-45%
Le deal à ne pas rater :
PC Portable LG Gram 17″ Intel Evo Core i7 32 Go /1 To
1099.99 € 1999.99 €
Voir le deal

Partagez
 

 Scarlet E. Lancaster

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Riley Graham
Riley Graham
Messages : 558
Date d'inscription : 29/03/2018

Scarlet E. Lancaster Empty
MessageSujet: Scarlet E. Lancaster   Scarlet E. Lancaster EmptyDim 1 Avr - 16:18


 
Scarlet Eleanor Lancaster

 
London calling to the faraway towns
NOM(S) : Lancaster. PRÉNOM(S) : Scarlet, cependant on la surnomme plus souvent Scar. Son deuxième prénom est Eleanor, qui peut signifier "compassion" ou "apaiser". ÂGE : tout juste vingt-deux ans. DATE ET LIEU DE NAISSANCE : elle est née le 17 octobre 1992, à Cardiff au Pays de Galles, peu avant Eugenia. NATIONALITÉ : britannique. STATUT CIVIL : célibataire. MÉTIER  : serveuse chez yo!sushi. TRAITS DE CARACTÈRE : cynique, impatiente, mauvaise langue, charismatique, désordonnée, hautaine, observatrice, déterminée, insolente, opportuniste, possessive, rancunière, sociable, taquine, loyale, secrète, empathique, hypocrite. GROUPE : the tube.



My style, my life, my name

 
› Scarlet porte aujourd’hui bien son surnom puisque son corps est couvert de cicatrices, vestiges de l’accident qu’elle a provoqué un an plus tôt. La plupart sont minuscules et passent presque inaperçues si on ne sait pas qu’elles sont là. Cependant, elle en a une plus grande, qui s’étale d’un côté de son poignet jusqu’au dessous de son avant-bras gauche, à mi-chemin du coude. Le morceau de carcasse qui l’a coupée est passé à quelques centimètres d’un tendon, les médecins lui ont-il dit. Un peu plus et elle aurait peut-être perdu l’usage de l’un de ses bras, elle aussi.
› La brune ne s’est jamais formalisée du divorce de ses parents. Trop jeune à l’époque pour comprendre ce qui se passait, elle a finit par s’habituer à faire des aller-retour entre la maison de son père et celle de sa mère et était déjà bien installée dans cette routine lorsqu’elle a été en mesure de comprendre que ce n’était effectivement pas la norme. Elle ne pense en tout cas pas que cela ait été un événement suffisamment traumatisant pour faire d’elle ce qu’elle est aujourd’hui mais pense tout de même qu’avoir ses parents sous le même toit l’aurait peut-être aidée à avoir une autre conception de l’amour et des relations humaines en général. [
› Ce n’est pas le genre de personne qui pleurera facilement devant les autres. Si vous l’insultez, elle sera plutôt du genre à répondre qu’à s’écraser. Si elle fait quelque chose de mal et ne s’en rend compte que trop tard, elle se contentera d’hausser les épaules, prétendant ne pas s’en soucier plus que cela. Parce qu’elle ne veut pas paraître faible, tout simplement. Parce qu’on lui a appris la loi du plus fort et que si les autres pensent qu’on est puissant, cela veut dire qu’on l’est, quelque part. Et au fond, elle se dit que cela suffit si elle ne fait que paraître forte. Cela suffit de relever le menton en public, parce que personne ne saura que ses larmes, les larmes qu’elle ne laissera jamais couler devant qui que ce soit, coulent une fois le soir venu.
› Elle n’a jamais osé le dire à personne mais elle aurait préféré que sa sœur meure dans l’accident qui lui a coûté l’usage de ses jambes. Et elle aurait préféré y passer, elle aussi. Tout simplement parce qu’il aurait été plus facile de cesser d’exister plutôt que d’avoir la preuve sous les yeux, en permanence, qu’elle est vouée à tout foutre en l’air. A détruire tout ce qu’elle touche. Cela aurait mieux valut pour tout le monde. Voir sa sœur souffrir ne lui plait pas particulièrement, savoir qu’elle doit voir tous les jours son double marcher parfaitement encore moins. Elle aurait préféré que sa sœur meure plutôt qu’elle ait à subir cette vie. Mais justement, Eugenia n’est pas morte. Elle est sa responsabilité, désormais. Et ce jusqu’à la fin de ses jours, puisqu’elle ne pourra jamais se racheter. Elle ne pourra jamais réparer sa bêtise. Alors elle oublie cette pensée. Ou du moins, elle essaye.
› Scarlet est une ancienne alcoolique. A l’époque du lycée et à ses débuts d’universités, elle a tout naturellement été embarquée dans la folie des fêtes étudiantes et à fini par prendre un goût considérable pour l’alcool. Cependant, c’est arrivé à un point où elle buvait avant d’aller en cours et où elle allait s’acheter quelques bouteilles, même si elle était seule. Depuis son accident de voiture, elle n’a plus touché à une goutte d’alcool.
› Plutôt que de l’alcool, elle boit aujourd’hui du café, à grande dose, tout le temps. Et au final, c'est ce qui fait qu'elle ne dort presque plus. Victime d’insomnies dû la plupart du temps à des cauchemars récurrents, Scarlet passe souvent ses nuits à regarder des documentaires animaliers au volume minimal, sur la télé du salon. Cela lui permet également de garder un œil sur la porte de sa sœur. Au cas où elle aurait besoin de quelque chose.
› Peu après l'accident, Scarlet s'est également mis au sport et plus particulièrement à la course. Elle va souvent à la salle de sport pour travailler sur des machines mais ce qu'elle préfère c'est courir au parc.
› Vu la condition de sa sœur, Scarlet a préféré prendre un boulot plutôt que de perdre son temps avec des études. Travailler dur, ça n’a jamais été son fort de toute manière. Elle préfère se rendre utile et mettre le plus possible de nourriture sur la table plutôt que de traîner cinq années de plus sans pouvoir subvenir aux besoins de sa jumelle. Durant son temps libre, elle aime bien feuilleter des encyclopédies qu’elle ramène de la bibliothèque du coin histoire de se documenter sur la rééducation d’Eugenia, puisque les médecins semblent absolument incapables de l’aider. La plupart du temps, cependant, ce genre de lecture l’ennuie et elle se retrouve trop souvent à surfer le web, visitant des sites de remèdes louches. Remèdes qu’elle tente d’administrer à sa sœur, après s’être procurée des herbes plus louches encore. Elle ne sait pas du tout ce qu’elle fait mais cela la rassure de prétendre que c’est le cas.
› Même si Scarlet ne souhaite pas perdre son temps avec les études, elle regrette encore celles qu’elle a abandonnées. Elle n’a jamais pu terminer sa licence de journalisme. Bien qu’elle n’ait jamais été une grosse bosseuse, elle avait pour objectif de devenir journaliste mode. Elle n’a pas perdu espoir de reprendre un jour des cours par correspondance mais pour le moment, elle est trop occupée, même si sa sœur commence peu à peu à prendre son indépendance.
› Bien qu’elle est toujours été le stéréotype parfait de la reine de lycée détestable, Scarlet n’a jamais été très populaires au niveau des garçons. Ou du moins, elle l’est mais cela ne dure jamais. Il faut dire que les relations amoureuses la mettent mal à l’aise. Trop de déclarations, trop de mots doux, pas assez d’action. Si bien qu’elle a toujours su pêcher au lycée le bon genre de garçons, ceux qui, comme elle, n’avaient pas envie de s’encombrer de paroles inutiles puisque l’un comme l’autre savait que leur relation n’était qu’une question d’image à donner. Et c’est au fond toujours ce genre d’homme que Scarlet vise. Des machos, en somme.
› La jeune femme évite autant que possible de remonter dans une voiture depuis qu'elle a eu son accident. Déjà pour ne pas causer plus de dégâts mais également parce qu’elle en est tout simplement terrifiée. Si bien qu’elle ne prendra jamais de taxi. Ou de bus. Ou n’ira jamais faire un tour à vélo. Son chéri, c’est le métro, parce qu’il est toujours fiable, même si celui de Londres est constamment bondé. Et des accidents de métro, il n’y en a pas tant que ça. Ou alors, elle n’en a pas entendu parler.
› Des radios effectuées lorsque les jumelles Lancaster étaient à l'hôpital des suites de leur accident de voiture ont révélé que Scarlet était née avec un situs inversus. Cas courant chez les jumeaux identiques, il s'agit d'une maladie congénitale qui fait que l'intégralité de ses organes sont inversés, en "miroir" par rapport à la norme et son cœur est donc positionné sur la droite. C'est quelque chose qu'elle n'a jamais su puisqu'elle n'a jamais eu besoin de faire de radio et qu'elle ignore encore aujourd'hui. Même si des risques de malformations cardiaques existent, Scarlet semble en bonne santé et ses parents n'ont pas souhaité l'inquiéter en la tenant au courant.
   
PSEUDO : silver lungs. PRÉNOM : Laura. ÂGE : 20 ans. PERSONNAGE : inventé   .  AVATAR : Phoebe Tonkin   . CRÉDITS : wasteland. & tumblr. COMMENT ES-TU TOMBÉ(E) SUR LC ? : j'y étais déjà et je suis partie mais vous me manquiez trop   à la base on m'avait passé le lien et on avait pas pu résister avec Jillywho  


   

   
Revenir en haut Aller en bas
Riley Graham
Riley Graham
Messages : 558
Date d'inscription : 29/03/2018

Scarlet E. Lancaster Empty
MessageSujet: Re: Scarlet E. Lancaster   Scarlet E. Lancaster EmptyDim 1 Avr - 16:18

At the beginning

 
« Attends mooooi ! »
Les cris et rires des deux fillettes résonnaient dans les couloirs de l’immense maison. La nouvelle demeure de leur père représentait un véritable terrain de jeu pour les deux enfants de seulement cinq ans. Cela ne faisait que quelques mois que leurs parents avaient divorcés, cependant aucune des deux petites filles ne semblaient en être affectées. Aux yeux de Scarlet, cela voulait uniquement dire une nouvelle maison, plus de cadeaux et une vie un peu plus remplie. Eugenia semblait du même avis et les deux avaient tacitement décidé que cela n’était pas bien grave. Que la maison de leur père n’était que des possibilités de jeux de plus, alors qu’elles courraient l’une derrière l’autre dans les escaliers, à bout de souffle. Cela n’était pas grave. Elles avaient toujours leur papa et leur maman, simplement dans deux endroits séparés. Et plus important, elles avaient toujours l’une et l’autre. Tant qu’elles n’étaient pas elles-mêmes séparées, tout irait pour le mieux.
« Hé Scar, ta sœur c’est une cassos. »
La brune laissa un sourire naître sur ses lèvres, hochant vaguement la tête en direction de son amie. Enfin, amie. La blonde qu’elle avait à ses côtés n’avait absolument rien en commun avec elle. Si ce n’était son degré de popularité. Mais pas trop, parce qu’elle n’avait pas envie de s’entourer de quelqu’un qui pourrait lui faire de l’ombre. Tout était une question de stratégie. Ses amies devaient être jolies mais pas autant qu’elle, intéressantes mais ne pas détourner l’attention, populaire mais pas au point d’être des rivales. Car au fond, c’était elle le centre, elle la reine. C’était la loi du plus fort. Elle avait su se doter d’une personnalité suffisamment insupportable pour être remarquée et s’approprier la couronne, sans rien demander à personne. C’était ce à quoi tout le monde aspirait et cela, elle l’avait compris assez tôt pour agir et faire en sorte d’avoir toutes les cartes entre ses mains. Tout le monde rêvait d’être à sa place, elle le savait. Elle le voyait dans le regard blasé que cette élève de collège lui lançait, dans ces œillades furtives qu’elle parvenait à capter de toutes parts, dans les gestes violents qu’Emery pouvait bien avoir à son égard. Elle aperçut d’ailleurs la blonde à l’autre bout du couloir de leur lycée, lui faisant un petit signe de la main, un large sourire aux lèvres, avant d’effacer celui-ci et de lever son majeur. Après tout, elle portait encore les marques de l’attaque de cette sauvage, un œil au beurre noir qu’elle n’avait pas pris la peine de masquer avec du fond de teint, afin de pouvoir raconter l’histoire de cette freak. C’était d’ailleurs un mot qui lui revenait souvent pour parler des gens de son lycée. Tous ceux qui se contentaient d’être dans la norme était des freaks, c’était un fait. Et Emery l’était un peu plus que les autres.
« Sérieusement, y’a pas eu une erreur quand vous être nées ? Genre, t’as eu tous les neurones et pas elle ? »
Scarlet reporta son attention sur la blondasse à ses côtés, qui pouffait à sa propre remarque. Elle força de nouveau un sourire sur ses lèvres, posant une main sur l’épaule de l’autre fille.
« C’est ça, Beverly. J’ai eu tous les neurones et pas elle. »
Elle laissa retomber sa main, espérant que le sarcasme n’avait pas trop transparu dans sa voix, ne voulant pas donner l’impression à cette pauvre Bev qu’elle se fichait de sa tête. Même si c’était le cas. Ennuyée, la jeune fille se décolla du mur sur lequel elle était appuyée et se mit en route vers leur prochain cours, persuadée que son amie la suivrait. Elle eut raison, puisque sa voix nasillarde retentit une énième fois, alors qu’elles passaient devant sa jumelle.
« Alors Eugène, on s’est habillé dans le noir ce matin ? »
Scarlet se contenta de sourire, voyant que Beverly attendait visiblement une réaction de sa part mais elle parvint tout de même à capter le regard de sa sœur. Ses lèvres souriaient toujours mais elle espérait que ses yeux fassent passer le message. Ce ne sont que des mots, sœurette. Les mots ne peuvent pas blesser. C’était comme cela qu’elle tentait de se justifiait, qu’elle ressentait le besoin de se justifier, une fois le soir venu. Sauf qu’elle savait qu’elle avait tort. Que les mots étaient pires que tout. Et elle espérait qu’Eugenia sache qu’elle ne pensait pas une seule seconde ce qu’elle laissait les autres lui dire, même si elle ne l’avait jamais rassuré de la sorte.
« Alleeeeeez Ginny, tu veux pas rester un peu pour t’amuser ? »
Ses paroles furent suivies d’un gloussement incontrôlable, alors qu’elle tirait la main de sa sœur pour l’entraîner vers le cœur de la fête. Elle sentait que chaque parcelle de son corps était en ébullition, l’alcool circulant à toute vitesse dans son système. Chaque cellule de son être en feu. Sauf son cerveau, bien sûr. L’esprit engourdi, elle avait appelé sa jumelle pour qu’elle vienne la chercher, comme elle l’avait tant fait auparavant. Mais cette fois-ci, elle voulait que sa sœur en profite. Elle voulait que sa Ginny s’amuse. Car son quotidien à elle n’était rythmé que de ça : alcool, fêtes, drogues plus ou moins légales. Le cliché de la vie estudiantine. Mais Eugenia n’en profitait pas et elle aurait aimé que cela change. Elle aurait aimé que sa jumelle voie le monde à sa manière. Croisant les doigts mentalement, elle tira une nouvelle fois sur la main de sa sœur. Mais celle-ci la tira dans la direction opposée, déterminée à la ramener à la voiture et surpassa sans mal le peu de force qui lui restait. Scarlet se laissa donc trainer vers le véhicule, agitant vigoureusement son bras libre vers ses amis, gloussant de plus belle. Laborieusement, Eugenia l’installa à l’arrière de la voiture et lui attacha sa ceinture, comme à une enfant, avant de grimper à son tour derrière le volant. Lorsqu’elles prirent la route, Scarlet ne dit rien, observant les lumières qui s’éloignaient par la fenêtre. Mais soudain, elle se redressa, heureuse que sa sœur soit là avec elle.
« Ginnyyyy ? » cria-t-elle presque en sautillant sur son siège, désireuse d’entamer une conversation avec elle.
« Scar, tiens-toi tranquille ! »
La brune se mordit la lèvre inférieure, constatant qu’elle avait finit par agacer sa jumelle. Mais elle avait tellement peu d’occasion de lui dire qu’elle l’aimait. Tellement peu d’occasion de se racheter de tous ces coups horribles qu’elle lui avait fait au lycée.
« Mais Ginny, je voulais te dire un truuuc. »
Crevant de chaud, la jeune femme commença à ouvrir la fenêtre et à passer sa tête par celle-ci, inspirant de grandes goulées d’air. Elle n’entendit presque pas sa sœur la rappeler à l’ordre.
« Scar, sérieusement, calme-toi… »
Elle avait l’air plus blasée qu’autre chose, si bien que Scarlet rentra de nouveau dans la voiture, à contre cœur et ferma sa fenêtre. Sa sœur avait l’air tendue et fatiguée. Elle avait surement besoin de se détendre. Avec un sourire, la brune se rappela leur enfance passée à rendre fous leur parents, à se cacher dans les moindres recoins de la maison, à inventer toujours plus de jeux et de langages secrets, rien que pour elles deux. A l’époque, elles étaient amies. Scarlet aurait tout fait pour y retourner. Mue par un besoin de rappeler à sa sœur que tout n’était pas perdu entre elles, la jeune femme se redressa sur son siège et glissa ses mains autour du cou d'Eugenia, les remontant sur ses yeux.
« C’est quiii ? »
Peut-être que Ginny s’en souviendrait et rigolerait, elle aussi. Au lieu de quoi, elle hurla, couvrant les rires de Scarlet.
« SCARLET ! SCARLET, LA ROUTE ! »
Elle retira ses mains vivement, terrifiée par les hurlements de sa jumelle, ses rires soudainement étranglés. La panique commença à l’envahir, alors qu’elle hurlait, elle aussi, sans comprendre ce qu’il se passait, sans comprendre pourquoi tout tournait autour d’elle. Pourtant, elle avait écouté sa sœur. Elle avait retiré ses mains. Trop tard, sans doute.
Le marteau dans son crâne ne voulait pas s’arrêter de cogner. Les voix ne voulaient pas s’arrêter de parler. Des lumières éblouissantes passaient devant ses yeux, alors qu’elle peinait à garder ses paupières ouvertes. Elle avait l’impression de glisser sur de l’eau, aussi légère qu’une plume, alors que les voix continuaient d’agresser ses oreilles, alors que les lumières continuaient de passer derrière ses paupières désormais closes. Elle ne comprenait pas ce qu’elle entendait, elle ne comprenait pas de quoi il s’agissait. Elle était seulement vaguement consciente d’être mouillée, complètement trempée des pieds à la tête. Son esprit parvint à capter quelques mots, prononcés précipitamment, dont elle ne put démêler le sens.
« … ont perdu beaucoup de sang… intoxication indéterminée… entaille profonde… poignet gauche… celle-ci… séd.. if…. »
Elle tenta de parler mais elle sombrait déjà, incapable de lutter et de rester éveillée. Les lumières avaient disparu, elle fut bientôt dans le noir complet, incapable de trouver le moindre repère. Elle eut l’impression de s’enfoncer, encore et encore, sans ne jamais parvenir à toucher la surface. Emprisonnée, seule avec ses pensées, Scarlet fut incapable de deviner combien de temps passa. Tout ce dont elle parvenait à se rendre compte était qu’elle lâchait prise, lentement. Incontestablement. Elle crut être au bord de sa vie lorsqu’elle sentit enfin son esprit être un peu moins engourdi, un peu moins paralysé. Petit à petit, elle parvint à distinguer de nouveau de la lumière, derrière ses paupières. Petit à petit, elle parvint un peu mieux à se situer. Un bip constant et agaçant résonnait à droite. Sa langue semblait être faite de carton tellement sa bouche était desséchée et ce fut la première pensée complète qu’elle parvint à formuler. Elle avait besoin d’eau. Doucement, elle ouvrit une paupière, puis l’autre, les refermant brutalement alors que ses pupilles étaient agressées par la lumière trop vive. Il lui fallut plusieurs minutes pour entrouvrir les yeux sans ressentir le besoin de les refermer aussi tôt. Pendant ce temps, son esprit eut largement de quoi se remettre, lui aussi. Et lui lancer de nouveau tout ce qui s’était passé, ainsi que la raison pour laquelle elle semblait être à l’hôpital. Eugenia. Eugenia était là, elle aussi. Elle était au volant. Elle avait été en première ligne alors qu’elles fonçaient droit dans un fossé. Elle devait être là, elle aussi, quelque part dans une autre pièce. Et comme si cette pensée n’était pas suffisante, le cerveau de Scarlet s’appliqua à lui rejouer tout ce qu’elle avait bien pu lui dire au lycée et depuis. Toute l’attitude désinvolte qu’elle avait eut envers sa jumelle, lui laissant croire délibérément qu’elle n’en avait rien à faire d’elle. Elle ne lui avait jamais dit qu’elle regrettait, qu’elle l’aimait. Et maintenant, sa Ginny était quelque part, dans une autre pièce, en train de mourir. Les yeux désormais grand ouverts, Scarlet se redressa, déstabilisée par sa tête qui lui tournait et rejeta les couvertures pour poser les pieds à terre, ignorant la sensation d’oppression qu’elle ressentait sur sa poitrine, le bandage à son poignet gauche, son crâne qui semblait sur le point d’exploser, les bips qui semblaient s’affoler alors qu’elle sentait son rythme cardiaque s’accélérer. Elle se sentit pourtant retenue en arrière, baissant les yeux à temps pour voir qu’elle était reliée à des tubes. Partout. Des tubes la branchant à des machines, des intraveineuses. Sans réfléchir, elle arracha tout, grimaçant mais ne stoppant pas son geste. Déséquilibrée, la jeune femme se traina jusqu’à la porte, l’ouvrit avec peine et fit quelques pas dans le couloir. Elle put voir du coin de l’œil des aides soignants se précipiter vers elle et sans prendre le temps de savoir où elle se dirigeait, la brune partit dans l’autre sens, essayant de pousser sur ses jambes pour parvenir à courir assez vite. Mais des bras l’encerclèrent et elle se sentit soulevée du sol, ses pieds battant l’air en vain, ses doigts griffant le vide, espérant se raccrocher à quelque chose pour lutter. Elle parvint à atteindre une poignée de porte et essaya de raffermir sa prise sur celle-ci, alors qu’elle donnait des coups où elle le pouvait avec ses jambes, alors que des grognements inintelligibles s’échappaient de sa gorge. Une infirmière lui demandait de se calmer et elle eut soudainement envie de lui balancer son poing dans la figure.
« N… Non… Vous dev… Devez… VOUS DEVEZ ME LAISSER LA VOIR. »
La voir, lui dire qu’elle l’aimait. Avant qu’elle ne meurt. Ses doigts glissèrent sur le métal et elle sentit une piqûre au niveau de son épaule, reportant ses yeux sur son bras. Le bandage à son poignet gauche était tâché de rouge. Dans un dernier effort, Scarlet donna un coup de coude, qui atteignit en plein estomac l’infirmière qui lui demandait encore, inutilement, de se tenir tranquille. Mais bientôt, elle sombra à nouveau.
Cela faisait deux jours à présent qu’elle était coincée dans cette petite chambre d’hôpital, sans pouvoir aller plus loin que ses toilettes. Deux jours sans véritable nouvelle de sa jumelle, sans avoir pu la voir. Elle avait beau avoir essayé de demander, à plusieurs reprises, tout ce qu’on lui avait répondu était que l’état d’Eugenia était encore instable. Et elle avait dû s’en contenter, depuis. Observant ses mains encore couvertes de coupures, Scarlet se rendit compte qu’elle était venue à bout de moyens de distraction, pour oublier le temps qui s’écoulait lentement, pour oublier l’inquiétude qui la rongeait, petit à petit. Pour oublier aussi la culpabilité qui habitait chaque recoin de son esprit. C’était de sa faute, si elles étaient là. C’était de sa faute, si l’état d’Eugenia était instable. Elle le savait, cependant elle ne savait pas quoi faire pour rattraper cela. Pour tout arranger. Pour se faire pardonner. Elle s’en était pas trop mal sortie, de son côté. Elle aurait même pu rentrer chez elle un peu plus tôt si elle n’avait pas eu de commotion cérébrale. La porte finit par s’ouvrir, la tirant de ses pensées, laissant l’infirmière entrer qui s’était occupée d’elle ces derniers jours. Elle se souvenait vaguement l’avoir frappée en essayant d’aller retrouver sa sœur mais apparemment c’était oublié. L’infirmière en question commença à lui parler d’un ton enjoué, comme elle le faisait toujours, lui posant des questions futiles alors qu’elle changeait le bandage de son poignet. Scarlet baissa les yeux sur le badge qui était épinglé sur sa blouse, avant de relever le regard vers elle, alors qu’elle annonçait avoir terminé.
« Olivia ? » demanda-t-elle afin d’attirer son attention. « Vous pensez que je peux voir ma sœur, maintenant ? »
Elle demandait cela presqu’à chaque fois et même si elle savait que la réponse n’allait pas changer aussi vite, elle se devait de répéter encore et encore la même question. Olivia poussa un soupir en arrangeant encore le bandage du poignet de Scarlet.
« Les visites sont autorisées à la famille, à présent, donc oui, vous pouvez. »
Le regard de Scarlet s’illumina, alors qu’Olivia l’aidait à se lever. Elle était encore affaiblie, n’ayant pas eu beaucoup d’occasion de marcher, si bien qu’elle s’accrocha au bras de l’infirmière, alors qu’elles sortaient dans le couloir et se dirigeaient vers l’ascenseur. Une fois dans l’habitacle, Olivia lui jeta un regard.
« Il faut que je vous prévienne, elle n’a pas encore regagné connaissance. »
Le cœur de Scarlet rata un battement dans sa poitrine. Si Eugenia devait passer le restant de ses jours dans le coma, elle ne pourrait pas se le pardonner.
« Mais ce n’est pas tout, » repris l’infirmière, alors qu’elles sortaient de l’ascenseur. « Votre sœur… Elle a été grièvement blessée au niveau de la colonne. Si elle se réveille, elle ne pourra plus marcher. »
Scarlet sentit son cœur s’arrêter, tout simplement, alors qu’elles étaient arrêtées devant une porte. La porte de sa chambre, certainement. Elle ne parvint pas à répondre, son esprit totalement vide, tandis que l’infirmière ouvrait la porte et la laissait entrer. Eugenia était allongée dans le lit d’hôpital, les paupières closes, reliées à toutes sortes de machines, les bips de celles-ci étant tout ce qui brisait le silence. Les yeux de Scarlet passèrent sur son visage, où, au delà des nombreuses coupures, plus de tubes l’aidaient sans doute à respirer. La brune posa ses mains sur le dossier de la chaise qui était aux côtés du lit.
« Vous pouvez me laisser seule avec elle ? S’il-vous-plaît ? »
Olivia hocha la tête, l’aidant à s’asseoir.
« Je reviendrai dans une dizaine de minutes. »
Scarlet attendit que la porte soit fermée pour se rapprocher du lit et doucement, prendre une des mains de sa sœur entre ses doigts. Légèrement, elle la serra, pas trop par peur de lui faire mal. Sans qu’elle ne s’en soit véritablement rendue compte, les larmes avaient commencées à tremper ses joues. Il n’y avait personne pour la voir, de toute façon. Pas même Eugenia. C’était de sa faute, entièrement de sa faute. Elle avait tout simplement fichue en l’air la vie de sa jumelle et ne s’en était sortie qu’avec quelques égratignures.
« Ça aurait dû être moi, Ginny, » souffla-t-elle finalement, alors qu’elle resserrait sa prise sur les doigts de sa jumelle. « C’est moi qui ai déconné, pas toi. »
Elle ne savait pas si sa sœur pouvait l’entendre mais le besoin de lui faire savoir qu’elle s’en voulait était trop puissant. Elle finit par secouer la tête, essayant de ravaler ses larmes. Eugenia ne méritait pas ça. Scarlet, beaucoup plus.
Elle avait été autorisée à venir, pour la première fois depuis que la rééducation d’Eugenia avait commencé. Scarlet observait sa jumelle, en retrait, préférant ne pas interférer avec la séance. Le tout la rendait mal à l’aise. Le fait que le kiné doive lui masser les pieds et les jambes de cette manière, les autres patients autour d’eux qui essayaient de s’en sortir, eux aussi. Le médecin de sa sœur finit par pousser son fauteuil roulant vers une allée bordée de deux rampes. Doucement, il plaça ses mains sous les aisselles de sa sœur et l’aida à se lever, alors qu’elle se raccrochait désespérément là où elle le pouvait. Scarlet porta une main à sa bouche, mordillant ses ongles alors que le médecin glissait quelques mots à Eugenia. Il allait la lâcher. Lorsqu’il le fit, sa sœur ne tint que quelques secondes à l’aide de ses bras, avant que son poids ne la fasse lâcher. Ses jambes ne pouvaient même pas la porter. C’est à ce moment que les yeux de Scarlet commencèrent à la piquer et qu’elle fit volte-face, tournant le dos à la scène alors que le médecin aidait Eugenia à se relever, sans doute pour recommencer. La brune aperçut les toilettes non loin et se dirigea vers celles-ci, mâchoire serrée et rapidement, poussant sans ménagement la porte. Elles étaient vides, si bien que la jeune femme se plaça face au miroir, penchée en avant, les mains appuyées sur le lavabo et regarda les larmes couler sur ses joues, attendant les dents serrées que cela passe. Que ce sentiment de désespoir la quitte. Lorsque ce fut le cas, elle s’essuya simplement les joues et se redressa, essayant de regagner contenance, avant de ressortir des toilettes. En pénétrant dans la salle de rééducation, Scarlet vit Eugenia qui l’observait, de retour sur son fauteuil, et elle lui sourit, en levant les deux pouces, l’air de dire, c’est bien, tu t’en sors. Mais à vrai dire, elle ne s’en sortait pas du tout. Elle n’avait pas bu. Elle avait été responsable. Et elle devait tout de même vivre le restant de ses jours dans cet état.
 
