reprendre. Son geste était puéril, puisque rien n’empêchait Eachan de fumer dans sa classe, mais l’odeur du tabac lui était insupportable, si bien que sa colère pris le pas sur le reste. Elle conclut sa correction sans lui adresser un regard, avant de rappeler à ses élèves de revoir tout cela avant leur prochain devoir maison. Le bruit des chaises frottant contre le sol lui répondit, tandis qu’elle commençait à ranger ses affaires. Rapidement, la salle fut de nouveau vide et silencieuse, et Rosemary dû se retenir de relever les yeux, sachant parfaitement qu’Eachan se trouvait encore là. Elle pu entendre son pas se rapprocher pour s’arrêter devant son bureau et un bruit sourd la fit sursauter, la forçant à relever le regard vers le terrarium d’un de ses élèves, en mauvais état. « J’ai reçu cette endive pour Noël. Paraît que c’est à la mode de faire pousser ses propres trucs. » Elle baissa à nouveau le regard sur ses papiers, pour les rassembler et les faire rentrer dans son sac, déjà trop plein, attendant à ce qu’Eachan ait plus à lui dire. « Paraît aussi que j’ai pas trop la main verte. Paraît en plus que t’enseignes de nouveau le jardinage. » Un sourire dansait sur ses lèvres mais Rosemary ne trouva pas la volonté de le lui rendre, se contentant simplement de poser à nouveau son regard sur lui. « J’dis ça, j’dis rien, mais moi perso j’trouve que ça tombe bien. » Un silence s’installa, alors qu’il attendait vraisemblablement une réponse de sa part, certainement fier de ce qu’il avait trouver pour briser la glace. Pour une petite dispute, cela aurait fonctionné. Pour une petite dispute, Rosemary aurait sourit, sincèrement. Mais chacun de ses mots ne faisait que lui rappeler d’avantage à quel point il l’avait blessée, à quel point il ne semblait pas s’en soucier à présent, persuadé que faire comme si de rien n’était suffirait à ce que les choses reviennent à leur état normal. Elle baissa les yeux et attrapa le terrarium pour le retourner vers Eachan, son doigt pointé sur la plaque sur le bas qui disait Propriété de Poudlard. « Tu avais vu ça avant d’essayer de me faire croire qu’elle est à toi ? » Elle fit de son mieux pour que son ton ne paraisse pas trop froid mais il y avait aussi une part d’elle qui n’avait pas l’envie de faire le moindre effort. « C’est un projet de deuxième année. Et si cette plante disparaît en dehors des cours, c’est moi qui suit responsable de l’échec de mon élève. » Son amertume transparaissait sans mal dans ses mots, bien qu’ils soient vides de sens. Cette conversation n’en avait aucun, après tout, pas avec tout ce qu’ils auraient dû avoir à se dire, pas avec tout ce que Eachan aurait dû avoir à lui dire. Rosemary n’était habituellement pas aussi rancunière, pourtant, tout simplement parce qu’elle trouvait cela exténuant d’encaisser autant de rancoeur envers une seule et même personne, sans compter qu’elle trouvait habituellement les raisons d’un désagrément trop futiles pour s’en faire autant. Sa dispute avec son ancien ami était l’une des rares occasions, cependant, où les ressentiments s’étaient accrochés avec force à son esprit. Elle s’était sentie trahie, par cet ami qui lui avait toujours semblé sincère et soucieux de leur relation. Elle s’était sentie trahie, parce qu’elle ne pouvait pas expliquer qu’il ait autant à lui dire sans jamais lui en dire un mot. Elle s’était sentie trahie, parce que les mots qu’ils avaient utilisés étaient injustes, parce qu’il ne lui avait pas parlé pendant près de cinq mois, parce qu’il préférait revenir comme une fleur de lui présentait la moindre excuse. Et tout cela ne s’expliquait dans son esprit que par le fait qu’il n’avait jamais réellement considérée comme une amie, ni jamais eu beaucoup d’estime pour elle, pour prêter aussi peu d’attention à la manière dont il la traitait. Cela, plus que leur dispute elle-même, lui causait bien trop de peine pour qu’elle arrive à forcer un sourire sur ses lèvres. « Pourquoi tu ne me dis pas plutôt la véritable raison pour laquelle tu es venu me voir ? » Il pouvait essayer de faire comme si rien ne s’était passé, comme si les cinq précédents mois n’avaient pas existé. Elle en était incapable, n’ayant jamais été très bonne pour prétendre quoi que ce soit ou pour mentir. Elle en était incapable, parce que malgré toute la colère qui l’agitait, elle tenait encore trop à lui pour le laisser traiter leur amitié avec aussi peu d’intérêt.
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Riley Graham
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MessageSujet: Re: q - if you're anything like me, then you've experienced soul-crushing loneliness (eachan)   q - if you're anything like me, then you've experienced soul-crushing loneliness (eachan) EmptySam 3 Aoû - 17:27

Mes mots ricochèrent sur le mur de glace invisible qui nous séparait sans que cela ne provoque en moi la moindre surprise. Après tout, au bout de quatre mois et demi, j'avais eu le temps d'imaginer ce qui pourrait arriver. Et quand bien même j'avais ressassé dans mon esprit les moindres détails de cette possible rencontre, la dureté véritable du visage de la professeure de botanique qui d'habitude ne faisait que sourire, des lèvres ou du regard, me hérissa l'échine. Tout était à refaire, et cette fois je n'avais pas l'avantage d'être un inconnu dont le nom était apparu au détour d'un dossier confidentiel dans les bureaux de l'Ordre du Phénix. Cette fois, j'étais face à une femme blessée et il me fallait me plier à ce que je jugeais peut-être encore injuste simplement pour sauver une amitié qui me paraissait plus importante que la mosaïque de la politique britannique. Le silence qui suivit mes mots s'étira et je pus y lire toute la rancœur qui ne seyait absolument pas aux traits de Romy : je n'avais pas l'impression de la connaître réellement lorsqu'elle m'observait de cette façon. Mais n'était-ce pas ce qu'elle m'avait reproché la dernière fois, de toute façon ? De ne pas la connaître ? D'être si égoïste que je n'avais pas pris la peine de m'intéresser véritablement à ses problèmes ? Un instant, une vague de colère sembla créer du remous en moi mais je la calmai en une inspiration maîtrisée, conscient que si Romy ne s'était pas remise en question d'elle-même, c'était peut-être parce que j'avais finalement plus de torts qu'elle dans cette histoire. Mes cils battirent derrière le verre de mes lunettes et, certes frappé par sa froideur qui se montrait bien plus marquée que dans mon imagination, je restai serein. L'atmosphère restait chargée de tension, celle-là même que j'avais voulu dompter en prenant le parti de la surprise avec mon entrée théâtrale dans la salle de classe, mais Romy avait bien vite affirmé son autorité, certes puérile, et pourtant bien présente, en éteignant de loin ma cigarette en un mouvement sec de sa baguette. Je rangeai cette dernière dans ma poche après l'avoir faite danser entre mes doigts maigres, me rappelant du prix exorbitant qu'elle m'avait coûté. En ces temps si sombres, il fallait toujours prendre soin des petits plaisirs.