Revenir en haut Aller en bas
Riley Graham
Riley Graham
Messages : 558
Date d'inscription : 29/03/2018

Scarlet E. Lancaster Empty
MessageSujet: Re: Scarlet E. Lancaster   Scarlet E. Lancaster EmptyDim 1 Avr - 16:19


Scarlet Eleanor Lancaster

London calling to the faraway towns
NOM(S) : Lancaster. PRÉNOM(S) : Scarlet, Eleanor. Ses proches la surnomment Scar. ÂGE : vingt-quatre ans. DATE ET LIEU DE NAISSANCE : elle est née le 17 octobre 1992, à Cardiff au Pays de Galles, peu avant sa sœur jumelle Eugenia. NATIONALITÉ : britannique. STATUT CIVIL : célibataire, elle élève seule son fils à présent âgé d'un an. MÉTIER : hôtesse d'accueil dans un hôtel à shoreditch, elle suit également des cours en ligne d'écriture créative depuis le début de l'année scolaire. TRAITS DE CARACTÈRE : cynique, impatiente, mauvaise langue, charismatique, désordonnée, hautaine, observatrice, déterminée, insolente, opportuniste, possessive, rancunière, sociable, taquine, loyale, secrète, empathique, hypocrite. GROUPE : the tube.



My style, my life, my name

(one) Scarlet porte aujourd’hui bien son surnom puisque son corps est couvert de cicatrices, vestiges de l’accident qu’elle a provoqué trois ans plus tôt. La plupart sont minuscules et passent presque inaperçues si on ne sait pas qu’elles sont là. Cependant, elle en a une plus grande, qui s’étale d’un côté de son poignet jusqu’au dessous de son avant-bras gauche, à mi-chemin du coude. Le morceau de carcasse qui l’a coupée est passé à quelques centimètres d’un tendon, les médecins lui ont-ils dit. Un peu plus et elle aurait peut-être perdu l’usage de l’un de ses bras, elle aussi. (two)  La brune ne s’est jamais formalisée du divorce de ses parents. Trop jeune à l’époque pour comprendre ce qui se passait, elle a finit par s’habituer à faire des aller-retour entre la maison de son père et celle de sa mère et était déjà bien installée dans cette routine lorsqu’elle a été en mesure de comprendre que ce n’était effectivement pas la norme. Elle ne pense en tout cas pas que cela ait été un événement suffisamment traumatisant pour faire d’elle ce qu’elle est aujourd’hui mais pense tout de même qu’avoir ses parents sous le même toit l’aurait peut-être aidée à avoir une autre conception de l’amour et des relations humaines en général. (three) Ce n’est pas le genre de personne qui pleurera facilement devant les autres. Si vous l’insultez, elle sera plutôt du genre à répondre qu’à s’écraser. Si elle fait quelque chose de mal et ne s’en rend compte que trop tard, elle se contentera d’hausser les épaules, prétendant ne pas s’en soucier plus que cela. Parce qu’elle ne veut pas paraître faible, tout simplement. Parce qu’on lui a appris la loi du plus fort et que si les autres pensent qu’on est puissant, cela veut dire qu’on l’est, quelque part. Et au fond, elle se dit que cela suffit si elle ne fait que paraître forte. Cela suffit de relever le menton en public, parce que personne ne saura que ses larmes, les larmes qu’elle ne laissera jamais couler devant qui que ce soit, coulent une fois le soir venu. (four) Scarlet écrit depuis son adolescente, bien qu'elle n'ait jamais montré ses écrits à qui que ce soit. Elle n'a pas assez de patience pour écrire des romans et préfère les poèmes, gardant des cahiers qui en sont remplis dans un coin de sa chambre. Elle ne les a jamais relu une seule fois. Elle ressent le besoin d'écrire surtout lorsque les choses ne vont pas dans sa vie. (five)  Scarlet est une ancienne alcoolique. Elle a mal vécu son époque du lycée et le début de son université, trop perturbée par sa propre sexualité pour faire autre chose que de la réprimer et de boire pour mieux s’intégrer. Son besoin d’alcool a pris le pas sur le reste et rapidement, elle fut incapable de réellement passer une journée totalement sobre. Elle a arrêté la boisson après son accident de voiture pendant un an et demi, avant de resombrer pour les mêmes raisons qui l’avaient poussées à boire au départ. Elle s’est jurée de ne plus y toucher lorsqu’elle est tombée enceinte et qu’elle a réalisé que cela aurait des conséquences sur le développement de son fils. Elle est sobre depuis et va régulièrement à des réunions d’Alcooliques Anonymes. (six) La jeune femme évite autant que possible de remonter dans une voiture depuis qu'elle a eu son accident. Déjà pour ne pas causer plus de dégâts mais également parce qu’elle en est tout simplement terrifiée. Si bien qu’elle ne prendra jamais de taxi. Ou de bus. Ou n’ira jamais faire un tour à vélo. Son chéri, c’est le métro, parce qu’il est toujours fiable, même si celui de Londres est constamment bondé. Et des accidents de métro, il n’y en a pas tant que ça. Ou alors, elle n’en a pas entendu parler. (seven) Plutôt que de l’alcool, Scarlet boit du café à grande dose, habitude qu’elle avait déjà pris lorsqu’elle avait arrêté de boire la première fois. Cependant, c’est également ce qui fait qu’elle ne dort presque pas et c’est lorsqu’elle vivait avec sa sœur, après leur accident, qu’elle a pris l’habitude de rester éveillée toute la nuit devant des documentaires animaliers, le son au minimum. C’était une excuse pour garder un œil sur sa sœur en cas de problème et depuis qu’elle est partie, c’est une excuse pour veiller sur son fils. (eight) Scarlet a abandonné ses études de journalisme après que sa sœur se soit retrouvée en fauteuil roulant par sa faute et qu’il est devenu clair qu’elle ne pouvait pas vivre seule. Elle s’est occupée d’elle pendant plusieurs années, enchaînant les petits boulots pour subvenir à leurs besoins à toutes les deux, jusqu’à ce qu’Eugenia se marie et parte de chez elles. Ayant réalisé entre temps son goût pour l’écriture créative plutôt que le journalisme, elle a décidé de reprendre des cours en ligne au début de l’année. (nine) Scarlet est homosexuelle et a toujours eu du mal à accepter sa sexualité, ayant grandi avec l’idée que cela n’était pas normal et qu’elle décevrait ses parents si elle l’acceptait. Elle n’a vécu qu’une seule relation avec une femme, qui est devenu malsaine puisque Scarlet a fini par la tromper avec d’autres hommes, refusant d’admettre qu’elle était amoureuse et par conséquent gay. Cela ne l’a laissée qu’avec une grossesse, un cœur brisé et un secret qu’elle garde pour elle encore aujourd’hui. La seule personne a qui elle en ait jamais parlé est Eugenia et elle refuse à présent d’aborder le sujet, trop concentrée de toute manière sur son fils pour vouloir une relation. (ten) Elle a de nombreux demi-frère et sœurs, bien qu’elle ne connaisse pas l’existence de la plupart, du fait que son père ne se soit jamais engagé avec qui que ce soit après sa mère. Bartholomew est sans doute celui dont elle est le plus proche et qu’elle connaît à présent le mieux, même s’il a débarqué à leur porte que deux ans plus tôt, sans jamais avoir rencontré les jumelles auparavant. (eleven) Ayant pris soin de sa soeur pendant plusieurs années, elle a l'habitude de materner plutôt que d'être maternée, même si sa manière de faire est plutôt brutale. Elle ne supporte pas qu'on lui dicte quoi faire et par esprit de contradiction, ira probablement faire le contraire de ce qu'on lui dira. Elle accepte rarement l'aide qu'on lui propose, voulant croire qu'elle peut se débrouiller seule.
PSEUDO : cosmic dust. PRÉNOM : Laura. ÂGE : vingt-deux ans. PERSONNAGE : inventé.  AVATAR : phoebe tonkin. CRÉDITS : hepburns pour l'avatar. COMMENT ES-TU TOMBÉ(E) SUR LC ? : j'étais Reagan jusqu'à samedi  CE COMPTE EST-IL UN DOUBLE-COMPTE ?: non.



Revenir en haut Aller en bas
Riley Graham
Riley Graham
Messages : 558
Date d'inscription : 29/03/2018

Scarlet E. Lancaster Empty
MessageSujet: Re: Scarlet E. Lancaster   Scarlet E. Lancaster EmptyDim 1 Avr - 16:19

At the beginning

May 3rd, 2008 // loneliness makes me somewhat of a monster, but not the kind you fear at night. the kind that wanders the woods in silent desperation, wondering who, if anyone, remembers its name. the kind that curls away from all other life, steady only in its shame. « Franchement Scar, j'aurais jamais cru qu'elle puisse être ta jumelle si vous aviez pas eu le même visage. Je veux dire, y'a pas pire cassos. » La brune laissa un sourire naître sur ses lèvres, hochant vaguement la tête en direction de son amie. Enfin, amie. La blonde qu’elle avait à ses côtés n’avait absolument rien en commun avec elle. Si ce n’était son degré de popularité. Mais pas trop, parce qu’elle n’avait pas envie de s’entourer de quelqu’un qui pourrait lui faire de l’ombre. Tout était une question de stratégie. Ses amies devaient être jolies mais pas autant qu’elle, intéressantes mais ne pas détourner l’attention, populaire mais pas au point d’être des rivales. Car au fond, c’était elle le centre, elle la reine. C’était la loi du plus fort. Elle avait su se doter d’une personnalité suffisamment insupportable pour être remarquée et s’approprier la couronne, sans rien demander à personne. C’était ce à quoi tout le monde aspirait et cela, elle l’avait compris assez tôt pour agir et faire en sorte d’avoir toutes les cartes entre ses mains. Tout le monde rêvait d’être à sa place, elle le savait. Elle le voyait dans le regard blasé que cette élève de collège lui lançait, dans ces œillades furtives qu’elle parvenait à capter de toutes parts, dans les gestes violents que certains pouvaient bien avoir à son égard. « Sérieusement, y’a pas eu une erreur quand vous être nées ? Genre, t’as eu tous les neurones et pas elle ? » Scarlet reporta son attention sur la blonde à ses côtés, qui pouffait à sa propre remarque. Elle força de nouveau un sourire sur ses lèvres, posant une main sur l’épaule de celle qu'elle appelait amie. « C’est ça, Beverly. J’ai eu tous les neurones et pas elle. » Elle laissa retomber sa main, espérant que le sarcasme n’avait pas trop transparu dans sa voix, ne voulant pas donner l’impression à cette pauvre Bev qu’elle se fichait de sa tête. Même si c’était le cas. Ennuyée, la jeune fille se décolla du mur sur lequel elle était appuyée et se mit en route vers leur prochain cours, persuadée que son amie la suivrait. Elle eut raison, puisque sa voix nasillarde retentit une énième fois, alors qu’elles passaient devant sa jumelle. « Alors Eugène, on s’est habillé dans le noir ce matin ? » Scarlet se contenta de sourire, voyant que Beverly attendait visiblement une réaction de sa part mais elle parvint tout de même à capter le regard de sa sœur. Ses lèvres souriaient toujours mais elle espérait que ses yeux fassent passer le message. Ce ne sont que des mots, Ginny. Les mots ne peuvent pas blesser. C’était comme cela qu’elle tentait de se justifiait, qu’elle ressentait le besoin de se justifier, une fois le soir venu. Sauf qu’elle savait qu’elle avait tort. Que les mots étaient pires que tout. Et elle espérait qu’Eugenia sache qu’elle ne pensait pas une seule seconde ce qu’elle laissait les autres lui dire, même si elle ne l’avait jamais rassuré de la sorte. Cela n’avait toujours été comme ça, autrefois. Pourtant Scarlet ne se souvenait pas de la dernière fois où elle avait été certaine que sa jumelle était sa meilleure amie. Un monde avait fini par les séparer et elles n’avaient bientôt plus rien trouvé à se dire, n’appréciant plus autant la compagnie de l’autre, Eugenia trop calme pour Scarlet, Scarlet trop agitée pour Eugenia. Pourtant elle était sa sœur et la brune savait que son amour pour elle ne disparaitrait jamais vraiment. Elle espérait que Ginny le sache, même si elle ne disait rien, même si elle laissait faire les autres, même si elle ne venait pas lui tendre la main dans les couloirs du lycée.

▲▼▲

November 27th, 2009 // demons painted her soul into a crescent moon, covered it in shadows and scars, they turned her love into hate and her warmth to cold, but she grew tired of being the monster they created, so she painted her lips with their blood and dared them to kiss her. « Il faut qu’on y aille. » Avec un sourire, elle se détacha des lèvres de son petit-ami, glissant sa main dans la sienne alors qu’ils se dirigeaient vers la cafétéria. Pourtant, son sourire était faux, tout comme ses sentiments. A vrai dire, elle ne ressentait rien. Rien pour lui, rien pour les deux garçons avec lesquels elle était sortie avant lui. Rien, parce qu’elle n’était tout simplement pas amoureuse, parce qu’elle était trop jeune pour connaître cela, parce que ce n’était pas le bon. Toutes les explications qu’elle trouvait lui semblaient justes, lui semblaient avoir du sens. Rien, elle ne ressentait rien. Mais cela n’était pas bien grave, elle s’amusait tout de même bien en sa compagnie, ils formaient le couple le plus envié du lycée et c’était au fond ce qui lui suffisait. Elle savait tout comme lui qu’ils ne finiraient pas leurs jours ensemble, qu’ils ne finiraient peut-être même pas l’année ensemble. Rompre ne leur semblait pourtant pas utile, alors ils continuaient de s’embrasser dans les couloirs du lycée, ils continuaient de se tenir la main à chaque seconde passé ensemble, ils continuaient de se voir tard le soir, alors que l’heure de leur couvre feu était bien dépassée.
Elle détacha ses doigts des siens simplement pour prendre son plateau et son déjeuner, mais lorsqu’ils furent assis à leur table habituelle, l’un à côté de l’autre, il posa sa main sur sa cuisse, sans doute un peu trop haut. Scarlet se pencha pour sortir sa bouteille de son sac et prendre une gorgée, la vodka pure qui avait remplacée l’eau lui brûlant la gorge. Elle fit un sourire entendu à ses amis en face d’eux, satisfaite encore une fois d’avoir pu berner ses professeurs. Un simple geste de rébellion, un moyen d'amener un rappel de leurs soirées trop nombreuses dans le quotidien ennuyeux du lycée. Elle déposa la bouteille entre Beverly et elle pour que celle-ci puisse en profiter et attaqua avec peu d’entrain son déjeuner, sa main gauche rejoignant assez vite la nuque de Wes. Elle finit par reprendre une gorgée de sa bouteille, l’alcool lui montant rapidement à la tête, la main de ce dernier toujours sur sa cuisse. Rien, elle ne ressentait rien. Mais l’alcool l’aidait à ne pas s’en soucier, à ne pas y prêter attention, un sourire niais se dessinant déjà sur ses lèvres.
Son regard se posa sur Hazel, assise seule plus loin. Le bonnet qu’elle avait enfoncé jusqu’à ses oreilles masquait avec peine la coupe que lui avait donné Scarlet la semaine passée, en arts plastiques. Une mèche par-ci, une mèche par-là, elle avait coupé jusqu’à ce qu'Hazel s’en rende compte. Mais les dégâts étaient déjà faits et si elle avait essayé de rattraper les choses en les recoupant elle-même, il ne restait rien de ses longs cheveux. Scarlet aurait voulu se réjouir du fait qu’elle avait réussi son coup, que la nouvelle s’en mordrait les doigts encore longtemps mais elle ne ressentait rien en regardant son visage baissé, ses yeux évitant les siens. Pas de satisfaction, pas de compassion, pas de culpabilité. Rien. Elle s’en persuadait. Elle ne ressentait absolument rien.

▲▼▲

April 13th, 2013 // we feel separate from everything. like these bodies aren’t our own. like when we touch each other our hands go right through. like my body is here but I am a thousand miles away. like I am outside looking in. like nothing feels real anymore. Son cri de joie perça à travers la musique assourdissante, alors qu’elle reposait le verre à shot qu’elle venait de vider. Autour d’elle, la pièce remplie d'étudiants en troisième année comme elle tanguait et ses rires s’échappaient de sa gorge sans qu’elle ne les contrôle vraiment. Elle se laissa porter au rythme de la musique, bousculée par les corps autour d’elle, un sourire sur ses lèvres. Avec plus d’entrain que ce qu’elle ressentait vraiment, elle repassa les bras autour du coup de l’étudiant avec lequel elle avait passé la soirée. Son haleine était également chargée d’alcool mais elle ne s’en formalisa pas, lui volant un nouveau baiser. « Prenez une chambre, » lui cria Rachel dans l’oreille en gloussant. Elle repoussa doucement son amie et se détachant en même temps du jeune homme. Elle fit mine de vouloir continuer à danser, de vouloir continuer à se déchaîner. Elle ignora son cœur qui battait un peu trop vite, pour les mauvaises raisons, pour la mauvaise personne. Elle ferma les yeux, pour ne pas voir ceux qui l’entouraient, pour ne pas laisser l’alcool l’embarrasser. Une main tapota son épaule et elle se retourna, son visage s’illuminant. « Ginny, » cria-t-elle avec joie, serrant sa sœur contre elle. Elles n’étaient pas proches, pourtant. Elle n’avait pas l’habitude de s’enlacer et sa jumelle le lui rappela en se détachant d’elle. « Tu veux pas rester un peu ? » hurla-t-elle par-dessus la musique, un sourire aux lèvres. Sa sœur, elle, ne souriait pas. « On rentre, t’as un examen demain. » Scarlet s’apprêta à répliquer mais Eugenia avait déjà attrapé sa main pour la traîner dehors. La brune fit un signe à ses amis pour leur dire au revoir et se laissa traîner, sachant déjà pertinemment qu’elle abusait en ayant demandé à sa jumelle de venir la chercher puisqu’elle était incapable de reprendre le volant et qu’il n’y avait pas de transports à proximité, la soirée se trouvant à l’extérieur de Londres. « Tu devrais venir avec moi la prochaine fois, » dit Scarlet, un peu trop fort, alors qu’elles rejoignaient le parking, la musique désormais lointaine. Eugenia ne répondit pas, déverrouillant la voiture. Doucement, elle installa sa sœur sur le siège arrière, attachant sa ceinture pour elle, avant de s’installer derrière le volant et de démarrer. « On parlera de ça demain, ok ? Essaye de dormir. »
Cependant, cela ne fonctionna que l’espace de cinq minutes, au bout desquelles Scarlet réalisa qu’elle ne pourrait certainement pas trouver le sommeil. Elle sortit la flasque qu’elle transportait toujours avec elle de son sac et pris une gorgée. « Scar, arrête. T’as assez bu, » dit Eugenia, Scarlet pouvant voir ses sourcils froncés et son regard sévère dans le rétroviseur. Elle tendit la main derrière elle, surement pour récupérer le récipient mais Scarlet étendit le bras pour l’en empêcher et bien assez vite, Eugenia reposa les deux mains sur le volant. « Range ça. » Scarlet secoua la tête, reprenant une gorgée. Le goût de l’alcool lui était familier, à présent et il était même rare qu’elle boive autre chose, rare qu’elle passe plus d’une journée sans y toucher. « Je peux pas venir devant avec toi ? » marmonna-t-elle, jetant la flasque rebouchée et désormais vide au sol. Laborieusement, elle entreprit de chercher le bouton permettant de détacher sa ceinture. « Non. Scar. Scarlet, » s’énerva Eugenia alors que sa sœur continuait, quittant la route des yeux pour se retourner. « Reste attachée, ok ? On arrive dans pas longtemps. » Mais Scarlet ne l’écouta pas, essayant à présent de faire passer sa ceinture par-dessus sa tête. « Scarlet arrête. SCARLET, » Eugenia se retourna presque complètement, sa main venant frapper celle de sa sœur pour l’empêcher de continuer. Brusquement cependant, elle reporta son attention vers l'avant, Scarlet se retrouvant projetée en arrière alors que sa sœur tournait violemment le volant. Trop tard.  

▲▼▲

April 15th, 2013 // The words rose like smoke: filled her lungs,
 Choked her.
 I’m sorry. It should have been her, 
Her blood
, Her life, 
The green of her eyes fading from existence
. It would have hurt less. 
But the fates were selfish,
 Not turning to see her fall to her knees.
 And beg.
 And plead
. And choke
. That they took the wrong one. Cela faisait deux jours à présent qu’elle était coincée dans cette petite chambre d’hôpital, sans pouvoir aller plus loin que ses toilettes. Deux jours sans véritable nouvelle de sa jumelle, sans avoir pu la voir. Elle avait beau avoir essayé de demander, à plusieurs reprises, tout ce qu’on lui avait répondu était que l’état d’Eugenia était encore instable. Et elle avait dû s’en contenter, depuis. Observant ses mains encore couvertes de coupures, Scarlet se rendit compte qu’elle était venue à bout de moyens de distraction, pour oublier le temps qui s’écoulait lentement, pour oublier l’inquiétude qui la rongeait, petit à petit. Pour oublier aussi la culpabilité qui habitait chaque recoin de son esprit. C’était de sa faute, si elles étaient là. C’était de sa faute, si l’état d’Eugenia était instable. Elle le savait, cependant elle ne savait pas quoi faire pour rattraper cela. Pour tout arranger. Pour se faire pardonner. Elle s’en était pas trop mal sortie, de son côté. Elle aurait même pu rentrer chez elle un peu plus tôt si elle n’avait pas eu de commotion cérébrale. La porte finit par s’ouvrir, la tirant de ses pensées, laissant l’infirmière entrer qui s’était occupée d’elle ces derniers jours. Elle se souvenait vaguement l’avoir frappée en essayant d’aller retrouver sa sœur mais apparemment c’était oublié. L’infirmière en question commença à lui parler d’un ton enjoué, comme elle le faisait toujours, lui posant des questions futiles alors qu’elle changeait le bandage de son poignet. Scarlet baissa les yeux sur le badge qui était épinglé sur sa blouse, avant de relever le regard vers elle, alors qu’elle annonçait avoir terminé. « Olivia ? » demanda-t-elle afin d’attirer son attention. « Vous pensez que je peux voir ma sœur, maintenant ? » Elle demandait cela presqu’à chaque fois et même si elle savait que la réponse n’allait pas changer aussi vite, elle se devait de répéter encore et encore la même question. Olivia poussa un soupir en arrangeant encore le bandage du poignet de Scarlet. « Les visites sont autorisées à la famille, à présent, donc oui, vous pouvez. » Le regard de la brune s’illumina, alors qu’Olivia l’aidait à se lever. Elle était encore affaiblie, n’ayant pas eu beaucoup d’occasion de marcher, si bien qu’elle s’accrocha au bras de l’infirmière, alors qu’elles sortaient dans le couloir et se dirigeaient vers l’ascenseur. Une fois dans l’habitacle, Olivia lui jeta un regard. « Il faut que je vous prévienne, elle n’a pas encore regagné connaissance. » Le cœur de Scarlet rata un battement dans sa poitrine. Si Eugenia devait passer le restant de ses jours dans le coma, elle ne pourrait pas se le pardonner. « Mais ce n’est pas tout, » repris l’infirmière, alors qu’elles sortaient de l’ascenseur. « Votre sœur… Elle a été grièvement blessée au niveau de la colonne. Si elle se réveille, elle ne pourra plus marcher. » Scarlet sentit son cœur s’arrêter, tout simplement, alors qu’elles étaient arrêtées devant une porte. La porte de sa chambre, certainement. Elle ne parvint pas à répondre, son esprit totalement vide, tandis que l’infirmière ouvrait la porte et la laissait entrer. Eugenia était allongée dans le lit d’hôpital, les paupières closes, reliées à toutes sortes de machines, les bips de celles-ci étant tout ce qui brisait le silence. Les yeux de Scarlet passèrent sur son visage, où, au delà des nombreuses coupures, plus de tubes l’aidaient sans doute à respirer. La brune posa ses mains sur le dossier de la chaise qui était aux côtés du lit. « Vous pouvez me laisser seule avec elle ? S’il-vous-plaît ? » Olivia hocha la tête, l’aidant à s’asseoir. « Je reviendrai dans une dizaine de minutes. » Scarlet attendit que la porte soit fermée pour se rapprocher du lit et doucement, prendre une des mains de sa sœur entre ses doigts. Légèrement, elle la serra, doucement par peur de lui faire mal. Sans qu’elle ne s’en soit véritablement rendue compte, les larmes avaient commencées à tremper ses joues. Il n’y avait personne pour la voir, de toute façon. Pas même Eugenia. C’était de sa faute, entièrement de sa faute. Elle avait fichu en l’air la vie de sa jumelle et ne s’en était sortie qu’avec quelques égratignures. « Ça aurait dû être moi, Ginny, » souffla-t-elle finalement, alors qu’elle resserrait sa prise sur les doigts de sa jumelle. « C’est moi qui ai déconné, pas toi. » Elle ne savait pas si sa sœur pouvait l’entendre mais le besoin de lui faire savoir qu’elle s’en voulait était trop puissant. « Je suis désolée, » ajouta-t-elle, la gorge bloquée par les sanglots, sachant pertinemment que ses mots n’avaient aucune valeur, pas dans une situation pareille. « Je suis tellement désolée. » Désolée pour tout. Désolée de s’être éloignée d’elle. Désolée d’avoir laissé les autres s’en prendre à elle. Désolée de n’avoir pas fait plus d’effort pour maintenir leur relation. Désolée, désolée, désolée d’avoir été aussi irresponsable. Eugenia ne méritait pas ça. Scarlet, elle, beaucoup plus.
`
▲▼▲

September 14th, 2013 // She loved like there was no risk or pain, like there will never be regret, carelessly and without conditions. I couldn’t love the way she loved even if I had a thousand hearts. Elle avait été autorisée à venir, pour la première fois depuis que la rééducation d’Eugenia avait commencé. Scarlet observait sa jumelle, en retrait, préférant ne pas interférer avec la séance. Le tout la rendait mal à l’aise. Le fait que le kiné doive lui masser les pieds et les jambes de cette manière, les autres patients autour d’eux qui essayaient de s’en sortir, eux aussi. C’était de sa faute si Eugenia était là. Sa faute si elle avait besoin d’une rééducation qui avait peu de chance de fonctionner. Sa faute, sa faute, sa faute. Elle serra café brûlant entre ses doigts, le café qui avait remplacé l’alcool qui emplissait habituellement ses verres. Elle s’était juré de plus boire. Pas si cela avait des conséquences pareilles sur son entourage. Pas si elle devait détruire tout ce qui se trouvait autour d’elle simplement parce qu’elle n’était pas en pleine possession de ses moyens. Cela n’en valait pas la peine. Cela ne lui apportait plus rien, à présent. Au lycée, l’alcool avait eu une autre signification pour elle, avait représenté un certain besoin. Mais maintenant qu’elle regardait sa sœur avancer avec peine à l’aide de son fauteuil roulant, elle ne le ressentait plus. Alors elle buvait encore, oui mais de la caféine, caféine qui la gardait éveillée la majorité de ses nuits. Caféine qui l’aidait à garder un œil sur sa sœur, maintenant qu’elles habitaient ensemble, maintenant qu’Eugenia ne pouvait plus prendre soin d’elle-même, maintenant que Scarlet avait laissé tomber la fac à un an de l’obtention de son diplôme pour pouvoir travailler, pour pouvoir les nourrir, tout de suite. Eugenia ne lui en avait jamais voulu, pour l'accident. Mais la culpabilité n'avait pas quitté Scarlet depuis.
Le médecin de sa sœur finit par pousser son fauteuil roulant vers une allée bordée de deux rampes. Doucement, il plaça ses mains sous les aisselles de sa sœur et l’aida à se lever, alors qu’elle se raccrochait désespérément là où elle le pouvait. Scarlet porta une main à sa bouche, mordillant ses ongles alors que le médecin glissait quelques mots à Eugenia. Il allait la lâcher. Lorsqu’il le fit, sa sœur ne tint que quelques secondes à l’aide de ses bras, avant que son poids ne la fasse lâcher. Ses jambes ne pouvaient même pas la porter. C’est à ce moment que les yeux de Scarlet commencèrent à la piquer et qu’elle fit volte-face, tournant le dos à la scène alors que le médecin aidait Eugenia à se relever, sans doute pour recommencer. La brune aperçut les toilettes non loin et se dirigea vers celles-ci, mâchoire serrée et rapidement, poussant sans ménagement la porte. Elles étaient vides, si bien que la jeune femme se plaça face au miroir, penchée en avant, les mains appuyées sur le lavabo et regarda les larmes couler sur ses joues, attendant les dents serrées que cela passe. Que ce sentiment de désespoir la quitte. Lorsque ce fut le cas, elle s’essuya simplement les joues et se redressa, essayant de regagner contenance, avant de ressortir des toilettes. En pénétrant dans la salle de rééducation, Scarlet vit Eugenia qui l’observait, de retour sur son fauteuil, et elle lui sourit, en levant les deux pouces, l’air de dire, c’est bien, tu t’en sors. Mais à vrai dire, elle ne s’en sortait pas du tout. Elle n’avait pas bu. Elle avait été responsable. Et elle devait tout de même vivre le restant de ses jours dans cet état.

▲▼▲

December 31st, 2014 // The first time you feel it, it is paralysis shock sent through your body. You’re seventeen years old again and staring into the drunk eyes of a beautiful girl with a beautiful mind and she made you understand what love felt like. Elle n’avait pas voulu venir, à la base. Elle n’en avait pas particulièrement eu envie, le bal pour la nouvelle année au Buckingham Palace ne l’attirant pas plus que cela. Et puis elle avait appris qu’Eugenia s’y rendait, avec Julian et Bartholomew, ce frère dont elle n’avait qu’à peine entendu parler quelques mois plus tôt, lui avait offert une robe pour l’occasion, rejetant ses protestations. Eugenia et elle étaient devenues plus proches, en un sens, depuis l'accident, depuis qu'elles vivaient ensemble et plus que jamais, Scarlet avait regretté de s'être comportée lamentablement avec elle quelques années plus tôt. Elle voulait la protéger à présent et veiller sur elle à ce bal lui avait paru comme une bonne idée, puisqu’elle n’avait pas confiance en Julian. Du moins, avant qu’elle ne la perde de vue et qu’elle se retrouve seule au beau milieu de cette soirée bien trop chic, dans laquelle elle n’avait pas sa place. Son cavalier, un de ses collègues, avait fini par l’abandonner, perdant patience face à son désintérêt prononcé pour engager une conversation avec lui. Elle n’avait pas voulu venir à la base. Elle s’était retrouvée seule, prête à rentrer chez elle. Elle avait été sur le point de quitter la soirée. Puis on lui avait adressé la parole. On l’avait fait rire, on l’avait mise à l’aise au fil de sujets anodins et pourtant terriblement intéressants. Et à présent, la jeune femme en face d’elle lui tendait une coupe de champagne, l’horloge affichant encore plusieurs heures avant minuit. Elle n’avait pas envie de lui dire non. Elle n’avait pas envie de passer pour quelqu’un d’anormal, tout simplement parce qu’elle ne voulait pas la décevoir. Pas elle, Gabrielle, alors qu’elle ne la connaissait que depuis une petite heure, alors qu’elles ne savaient pas encore la moitié de ce qu’il y avait à savoir sur l’autre. Ses yeux bruns la fixaient avec insistance, un sourire peint sur ses lèvres et Scarlet se retrouvait dans l’incapacité de dire non. Et Scarlet, avant de pouvoir changer d’avis, se saisit de la coupe, lui rendant un sourire peu assuré. Elle n’avait pas touché à une goutte d’alcool depuis plus d’un an et demi, depuis l’accident et à présent, le besoin se faisait moins ressentir. Elle regardait le liquide doré miroiter dans le verre et elle n’avait pas cette impression d’être sur le point de perdre contrôle. « Il faudra se reprendre une coupe à minuit, » s’entendit-elle dire. Son verre tinta contre celui de sa nouvelle connaissance, ses yeux s’attardant une nouvelle fois sur la bague qui ornait son annulaire gauche. « Ou plusieurs, » répondit cette dernière avec un sourire, avant de prendre une première gorgée. Scarlet limita, ne réalisant pas réellement l’ampleur de son geste jusqu’à ce que ce l’alcool touche ses lèvres. Et rien. Pas de catastrophe, pas de soif incontrôlable. Elle bu, ayant l’impression d’avoir vaincu ce mythe qui faisait d’elle quelqu’un incapable de se contrôler. Elle pouvait le faire. Elle pouvait boire du champagne pour ce genre d’occasions, sans ressombrer. « Alors, c’est pour quand le mariage ? » Les mots avaient coulé de sa bouche avant qu’elle ne puisse les retenir, présents sur le bord de ses lèvres depuis qu’elles s’étaient rencontrées. Elle avait trouvé la question trop indiscrète auparavant. A présent, elle se retrouvait incapable de ne pas demander. Gabrielle jeta un œil à sa bague, avant de relever le regard vers elle. « Oh, on n’a pas encore fixé de date. On est fiancés depuis une éternité mais je veux finir mes études d’abord, il ne me reste qu’un an à tirer, » lâcha-t-elle, son sourire dansant toujours sur ses lèvres. « On s’est rencontrés au lycée. » Scarlet hocha la tête, se retenant de sortir une banalité sur les amours de lycée. Elle ne pouvait pas réellement savoir ce que cela faisait de rencontrer l’amour de sa vie aussi jeune. Elle ne pouvait pas réellement savoir ce que cela faisait d’être amoureuse, tout simplement. Elle savait qu’elle n’avait jamais rien ressenti de tel. Elle reprit une gorgée, les bulles chatouillant son palais avec une sensation familière. Elle laissa Gabrielle parler de son fiancé, n’osant pas l’interrompre après plusieurs minutes pour lui dire qu’elle avait fini son verre et qu’elles pourraient s’en reprendre un. Elle la laissa lui raconter plus de choses sur sa vie, sur son enfance, sur ses rêves, sur ses passions et le sourire sur les lèvres de la Lancaster ne faiblissait plus, à présent. Elle la laissa la guider vers le bar pour prendre un cocktail et non du champagne. Elle la laissa recommencer plusieurs fois, jusqu’à ce que l’heure de la nouvelle année approche et qu’elles se retrouvent avec une nouvelle coupe à la main, l’esprit dangereusement embrumé. Elle la laissa la guider dehors pour regarder le feu d’artifices.  Et à minuit, elle laissa ses lèvres rencontrer les siennes. Et à minuit, elle perdit définitivement pied.

▲▼▲

March 1st, 2015 // i’ve dropped your name at the bottom of vodka bottles and swallowed you back up again; hoping it would hurt less than forgetting what your name tastes like. i’ve spilled you out on someone else’s lips and i’ve hidden you in ‘i love yous’ that were never meant to be dedicated to them. 03h07. Il était tard, bien trop tard pour que Scarlet rentre chez elle et risque de réveiller Eugenia, surtout dans son état. Elle était déjà arrivée à cette conclusion deux heures plus tôt, lorsqu’elle avait envoyé un message à sa sœur depuis le bar où elle se trouvait pour lui dire qu’elle dormait chez une collègue, prétendant que son service avait fini tard. Mentir à sa sœur ne lui avait jamais paru naturel mais elle avait décidé que cela valait mieux que la solution alternative qui consistait à lui admettre qu’elle s’était remise à boire. Elle pencha la tête en arrière pour ce qui lui semblait être la centième fois ce soir-là, laissant l’alcool couler dans sa gorge, avant de finalement se rendre compte qu’il ne restait que quelques gouttes de sa bouteille. Se redressant, elle la considéra un instant, avant de la poser en plein milieu du trottoir. Elle avait pourtant essayé de se convaincre que ce n’était pas un problème, qu’elle avait un contrôle parfait sur la situation. Mais le simple fait qu’elle doive le cacher lui prouvait qu’elle s’était trompée. Dans son cas, c’était probablement grave. C’était probablement quelque chose qui nécessitait de l’aide, avant qu’elle ne se perde de nouveau totalement. Mais c’était quelque chose qu’elle avait ignoré, se persuadant que si elle n’y prêtait pas attention, ce ne serait jamais totalement réel. Juste un secret avec elle-même, juste un détail qu’elle n’avait pas besoin de partager. Elle mis un pied devant l’autre, reconnaissant les rues du quartier où elle avait atterri, sachant qu’à présent la nuit était trop avancée pour qu’elle demande à dormir chez qui que ce soit. Ses pas la guidèrent jusqu’à l’immeuble qui lui était devenu familier et elle entra le code, réussissant à ouvrir la porte au bout de la troisième tentative. Elle gravit les marches jusqu’au quatrième étage et s’arrêta devant la porte, interrompant son geste alors qu’elle s’apprêtait à sonner. Ce n'était probablement pas une bonne idée. Fouillant dans son sac, elle trouva son téléphone et ouvrit ses contacts pour les faire défiler jusqu’à la lettre G. Elle laissa sonner son appel quelques secondes avant de raccrocher et d’envoyer un message, espérant que cela aurait suffit à la réveiller. Je suis devant ta porte. Elle s’appuya contre le mur d’en face, un sourire aux lèvres. Plusieurs minutes plus tard, Gabrielle ouvrit la porte, en pyjama, l’air tout juste réveillée. Elle referma la porte derrière elle, rejoignant Scarlet dans le couloir. « Putain, Scarlet, tu peux pas débarquer comme ça. Ca va pas ou quoi ? » La concernée s’avança, un sourire non dissimulé aux coins de la bouche, détaillant Gabrielle avec attention, ses yeux s’attardant dans son regard, sur sa bouche, sur son corps. La Lancaster essayait de prétendre que l’apparence physique de celle-ci n’avait aucune importance. Que la nature de leur relation n’avait rien à faire avec le fait qu’elle soit une femme, alors qu’en vérité, c’était tout ce qui importait et c’était les soirs où l’alcool était trop présent dans son système qu’elle avait le plus de mal à faire semblant que ce n'était pas le cas. C’était tout ce qui avait importé lorsque Scarlet l’avait embrassée le soir du nouvel an, prétextant avoir trop bu pour savoir ce qu’elle faisait. Mais même à cet instant, elle avait su. Ce n’était pas parce qu’elle s’ennuyait. Ce n’était pas parce qu’elle voulait tenter quelque chose qu’elle ne connaissait pas. Elle avait désiré Gabrielle comme elle aurait dû désirer chacun de ses petits-amis. Elle l’avait compris rapidement mais n’avait jamais cédé à ses pensées. Elle essayait de se convaincre, comme toujours, que si elle continuait de faire semblant que ce n’était qu’une partie de jambes en l’air, que ce n’était qu’une expérience, que cela ne voulait rien dire, cela s’en irait. Une partie de jambes en l’air qui durait depuis des mois, une partie de jambes en l’air dont elle n’arrivait pas à se défaire. « Si, ça va, » répondit-elle. « C’est juste que tu me manquais, » continua-t-elle plus bas. Elle glissa une main sur la taille de Gabrielle et posa avec insistance ses lèvres sur les siennes. Elle pouvait sentir la chaleur de son propre corps se mêler à celle de l’autre jeune femme, les battements de son cœur s’accélérer imperceptiblement à mesure qu’elle approfondissait le baiser. « Arrête, » souffla Gabrielle en s’éloignant. « Tu peux pas faire ça. William est là. » La brune grimaça en l’entendant parler de son fiancé. Elle savait que c’était de sa faute. Elle avait passé les premiers mois de leur relation à rejeter les sentiments de Gabrielle, à lui dire que cela ne voulait rien dire, qu’elle n’était qu’une distraction. Jusqu’à ce qu’elle officialise la date de son mariage, crachant à Scarlet que de toute manière leur relation ne les mènerait à rien. « Tu veux pas dire à ton fuckboy que t’es occupée et passer la nuit avec moi ? » Gabrielle secoua la tête, se détachant complètement de Scarlet. « Scar… » « Non, en fait, dis lui que tu veux plus de lui. Que tu ne veux que moi, » l’interrompit-elle, avec un sourire. Les mots se bousculaient au bord de ses lèvres, au même rythme que les battements de son cœur et elle ne parvenait plus à les arrêter à présent. Elle n’était pas certaine de réellement le vouloir, laissant l'alcool parler plutôt que sa raison. « Je croyais que ce n’était pas sérieux entre nous, » répliqua Gabrielle, croisant les bras. « Je ne vais pas quitter mon fiancé alors que tu me traites comme une distraction. Je serais plus heureuse avec lui. » Scarlet déglutit, son sourire s’effaçant. Elle fit quelques pas en avant. « J’ai changé d’avis. » Gabrielle secoua la tête, lâchant un rire amer. « Je suis sérieuse, » ajouta la brune. « T’es bourrée. » « Peut-être mais je suis sérieuse. » Elle captura ses lèvres une nouvelle fois et cette fois-ci, Gabrielle se laissa faire.