« Tu avais vu ça avant d’essayer de me faire croire qu’elle est à toi ? » Romy me pointait du doigt la petite plaque de couleur bronze qui miroitait en bas du terrarium. Bien sûr que je l'avais vue, et en un geste, en un froid glacial marbrant sa voix, elle me fit comprendre que je n'avais pas le loisir de rendre cette conversation plus légère, et que si elle le pouvait, elle ne se priverait pas de m'insuffler une once de ce qu'elle avait pu ressentir le soir où je lui avais reproché jusqu'à son existence-même. Enfin, peut-être pas, de mon point de vue. Simplement les œillères qu'elle avait minutieusement appliquées sur ses tempes pour ne pas avoir conscience des décisions difficiles qu'elle prenait. Mais je reconnaissais que la forme n'avait pas été des plus diplomates et que si je n'avais pas eu le choix de naître comme j'étais, elle ne l'avait pas eu non plus. « C’est un projet de deuxième année. Et si cette plante disparaît en dehors des cours, c’est moi qui suit responsable de l’échec de mon élève. » Je haussai les sourcils, perplexe. La plante, ou bien ce qu'il en restait, semblait parfaitement desséchée, et s'il était vrai en effet que je ne me rappelais que trop vaguement de mes cours de botanique de deuxième année, il m'était impossible de retrouver le nom d'une plante magique qui avait cette allure. Lui laissant le bénéfice du doute et non le poids de mon cynisme sur les épaules, je lui adressai une moue conciliante, presque penaude, dont elle ne pourrait jamais mesurer le degré d'ironie tant j'en étais moi-même incertain. Je me moquais de ses doléances tacites : je m'y étais attendu en venant et j'allais en porter les échos dans ma mémoire en repartant. Mais elle ne pourrait pas me reprocher de ne pas avoir fait le premier pas, même si ce dernier venait tard, car au fond, j'ignorais ce qu'elle avait retenu de notre dispute, à part mes erreurs. Que fais-tu des tiennes, Romy ? Tu les laisses sécher au fond des serres elles aussi ? Je n'étais pas le mieux placé pour lui faire la morale et je n'avais pas interrompu son cours par mon arrivée sur scène pour espérer obtenir ses excuses à elle. Non, je cherchais simplement à éventrer l'abcès de colère et de rancœur qui gonflait à chaque fois que nous faisions mine de ne pas nous voir dans les couloirs ou que, pire, nos regards se croisaient et nos cœurs se pinçaient. Je voulais de la sincérité, enfin. Mais cela ne nous réussissait pas d'être sincères l'un envers l'autre, alors au fond, je savais que j'allais devoir improviser face à la falaise abrupte qu'elle me présentait, retenant ses récriminations au bord de ses lèvres crispées. « Oui Maman. » ironisai-je dans un souffle pour lui intimer d'arrêter de ne prêter son esprit qu'au premier degré, puisque cela ne servait à rien de me rendre la tâche plus difficile, à part me faire regretter de lui présenter des excuses qu'elle méritait pourtant sur toute la ligne. Cela ne lui ressemblait pas et l'espace d'un instant, je craignis que mon initiative ne reste vaine et qu'elle ne fonde contre l'ardeur de la blessure qui semblait se rouvrir à mesure que les secondes passaient et qu'elle continuait de se tenir face à moi.
« Pourquoi tu ne me dis pas plutôt la véritable raison pour laquelle tu es venu me voir ? » ajouta-t-elle finalement pour recentrer la conversation sur l'objet de la discorde. Je restai d'abord silencieux, hésitant à relancer une pique caustique pour lui rappeler que son amertume ne mènerait à rien, mais si elle avait raison sur une chose à travers son sérieux et l'absence de sourire sur son visage fermé, c'était qu'il ne s'agissait pas de théâtre, nous ne jouions pas les rôles que j'avais cherché à m'imaginer : au contraire, tout semblait assez réel pour que mon estomac se noue, comme il s'était noué chaque fois que le nom de Romy m'était venu à l'esprit depuis quatre mois et demi. Sommes-nous trop vieux pour nous haïr ? J'étais loin de la détester, je ne la reconnaissais simplement plus, car elle m'avait sauvé d'une overdose entre temps, alertée par son amie Tiana, mais je n'avais ressenti qu'un profond vide en prenant connaissance de son acte : comme