▲▼▲

March 7th, 2015 // Hide her under the curve of your lip and whoever else you pressed them up against and tell them it felt more like drowning and less like a kiss.Tell them you tried to spit her down the throat of every single person you’ve kissed. Tell them you think you dropped her somewhere in a drunken kiss, somewhere whispering into the ears of boys whose names you already forgot. Elle écrasa son doigt contre la sonnette, encore une fois, ses yeux dérivant de temps en temps sur le colis qui était posé à ses pieds, sur le paillasson. Gabrielle avait évité ses appels ces derniers jours et elle commençait à perdre patience, repensant encore et encore à la promesse qu’elle lui avait faite, admettant qu’elle ne se voyait plus se marier, pas avec William. Elle lui avait promis, entre deux baisers, qu’elle le quitterait et que même si Scarlet ne voulait pas que qui que ce soit soit au courant, elles pourraient être ensemble. Pour de bon. Elle sonna encore, son mal de tête intensifié par la sonnette stridente, regrettant presque de n’avoir pas encore commencé à boire ce jour-là. Elle avait voulu ralentir, parce qu’elle avait peur qu’Eugenia se doute de quelque chose mais cela ne lui réussissait pas. Elle poussa un soupir, baissant son bras puisque clairement, personne n’était là. Son regard se reposa sur le colis et sur le mot qui était attaché sur le dessus. Elle se pencha, une mauvaise intuition poussant ses doigts à le détacher, délicatement pour le lire et pouvoir le remettre en place ensuite. Gabrielle, j’espère que les invitations t’iront. N’hésite pas à m’appeler s’il y a un problème. Son cœur se serra et sans y avoir réellement réfléchi, elle posa un genou à terre, sortant ses clefs pour percer le scotch qui collaient les pans de carton ensemble. Forçant peut-être trop, elle ouvrit le paquet et observa les deux piles nettes de papiers cartonnés. Elle en ramassa un. Elle n’eut pas besoin de dépasser la première ligne. William et Gabrielle ont le plaisir de vous annoncer leur… Elle se retint de lire le dernier mot, se redressant avant de jeter le faire-part sur le paillasson. Puis elle renversa d’un coup de pied le carton, regardant les invitations se déverser au sol. Elle n’attendit pas plus longtemps, rejoignant la sortie, son cœur battant sous la colère. Elle n’avait pas envie de rentrer chez elle et de risquer de crier sur sa sœur sans raison. Elle avait besoin de se détendre et de souffler, alors elle se rendit au seul autre endroit du quartier qu’elle connaissait.
Pour la deuxième fois de la journée, Scarlet sonna et Graham lui ouvrit quelques minutes plus tard. « Je suis désolée de débarquer comme ça, je peux rentrer ? » Elle n’avait jamais pensé se rapprocher autant du meilleur ami de Bartholomew mais ils s’étaient croisés bien trop souvent pour s’ignorer et avaient fini par apprécier la compagnie de l’autre. Il poussa un léger soupir, accompagné d’un sourire. « Je t'en prie. » Elle pénétra dans l’appartement qu’elle connaissait à présent bien, posant ses affaires dans l’entrée. « T’aurais une bière ? » demanda-t-elle en s’avançant vers la cuisine. « Euh, Scar, » commença l’australien mais elle ne l’écoutait pas. Elle ouvrit la porte du réfrigirateur et se sait d’une bouteille, ayant su la réponse à sa question avant même de la poser. Elle referma le frigo et se retourna vers Graham, qui l’observait depuis l’encadrement de la porte. « Il est que dix heures du matin. » Elle sourit, décapsulant la bouteille avant de prendre une gorgée. « C’est pour ça que je t’ai pas demandé quelque chose de plus fort, » répliqua-t-elle en passant à côté de lui pour aller s’écrouler sur le canapé. Il la rejoint quelques secondes plus tard, un air perplexe sur le visage. « Qu’est-ce que tu fais là ? » La brune finit sa gorgée avant de pousser un soupire. Elle n’avait parlé à personne de Gabrielle, à personne du fait qu’elle voyait une femme et elle n’était pas prête à le faire, surtout maintenant qu’elle était certaine que cette erreur était terminée. « Il est que dix heures et je passe déjà une journée de merde, » lâcha-t-elle en relevant les yeux vers son ami. « J’ai pensé que tu me remontrais le moral. » Elle laissa son regard dériver vers sa bouche. Gabrielle n’était qu’une erreur, qu’un égarement temporaire. Gabrielle ne voulait rien dire pour elle. Elle se pencha en avant, légèrement. Elle ne ressentait rien pour Gabrielle. Elle laissa ses lèvres rencontrer celles de Graham, doucement d’abord. Il ne s’écarta pas, répondant à son baiser. Elle avait toujours vu la manière dont il la regardait. Elle se souvenait de la manière dont il avait flirté avec elle quand ils s’étaient rencontrés, avant qu’ils ne deviennent amis. Evidemment qu’il n’allait pas la repousser. Sans rompre le contact, elle posa la bouteille au sol, avant de poser ses mains contre sa mâchoire, réduisant l’espace entre eux. Elle n’appréciait pas le contact. Elle n’appréciait pas sa barbe sous ses doigts, sa mâchoire trop carrée, son corps trop ferme contre le sien, là où elle s’était habituée à sentir des courbes. Cela ne lui semblait pas correct, pas juste, comme si elle se trompait, comme si elle prenait la mauvaise décision. Cependant c’était la seule manière pour elle de sentir qu’elle agissait normalement. De sentir qu’elle était normale.
Revenir en haut Aller en bas
Riley Graham
Riley Graham
Messages : 558
Date d'inscription : 29/03/2018

Scarlet E. Lancaster Empty
MessageSujet: Re: Scarlet E. Lancaster   Scarlet E. Lancaster EmptyDim 1 Avr - 16:19

April 4th, 2015 // you’re stuck in the loose hairs you found on your pillow the next morning, the way your mouth felt numb for days. you’re stuck in the quiet limbo, the dead silence, the moments after the fall when your limbs are all broken but you know you’re still alive. Elle ne se souvenait pas réellement comment elle avait atterrit là, entre ses quatre murs blancs, immaculés, même si on le lui avait expliqué. Elle ne se souvenait pas, non, d’avoir chuté avec violence dans l’escalier du bar où elle se trouvait. Elle ne se souvenait pas, non, d’avoir été transportée à l’hôpital, alors qu’elle s’était pris un coup sur la tête et qu’elle s’était ouvert le front. Elle ne se souvenait pas, non, qu’avant de lui donner quoique ce soir pour la douleur, on lui avait prélevé du sang, en prévention, pour savoir exactement ce qu’il y avait dans son système. Mais elle se souvenait de l’air pincé de l’infirmière qui était venue la chercher. Ses mots n’avaient aucun sens à l’esprit de Scarlet. Même si elle écoutait d’une oreille distraite, elle put sentir sans mal la seconde à laquelle elle sentit quelque chose en elle craquer, sous les mots qui venaient de lui être glissés. Elle ne sut pas exactement ce qui se brisa en son sein mais ses poumons arrêtèrent de faire circuler de l’air dans son corps, même si elle inspirait de toutes ses forces. Elle avait la nette impression d’avoir la tête sous l’eau, les paroles de la femme qui l’installait à présent sur une chaise médicale lui parvenant étouffées. Elle ne sentit pas le froid du gel qui fut versé sur son ventre, elle ne regarda pas les images qui finirent par s’afficher sur l’écran à côté d’elle. Elle pouvait sentir son cœur logé dans sa gorge, prêt à passer le bord de ses lèvres. « Est-ce que vous vous rendez compte de la gravité de la situation, mademoiselle Lancaster ? » Les paroles de l’infirmière lui parvinrent, étouffés, tandis qu’elle bougeait l’appareil contre la peau de son ventre. Elle se força à hocher la tête, consciente de l’absence de réaction de sa part jusqu’à présent. « Votre consommation d’alcool pendant ce premier mois pourrait avoir des conséquences graves, même si vous ne buvez plus durant le reste de votre grossesse. Actuellement, le fœtus est sous développé, vous réalisez donc que la croissance de votre enfant pourra être compromise ? » Nouveau hochement de tête. Grossesse, fœtus, enfant. Elle comprenait chacun des mots qui lui parvenaient. Elle comprenait qu’une vie s’était formée au creux de son ventre, sans qu’elle ne le sache, sans qu’elle ne le veuille. Elle comprenait qu’elle ne pouvait plus fuir ses responsabilités et que son alcoolisme continuait de détruire des vies, qu’elle prétende le contraire ou non. La nausée la saisit finalement, faisant perles des larmes aux coins de ses yeux et elle se leva brusquement, repoussant l’infirmière, essuyant son ventre du mieux qu’elle le pu. Avant d’avoir une chance d’être retenue, elle sortit de la pièce et s’engagea dans un couloir au hasard, au pas de course, son nom crié derrière elle lui parvenant aux oreilles. Elle s’en fichait. Elle avait besoin de fuir, une nouvelle fois, une dernière fois, avant de laisser la réalité la rattraper. Elle n’était pas prête à assumer ses erreurs, pas lorsqu’elles avaient des conséquences aussi graves. Elle ouvrit une porte et s’engouffra dans la chambre vide, refermant derrière elle. Elle avait simplement besoin d’être seule un instant. Se laissant glisser au sol, elle put entendre l’infirmière qui criait toujours son nom passer sans s’arrêter. Un long soupir s’échappa de ses lèvres et elle s’autorisa enfin à laisser quelques larmes couler de ses yeux, les sanglots la prenant enfin à la gorge.
Scarlet ne su réellement combien de temps elle resta là, sachant pertinemment qu’elle devrait ressortir puisque l’hôpital n’était pas encore prêt à la relâcher dans la nature. Elle sortit son téléphone de sa poche et regarda l’heure qui affichait à présent 8:17. Ses doigts tapèrent instinctivement le numéro de Gabrielle, qu’elle avait mémorisé sans le vouloir et elle porta l’appareil à son oreille, fermant les yeux. Elle décrocha au bout de plusieurs tonalités. « Scar ? Pourquoi tu m’appelles aussi tôt ? Tout va bien ? » La brune pouvait entendre l’inquiétude dans sa voix. Leur relation n’en était plus vraiment une, à présent. Scarlet avait refusé de la voir après avoir vu les cartons d’invitations. Elle avait prétendu avoir trouvé le colis déjà ouvert mais Gabrielle n’avait pas apprécié sa réaction négative, prétextant qu’elle n’avait pas encore eu le temps d’annuler la commande. Elle avait ajouté cependant qu’elle avait eu besoin de temps pour réfléchir et Scarlet n’avait pu nié cette fois-ci que cela l’avait blessée. Pourtant elle n’avait pas réellement su tourner la page et parfois, elle composait encore son numéro, parfois, elle se rendait encore chez elle lorsqu’elle savait que son fiancé travaillait. Parfois, elle se laisser encore aller dans ses bras. « Non, » souffla-t-elle finalement. « J'ai couché avec quelqu'un d'autre. » Elle avait pensé qu’il valait mieux sortir les mots directement, sinon elle n’y arriverait jamais. Mais maintenant qu’elle les avait prononcé, elle le regrettait. Gabrielle resta silencieuse à l’autre bout de la ligne, ce qui rendit la situation bien pire. « C’est moi qui ai ouvert les invitations et qui ai laissé le colis comme ça, » admit-elle finalement. « Je croyais que tu m’avais menti, j’étais blessée et j’ai pas réfléchi. » Les mots sortaient difficilement, coincés dans sa gorge. « Je suis désolée. Tu mérites mieux. » Toujours plus de silence en réponse. Puis enfin Gabrielle pris la parole. « Tu m’as fait croire que mes sentiments étaient ridicules, tu m’as laissé foutre en l’air la seule vraie relation que j’ai eu avant de me dire que je n’étais qu’un bon coup pour toi. Puis tu m’as dit que tu voulais que je le quitte, pour toi, tu m’as laissé penser que t'avais des sentiments, toi aussi. Mais t’as été incapable de comprendre que j’avais besoin de temps pour quitter l’homme avec qui je pensais me marier depuis mes dix-sept ans. Et maintenant tu me dis que t’as préféré baiser quelqu’un d’autre plutôt que de me laisser du temps. T’as raison. Je mérite mieux. » Elle raccrocha avant que Scarlet ne puisse répondre.

▲▼▲

April 9th, 2015 // It’s hard, isn’t it? Living with a shattered heart. You breathe in and hope the shards don’t pierce your lungs. But, eventually, they will. There is no escape from it. You will bleed. You will gasp. And you will scar. « Qu’est-ce qui va pas ? » Eugenia s’installa à côté d’elle sur le canapé de leur appartement et Scarlet ne pu même pas faire semblant de ne pas pleurer. Son portable serré entre ses doigts affichait encore le message de Gabrielle qu’elle avait reçu plusieurs minutes plus tôt, le message lui disant de ne plus lui adresser la parole. « C’est le bébé ? » demanda Eugenia, voyant que sa sœur ne lui répondait pas. Scarlet secoua la tête. Sa jumelle avait été la première au courant, après qu’elle soit rentrée de l’hôpital et elle ne l’avait pas jugée, l’avait écoutée avec attention, l’avait écoutée lui dire qu’elle ne savait pas quoi faire. Elle lui avait dit avoir su pour l'alcool avant même que Scarlet ne l'admette et cette dernière n'en avait pas réellement été étonnée. Elle avait conscience à présent que son choix devrait être pris rapidement. Elle avait également conscience qu’une solution semblait plus évidente que les autres. Elle avait peur, après tout, de donner naissance à un enfant dont elle avait détruit la vie sans qu’il ait même une chance d’être normal. Elle avait peur qu’il grandisse sans père, avec elle seul comme modèle, avec son propre chaos comme modèle. Elle avait peur de ne pas pouvoir lui apporter une vie saine, avec ses maigres revenus. Mais elle était plus terrifiée encore d’être une lâche. Pourtant, elle n’avait toujours pas de solution miracle, elle n’avait toujours rien dit à Graham. « Non, c’est pas ça. » Elle jeta son portable sur le coussin à côté d’elle, hors de sa vue. « Raconte moi, » lui dit Eugenia doucement. Scarlet regarda sa sœur, sachant pertinemment qu’elle pouvait lui faire confiance. « Il y a quelque chose que j'ai besoin de te dire depuis longtemps. » Elle prit une inspiration et laissa les mots sortir, sans y réfléchir. « Il y a une raison pour laquelle je bois, Ginny. Il y a une raison pour laquelle j’ai été une telle connasse avec toi et tout le monde au lycée. Ça n’excuse pas ce que j’ai fait mais… c’est pourquoi j’ai agis comme ça. J’avais peur. D’être rejetée. D’être… comme toi. D’être assez courageuse pour être moi-même et prendre le risque de me faire insulter pour ça. » Elle n’avait jamais su comment Eugenia avait fait pour ne pas être entraînée, elle aussi, dans ce genre d’histoires. Comment elle avait fait pour rester fidèle à elle-même, malgré les moqueries. « J’avais peur de ne pas être acceptée. » Elle marqua une pause, incapable d’en sortir plus et Eugenia patienta sans l'interrompre. Elle ne se souvenait pas à quel moment le mot avait germé dans son esprit. Elle savait qu’il avait été toujours tapi dans un coin de son esprit, depuis l’âge où elle avait eu un béguin pour sa voisine de classe en maternelle, avant qu’elle ne comprenne que ce n’était pas normal aux yeux de tous. Avant qu’elle ne comprenne que ce n’était pas attendu d’elle. Avant qu’on ne commence à lui demander si elle avait un amoureux et non une amoureuse. Elle avait toujours été là, cette certitude, jusqu’à ce qu’elle puisse lui donner un nom, jusqu’à ce qu’elle l’associe à la peur et à la honte. Gay. Lesbienne. Homo. Elle n'avait pas su comment elle devait se qualifier, alors qu’elle l’avait enterré, prétendant que ça ne lui correspondait pas. Elle était sortie avec des garçons, parce que c’était ce que les autres faisaient, parce que c’était ce qui était normal. Elle était sortie avec des garçons, pas par envie mais par contrainte. Cette contrainte n’avait pas tardé à se transformer en moyen de se convaincre que c’était ce qu’elle voulait, en moyen de se convaincre qu’elle était comme le reste des personnes qui l’entouraient. Parce qu’il y avait eu Hazel. Hazel avait été celle à lui faire comprendre. Hazel avait été celle à planter le doute dans son esprit. Hazel avait été la première à mettre feu à son cœur et son esprit. Hazel avait été la première à la terrifier. Scarlet n'avait rien dit. Elle n'y avait même pas pensé. Elle n'avait pas tenté d'interpréter ce qu'elle ressentait. Elle avait déversé son poison, sur elle aussi, parce que c'était tout ce qu'elle savait faire, parce que c'était devenu un mécanisme de défense. Elle avait déversé son poison la journée et le soir, elle s'était surprise à coucher sur papier la tempête qui faisait rage dans ses pensées. Elle s'était mise à écrire ses sentiments, sans chercher à les interpréter, sans chercher à les relire et les avait cachés sous son matelas, dans son esprit, enfermés au creux de son cœur. Elle avait attendu que les insultes fassent effet sur ses propres pensées. Elle avait attendu que celles-ci correspondent à ce qui sortait de sa bouche. Ce n'était jamais arrivé. Hazel était restée sa victime, son moyen de décompression, son bouc émissaire. Hazel était restée ce doute terrifiant, ces sentiments dévastateurs, ces mots enfermés au creux de son cœur. Elle n’avait rien fait. Elle avait attendu d’avoir terminé le lycée avant de pouvoir commencer à l’oublier, avant de pouvoir commencer à prétendre que ces sentiments n’avaient jamais agités son cœur. Hazel avait été la seule. Aucune autre fille n’avait fait cette impression sur elle. Aucun garçon, non plus. Elle avait été la seule, avant Gabrielle, avant que son cœur n’explose à nouveau. A partir de ce moment-là, Hazel avait cessé d’avoir de l’importance. A partir de ce moment-là, il n’y avait eu que Gabrielle, Gabrielle qui l’avait aimée en retour, Gabrielle qui avait été la première sur qui elle avait posé les mains. Gabrielle, qui avait été son premier amour, son premier baiser, sa première fois, peu importe le nombre de copains et de conquêtes masculines qu’elle avait pu avoir. Ils ne comptaient pas, ne faisaient pas le poids, à côté de ce qu’elle éveillait au fond de son cœur. Ils n’avaient jamais vraiment compté et c’était ce qu’elle avait su depuis toujours. Elle l’avait su, depuis le jour où elle avait posé les yeux sur Hazel, depuis le jour où elle avait posé les yeux sur Gabrielle. Mais elle ne l’avait jamais admis, jusqu’à présent. Pas même lorsque les battements de son cœur avaient commencé à lui faire mal lorsque Gabrielle posaient ses doigts sur sa peau, pas même lorsqu’elle avait compris que ce n’était pas qu’un jeu, entre elles deux. « Je… Je ne suis pas attirée par les hommes. » Elle le prononça si bas qu’elle ne fut pas certaine de l’entendre elle-même. Immédiatement, elle se rendit compte de ce qui venait de sortir de sa bouche et de la manière dont cela ne collait pas avec le fait qu’elle soit enceinte. Les larmes se succédèrent de nouveau mais Scarlet les retint du mieux qu’elle pu.   « Scarlet… » « J’ai essayé pourtant, je me suis dit que ça passerait, avec l’âge peut-être, avec le temps, » dit-elle précipitamment, essayant de se justifier avant qu’Eugenia ne puisse dire quoique ce soit, avant qu’elle ne puisse penser quoique ce soit. « J’ai cru que si je l’ignorais suffisamment, ça s’en irait. Mais… je suis tombée amoureuse. Et même si j’ai essayé de m’en distraire, je sais que… Que je ne pourrais jamais aimer un homme comme je l’aime elle. Et maintenant elle me déteste et je ne sais pas quoi faire. » Elle ne savait pas réellement si elle se sentait mieux. Ces mots l'avaient rongée depuis ses premiers souvenirs et pour la première fois, elle les avait prononcé. Elle était terrifiée, terrifiée à l'idée de l'admettre enfin, terrifiée à l'idée de le dire à sa sœur, qui comptait bien trop pour elle pour qu'elle puisse la perdre. « Scarlet, tu dis ça comme si c’était grave. » Elle pu sentir son cœur se serrer dans sa poitrine. Elle savait qu’elle n’aurait pas dû douter de sa jumelle. Que s’il y avait une personne pour comprendre ce qui lui arrivait, c’était bien elle. « La normalité n’existe pas, Scarlet. Tout le monde est étrange. Personne ne correspond au schéma que la société nous impose. Tu… Tu aimes les filles et ce n’est pas grave. Ca ne fait pas de toi une paria. C’est ce qu’on tentera de te faire penser mais il faut que tu gardes en mémoire que les autres ont souvent pire à cacher. » Scarlet lui sourit, à travers ses larmes, submergée par le soulagement. Elle n’était pas sure de la croire. Elle n’était pas certaine d’avoir envie de le dire à qui que ce soit d’autre. Mais être acceptée par sa jumelle lui suffisait, du moins pour le moment. « Tu l’as trompé ? C’est pour ça qu’elle t’en veut ? » reprit finalement Eugenia et Scarlet hocha la tête. « Si on veut, » répondit-elle. Elle ne savait pas si c’était vraiment le cas, étant donné qu’elle s’était appliquée à dire qu’elle et Gabrielle ne formaient pas un couple. Mais elle savait que les choses avaient changées lorsqu’elle lui avait promis de rompre avec William. Cependant, Scarlet ne savait pas si elle lui avait été infidèle, alors que Gabrielle n’avait pas tenu sa promesse. « On était pas vraiment ensemble, parce que je voulais pas que ce soit officiel. Parce que j’avais peur que ça le soit. Elle est fiancée et… Elle m’avait promis qu’elle annulerait son mariage. J’y ai cru, parce que j’arrivais plus à prétendre que je ne ressentais rien. Elle l’a pas fait. » Elle garda les yeux baissés sur ses mains, honteuse de la suite, honteuse de la manière dont elle avait réagit. « J’étais blessée, Ginny. J’ai pas réfléchi. Et c’est comme ça que je me suis retrouvée enceinte. » balbutia-t-elle. Elle releva les yeux, incapable cependant de soutenir le regard de sa sœur. « Je voulais me prouver que je m’en fichais. Que j’étais pas amoureuse d’elle et que j’étais pas… comme ça, » expliqua-t-elle, encore incapable de prononcer les mots qui l’avaient torturés pendant des années. « Ça n’a pas marché, » dit-elle avec un sourire sans joie, qui s’effaça immédiatement. Tout ce que cela lui avait été apporté était du regret et de la peine. « Bien entendu que ça n’a pas marché… Parce que ça ne sert à rien de lutter, Scar. Tu vas simplement t’épuiser. » Scarlet n’eut pas le courage d’acquiescer. Elle savait à présent que ce sentiment ne s’en irait jamais. Elle savait à présent que non, elle ne pouvait pas lutter. Mais elle avait encore du mal l’accepter entièrement. Elle avait encore du mal à se dire que ce n’était pas grave, que cela ne changeait rien, car il s’agissait d’elle-même. Elle savait qu’elle aurait toujours peur du regard des autres. Elle savait qu’elle aurait toujours peur d’être rejetée. « Tu es encore trop perdue pour te rendre compte que ce n’est pas si grave d’être homosexuelle, » lui dit doucement Eugenia. « Pour ce qui est du reste… Tu t’es défendue comme tu as eu l’habitude de te défendre, j’imagine. En ignorant le problème. En tentant de faire comme s’il n’existait pas. » Scarlet hocha la tête, le cœur au bord des lèvres. Elle avait toujours pensé qu’en l’ignorant suffisamment, tout problème finirait par s’en aller. Cela avait marché pour sa relation avec Gabrielle. Cela avait marché pour son problème avec l’alcool. « Je ne dis pas que tu es totalement innocente et qu’elle est fautive… Après tout, je ne sais pas tout ce qu’il s’est passé. Vous avez toutes les deux votre part de tort dans l’histoire. Maintenant… J’imagine que vous allez devoir discuter sérieusement. Et que, toi, tu vas devoir assumer. » Assumer. C’était quelque chose qu’elle avait bien eu du mal à faire jusqu’à présent mais qui était inévitable désormais. « C’est fini, elle ne veut plus me voir. Le plus important maintenant c’est de savoir ce que je vais faire. » Eugenia ne répondit pas tout de suite. « Viens par là. » Le cœur lourd, Scarlet finit par se pencher en avant, se calant une nouvelle fois contre le torse de sa sœur, passant ses bras autour de sa taille. « Merci, » dit-elle finalement. Merci de l’avoir écoutée, merci de l’avoir acceptée, merci d’avoir su trouver les mots. « Je n’ai pas fait grand chose, tu sais, »  répondit Eugenia, une main de retour dans ses cheveux. Scarlet ne répondit pas, fermant les yeux, toujours perdue par rapport à ce qu’elle était censée faire, toujours perdue par rapport à ses sentiments mais soulagée, terrifiée. Soulagée d’avoir enfin sorti les mots qui lui brûlait les lèvres depuis des années. Terrifiée de ce que cela voudrait dire pour la suite.

▲▼▲

August 28th, 2015 // most days I feel sick. like the aftertaste of you never leaves. like the hurt found a place between my teeth, lodged itself at the back of my throat. like everything I eat tastes of you. like everyone I kiss can feel you there. like the nausea of it doesn’t calm down, just shifts around, reminds me what we once were. Elle n’aurait pas dû se retrouver là, à l’autre bout du monde, en compagnie de son demi-frère, alors que le temps lui échappait. Il ne lui restait plus que quelques mois, après tout, avant d’être mère. Il ne lui restait que quelques mois pour économiser, pour travailler avant de devoir s’interrompre pour la naissance de son enfant. A chaque fois qu’elle y pensait, son cœur se serrait un peu plus, la peur enflait un peu plus, ses pensées s’emmêlaient un peu plus. Elle ne savait pas encore si elle était prête. Cinq mois avaient beau avoir passé, elle était toujours autant perdue, toujours autant effrayée à l’idée de devoir prendre autant de responsabilités. Pourtant sa décision avait été prise assez rapidement, même après que Gabrielle lui ait dit ne plus vouloir la voir. Graham l’avait soutenue, avait promis qu’il serait là pour elle et le bébé. Elle ne lui avait pas dit que son alcoolisme pourrait poser des problèmes pour l’enfant, parce qu’elle avait toujours honte de ce qu’elle avait fait. Elle espérait, au fond, qu’il n’ait aucun problème parce que même les médecins étaient incapables d’en être certains. Elle n’avait rien dit, espérant que tout irait bien, espérant qu’elle n’ait jamais à le faire.
Bartholomew ne lui avait pas laissé le choix, lui annonçant qu’il l’emmenait en Australie le matin de leur départ. Elle avait pris deux minutes pour y réfléchir et avait accepté sans rechigner. Elle n’avait rien d’autre à faire de toutes manières, ses patrons l’ayant viré à l’instant où ils avaient appris qu’elle était enceinte et elle n’avait jamais quitté le Royaume-Uni, alors elle le laissa l’emmener, heureuse à l’idée de passer quelques jours avec son frère. Cela faisait un moment qu’elle avait commencé à véritablement tenir à lui, comme une sœur était censée le faire pour son frère. Les choses n’avaient pas toujours été aussi simples, puisque l’intrusion de Bartholomew dans leurs vies lui avait d’abord parut comme étant une nuisance, pure et simple. Ce frère qu’elle ne connaissait pas avait été un véritable parasite, squattant leur canapé et les dérangeant de manière générale. Mais il s’était avéré au fil du temps qu’il était celui qui mettait le plus souvent de la nourriture sur leur table. Il s’était avéré au fil du temps qu’il était celui qui lui tiendrait compagnie quand sa sœur partait à l’hôpital, qu’il était celui qui comprenait le sentiment qu’elle éprouvait à ce moment-là. Elle tenait à lui, malgré le fait qu’elle ne s’y soit jamais attendue, malgré le fait qu’elle ait pu le détester à leur rencontre. Alors elle l’avait suivi.
Scarlet observa avec un sourire son frère émerger de la chambre du petit appartement qu’il avait loué pour eux deux le temps de leur séjour, alors qu’elle sortait de quoi leur faire le petit-déjeuner. Il la poussa sans un bonjour, sans compassion pour son ventre rond. « Laisse moi faire. » Elle fit mine d’être choquée, contournant le comptoir pour aller s’asseoir en face de lui. « C’est pas une manière de traiter les femmes enceintes. » Il lui fit un sourire mais n’ajouta rien, commençant à sortir des œufs et du lait du frigo, remplaçant les céréales qu’elle avait sorti. Il avait toujours été plus doué qu’elle dans ce domaine, de toutes manières, alors elle le laissa faire, l’observant avec un sourire. Ils étaient proches, oui, pourtant elle ne lui avait pas tout dit. Elle ne lui avait pas dit ce qu’elle avait avoué à Eugenia, plusieurs mois plus tôt, bien que celle-ci l’ait accepté sans problème. Elle n’en avait plus parlé, à vrai dire, expliquant à sa jumelle qu’elle n’était pas réellement prête à ce que cette vérité soit exposée à tout le monde. Elle avait confiance en son frère. Pourtant, elle n’avait pas l’impression de pouvoir assumer de lui révéler ce qu’elle s’était appliquée à cacher pendant des années. Et lui ne se doutait probablement de rien. « Tu veux faire quoi aujourd’hui ? » Elle haussa les épaules alors qu’il déposait un premier pancake dans son assiette. « Merci. Je sais pas, » dit-elle en attrapant la confiture de mûre pour en étaler dessus. « J’ai l’impression qu’on a visité tout ce qu’il y avait d’important, donc peut-être marcher sans but dans les rues de la ville ? » Il déposa un autre pancake dans son assiette à lui et vint s’asseoir à ses côtés avec un sourire. « Ca me paraît être un bon plan. » Elle lui rendit son sourire, finissant son petit-déjeuner avec appétit, avant de filer sous la douche pour se préparer. Sa situation était loin d’être idéale et penser à Gabrielle lui faisait toujours mal. Elle ne savait pas comment elle s’en sortirait lorsque son enfant serait né. Mais elle savait au moins qu’elle avait du soutient. Elle savait au moins qu’elle n’était pas seule.

▲▼▲

October 31st, 2015 // some mothers have broken babies and spend the rest of their lives wondering if they should have spared them. Cela avait commencé par une douleur vive. Cela avait commencé par un sentiment de panique immédiat. Cela avait commencé par une vague de questionnements naissant dans son esprit. Installée à la table de la cuisine, occupée à finir son repas, Scarlet avait posé ses deux mains la peau tendue de son ventre, essayant de se convaincre que tout allait bien, que cela était normal. Après tout, il n’y avait pas encore eu de complications, malgré ses débuts peu prometteurs. Après tout, elle avait toujours su garder son fils en sécurité, malgré le fait qu’il ne soit pas encore né. Elle lui avait déjà donné un nom. Elle avait déjà imaginé l’odeur de sa peau ainsi que ses traits, qui se dessinaient parfaitement dans son esprit. Elle avait tout anticipé, investissant dans un berceau, qui reposait encore dans son carton, attendant d’être monté aux côtés de son lit. Elle avait tout calculé, repérant les emplois qu’elle devrait viser après son accouchement, après s’être assuré que sa venue au monde s’était déroulée sans encombre. Mais elle n’avait pas anticipé cela. Elle n’avait pas anticipé ces contractions douloureuses, à seulement sept mois, à seulement deux mois de l’échéance. Elle n’avait pas anticipé le sang qu’elle avait découvert sur ses doigts, après avoir passé une main entre ses cuisses, inquiétée par le liquide qu’elle avait senti couler. Elle n’avait pas anticipé la peur. La peur, qui la prenait à la gorge, qui lui retournait le ventre, qui faisait perler des larmes aux coins de ses yeux. Ses gestes se succédèrent, tremblants, flous et son corps sembla prendre le contrôle sur sa tête, décidant par lui même de ce qu’elle devait faire. Elle regarda ses mains passer sous l’eau, avant de les voir attraper son téléphone portable. Elle n’eut pas besoin de réfléchir pour savoir ce qu’elle était en train de faire et ce n’est que lorsqu’elle entendit la voix de sa sœur à l’autre bout du fil qu’elle arriva à respirer de nouveau. Sa sœur, qui avait toujours solution à tout. Sa sœur, qui était plus adulte qu’elle, qui avait déménagé avec son fiancé il y avait plusieurs mois déjà. Sa sœur, qui avait les mots pour la rassurer. Son esprit à elle était brisé, incapable de fonctionner correctement, incapable de raisonner, incapable de l’aider. « Oui ? » « Ginny, il y a un problème. » Elle lui raconta ce qui s’était passé, ses paroles sortant difficilement, sa voix butant sur tous les mots. Il était trop tôt, beaucoup trop tôt pour que quoique ce soit se passe et pourtant la présence du sang, anormal, lui signifiait bien qu’il était en danger. Qu’elle risquait de le perdre. Que tous ses efforts et ses espoirs seraient vains et ne laisseraient qu’un trou béant dans sa poitrine. Alors, elle attendit qu’Eugenia lui donne une solution. Elle attendit qu’Eugenia lui donne des explications. Elle attendit que sa sœur, coincée dans son fauteuil roulant, à l’autre bout de la ville, lui vienne en aide. « Ca va aller, d’accord ? » Elle pouvait entendre dans le ton de voix de sa jumelle qu’elle s’inquiétait aussi. Qu’elle paniquait également, au même titre qu’elle. « Il faut que t’ailles à l’hôpital. Tout de suite. Je t’y rejoins. » Scarlet avait refusé d’y penser. Parce qu’elle ne voulait pas admettre que la situation était grave, parce qu’elle ne voulait pas céder à la peur. « Ne prends pas le métro. Prends un taxi. » Scarlet ferma les yeux, sachant pourtant que c’était la seule solution pour y arriver rapidement.   « D’accord. Merci Ginny. » Elle raccrocha, la gorge nouée. Elle n’était pas remontée dans une voiture depuis l’accident. Elle avait refusé, constamment, de reprendre ce risque, terrifiée à l’idée que quelque chose n’arrive à nouveau. Pourtant, elle savait qu’elle n’avait pas le choix et qu’il était hors de question pour elle de prendre le métro. En l’espace de dix minutes, elle parvint à se rincer dans la douche, à changer ses vêtements et à sortir de son appartement pour rejoindre la station de taxi la plus proche. Voyant son état paniqué, le chauffeur vint lui ouvrir la porte et c’est en essayant de se détacher le plus possible de la réalité que Scarlet monta à bord du véhicule. Elle ferma les paupières, fort, après avoir annoncé sa destination et ne les rouvrit qu’une fois arrivée, incapable de regarder le trajet. Elle régla sa course et se dépêcha d’atteindre l’accueil de l’hôpital, où elle formula pour la première fois ce qu’elle redoutait même de penser. « Je crois qu’il y a un problème avec mon bébé. » Les évènements s’enchainèrent rapidement à partir de là et elle eut l’impression d’attendre une éternité avant de pouvoir enfin avoir des nouvelles sur sa situation. Un médecin entra dans la chambre où elle était installée et ne prononça pas un mot, tandis qu’il l’examinait, la mine grave. Elle entendit à peine son verdict, son sang battant dans ses tempes. Elle ne capta que quelques mots, plus forts que les autres. Poche des eaux rompue. Accouchement prématuré. Elle hocha la tête, terrifiée. Elle laissa les larmes qu’elle avait retenu pendant des heures couler sur ses joues.
On ne la laissa pas tenir son bébé, une fois que fut fini, une fois que les longues heures douloureuses soient passées. Il était en danger, lui expliqua-t-on. Il fallait le placer sous couveuse immédiatement. Scarlet n’eut pas d’autre choix que d’acquiescer, la peur ne voulant plus la quitter à présent. On la laissa seule plusieurs minutes, avant qu’Eugenia ne revienne dans la pièce, faisant rouler son fauteuil jusqu’à son lit. Elle était pâle, blême et Scarlet eut la sensation qu’elle était sur le point lui annoncer une nouvelle qui ne ferait qu’empirer l’état dans lequel elle se trouvait. « J’ai reçu un appel tout à l’heure. » La brune déglutit, se redressant dans son lit. « Qu’est-ce qu’il y a ? » Elle n’était pas sure de supporter d’autres mauvaises nouvelles. « C’est maman, elle… Elle a été agressée et laissée pour morte. Elle a peu de chances de s’en sortir. » Scarlet regarda les yeux rouges de sa sœur, les larmes qui coulaient encore sur ses joues. Elle enfonça son visage dans son oreiller, ne supportant tout simplement pas ses mots, laissant ses pleurs couler contre le tissu, silencieux.
Elle ne su pas combien de temps elle resta ainsi, échangeant quelques brèves paroles avec sa sœur, qui finit par partir faire un tour. Elles allaient devoir y aller, lorsque Scarlet serait sur pied. Elle ne pouvait imaginer cependant quitter son enfant pour aller au chevet de sa mère, qui était presque morte à présent, si elle en croyait les dires de sa sœur. Elle ne pouvait s'imaginer la voir une dernière fois sans pouvoir lui dire au revoir. Son portable vibra à côté d’elle et elle le ramassa, n’ayant pas eu conscience qu’on le lui avait posé là. Le nom de Graham s’affichait sur l’écran et elle eu presque envie de laisser sonner. Cependant, elle décrocha, faisant de son mieux pour contrôler sa voix. « Allô ? » « Scar, Barty m’a appelé pour me dire que t’étais à l’hôpital et que tu avais eu le bébé. Je vais passer dès que je sors du… » « Non, » l’interrompit-elle, malgré l’inquiétude qu’elle entendait dans son ton. Elle savait pourtant qu’elle n’avait pas le droit de faire cela, que ce n'était pas juste. « Ne viens pas. » Son ton était sec, pourtant elle s’en voulait de prononcer ces mots. « Quoi ? Pourquoi ? » Elle poussa un soupir, la gorge encore nouée, les joues encore trempées. Elle n’avait qu’une envie, raccrocher et laisser une nouvelle fois ses émotions se déverser. « J’avais peur de te le dire et je pensais avoir plus de temps, » commença-t-elle, regrettant presque déjà ses paroles. « Mais il peut pas être de toi. D’après les médecins, j’étais déjà enceinte quand on a couché ensemble. Je suis désolée. » Elle laissa le mensonge traverser ses lèvres, ne le retenant pas, n’hésitant pas. « Mais… » Elle raccrocha, reposant le portable sur sa table de chevet. On lui avait dit que son fils semblait bien présenter des problèmes dû à son alcoolisme, qu’au delà de sa naissance prématurée, certains de ses organes étaient sous développés. Aucun d’eux n’étaient certain de savoir s’il grandirait normalement ou non. Alors elle ne voulait pas infliger cela à Graham. Elle ne voulait pas lui admettre que ce serait de sa faute, s’il avait des problèmes. Elle ne voulait pas lui admettre qu’elle avait certainement réduit ses attentes en poussière.

▲▼▲

November 14th, 2015 // she has her head in her hands and never stops screaming. she carries her ghosts at the back of her throat and everything she sees is in black and white. C’en était presque malsain, la manière dont les gens lui souriaient, la manière dont le soleil brillait. Elle aurait voulu pouvoir partager ce jour avec sa sœur, même si elle n’avait jamais aimé Julian, même si elle ne lui avait jamais fait confiance. Elle aurait voulu être heureuse, elle aussi, de voir sa jumelle se marier, en Grèce, dans leur pays de leur mère. Mais elle ne pouvait pas. Elle ne pouvait pas prétendre, pas alors que son enfant était encore entre la vie et la mort. Pas alors que leur mère reposait six pieds sous terre. Elles étaient finalement allées la voir, pour qu’on leur dise qu’elle était en état de mort cérébral. Pour qu’on leur dise qu’il n’y avait plus d’espoir et qu’ils avaient besoin de leur accord pout la laisser partir. Pour la débrancher. Pour la tuer. Scarlet n’avait pas pu se résoudre à être la première à dire oui, alors Eugenia avait été forte pour elles deux, affirmant qu’elles ne pouvaient tout simplement pas la maintenir en vie. Elle était déjà partie, après tout. La vie que lui insufflait les machines auxquelles elle était rattachée était factice, fabriquée. Elle avait signé les papiers sans un mot, ne pouvant réellement réaliser qu’elle était partie, qu’elle n’entendrait plus jamais sa voix ou qu’elle ne la serrerait plus jamais dans ses bras. Elle n’avait même pas pu rencontrer son petit-fils. Scarlet n’avait pas pu lui dire tout ce qu’elle avait sur le cœur, tout ce qu’elle avait déjà dit à Eugenia. Elle était partie trop tôt, trop vite, trop brusquement.
Les jumelles avaient organisé son enterrement en Grèce, dans sa ville natale et Scarlet avait dû s’arranger pour que quelqu’un reste à Londres pour veiller sur son fils à sa place. Il ne semblait pas en danger immédiat mais il devrait certainement passer encore deux mois sous couveuse, deux mois avant qu’elle ne puisse le tenir pour la première fois dans ses bras. Elle lui avait donné un nom, l’avait appelé Charles Eugene Bartholomew Lancaster, parce que cela sonnait bien, parce qu’elle voulait qu’il porte les noms de sa marraine et son parrain, puisqu’ils étaient les personnes les plus importantes dans sa vie. Elle avait pensé ne venir que pour l’enterrement et repartir immédiatement pour Londres, même si sa sœur avait déjà prévu de rester un peu plus. Et puis elle lui avait dit qu’elle se mariait. Là, en Grèce, tout de suite. Quelques jours seulement après l'enterrement. Avant que Scarlet n’ait pu lui dire qu’elle comptait redéménager à Cardiff, dans la maison de leur mère, avec Charles une fois qu’il irait mieux. Avant qu’elle ait pu lui dire qu’elle souhaitait quitter Londres pour de bon, puisqu’il n’y avait plus rien pour elle là bas. Plus d’emploi pour payer son loyer, plus de Gabrielle, plus de Graham, plus besoin d’elle pour veiller sur Eugenia. Elle ne lui avait toujours rien dit, attendant que la mariage passe à présent.
C’en était presque malsain, cette manière de forcer le bonheur prétendu sur son visage simplement pour faire plaisir à sa sœur. Elle n’avait rien dit sur le coup, réalisant à quel point Eugenia était sérieuse mais elle n’en pensait pas moins. Elle trouvait l’idée de mauvais goût, peu appropriée, déplacée. Elle n’arrivait pas à se réjouir réellement, non. Elle collait un sourire faux sur ses lèvres mais ne ressentait pas ce bonheur qu’elle était censée éprouver le jour du mariage de sa jumelle. Elle aurait préféré retourner à Londres après l’enterrement, pour être auprès de son fils. C’était sans doute égoïste de sa part. C’était sans doute horrible pour elle de penser comme cela. Mais elle n’arrivait pas à faire autrement. Elle marcha le long de l’allée, allant rejoindre l’autel pour y attendre sa jumelle. Et lorsqu’elle vit la manière dont sa sœur semblait heureuse, rayonnante dans sa robe blanche, elle sut qu’elle devrait prétendre un peu plus. Elle sut qu’elle devrait se forcer, pour elle. Elle pourrait lui faire part de ce qu’elle pensait plus tard mais elle ne pouvait pas lui gâcher ce jour. Alors elle fit semblant d’être heureuse. Même si elle ne l’était pas.