si son silence l'avait changée en ces fantômes qui nous sauvaient la vie pour mieux pouvoir nous hanter de notre vivant. Je ne lisais dans son visage aucun signe de compassion à mon égard et, même si je n'étais pas du genre à lorgner sur la gentillesse des autres, celle de Romy me manquait par sa nature spontanée, et donc forcément puissante. « J'imagine que je pensais obtenir un sourire de ta part avant ça. Mais je reconnais que c'était ambitieux. » Mon ton se passait d'être railleur car je pouvais deviner pourquoi elle n'étirait pas ses lèvres et ne communiquait aucune joie en ma présence. Croisant mes doigts derrière mon dos, je poursuivis d'un ton plus serein : « J'admets que j'aurais dû venir y'a quatre mois. Mieux vaut tard que jamais, n'est-ce pas ? » Je haussai les épaules avec une nonchalance qu'elle pouvait trouver familière ou agaçante : je lui laissais ce choix-là. « Pour ma défense, ça doit faire un mois et demi que je me bats avec mes antécédents de vieux camé. » Ce qui ne me laissait, après un calcul difficile, que deux mois et demi de culpabilité et oui, je me foutais encore de la gueule du monde, mais moi au moins je le faisais avec le sourire. « Je n'ai pas besoin de préciser que je sais que tu m'en veux et que j'aurais voulu que les choses se passent autrement. » Mon regard se plissa, scrutant le sien d'un air définitivement plus sérieux qu'avant. J'empêchai de justesse à ma gorge de se nouer, la raclant pour laisser ma voix résonner de nouveau dans l'espace clos : « Te connaissant, je pense que tu l'avais deviné. » Mes phalanges se serrèrent sous l'effet de la tension. J'ignorais si le choix de mes mots était prémédité à présent, puisque prétendre la connaître ne pouvait que déclencher l'avalanche qui restait suspendu à son esprit transi de courroux : cela ne s'arrêtait pas à la simple dispute que nous avions eu, qui paraissait presque bénigne à côté de ce qui était véritablement en jeu. Elle m'avait reproché, au-delà de la dureté des mots que je lui avais adressés, l'allure fausse de l'affection que j'avais semblé lui témoigner depuis qu'elle m'avait aidé à sortir de l'exil la première fois, écrasant entre mes paumes réprobatrices et violentes la sincérité dont je me targuais pourtant avec emphase, la changeant en franchise glaciale et cinglante, la blessant au cœur sans que son sang ne puisse la soulager en coulant fatalement sur le sol lorsqu'elle s'était retrouvée seule, à nouveau. « Cependant ... » L'hésitation était chargée de douleur, mais elle était comme un pansement qu'il fallait arracher au plus vite : le soulagement suivrait, rougeoyant tel une plaie n'ayant pas encore totalement cicatrisé. « ... je voulais te présenter mes excuses, même si tu as du mal avec ma sincérité ces temps-ci. » J'inspirai et retins mon souffle, laissant finalement retomber mes bras le long de mon corps, tanguant un instant comme un bateau en pleine mer juste avant que le vent ne se lève. Ma taille me jouait des tours et, l'espace d'une bouffée d'oxygène, je me sentis confiné entre ces quatre murs, incapable de m'échapper du labyrinthe que formaient les traits du visage de Romy alors qu'elle me fixait d'un air lugubre et pourtant, quelque part, si impatient. Impatient de me voir maîtriser la vague ou bien, au contraire, de faire naufrage. « Et te remercier également de m'avoir sauvé la mise pour la deuxième fois en si peu de temps. » J'avais passé du temps à me persuader que j'aurais voulu que quelqu'un d'autre vienne me chercher aux confins des taudis de Londres, mais si cela me poussait aujourd'hui à faire l'effort de la voir sourire de nouveau, peut-être que la fin justifiait les moyens, dans le plus beau sens du terme. « Je ne te demande pas de ne plus m'en vouloir. Je voulais juste que tu le saches, parce que ce ne sont pas des choses que l'on peut deviner. » Puis le silence à nouveau, laissant le vent gronder contre la voile ou, au contraire, glisser en son sein pour que la coque fende enfin les flots, naviguant vers un horizon qui paraissait toujours plus beau, toujours plus harmonieux, puisque le soleil continuait de s'y coucher jour après jour.