▲▼▲

November 23rd, 2016 // Tragedy is sewn into your soul, no matter how bright your halo glows, or how high your wings take you, you will always, eventually, fall. « Tu deviens lourd, » marmonna-t-elle en soulevant son fils pour l’installer dans sa poussette, ne recevant que des gazouillis en réponse. Elle l’attacha et lui mit ses jouets dans les mains, avant de déposer un baiser sur le haut de son crâne. Elle lança un dernier regard sur l’appartement encore vide et triste et sortit, refermant la porte derrière elle. Elle avait passé près d’un an à Cardiff, avec Charles, à enchainer les petits boulots, à prendre soin de la maison de sa mère, trop grande pour elle et son fils. Elle avait passé près d’un an à se dire que peut-être que cela était mieux que sa situation à Londres. Mais elle avait finit par se rendre à l’évidence. Sa vie avait toujours été à Londres, au fond. C’était là qu’elle avait réellement pris racines, c’était là que sa famille vivait et être loin d’eux ne lui avait pas réussi, au final. Elle était isolée là où elle était, isolée de tout ce qu’elle avait connu, même si elle était retournée dans la maison de son enfance. Mais cela n’avait plus de signification pour elle, la dernière fois où elle avait vécu là datant du lycée, période qu’elle ne se plaisait pas à revivre, à présent. Elle n’était pas heureuse, au fond, perdue seule au Pays de Galles, élevant son fils du mieux qu’elle le pouvait. Lorsqu’elle avait appris le loyer qu’elle pourrait tirer de la maison de sa mère si elle la mettait sur le marché, elle avait compris que c’était la meilleure chose à faire, qu’elle pouvait se payer un appartement à Londres avec l’argent et vivre plus confortablement en gardant tout ce qu’elle gagnait pour le reste. Son fils méritait de grandir près de sa famille, de ses cousines, maintenant qu’Eugenia avait eu ses filles. Elle prit le métro pour rejoindre l’appartement de sa sœur, progressant laborieusement avec sa poussette jusqu’à arriver à destination. Essoufflée, elle sonna à la porte, un sourire aux lèvres. Elle se jeta à genoux pour enlacer sa sœur lorsque celle-ci lui ouvrit, même si au fond elle l’avait vu peu de temps auparavant. Cette fois-ci cependant, elles étaient de nouveau voisines – ou presque – et pourraient se voir aussi souvent qu’auparavant. « Tu vas bien ? » lui demanda-t-elle, en se relevant pour faire rentrer Charles à l’intérieur. Elle entreprit de se défaire de son manteau avant de récupérer son fils dans sa poussette. « Et toi ? Bien installée ? » Elle laissa la conversation s’installer alors qu’elles se mettaient dans le salon et laissa Eugenia prendre Charles sur ses genoux. Observant sa sœur avec son fils, elle su qu’elle avait pris la bonne décision, sentiment qu’elle ressenti à nouveau lorsqu’elle alla voir ses nièces dans leurs berceaux, profondément endormies pour leur sieste. Elle était heureuse, au fond, de retrouver sa vie et d’essayer de repartir sur de meilleures bases que celles qu’elle avait eu en quittant la ville. Elle n’avait pas pu s’imaginer vieillir à Cardiff, éloignée de tous, ne voyant sa famille que rarement. Sa mère n’était plus là, après tout. Cardiff ne représentait plus que le lieu de leur enfance et Londres contenait tout ce qui pouvait la rendre heureuse. Du moins, si elle ne laissait ses mauvais souvenirs gâcher son retour.
Revenir en haut Aller en bas
Riley Graham
Riley Graham
Messages : 558
Date d'inscription : 29/03/2018

Scarlet E. Lancaster Empty
MessageSujet: Re: Scarlet E. Lancaster   Scarlet E. Lancaster EmptyDim 1 Avr - 16:19

Scarlet Eleanor
Lancaster
ft. phoebe tonkin
sang-mêlée
vingt-quatre ans
célibataire
homosexuelle
étudiante en quatrième année de médicomagie
& stagiaire en alternance à ste mangouste
n'a plus de patronus depuis le remède
suit le gouvernement pour protéger les siens
(c) moony. + skate vibe + dandelion
À propos
Nom: Sa mère s'appelle Laskaris (Λάσκαρις), nom d'une ancienne famille noble et sorcière de l'empire byzantin, avant que leur sang ne devienne impur et que leur renommée ne s'essouffle. Aujourd'hui, leur nom a été oublié, si bien que la mère de Scarlet a préféré faciliter la vie de ses filles au Royaume-Uni en choisissant un nom anglais relativement proche, Lancaster. Prénoms: Scarlet et Eleanor. Ses proches la surnomment Scar. Les mauvaises langues l'appellent Scary. Âge et Date de Naissance: Vingt-quatre ans, née le 17 octobre 1959, à Santorin en Grèce, peu avant sa sœur jumelle. Nature du sang: Sang-mêlée, née d'une mère sang-mêlée et d'un père inconnu. La nature de son sang ne lui a jamais importé. Situation familiale: Une mère, un beau-père, un frère aîné par alliance, une sœur cadette par alliance, un demi-frère cadet. Et surtout, une sœur jumelle. Une moitié. Une autre part d'elle-même. Miroir du Rised: Elle verrait sa jumelle, debout à ses côtés, toutes traces de leur accident envolées. Epouvantard: Eugenia lui disant qu'elle lui en veut et qu'elle ne veut plus l'avoir dans sa vie. Composition de la baguette magique: Elle est faite de bois de sapin et contient un cœur de crin de licorne. Elle est plutôt souple et mesure vingt-huit centimètres. Etudes Suivies: Après avoir arrêté brutalement ses études en cursus ordinaire en 1979, elle profite des réformes de la rentrée 1980 pour intégrer le cursus de médecine magique. Elle est à présent en quatrième année en spécialisation Médicomagie, options légilimencie, occlumencie et métamorphose. Dans le cadre de ses études, elle est en stage à Ste Mangouste en alternance avec ses cours.
Animal de compagnie: elle n'en a pas, se servant des hiboux du château.
Caractère
Fière - Elle gardera toujours la tête haute, quoiqu’il arrive, ne ravalant sa fierté que pour très peu de personnes. Têtue, elle reste campée sur ses positions et ne cède pas le terrain si elle le peut, préférant de loin gagner un débat même elle sait au fond avoir tort. Ce n’est également pas le genre de personne qui pleurera facilement devant les autres. Lorsqu’on l’insulte, elle préfère répondre plutôt que de s’écraser. Si elle prend la mauvaise décision et ne s’en rend compte que trop tard, elle se contentera d’hausser les épaules, prétendant ne pas s’en soucier plus que cela, du moins lorsque cela ne la concerne pas trop directement. Parce qu’elle ne veut pas paraître faible, tout simplement. Parce qu’on lui a appris la loi du plus fort et que si les autres pensent qu’on est puissant, cela veut dire qu’on l’est, quelque part. Et au fond, elle se dit que cela suffit si elle ne fait que paraître forte. Elle n’a pas besoin de réellement l’être. Arrogante - Quand bien même aurait-elle raison sur un débat, elle ne se retiendra jamais de s’en féliciter, savourant sa victoire sans considération pour la personne se trouvant en face d’elle. Ayant la répartie facile, elle a également tendance à parler trop vite et à se montrer insolente avec ceux envers qui elle doit plutôt montrer du respect. Indépendante - Ayant pris soin de sa sœur pendant plusieurs années, elle a l'habitude de materner plutôt que d'être maternée, même si sa manière de faire est plutôt brutale. Elle ne supporte pas qu'on lui dicte quoi faire et par esprit de contradiction, ira probablement faire le contraire de ce qu'on lui dira si ça venait à arriver. Elle accepte rarement l'aide qu'on lui propose, voulant croire qu'elle peut se débrouiller seule. Impulsive - Ses décisions sont souvent prises à chaud, sur coups de tête, et si elles ont des conséquences trop grave, ce n’est que plus tard qu’elle regrette et s’en mord les doigts. Dirigée par son cœur et sa fierté, elle n’écoute que trop rarement sa raison, se mettant un bon nombre de personnes à dos et commettant des erreurs trop importantes. C’est également par ce trait de caractère que se manifeste sa colère, trop explosive, trop soudaine dans la plupart des situations. Elle s’énerve vite et fort, les mots, gestes et décisions qui suivent étant généralement effectués sous un mauvais jugement. Impatiente, elle a également du mal à attendre après les autres, réagissant à chaud plutôt que de patienter. Ambitieuse - Si ça n’a pas toujours été le cas, c’est lors de sa réorientation en médecine magique que l’ambition de Scarlet s’est réellement réveillée. Poussée par le désir de trouver une solution à l’handicap de sa sœur mais également par l’envie de bien faire et d’aider ceux en ayant besoin, elle s’est plongée corps et âme dans ses études, visant un poste au prestigieux hôpital de Ste Mangouste. Elle parvient à avoir des résultats plus que corrects, malgré toutes les distractions qu’elle peut bien avoir dans son quotidien, faisant toujours passer ses études avant tout le reste. Sociable - Depuis son plus jeune âge, elle a toujours été habitée par le désir d’être appréciée, simplement pour combler la solitude qu’elle pouvait bien ressentir. C’est pendant son adolescence que cela a été le plus proéminent, puisqu’elle a tout fait pour gagner en popularité, rabaissant ceux qui se mettaient en travers de son chemin. En constante recherche d’attention, elle est aujourd’hui moins préoccupée que cela sur son taux de popularité. Mais elle n’en reste pas moins quelqu’un qui recherche le contact des autres, qui a besoin d’amis, même s’ils ne sont pas sincères. Cynique - Elle n’est cependant pas la personne la plus agréable à côtoyer, n’hésitant généralement pas à dire ce qu’elle pense et à exagérer lorsque la situation le permet. Ayant un humour très poussé vers le second degré, il peut lui arriver de se montrer injustement cruelle, simplement parce qu’elle est agacée. Loyale - Malgré son mauvais caractère, elle placera toujours ses proches avant tout le reste, préférant mentir pour les aider plutôt qu’il ne leur arrive quoique ce soit. C’est pour cela qu’elle a suivi les décrets et directives du gouvernement Rosier sans broncher, sachant pertinemment qu’elle ne pouvait ni se permettre de perdre de l’argent dû aux amendes, ni se permettre d’être emprisonnée, ni se permettre d’être fugitive. Elle travaille pour pouvoir subvenir aux besoins des siens et préférera toujours s’écraser face à un gouvernement oppressant que de sacrifier sa sécurité et sa vie. Secrète - Elle ne partage que peu de choses la concernant, n’appréciant que peu de s’ouvrir aux autres, par peur de leur regard et jugement. Elle garde toutes ses émotions pour elle, sa fierté prenant le dessus pour finalement lui faire garder des secret inutiles et elle ne cède que très rarement.
Patronus
Jusqu’à décembre 1983, Scarlet avait un patronus corporel du nom d’Alecto, qui prenait la forme d’un corbeau et d’un jaguar, suivant ses humeurs. Si leur relation a été tumultueuse au départ, la jeune femme a finit par rapidement adapter une autre attitude vis-à-vis de l’animal, se rendant compte qu’elle était d’avantage une amie qu’une ennemie. En quelques mois, elles sont devenues très proches, Scarlet se reposant toujours sur Alecto pour avoir des conseils et Alecto se souciant de sa sorcière.
Puis est venue la première vague de peste, dévastatrice. La disparition de son patronus au stade V a plongé Scarlet dans un état de détresse jusqu’à ce qu’il ne réapparaisse finalement. Elle était inchangée, la même en tout point, remplaçant la détresse de la brune par du soulagement.
Puis est venue la deuxième vague, pire que la précédente. Parce qu’elle savait ce qui l’attendait. Parce qu’elle était incapable d’imaginer vivre cela une deuxième fois. Parce que ce fut la vague du remède des Disciples. Remède qu’on lui donna à prendre sans se poser de question, avant même qu’il ne soit obligatoire, parce qu’elle était stagiaire à Ste Mangouste. Déchirée entre son amour pour son patronus et la peur de sortir des rangs, elle finit par le prendre, avant même de pouvoir se poser trop de questions. Elle s’est suffisamment occupé l’esprit depuis pour éviter de trop penser à sa décision, de trop être consumée par les regrets. Mais elle ne peut ignorer l’absence de son patronus, qui la dévore un peu plus chaque jour.
Pseudo et âge: cosmic dust (laura), 24 ans dans 3 jours :TT: Où as-tu trouvé le forum ? Rolling Eyes Personnage: inventé #laullie As-tu un autre compte sur BP ? :jared: Présence: :amagad: Une remarque ? Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil 
Revenir en haut Aller en bas
Riley Graham
Riley Graham
Messages : 558
Date d'inscription : 29/03/2018

Scarlet E. Lancaster Empty
MessageSujet: Re: Scarlet E. Lancaster   Scarlet E. Lancaster EmptyDim 1 Avr - 16:20

Histoire
Happiness can be found even in the darkest of times
7 décembre 1964 - « On va où ? » La voix fluette d’Eugenia avait résonné plus fort que d’habitude, entre les murs vides de la chambre, forçant Scarlet à tourner la tête vers elle. En quelques enjambées, elle fut aux côtés de sa jumelle et releva les yeux, elle aussi, vers leur mère occupée à fermer un des derniers cartons. Elle avait emballé toutes ses affaires d’adolescence, parce que c’était au fond tout ce qu’elle avait, n’ayant pas eu le temps de se consacrer à un emploi pendant les cinq premières années de la vie de ses filles. Veatriki posa un regard doux sur ses jumelles et leur adressa un sourire, attendrie par leur enthousiasme. Elle reposa sa baguette, qui avait fini de sceller le carton et pris une main à chaque fillette, qu’elle serra entre les siennes. « En Angleterre. C’est là- bas que j’ai grandi et je veux que vous ayez la même chance que moi. » Elle leur avait déjà dit tout cela mais le pays étranger était un concept abstrait pour les deux brunes. Il était difficile d’expliquer exactement à ses enfants sa situation si particulière. Difficile de leur expliquer qu’elle était trop jeune, bien trop jeune, à seulement vingt-et-un ans, pour déjà avoir des jumelles de cinq ans. Difficile de leur expliquer qu’elle avait dû rentrer chez elle, en Grèce, lorsqu’elle avait appris être enceinte, parce qu’elle ne pouvait pas continuer ses études si elle voulait les élever correctement. Difficile de leur expliquer que son cœur appartenait à l’Angleterre et à Poudlard et qu’elle avait eu l’envie d’y retourner depuis l’instant où elle avait reposé pied à Santorin. Elle savait pertinemment que reprendre ses études était impossible, que ses filles passaient avant tout et qu’elle ne pouvait juste pas les laisser à ses parents pendant qu’elle disparaissait pour toute l’année. Mais elle avait au moins souhaité s’installer à Londres, ville qu’elle avait pu visiter lors de toutes ses années au Royaume-Uni et dont elle était immédiatement tombée amoureuse. Elle passa une main sur la joue d’Eugenia, où plusieurs mèches rebelles s’étaient collées, tandis que Scarlet mettait à nouveau son pouce dans sa bouche. « C’est où ? » demanda-t-elle, peu gênée par son doigt. Veatriki - qui avait décidé d'angliciser son nom pour Beatrice une fois qu'elles auraien t emménagé - se redressa afin de prendre le carton entre ses mains pour l’emmener en bas, là où une partie de ses affaires l’attendait déjà. « Pas loin, promis. »

★ ★ ★

16 février 1967 - « Ça c’est ma mère, et ça c’est Ginny, » dit-elle d’un ton fière, en montrant son dessin à l’adolescent qui les gardait, elle et sa sœur. Sa jumelle était partie lire dans un coin, absorbée par le moindre livre depuis qu’elle avait appris à déchiffrer la langue anglaise. Scarlet, elle, préférait passer son temps à gribouiller des formes précipitées sur une feuille, fière du résultat peu importe ce qui en ressortait. Son babysitter sourit, s’asseyant à côté d’elle. « Il est où ton papa ? » La fillette fronça les sourcils, se retenant de soupirer. Elle détestait cette question, qu’elle avait entendu tout au long de sa vie.
Il est où ton papa ?
Nulle part.
Il n’avait jamais fait partie de leur vie, à elle et Eugenia. Il n’avait jamais été qu’une histoire, un amour de jeunesse leur répondait leur mère, lorsqu’elles posaient la question. Elle n’avait jamais vu son visage, n’avait jamais appris son nom.
Il est où ton papa ?
Partout.
Dans chaque visage qu’elle croisait, dans chaque photo trouvée dans un album, dans chaque lettre gardée par sa mère. Scarlet le cherchait, malgré elle, parce qu’elle avait fini par comprendre que ce n’était pas normal, de ne pas avoir de père. Du moins aux yeux des autres.
Il n'y avait aucun problème à ses yeux, parce que c’était tout ce qu’elle avait jamais connu. Elle, sa mère, sa sœur. Leurs grand-parents lorsqu’elles vivaient encore en Grèce. Mais cela s’arrêtait là. « J’en ai pas, » répondit-elle sèchement en reprenant son dessin pour ajouter du vert sous les pieds des silhouettes. Elle ne regarda pas Charles, qui pourtant n’avait pas bougé, toujours installé à côté d’elle. « Mais monsieur Marshall est souvent là, non ? Il a l’air de bien s’entendre avec votre mère. » Scarlet poussa un soupir cette fois-ci, audible mais elle ne releva pas les yeux pour autant, continuant de gribouiller furieusement sur sa feuille. Elle n’avait pas envie de parler de celui qui partageait la vie de sa mère, parce qu’elle ne l’avait pas réellement accepté dans leur quotidien. Elle n’acceptait pas ses deux enfants à lui aussi, elle n’acceptait pas qu’ils puissent ne former qu’une seule famille, elle n’acceptait qu’il y ait quelqu’un d’autre qu’elles trois. Cela lui prendrait plusieurs années, avant de finalement relâcher la pression et arrêter d’être colère, après le mariage de sa mère puis après la naissance de son petit-frère. Mais elle était incapable, à huit ans, de raisonner de manière mature, se contentant de dire non et de taper du pied. « Oui, ils s'entendent bien. Mais c’est pas mon père. » Et la discussion fut close.

★ ★ ★

3 mai 1975- « Franchement Scar, j'aurais jamais cru qu'elle puisse être ta jumelle si vous aviez pas eu le même visage. Elle me fait tellement pitié. » La brune laissa un sourire naître sur ses lèvres, hochant vaguement la tête en direction de son amie. Enfin, amie. La blonde qu’elle avait à ses côtés n’avait absolument rien en commun avec elle. Si ce n’était son degré de popularité. Mais pas trop, parce qu’elle n’avait pas envie de s’entourer de quelqu’un qui pourrait lui faire de l’ombre. Tout était une question de stratégie. Ses amies devaient être jolies mais pas autant qu’elle, intéressantes mais ne pas détourner l’attention, populaires mais pas au point d’être des rivales. Car au fond, c’était elle le centre, elle la reine. C’était la loi du plus fort. Elle avait su se doter d’une personnalité suffisamment insupportable pour être remarquée et s’approprier la couronne, sans rien demander à personne. C’était ce à quoi tout le monde aspirait et cela, elle l’avait compris assez tôt pour agir et faire en sorte d’avoir toutes les cartes entre ses mains. Tout le monde rêvait d’être à sa place, elle le savait. Elle le voyait dans le regard blasé que cette élève de deuxième année lui lançait, dans ces œillades furtives qu’elle parvenait à capter de toutes parts, dans les gestes violents que certains pouvaient bien avoir à son égard. « Sérieusement, il n’y a pas eu une erreur quand vous être nées ? Comme si t’avais eu tous les neurones et pas elle ? » Scarlet reporta son attention sur la blonde à ses côtés, qui pouffait à sa propre remarque. Elle força de nouveau un sourire sur ses lèvres, posant une main sur l’épaule de celle qu'elle appelait amie. « C’est ça, Beverly. J’ai eu tous les neurones et pas elle. » Elle laissa retomber sa main, espérant que le sarcasme n’avait pas trop transparu dans sa voix, ne voulant pas donner l’impression à cette pauvre Bev qu’elle se fichait de sa tête. Même si c’était le cas. Ennuyée, la jeune fille se décolla du mur sur lequel elle était appuyée et se mit en route vers leur prochain cours, persuadée que son amie la suivrait. Elle eut raison, puisque sa voix nasillarde retentit une énième fois, alors qu’elles passaient devant sa jumelle. « Alors Eugène, on s’est habillé dans le noir ce matin ? » Scarlet se contenta de sourire, voyant que Beverly attendait visiblement une réaction de sa part mais elle parvint tout de même à capter le regard de sa sœur. Ses lèvres souriaient toujours mais elle espérait que ses yeux fassent passer le message. Ce ne sont que des mots, Ginny. Les mots ne peuvent pas blesser. C’était comme cela qu’elle tentait de se justifiait, qu’elle ressentait le besoin de se justifier, une fois qu’elles étaient seules toutes les deux. Sauf qu’elle savait qu’elle avait tort. Que les mots étaient pires que tout. Et elle espérait qu’Eugenia sache qu’elle ne pensait pas une seule seconde ce qu’elle laissait les autres lui dire, même si elle ne l’avait jamais rassuré de la sorte. Cela n’avait pas toujours été comme ça, autrefois. Pourtant Scarlet ne se souvenait pas de la dernière fois où elle avait été certaine que sa jumelle soit sa meilleure amie. Un monde avait fini par les séparer et elles n’avaient bientôt plus rien trouvé à se dire, n’appréciant plus autant la compagnie de l’autre, Eugenia trop calme pour Scarlet, Scarlet trop agitée pour Eugenia. Pourtant elle était sa sœur et la brune savait que son amour pour elle ne disparaitrait jamais vraiment. Elle espérait que Ginny le sache, même si elle ne disait rien, même si elle laissait faire les autres, même si elle ne venait pas lui tendre la main dans les couloirs de Poudlard.

★ ★ ★

27 novembre 1976 - « T’y es pas allée un peu fort ? Elle a l’air mal, la pauvre. » Les paroles fausses de Beverly étaient empreintes d’un ton mièvre qu’elle ne pouvait ignorer. Elle força un sourire sur ses lèvres, ses yeux fixés sur le bout de la table de l’autre côté de la Grande Salle. C’était devenu une habitude, de se venger de ceux qui se mettaient en travers de son chemin, simplement pour s’amuser mais surtout pour les intimider. Après tout, elle n’avait pas l’habitude qu’on lui tienne tête, les amis desquels elle s’était entourée étant pour la plupart pendus à ses lèvres la majorité du temps. Elle était habituée à ce que les choses aillent en son sens, à ce que ceux qu’elle ne considérait pas comme étant à sa hauteur s’écrasent devant elle. Mais parfois, elle n’avait pas de raison particulière d’embêter un autre élève. Parfois, elle avait juste besoin d’une distraction, juste besoin de sentir que l’on avait peur d’elle. Elle n’accordait que peu d’importance au fait d’être appréciée, se doutant que ses amis restaient à ses côtés par pur intérêt plutôt que par affection. Elle préférait savoir qu’elle avait le dessus et une certaine emprise sur les autres, et si elle avait besoin de tourmenter un élève sans importance pour se le rappeler, c’était ce qu’elle faisait. Azalea n’y avait pas fait exception, bien qu’elle ne lui ai rien fait de particulier et elle s’était longtemps amusée à critiquer son apparence avant de passer aux choses plus sérieuses.
Une main sur sa cuisse, trop haut, détourna son attention et elle posa son regard sur Wesley, assis à ses côtés. Elle lui adressa un sourire, passant ses doigts sur la nuque de son petit-ami. Pourtant, son sourire était faux, tout comme ses sentiments. A vrai dire, elle ne ressentait rien. Rien pour lui, rien pour les deux garçons avec lesquels elle était sortie avant lui. Rien, parce qu’elle n’était tout simplement pas amoureuse, parce qu’elle était trop jeune pour connaître cela, parce que ce n’était pas le bon. Toutes les explications qu’elle trouvait lui semblaient justes, lui semblaient avoir du sens. Rien, elle ne ressentait rien. Elle savait tout comme lui qu’ils ne finiraient pas leurs jours ensemble, qu’ils ne finiraient peut-être même pas l’année ensemble. Rompre ne leur semblait pourtant pas utile cependant, puisqu’ils étaient enviés de beaucoup, alors ils continuaient de s’embrasser dans les couloirs du château, ils continuaient de se tenir la main à chaque seconde passé ensemble, ils continuaient de se voir tard le soir, alors que l’heure de leur couvre feu était bien dépassée.
Son regard se posa à nouveau sur Azalea, toujours assise seule plus loin. Le bonnet qu’elle avait enfoncé jusqu’à ses oreilles masquait avec peine la coupe que lui avait donné Scarlet la semaine passée, en métamorphose. Une mèche par-ci, une mèche par-là, elle avait jeté des sorts pour couper ses cheveux jusqu’à ce qu’Azalea s’en rende compte. Mais les dégâts étaient déjà faits, le sort de Scarlet empêchant une repousse magique et si elle avait essayé de rattraper les choses en les recoupant elle-même, il ne restait rien de ses longs cheveux. Scarlet aurait voulu se réjouir du fait qu’elle ait réussi son coup, du fait qu'Azalea allait s'en mordre les doigts encore longtemps. Mais elle ne ressentait rien en regardant son visage baissé, ses yeux évitant les siens. Pas de satisfaction, pas de compassion, pas de culpabilité. Rien. Elle s’en persuadait. Elle ne ressentait absolument rien.

★ ★ ★

13 avril 1979 - Elle vida son verre d'une traite, rejetant la tête en arrière, avant de le poser sur la première table à portée. Autour d’elle, la pièce, remplie d'étudiants en cycle secondaire, avait commencée à tanguer et ses rires s’échappaient de sa gorge sans qu’elle ne les contrôle vraiment. Ils fêtaient ensemble le début des vacances, loin de Poudlard mais pas si loin de Londres, avant qu’ils ne doivent rentrer au château pour entamer la dernière ligne droite de la fin de l’année. Elle se laissa porter au rythme de la musique, bousculée par les corps autour d’elle, un sourire sur ses lèvres. Avec plus d’entrain que ce qu’elle ressentait vraiment, elle repassa les bras autour du cou de l’étudiant avec lequel elle avait passé la soirée. Son haleine était également chargée d’alcool mais elle ne s’en formalisa pas, lui volant un nouveau baiser. « Prenez une chambre, » lui cria Rachel dans l’oreille en gloussant. Elle repoussa doucement son amie et se détacha en même temps du jeune homme. Elle fit mine de vouloir continuer à danser, de vouloir continuer à se déchaîner. Elle ignora son cœur qui battait un peu trop vite, pour les mauvaises raisons, pour la mauvaise personne, gardant ses yeux loin de l’autre côté de la pièce où dansait une silhouette familière. Elle ferma les yeux, pour ne pas voir ceux qui l’entouraient, pour ne pas laisser l’alcool l’embarrasser. Une main tapota son épaule et elle se retourna, son visage s’illuminant. « Ginny, » cria-t-elle avec joie, serrant sa sœur contre elle. Elles n’étaient pas proches, pourtant. Elle n’avait pas l’habitude de s’enlacer et sa jumelle le lui rappela en se détachant d’elle. « Tu veux pas rester un peu ? » hurla-t-elle par-dessus la musique, un sourire aux lèvres. Sa sœur, elle, ne souriait pas. « On rentre, on a des examens à réviser demain. » Scarlet s’apprêta à répliquer mais Eugenia avait déjà attrapé sa main pour la traîner dehors, là où elles pouvaient transplaner sans être déconcentrées. La brune fit un signe à ses amis pour leur dire au revoir et se laissa traîner, sachant déjà pertinemment qu’elle abusait déjà d’avoir envoyé un hibou express à sa sœur pour lui demander de la ramener, puisqu’elle était incapable de transplaner par elle-même. « Tu devrais venir avec moi la prochaine fois, » dit Scarlet, un peu trop fort, alors qu’elles rejoignaient la rue, la musique désormais lointaine et son patronus sous sa forme de jaguar peinant à suivre elle aussi. Eugenia ne répondit pas, attrapant son bras et en une poignée de secondes, elles furent de retour devant la maison de leur mère et beau-père, à Londres. « Ginny, » geignit-elle pour attirer son attention. « Shhh, on est pas censées être debout si tard. » Scarlet pinça les lèvres, qu’elle n’ouvrit plus avant qu’elles ne soient dans le couloir menant à leurs chambres respectives. « Je peux dormir avec toi ? » Son murmure avait été légèrement trop fort et elle entendit Eugenia soupirer, alors qu’elle lui tirait la main pour l’emmener dans sa chambre. « Ok, mais tu dors vite, d’accord ? Je me lève tôt, » lui dit-elle une fois à l’intérieur et la porte refermée. Scarlet regarda sa sœur débarrasser son lit double, où elles pouvaient aisément dormir toutes les deux, comme elles le faisaient lorsqu’elles étaient enfants. Et l’attitude détachée et froide de sa jumelle la frappa de plein fouet, lui rappelant que trop bien l’existence du gouffre qui s’était formé entre elles au fil des années. Elle savait parfaitement que tout était de sa faute, que si elle n’avait pas été aussi fière et avide d’être appréciée, elle aurait pu la défendre et il n’y aurait pas eu cette gêne entre elle. Le simple fait d’être dans deux maisons différentes avait déjà commencé à créer une division mais ce n’était que lorsque Scarlet avait mis sa popularité avant sa sœur que quelque chose s’était définitivement brisé. A présent, elle ne savait presque rien de sa propre jumelle. Elles vivaient dans deux mondes à part, ne se croisant que lorsqu’elles y étaient obligées. Et cette simple réalisation pris Scarlet à la gorge, qui ravala difficilement ses larmes, son état d’ébriété y étant pour beaucoup. Elle n’avait fait aucun effort pour en apprendre plus sur les études de sa sœur, si bien qu’elle se dirigea vers son bureau, observant les livres et objets qui s’y trouvaient. Peut être n’était-il pas trop tard pour réparer les choses entre elles. Elle ramassa le premier objet qui attira son œil, le retournant entre ses doigts. « C’est pour les cours ? » demanda-t-elle sans relever le visage, ne pouvant pas voir le regard horrifié que lui lançait à présent Eugenia. « C’est un artefact très ancien, repose ça. C’est dangereux. » Scarlet releva finalement la tête et gloussa en voyant l’expression de sa sœur. « Dangereux ? C’est une pipe, » fit-elle remarquer, en la secouant légèrement. En l’espace de quelques secondes, Eugenia fut à ses côtés, une main sur la sienne pour lui faire lâcher l’objet. « Scar, je suis sérieuse. Rends-le moi. » La jeune femme continuait de rire, éloignant sa main pour empêcher sa jumelle de lui reprendre l’objet. « Pourquoi ? Ça m’intéresse moi aussi. Tu me le prêtes ? » Son esprit était encore trop léger, trop embrumé par l’alcool pour réaliser pleinement que sa sœur ne plaisantait pas. « Non. Scar. Scarlet, » s’énerva-t-elle, essayant encore et encore de lui arracher la pipe des mains, en vain, tandis que sa sœur l’ignorait, lui tournant à présent le dos. « Scarlet arrête. SCARLET. » Elle était parvenue à lui faire de nouveau face et, lui griffant la peau des mains au passage, Eugenia parvint à avoir une prise sur l’objet. Elles tirèrent toutes les deux pendant quelques secondes pour faire céder l’autre, avant que l’artefact n’échappe finalement des mains de Scarlet pour aller voler vers le mur en face d'elle. Elle n’eut le temps de rien faire, Eugenia la poussant de toute ses forces loin d’elle. Elle rencontra le mur opposé avec fracas à l’instant où une explosion de lumière remplie la pièce et lorsque sa tête heurta la brique, elle perdit connaissance.

★ ★ ★

23 septembre 1979 - Elle n’y était pas retournée. Elle n’avait eu aucune raison de le faire, aucune raison de reprendre le train et de s’asseoir pour écouter un énième cours, aucune raison de faire comme s’il ne s’était rien passé. Elle n’y était pas retournée, parce qu’elle n’en avait eu aucune envie, son goût des études envolé depuis des mois. Elle n’y était pas retournée, parce qu’Eugenia n’y aurait pas été. Et elle n’avait aucun intérêt à être loin de sa sœur. Pourtant, sa jumelle avait du soutient, de sa mère, de son beau-père, des enfants de celui-ci, Bartholomew et Cecelia. Même de Noah, qui n’avait que sept ans. Mais elle n’avait pas pu se résoudre à retourner à Poudlard. Après tout, c’était de sa faute.
Sa faute si Eugenia ne pouvait pas reprendre les cours.
Sa faute si sa famille entière était mobilisée.
Sa faute si sa jumelle ne pouvait plus marcher.
La culpabilité la tenait éveillée la nuit, rongeant ses os jusqu’à la moelle, s’installant dans chaque recoin de son esprit fatigué. Elle était incapable de s’en débarrasser, malgré le fait qu’Eugenia ne lui en veuille pas d’avoir touché à ses affaires et déclenché le maléfice que renfermait son artefact. Parce qu’elle n’avait rien eu, si ce n’était des blessures bégnines dues aux débris. Rien, alors que sa sœur était en fauteuil roulant. Rien, alors qu’elle avait été celle à faire une erreur. Rien. Et cela la rendait malade, tandis que sa sœur peinait avec sa rééducation et le fait de devoir accepter de finir ses jours en fauteuil.
Elle n’était pas retournée Poudlard. Et pourtant elle avait l’impression de ne servir à rien, d’être de trop alors que tout le monde s’affairait autour de sa sœur. Elle était celle qui essayait d’en faire le plus et pourtant elle était inutile, dépassée par tout ce dont Eugenia avait besoin à présent. Potions, médicomages, séances de rééducation. Et elle ne pouvait rien apporter, si ce n’était sa culpabilité, si ce n’était son alcoolisme croissant, si ce n’était son incompétence.
Elle se sentait inutile, son café en main, un sourire enjoué sur les lèvres. Eugenia était installée sur le canapé du salon, un plaid épais sur les genoux, son fauteuil plié à ses côtés. Scarlet s’installa à côté d’elle, lui donnant la tasse qu’elle tenait entre les mains. « Merci, » souffla sa jumelle, avant de tremper ses lèvres dans le liquide chaud. Un silence s’installa, Scarlet ne sachant pas réellement si elle avait envie de parler mais ne voulant pas quitter la pièce au cas où sa jumelle aurait besoin de quelque chose. Au bout de quelques minutes, celle-ci poussa un soupir. « Scar. » « Quoi ? C’est trop chaud ? » Eugenia leva les yeux au ciel, rejetant la tête en arrière pour accentuer son geste. « Il faut que t’arrête ça, » ajouta-t-elle finalement, fixant son regard brun dans celui de Scarlet. « D’être gênée comme ça, à chaque fois qu’on est ensemble. Je te l’ai déjà dit. Je vais… bien. » Elle nota sans mal l’hésitation de sa sœur mais ne releva pas, ne pouvant pas la blâmer. Aller bien était une exagération, bien qu’elle comprenne ce qu’elle voulait dire. Les mois avaient passé et Eugenia semblait se remettre un peu plus chaque jour de leur accident. « Et je t’ai aussi déjà dit que je t’en voulais pas. Tu ne pouvais pas savoir. » Scarlet baissa les yeux, ses sourcils froncés. Sa sœur avait tort. Même si elle n’avait eu aucun moyen de savoir que l’objet était enchanté, elle aurait dû l’écouter. Elle aurait dû le reposer la première fois qu’elle le lui avait demandé. Elle aurait dû lâcher prise lorsqu’Eugenia avait essayé de lui reprendre des mains. Elle aurait dû, elle aurait dû, elle aurait dû. Mais elle ne l’avait pas fait. Et toutes ses bonnes intentions ne suffisaient pas. Alors elle pris une inspiration et posa la seule question qui avait eu de l’importance à son esprit au cours des derniers mois. « Et si tu ne t’en étais pas sortie ? » Elle garda ses yeux fixés sur ses mains, sur la peau arrachée autour de ses ongles. Elle aurait dû. « Et si tu ne t’en étais pas sortie, alors que j’ai été horrible avec toi pendant toutes nos années à Poudlard ? » Elle releva la tête, pour voir sa sœur qui fixait le feu de cheminée, devant elles. Un silence suivit ses mots, pesant, chaque seconde pire que la précédente. Il n’y avait pas de réponse qui pouvait atténuer sa question. Il n’y avait rien qui pouvait réparer le comportement qu’elle avait eu. « Ça n’aurait pas été grave, » répondit finalement Eugenia. « J’ai toujours su que tu ne me détestais pas, au fond. Que tu étais perdue dans tes jeux de pouvoir. » Scarlet secoua la tête, peu convaincue. « Ça n’excuse rien. » Eugenia n’avait pas à la pardonner aussi facilement. Mais Eugenia avait toujours été meilleure qu’elle. Eugenia n’avait pas été celle à mériter d’être blessée ainsi. « J’ai été stupide. Et j’en suis désolée. » Sa sœur pris sa main dans sienne mais ne répondit pas, laissant ses excuses flotter dans l’air. Alors elle serra ses doigts entre les siens, sans doute trop fort.

★ ★ ★

17 mars 1983 - « Je suis quoi, pour toi ? » La question, murmurée, à peine audible, lui avait parut assourdissante. Elle avait fermé les yeux, comme si le fait de ne pas voir le visage en face du sien pouvait faire en sorte qu’elle soit seule. Cette simple idée lui avait permis de ne pas paniquer, de ne pas sentir son cœur s’emballer dans sa poitrine, de garder son calme. Mais lorsque Scarlet rouvrit les yeux, Azalea était toujours là. Elles s’étaient couchées sur le côté de manière à se faire face, les rideaux du lit de la blonde fermés pour les masquer à tout regard intrusif, un sort lancé autour d’elles pour étouffer le son. Personne ne pouvait les voir, ni les entendre, pourtant Scarlet avait l’impression d’être exposée, même si elles étaient seules dans l’appartement de la blonde. Elle avait constamment l’impression qu’il n’y avait pas assez de sorts, pas assez de tissus, pas assez de murs pour les protéger du regard des autres.
Je suis quoi pour toi ?
Rien, avait-elle envie de répondre mais elle n’était plus assez cruelle pour cela. « Une distraction, » répondit-elle plutôt. Elle s’ennuyait. C’était son excuse. Elle avait passé deux ans le nez dans les bouquins, la tête dans les examens. Elle s’ennuyait. C’était inévitable. Elle était revenue à Poudlard deux ans plus tôt et avait dit au revoir à sa couronne, n’adressant plus la paroles aux Beverly et Wesley de sa maison, ne se consacrant qu’à ses études. Il n’y avait rien qui aurait pu la détourner de son objectif, si ce n’était le soucis qu’elle se faisait pour Eugenia, restée à Londres, si ce n’était les bouteilles d’alcool pur qui se trouvaient toujours à son chevet. Elle s’ennuyait. Et même si Azalea avait fait partie des visages qu’elle avait recroisé à Londres, elle n’avait pas pensé qu’elle serait la solution à son problème. Une soirée trop alcoolisée, de celles qui étaient devenues trop nombreuses dans le quotidien de Scarlet, trop routinière pour qu’elle ne s’y amuse, avait suffit. Une soirée trop alcoolisée, des regards trop appuyés, un baiser trop précipité. Et elle se retrouvait dans son lit, plusieurs mois plus tard, son regard fixé dans ses yeux bleus. Rien, elle n’était rien. Cela devait lui suffire, comme réponse. Une distraction. Quelque chose de nouveau. Quelque chose d’interdit. Cela devait lui suffire. Mais ce n'était pas le cas.
Je suis quoi pour toi ?
Tout. Le doute, mêlé à la peur, mêlée au désir. Tout et rien. Rien parce qu’elle était terrifiée. Tout parce qu’elle ne pouvait pas totalement se mentir. Elle ne savait pas d’où il venait, ce sentiment, qu’elle avait si vainement cherché dans ses relations avec ex petits-amis. Elle savait qu’il avait été toujours tapi dans un coin de son esprit, depuis l’âge où elle avait eu un béguin pour sa voisine de classe en maternelle, avant qu’elle ne comprenne que ce n’était pas normal aux yeux de tous. Avant qu’elle ne comprenne que ce n’était pas attendu d’elle. Avant qu’on ne commence à lui demander si elle avait un amoureux et non une amoureuse. Elle avait toujours été là, cette certitude, jusqu’à ce qu’elle puisse lui donner un nom, jusqu’à ce qu’elle l’associe à la peur et à la honte. Elle n'avait pas su comment elle devait se qualifier, alors qu’elle l’avait enterré, prétendant que ça ne lui correspondait pas. Elle était sortie avec des garçons, parce que c’était ce que les autres faisaient, parce que c’était ce qui était normal. Elle était sortie avec des garçons, pas par envie mais par contrainte. Cette contrainte n’avait pas tardé à se transformer en moyen de se convaincre que c’était ce qu’elle voulait, en moyen de se convaincre qu’elle était comme le reste des personnes qui l’entouraient. Parce qu’il y avait eu Azalea. Azalea avait été celle à lui faire comprendre. Azalea avait été celle à planter le doute dans son esprit. Azalea avait été celle à mettre feu à son cœur et son esprit. Azalea avait celle à la terrifier. Scarlet n'avait rien dit. Elle n'y avait même pas pensé. Elle n'avait pas tenté d'interpréter ce qu'elle ressentait. Elle avait déversé son poison, parce que c'était tout ce qu'elle savait faire, parce que c'était devenu un mécanisme de défense. Elle avait attendu que les insultes fassent effet sur ses propres pensées. Elle avait attendu que celles-ci correspondent à ce qui sortait de sa bouche. Ce n'était jamais arrivé. Azalea était restée sa victime. Jusqu’à ce que ses yeux se reposent de nouveau sur elle, des années plus tard.
Tout avait changé. Et rien n’avait changé.
Elle n’était rien. Une distraction.
« Scar… » commença la blonde mais Scarlet l’interrompit. Tais-toi, aurait-elle voulu lui dire. A la place, elle avait refermé ses doigts sur son poignet et avait posé ses lèvres sur les siennes. Elle avait ignoré le feu ravageant sa peau. Elle avait ignoré les battements de son cœur. Elle avait ignoré ses doutes.

★ ★ ★

26 décembre 1983 - Je suis désolée. Elle avait écrit ces mots, encore et encore, sur des bouts de parchemins froissés, qui ne cessaient de lui revenir. Le premier, lui, lui avait été renvoyé avec une réponse. Parce que le premier contenait plus. Je suis désolée, avait-elle écrit. Je suis désolée. J’ai couché avec quelqu’un d’autre. J’étais ivre, j’ai pas réfléchi et les rumeurs me sont montées à la tête. Je suis désolée. Tu mérites mieux. Elle s’était retenue d’écrire avec un garçon au lieu de quelqu’un d’autre, parce que cela n’avait aucune importance, dans les faits. Même si ça en avait eu pour elle, sur le moment, alors que son geste ne lui avait apporté aucun soulagement. Cela avait simplement continué de creuser, encore et encore, le mal-être qui l’habitait, renforcé par les insultes qu’elle recevait à longueur de journée depuis que les premières rumeurs avaient commencé à circuler. Quelqu’un avait dû la voir avec la blonde, à Londres. C’était la seule explication.
T’as raison, avait répondu Azalea. Je mérite mieux.
Elle avait l’habitude, au fond. D’agir sur des coups de tête, de se laisser consumer par sa fierté, de faire passer ce qu’on pouvait bien penser d’elle avant tout le reste. C’était ce qui s’était passé lorsqu’elle avait laissé ses amis insulter sa sœur. C’était ce qui s’était passé lorsqu’elle s’était attaquée à Azalea au lieu de lui avouer ses sentiments, tant d’années auparavant. C’était ce qui se passait à présent, alors qu’elle avait l’impression de retomber à l’adolescence, de retomber dans les pièges qu’elle s’était elle-même tendue. Elle savait, à présent, qu’elle avait eu tort. Ce qu’on pouvait bien penser d’elle n’avait aucune importance.
Aucune importance en comparaison à la douleur de son cœur brisé, aucune importance en comparaison aux regards froids d’Azalea, aucune importance en comparaison aux débris de leur relation.
Tout cela n’avait aucune importance mais elle s’en rendait compte trop tard, bien trop tard, et encore une fois, elle se retrouvait seule, avec pour seuls alliés sa sœur jumelle, trop aimante pour lui tourner le dos, et leur petit-frère, trop jeune pour accorder de l’intérêt à leurs histoires. Il n’y avait plus que ses études, qui aurait toujours dû avoir la priorité, et son stage, qui s’était transformé en cauchemar.
Tiens, c’est ta dose.
C’était tout ce qu’on lui avait dit lorsqu’elle était venue travailler, le matin du premier décret sur le remède des Disciples. Tout le service savait qu’elle était malade à nouveau, frappée par la nouvelle vague de peste comme tant d’autres. Cependant, le remède n’avait pas encore été obligatoire, à ce moment-là. Et pourtant, on le lui avait présenté sans autre explication, sans qu’il ne soit attendu d’elle qu’elle le refuse. Après tout, comment pouvait-elle aider à soigner ceux étant malades si elle l’était elle-même. Elle avait ravalé ses doutes et l’avait pris sans prononcer un mot, détournant le regard d’Alecto, ignorant ses protestations dans son esprit. Elle avait serré les dents et s’était occupée l’esprit pendant toute la matinée, alors que son patronus mourrait. Elle avait attendu, toute la journée, qu’elle meurt. Et lorsqu’elle avait posé sa tête sur l’oreiller le soir venu, elle avait laissé ses larmes couler.
Puis elle avait recommencé. Administrant remède après remède à ceux qui étaient volontaires. Puis à ceux qui ne l’était pas, après que le deuxième décret soit tombé. Elle avait recommencé. Encore et encore, parce qu'elle avait peur. Peur des répercutions, peur de ce qui pouvait lui arriver si elle n'obéissait pas, peur de ce qui pouvait arriver à Eugenia, à Noah, à toute sa famille. Elle recommença, encore et encore, une bouteille d’alcool l’attendant le soir venu, lorsque la culpabilité se réveillait.
Revenir en haut Aller en bas
Riley Graham
Riley Graham
Messages : 558
Date d'inscription : 29/03/2018

Scarlet E. Lancaster Empty
MessageSujet: Re: Scarlet E. Lancaster   Scarlet E. Lancaster EmptyMer 30 Oct - 17:41

Scarlet Eleanor Lancaster
i think my body is afraid of being a body again. it was nothing for the longest time.
#aboutme
âge vingt-six ansanniversaire dix-sept octobrené(e) à cardiff, pays de gallesorigines galloises et grecquesrelation célibatairemétier journaliste, sans emploi actuellementrichesse $$
#photos
#myreallife
petite précision sur toi, histoire qu'on sache qui tu es + Je m'appelle Laura mais j'utilise le pseudo badlands sur bazzart, j'ai 25 ans, je suis UX/UI Designer et j'habite en région parisienne. Je fais du rpg depuis presque sept ans (damn ça passe vite) mais j'ai fait une pause récemment, donc je me remets doucement dans le bain. Je me suis laissée traînée ici par Eugenia mais j'avoue j'ai pas trop résisté :oso:
#imtaken

check
Confidentialité · Conditions générales
Codage fait pour Nyac. Merci de ne pas utiliser ailleurs.
SCARLANCASTER ● 1 mn

Comment ça je suis râleur ? #williamsburg


Souriant
souriant
Bruyant
Bruyant
Serviable
Serviable
Impliqué
Impliqué
poli
Poli
râleur
râleur
SCARLANCASTER ● 1 mn

A la glamour, mais en moins glamour #resultatsdemerde

On a tous une chose qui nous effraie dans la vie, quelque chose qu’on fuit à tout prix… vous ce serait quoi ?
{ } L’échec, il n’y a rien de pire que de ne pas parvenir à atteindre ses objectifs ou ne pas être reconnu.
{ } L’immobilisme, bouger c’est la vie, ne rien faire c’est la mort.
{x} La solitude, mourir seul(e) ou passer ses journées sans compagnie c’est bien triste.
{ } Le conflit, ça prend la tête pour rien et ça donne des migraines pas possible.
{ } La naïveté, ou du moins se laisser trop influencer, mieux vaut être banal mais tranquille.