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Riley Graham
Riley Graham
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MessageSujet: Re: q - if you're anything like me, then you've experienced soul-crushing loneliness (eachan)   q - if you're anything like me, then you've experienced soul-crushing loneliness (eachan) EmptySam 3 Aoû - 17:27

Elle avait enterré ses sentiments derrière sa fierté et s’était persuadée pendant des mois que les mots blessants d’Eachan étaient suffisants pour qu’il soit le seul responsable de leur dispute. Elle avait passé des semaines, des mois après leur dispute à vouloir l’ignorer, ne plus lui adresser la parole, voir même lui hurler dessus s’il s’approchait d’elle tout simplement parce qu’elle était blessée. Il avait fallut du temps pour qu’une autre part d’elle fasse surface, essayant de faire taire la première, alors qu’un autre sentiment menaçait de remplacer sa colère. La culpabilité avait récemment pris racine dans ses pensées à l’égard de l’auror, alors qu’elle se ressassait encore et encore ses propos, leur conversation et ce qu’elle avait mal pris. Elle avait passé plus de deux mois de silence à attendre ses excuses avant de se demander s’il était vraiment le seul à devoir en présenter. Des questions avaient commencé à la hanter, la poussant à douter de la moindre de ses actions, la moindre de ses relations, le moindre élément de son existence. Elle se pensait ouverte et tolérante, mais l’était-elle vraiment ? Elle pensait avoir souffert elle aussi de la hiérarchie des sangs et de son statut de traître, mais était-ce comparable au sort des né-moldus ? Elle ne trouvait que des réponses négatives à ces certitudes qu’elle avait eu depuis aussi longtemps qu’elle pouvait s’en rappeler et peu à peu, son assurance s’était effondrée. Elle n’était pas un modèle si elle continuait de profiter des privilèges qui écrasaient ceux qu’elle défendait. Elle n’était pas une victime si elle se situait en haut de la chaîne alimentaire. Elle n’avait subit que des dommages collatéraux mais elle ne pouvait pas prétendre avoir autant souffert de la guerre, protégée par les murs de Godric’s Hollow et le statut qu’elle y occupait grâce à son nom de famille. Elle avait gardé ses pensées honteuses dans un coin de son esprit, ne s’arrêtant jamais trop longtemps dessus pour réellement prendre l’ampleur de ce qu’elle était en train de réaliser. Elle avait eu tort aussi. Mais il avait été trop tard pour faire machine arrière, les dommages déjà fait alors qu’Eachan continuait de la croiser dans les couloirs du château sans un regard ou une parole. Alors elle avait essayé d’oublier, occupée par ses nouvelles responsabilités pour réellement s’y attarder, et peu à peu elle était revenue à la même conclusion : Eachan l’avait blessée et elle n’avait pas de raison de retourner lui parler.
Jusqu’à ce qu’il décide de se pointer à son bureau pour vraisemblablement enterrer la hache de guerre et faire ressurgir toute trace de doute dans l’esprit de la sorcière. Elle avait eu tort aussi. Et à chaque commentaire sarcastique, à chaque sourire en coin que lui adressait l’écossait, il lui devenait de plus en plus impossible de continuer à l’ignorer. Elle aurait presque voulu ne pas résister, baisser ses barrières et laisser Eachan faire à nouveau irruption dans sa vie comme si de rien n’était, comme si quatre mois ne s’étaient pas écoulés et qu’ils n’avaient jamais eu cette conversation maudite sur les marche de l’église de Godric’s Hollow. Elle savait cependant qu’elle ne pouvait pas se le permettre, que si Eachan avait décidé d’utiliser cette approche pour briser la glace entre eux, elle lui devait plus que de jouer le jeu. Son ton froid, né d’abord d’un agacement réel, traduisait à présent la peur qu’elle ressentait à l’idée d’avoir enfin cette conversation. Elle se l’était imaginée des centaines de fois, le jour où ils se parleraient à nouveau, mais cela n’avait pas suffit à ce qu’elle sache quoi lui dire. « J'imagine que je pensais obtenir un sourire de ta part avant ça. Mais je reconnais que c'était ambitieux. » Rosemary baissa les yeux, prétendant être encore occupée à ranger ses affaires, reclassant des papiers qui avaient déjà été classés. « J'admets que j'aurais dû venir y'a quatre mois. Mieux vaut tard que jamais, n'est-ce pas ? Pour ma défense, ça doit faire un mois et demi que je me bats avec mes antécédents de vieux camé. » Elle releva finalement le regard, n’ayant pas oublié le soir où il avait été retrouvé dans les rues de Londres par une de ses amies, avant qu’elle-même ne le dépose chez Bonnie, bien plus apte à l’aider. Elle avait pris de ses nouvelles les premiers jours auprès de l’américaine, puis avait fini par arrêter, lorsqu’elle avait été sûre qu’il allait bien. « Je n'ai pas besoin de préciser que je sais que tu m'en veux et que j'aurais voulu que les choses se passent autrement. Te connaissant, je pense que tu l'avais deviné. » Elle ne répondit pas, gênée par la tournure de la conversation, gênée qu’il ait été le premier à s’excuser parce qu’elle avait laissé son entêtement prendre le pas sur sa raison. « Cependant ... je voulais te présenter mes excuses, même si tu as du mal avec ma sincérité ces temps-ci. Et te remercier également de m'avoir sauvé la mise pour la deuxième fois en si peu de temps. Je ne te demande pas de ne plus m'en vouloir. Je voulais juste que tu le saches, parce que ce ne sont pas des choses que l'on peut deviner. » Un soupir s’échappa des lèvres de la sorcière, alors que son cœur se faisait plus lourd dans sa poitrine, et elle décida finalement de contourner le bureau pour s’appuyer contre ce dernier, se plaçant plus proche de l’auror. Elle avait honte, parce qu’elle s’était laissée aveuglée par sa fierté et avait pensé avoir raison de faire la tête, d’ignorer ses doutes et remises en question, d’ignorer Eachan pour ce qu’il lui avait dit. Mais maintenant qu’il lui présentait des excuses, elle savait à quel point elle s’en voulait d’avoir réagit de manière aussi immature, pendant aussi longtemps. « Je voulais t'en vouloir pour toujours, parce que tu m’as vraiment blessée, » commença-t-elle après un silence, son ton radicalement différent de celui qu’elle avait employé quelques minutes plus tôt. Elle baissait les armes et acceptait son premier pas, parce qu’elle n’avait pas envie de passer plus de mois à souffrir du silence qui s’était établi entre eux.  « Et c’est sans doute parce que j’étais trop blessée que j’ai été incapable de me remettre en question et de voir que j’avais ma part de tort aussi. » L’admettre lui semblait étrange, parce qu’elle avait presque réussi à se convaincre elle-même que ce n’était pas le cas. Mais prononcer ses mots lui semblait refléter ce qu’elle pensait réellement. « Je ne t’en veux pas, plus maintenant. J'ai des excuses à te présenter moi aussi, pour avoir préféré me défendre plutôt que de chercher à comprendre pourquoi tu ressentais tout cela. J’ai été hypocrite et j’étais suffisamment persuadée que mes intentions étaient pures pour ignorer qu'il y avait une part de vérité dans ce que tu disais, sur mes privilèges, mon nom et mes relations. J'aurais aimé que ça se passe autrement mais je comprends maintenant pourquoi tu as jugé que je ne valais pas mieux que le reste, » admit-elle avait un petit sourire. Les Londubat n’était pas bien vu par la noblesse sang-pur mais ils l’étaient par l’Ordre. Ils faisaient partie de ces grand noms qu’on associait à la cause, aux sorciers qui avaient fondé l’organisme. Et tous sans faute étaient des sang-pur, qui avaient fait perdurer leur sang, se persuadant que ce n’était pas voulu, que ce n’était qu’une coïncidence. La cause à laquelle elle s’était dévouée pendant la majorité de sa vie adulte était tâchée d’hypocrisie et elle avait fait partie de ceux qui fermait les yeux dessus, parce que c’était les Londubat qu’on félicitait en premier, pas les Reid. Inconsciemment, elle s’était régalée de ces éloges, confortée dans l’idée qu’elle œuvrait pour le bien et qu’elle était une bonne personne. Elle avait été naïve, et Eachan l’avait aidé à s’en rendre compte, même s’il s’avérait qu’il ne pensait pas un mot de ce qu’il avait dit, ce dont elle doutait. «  Je suis désolée de ne pas avoir fait le premier pas. J’avais honte d’avoir mis aussi longtemps à réaliser que tu avais raison, sur le fond. » Reconnaître ses erreurs ne lui avait jamais posé beaucoup de problème par le passé, mais c’était sans doute parce que cela n’avait jamais concerné les valeurs qui faisaient d’elle ce qu’elle étaient. Il lui avait été bien plus difficile d’admettre qu’elle avait elle aussi contribué à étouffer la parole des principaux concernés, même si cela avait été sans le vouloir.
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