Ça y est, les premiers flocons de neige tombent sur New York, que c’est beau…
{ } Enfin pour vous, un flocon c’est avant tout de l’eau sous son état solide… et comment ça on s’en fout ?
{ } Et alors ? C’est la même chose tous les ans, on va pas passer notre vie à s’extasier… en plus il fait froid !
{x} Un bonnet, une écharpe… peut-être même des gants et on file travailler, pas le temps pour observer les flocons tomber.
{ } De la neige ? BATAAAAAILLE ! Ouais, même si vous voulez pas, la boule de neige va rencontrer sa cible malgré tout.
{ } C’est beau, mais c’est tout de même mieux de l’observer bien au chaud auprès d’un petit feu et avec un plaid sur les jambes… peut-être même avec une tasse de chocolat chaud plein de guimauves.

Si tu devais emmener un seul objet pour un séjour à durée indéterminée sur une île déserte, ça serait...
{ } Un couteau suisse, pour être prêt à affronter n'importe quel danger et pouvoir te fabriquer n'importe quoi.
{ } Un chapeau, pour éviter l'insolation tout en étant au soleil pour parfaire ton bronzage.
{ } La saga complète d'Harry Potter, le temps risque d'être long, autant avoir de quoi t'occuper.
{ } Une moustiquaire, s'il y a bien quelque chose que tu détestes, c'est les piqûres d'insecte alors ils n'auront aucune chance d'arriver jusqu'à toi.
{x} Un téléphone portable avec chargeur solaire, même s'il n'y a pas de réseau, ça peut toujours servir à faire des photos et mettre de la musique. Il paraît que la vie est plus belle en musique.

Ce week-end, c'est les fiançailles de tes meilleurs potes. Hélas, ton boulot t'appelle en urgence. Que fais-tu ?
{ } Tu déclines, il est hors de question que tu bosses ce jour-là. En plus, ton discours est prêt et il est hilarant.
{ } T'acceptes, presque hésitant, en leur disant bien que tu devras bien partir à une heure précise.
{ } Des excuses t'en a des tas, tellement que ton boss finit par se rétracter.
{x} Bosser ce jour, c'est regrettable hélas, t'as déjà trop donner dans ce boulot pour te faire mal voir.
{ } Tu joues tellement sur les sentiments de ton patron qu'il finit par accepter, car tu lui promets de travailler les deux prochains weekends.

Tu viens d'apprendre que la voisine du 5ème s'est fait cambrioler. Comment réagis-tu ?
{ } Tu l'épaules et organises une cagnotte pour qu'elle puisse se racheter ce qu'elle a perdu.
{x} Tu es désolé pour elle, peut-être assez pour participer à la cagnotte, et tu espères surtout que tu ne seras pas le prochain.
{ } Tu te dis que le quartier est plus dangereux que ce que tu pensais et envisages de déménager.
{ } Tu lui proposes ton aide pour ce dont elle pourrait avoir besoin et rajoutes un verrou à ta porte, au cas où.
{ } T'es mort de rire, t'attends juste quelques heures de plus pour voir la réaction de tous les voisins quand tu révéleras que c'est ta dernière blague.

Si tu devais vivre dans l'univers d'une série télé, laquelle ça serait ?
{ } Grey's Anatomy
{ } How I met your mother
{ } Game of thrones
{ } Desperate Housewives
{ } Mad Men
{ } Gossip Girl
{x} Shameless
{ } The Walking Dead
{ } Dexter
{ } Breaking Bad

Si tu devais te réincarner en animal dans une autre vie, ça serait...
{ } Chimpanzé
{ } Lama
{x} Loup
{ } Baleine bleue
{ } Chien
{ } Dauphin
{ } Aigle
{ } Perroquet
{ } Crabe
{ } Caméléon

Dans tes rêves les plus fous, tu t'imagines vivre à...
{ } Toronto
{ } Los Angeles
{ } Tokyo
{ } Bombay
{x} Paris
{ } Ibiza
{ } Le Caire
{ } Sydney
{ } Londres
{ } Moscou

Revenir en haut Aller en bas
Riley Graham
Riley Graham
Messages : 558
Date d'inscription : 29/03/2018

Scarlet E. Lancaster Empty
MessageSujet: Re: Scarlet E. Lancaster   Scarlet E. Lancaster EmptyMer 30 Oct - 17:43

may 3rd, 2008 - loneliness makes me somewhat of a monster, but not the kind you fear at night. the kind that wanders the woods in silent desperation, wondering who, if anyone, remembers its name. the kind that curls away from all other life, steady only in its shame. « Franchement Scar, j'aurais jamais cru qu'elle puisse être ta jumelle si vous aviez pas eu le même visage. Je veux dire, y'a pas pire boulet. » La brune laissa un sourire naître sur ses lèvres, hochant vaguement la tête en direction de son amie. Enfin, amie. La blonde qu’elle avait à ses côtés n’avait absolument rien en commun avec elle, si ce n’était son degré de popularité. Mais pas trop, parce qu’elle n’avait pas envie de s’entourer de quelqu’un qui pourrait lui faire de l’ombre. Tout était une question de stratégie. Ses amies devaient être jolies mais pas autant qu’elle, intéressantes mais ne pas détourner l’attention, populaire mais pas au point d’être des rivales. Car au fond, c’était elle le centre, elle la reine. C’était la loi du plus fort. Elle avait su se doter d’une personnalité suffisamment insupportable pour être remarquée et s’approprier la couronne, sans rien demander à personne. C’était ce à quoi tout le monde aspirait et cela, elle l’avait compris assez tôt pour agir et faire en sorte d’avoir toutes les cartes entre ses mains. Tout le monde rêvait d’être à sa place, elle le savait. Elle le voyait dans le regard blasé que cette élève de collège lui lançait, dans ces œillades furtives qu’elle parvenait à capter de toutes parts, dans les gestes violents que certains pouvaient bien avoir à son égard. « Sérieusement, y’a pas eu une erreur quand vous être nées ? Genre, t’as eu tous les neurones et pas elle ? » Scarlet reporta son attention sur la blonde à ses côtés, qui pouffait à sa propre remarque. Elle força de nouveau un sourire sur ses lèvres, posant une main sur l’épaule de celle qu'elle appelait amie. « C’est ça, Beverly. J’ai eu tous les neurones et pas elle. » Elle laissa retomber sa main, espérant que le sarcasme n’avait pas trop transparu dans sa voix, ne voulant pas donner l’impression à cette pauvre Bev qu’elle se fichait de sa tête. Même si c’était le cas. Ennuyée, la jeune fille se décolla du mur sur lequel elle était appuyée et se mit en route vers leur prochain cours, persuadée que son amie la suivrait. Elle eut raison, puisque sa voix nasillarde retentit une énième fois, alors qu’elles passaient devant sa jumelle. « Alors Eugène, on s’est habillé dans le noir ce matin ? » Scarlet se contenta de sourire, voyant que Beverly attendait visiblement une réaction de sa part mais elle parvint tout de même à capter le regard de sa sœur. Ses lèvres souriaient toujours mais elle espérait que ses yeux fassent passer le message. Ce ne sont que des mots, Ginny. Les mots ne peuvent pas blesser. C’était comme cela qu’elle tentait de se justifiait, qu’elle ressentait le besoin de se justifier, une fois le soir venu. Sauf qu’elle savait qu’elle avait tort. Que les mots étaient pires que tout. Et elle espérait qu’Eugenia sache qu’elle ne pensait pas une seule seconde ce qu’elle laissait les autres lui dire, même si elle ne l’avait jamais rassuré de la sorte. Cela n’avait toujours été comme ça, autrefois. Pourtant Scarlet ne se souvenait pas de la dernière fois où elle avait été certaine que sa jumelle était sa meilleure amie. Un monde avait fini par les séparer et elles n’avaient bientôt plus rien trouvé à se dire, n’appréciant plus autant la compagnie de l’autre, Eugenia trop calme pour Scarlet, Scarlet trop agitée pour Eugenia. Pourtant elle était sa sœur et la brune savait que son amour pour elle ne disparaitrait jamais vraiment. Elle espérait que Ginny le sache, même si elle ne disait rien, même si elle laissait faire les autres, même si elle ne venait pas lui tendre la main dans les couloirs du lycée.

----------

november 27th, 2009 - the first time you feel it, it is paralysis shock sent through your body. you’re seventeen years old and staring into the eyes of a beautiful girl with a beautiful mind and she makes you understand what love feels like. « T’y es pas allée un peu fort ? Elle a l’air mal, la pauvre. » Les paroles fausses de Beverly étaient empreintes d’un ton mièvre qu’elle ne pouvait ignorer. Elle força un sourire sur ses lèvres, ses yeux fixés sur le bout de la table de l’autre côté de la cafétéria. C’était devenu une habitude, de se venger de ceux qui se mettaient en travers de son chemin, simplement pour s’amuser mais surtout pour les intimider. Après tout, elle n’avait pas l’habitude qu’on lui tienne tête, les amis desquels elle s’était entourée étant pour la plupart pendus à ses lèvres la majorité du temps. Elle était habituée à ce que les choses aillent en son sens, à ce que ceux qu’elle ne considérait pas comme étant à sa hauteur s’écrasent devant elle. Mais parfois, elle n’avait pas de raison particulière d’embêter un autre élève. Parfois, elle avait juste besoin d’une distraction, juste besoin de sentir que l’on avait peur d’elle. Elle n’accordait que peu d’importance au fait d’être appréciée, se doutant que ses amis restaient à ses côtés par pur intérêt plutôt que par affection. Elle préférait savoir qu’elle avait le dessus et une certaine emprise sur les autres, et si elle avait besoin de tourmenter un élève sans importance pour se le rappeler, c’était ce qu’elle faisait. Gabrielle n’y avait pas fait exception, bien qu’elle ne lui ai rien fait de particulier et elle s’était longtemps amusée à critiquer son apparence avant de passer aux choses plus sérieuses.
Une main sur sa cuisse, trop haut, détourna son attention et elle posa son regard sur Wesley, assis à ses côtés. Elle lui adressa un sourire, passant ses doigts sur la nuque de son petit-ami. Pourtant, son sourire était faux, tout comme ses sentiments. A vrai dire, elle ne ressentait rien. Rien pour lui, rien pour les deux garçons avec lesquels elle était sortie avant lui. Rien, parce qu’elle n’était tout simplement pas amoureuse, parce qu’elle était trop jeune pour connaître cela, parce que ce n’était pas le bon. Toutes les explications qu’elle trouvait lui semblaient justes, lui semblaient avoir du sens. Rien, elle ne ressentait rien. Elle savait tout comme lui qu’ils ne finiraient pas leurs jours ensemble, qu’ils ne finiraient peut-être même pas l’année ensemble. Rompre ne leur semblait pourtant pas utile cependant, puisqu’ils étaient enviés de beaucoup, alors ils continuaient de s’embrasser dans les couloirs du lycée, ils continuaient de se tenir la main à chaque seconde passé ensemble, ils continuaient de se voir tard le soir, alors que l’heure de leur couvre feu était bien dépassée.
Son regard se posa à nouveau sur Gabrielle, toujours assise seule plus loin. Le bonnet qu’elle avait enfoncé jusqu’à ses oreilles masquait avec peine les cheveux détériorés par la crème dépilatoire glissée dans sa bouteille de shampooing, lors du cours de piscine de la semaine passée. Mèche après mèche, ses cheveux avaient rejoint le sol des douches communes, jusqu’à ce qu’elle s’en rende compte et se rince la tête avec précipitation. Mais les dégâts étaient déjà faits, la plupart de ses mèches raccourcies, les cheveux brûlés par la crème. Il ne restait rien de ses longs cheveux. Scarlet aurait voulu se réjouir du fait qu’elle ait réussi son coup, du fait que Gabrielle allait s'en mordre les doigts encore longtemps. Mais elle ne ressentait rien en regardant son visage baissé, ses yeux évitant les siens. Pas de satisfaction, pas de compassion, pas de culpabilité. Rien. Elle s’en persuadait. Elle ne ressentait absolument rien, pas même son cœur qui ratait un battement à chaque fois que leurs regards se croisaient.

----------

april 13th, 2014 - we feel separate from everything. like these bodies aren’t our own. like when we touch each other our hands go right through. like my body is here but i am a thousand miles away. like i am outside looking in. like nothing feels real anymore. Elle vida son verre d'une traite, rejetant la tête en arrière, avant de le poser sur la première table à portée. Autour d’elle, la pièce, remplie d'étudiants en première année de master, avait commencée à tanguer et ses rires s’échappaient de sa gorge sans qu’elle ne les contrôle vraiment. Ils fêtaient ensemble le début des vacances, loin de leur université mais pas si loin de Londres. Elle se laissa porter au rythme de la musique, bousculée par les corps autour d’elle, un sourire sur ses lèvres. Avec plus d’entrain que ce qu’elle ressentait vraiment, elle repassa les bras autour du cou de l’étudiant avec lequel elle avait passé la soirée. Son haleine était également chargée d’alcool mais elle ne s’en formalisa pas, lui volant un nouveau baiser. « Prenez une chambre, » lui cria Rachel dans l’oreille en gloussant. Elle repoussa doucement son amie et se détacha en même temps du jeune homme. Elle fit mine de vouloir continuer à danser, de vouloir continuer à se déchaîner. Elle ignora son cœur qui battait un peu trop vite, pour les mauvaises raisons, pour la mauvaise personne, gardant ses yeux loin de l’autre côté de la pièce où dansait une silhouette familière. Elle ferma les yeux, pour ne pas voir ceux qui l’entouraient, pour ne pas laisser l’alcool l’embarrasser. Une main tapota son épaule et elle se retourna, son visage s’illuminant. « Ginny, » cria-t-elle avec joie, serrant sa sœur contre elle. Elles n’étaient pas proches, pourtant. Elle n’avait pas l’habitude de s’enlacer et sa jumelle le lui rappela en se détachant d’elle. « Tu veux pas rester un peu ? » hurla-t-elle par-dessus la musique, un sourire aux lèvres. Sa sœur, elle, ne souriait pas. ] « On rentre, t’as un examen demain. » Scarlet s’apprêta à répliquer mais Eugenia avait déjà attrapé sa main pour la traîner dehors. La brune fit un signe à ses amis pour leur dire au revoir et se laissa traîner, sachant déjà pertinemment qu’elle abusait en ayant demandé à sa jumelle de venir la chercher puisqu’elle était incapable de reprendre le volant et qu’il n’y avait pas de transports à proximité, la soirée se trouvant à l’extérieur de Londres. « Tu devrais venir avec moi la prochaine fois, » dit Scarlet, un peu trop fort, alors qu’elles rejoignaient le parking, la musique désormais lointaine. Eugenia ne répondit pas, déverrouillant la voiture. Doucement, elle installa sa sœur sur le siège arrière, attachant sa ceinture pour elle, avant de s’installer derrière le volant et de démarrer. « On parlera de ça demain, ok ? Essaye de dormir. »
Cependant, cela ne fonctionna que l’espace de cinq minutes, au bout desquelles Scarlet réalisa qu’elle ne pourrait certainement pas trouver le sommeil. Elle commença par baisser la vitre et passer la tête par la fenêtre, laissant le vent glisser contre sa peau. « Scar, tiens toi tranquille ! » La voix d’Eugenia la força à rouvrir les yeux et se rassoir complètement, laissant toutefois un soupire passer entre ses lèvres alors qu’elle levait les yeux au ciel. Sa jumelle en profita pour refermer la fenêtre grâce à ses commandes côté conducteur. Il ne fallut pas longtemps à Scarlet pour redevenir impatiente, se tortillant de nouveau sur son siège. « Je peux pas venir devant avec toi ? » marmonna-t-elle, jetant la flasque rebouchée et désormais vide au sol. Laborieusement, elle entreprit de chercher le bouton permettant de détacher sa ceinture. « Scar, sérieusement, calme-toi… » s’énerva Eugenia alors que sa sœur continuait, quittant la route des yeux pour se retourner. Mais Scarlet ne l’écouta pas, essayant à présent de faire passer sa ceinture par-dessus sa tête. « Scar, remet ta cein… » Eugenia se retourna presque complètement, sa main venant frapper celle de sa sœur pour l’empêcher de continuer. Mais sa phrase resta en suspens, alors qu’elle reportait brusquement son attention vers l'avant, Scarlet se retrouvant projetée en arrière alors que sa sœur tournait violemment le volant. Trop tard.

----------

september 23rd, 2014 - the words rose like smoke: filled her lungs,
 choked her.
 i’m sorry. it should have been her, 
her blood
, her life, 
the green of her eyes fading from existence
. it would have hurt less. 
but the fates were selfish,
 not turning to see her fall to her knees.
 and beg.
 and plead
. and choke
. that they took the wrong one. Elle n’y était pas retournée. Elle n’avait eu aucune raison de le faire, aucune raison de s’asseoir pour écouter un énième cours, aucune raison de faire comme s’il ne s’était rien passé. Elle n’y était pas retournée, parce qu’elle n’en avait eu aucune envie, son goût des études envolé depuis des mois. Elle n’y était pas retournée, parce qu’Eugenia n’aurait pas été à Londres. Et elle n’avait aucun intérêt à être loin de sa sœur. Pourtant, sa jumelle avait du soutient, de sa mère, de son beau-père, de leurs grands parents. Mais elle n’avait pas pu se résoudre à retourner à l’université. Après tout, c’était de sa faute.
Sa faute si Eugenia ne pouvait pas reprendre les cours.
Sa faute si sa famille entière était mobilisée.
Sa faute si sa jumelle ne pouvait plus marcher.
La culpabilité la tenait éveillée la nuit, rongeant ses os jusqu’à la moelle, s’installant dans chaque recoin de son esprit fatigué. Elle était incapable de s’en débarrasser, malgré le fait qu’Eugenia ne lui en veuille pas d’avoir indirectement provoqué leur accident. Parce qu’elle n’avait rien eu, si ce n’était des blessures bégnines dues aux morceaux de carcasse arrachés de la voiture. Rien, alors que sa sœur était en fauteuil roulant. Rien, alors qu’elle avait été celle à faire une erreur. Rien. Et cela la rendait malade, tandis que sa sœur peinait avec sa rééducation et le fait de devoir accepter de finir ses jours en fauteuil.
Elle n’était pas retournée à l’université. Et pourtant elle avait l’impression de ne servir à rien, d’être de trop alors que tout le monde s’affairait autour de sa sœur. Elle était celle qui essayait d’en faire le plus et pourtant elle était inutile, dépassée par tout ce dont Eugenia avait besoin à présent. Médicaments, visites à l’hôpital, séances de rééducation. Et elle ne pouvait rien apporter, si ce n’était sa culpabilité, si ce n’était son alcoolisme croissant, si ce n’était son incompétence.
Elle se sentait inutile, son café en main, un sourire enjoué sur les lèvres. Eugenia était installée sur le canapé du salon, un plaid épais sur les genoux, son fauteuil plié à ses côtés. Scarlet s’installa à côté d’elle, lui donnant la tasse qu’elle tenait entre les mains. « Merci, » souffla sa jumelle, avant de tremper ses lèvres dans le liquide chaud. Un silence s’installa, Scarlet ne sachant pas réellement si elle avait envie de parler mais ne voulant pas quitter la pièce au cas où sa jumelle aurait besoin de quelque chose. Au bout de quelques minutes, celle-ci poussa un soupir. « Scar. » « Quoi ? C’est trop chaud ? » Eugenia leva les yeux au ciel, rejetant la tête en arrière pour accentuer son geste. « Il faut que t’arrête ça, » ajouta-t-elle finalement, fixant son regard dans celui de Scarlet. « D’être gênée comme ça, à chaque fois qu’on est ensemble. Je te l’ai déjà dit. Je vais… bien. » Elle nota sans mal l’hésitation de sa sœur mais ne releva pas, ne pouvant pas la blâmer. Aller bien était une exagération, bien qu’elle comprenne ce qu’elle voulait dire. Les mois avaient passé et Eugenia semblait se remettre un peu plus chaque jour de leur accident. « Et je t’ai aussi déjà dit que je t’en voulais pas. Ce n’est pas de ta faute si j’ai quitté la route des yeux. J’aurais dû faire plus attention. » Scarlet baissa les yeux, ses sourcils froncés. Sa sœur avait tort. Même si elle n’avait pas été celle au volant, elle aurait dû l’écouter. Elle aurait dû s’abstenir de boire autant ce soir-là. Elle aurait dû trouver un autre moyen de rentrer plutôt que de la déranger. Elle aurait dû, elle aurait dû, elle aurait dû. Mais elle ne l’avait pas fait. Et toutes ses bonnes intentions ne suffisaient pas. Alors elle pris une inspiration et posa la seule question qui avait eu de l’importance à son esprit au cours des derniers mois. « Et si tu ne t’en étais pas sortie ? » Elle garda ses yeux fixés sur ses mains, sur la peau arrachée autour de ses ongles. Elle aurait dû. « Et si tu ne t’en étais pas sortie, alors que j’ai été horrible avec toi pendant toutes nos années à au lycée ? » Elle releva la tête, pour voir sa sœur qui fixait le feu de cheminée, devant elles. Un silence suivit ses mots, pesant, chaque seconde pire que la précédente. Il n’y avait pas de réponse qui pouvait atténuer sa question. Il n’y avait rien qui pouvait réparer le comportement qu’elle avait eu. « Ça n’aurait pas été grave, » répondit finalement Eugenia. « J’ai toujours su que tu ne me détestais pas, au fond. Que tu étais perdue dans tes jeux de pouvoir. » Scarlet secoua la tête, peu convaincue. « Ça n’excuse rien. » Eugenia n’avait pas à la pardonner aussi facilement. Mais Eugenia avait toujours été meilleure qu’elle. Eugenia n’avait pas été celle à mériter d’être blessée ainsi. « J’ai été stupide. Et j’en suis désolée. » Sa sœur pris sa main dans sienne mais ne répondit pas, laissant ses excuses flotter dans l’air. Alors elle serra ses doigts entre les siens, sans doute trop fort.

----------

october 17th, 2016 - hide her under the curve of your lip and whoever else you pressed them up against and tell them it felt more like drowning and less like a kiss. tell them you tried to spit her down the throat of every single person you’ve kissed. tell them you think you dropped her somewhere in a drunken kiss, somewhere whispering into the ears of boys whose names you already forgot. « Je suis quoi, pour toi ? » La question, murmurée, à peine audible, lui avait parut assourdissante. Elle avait fermé les yeux, comme si le fait de ne pas voir le visage en face du sien pouvait faire en sorte qu’elle soit seule. Cette simple idée lui avait permis de ne pas paniquer, de ne pas sentir son cœur s’emballer dans sa poitrine, de garder son calme. Mais lorsque Scarlet rouvrit les yeux, Blake était toujours là. Elles s’étaient couchées sur le côté de manière à se faire face, les rideaux tirés à la fenêtre pour les masquer à tout regard intrusif, même si elles étaient au quatrième étage. Personne ne pouvait les voir, ni les entendre, pourtant Scarlet avait l’impression d’être exposée, même si elles étaient seules dans l’appartement de la blonde. Elle avait constamment l’impression qu’il n’y avait pas assez de distance, pas assez de tissus, pas assez de murs pour les protéger du regard des autres.
Je suis quoi pour toi ?
Rien, avait-elle envie de répondre mais elle n’était plus assez cruelle pour cela. « Une distraction, » répondit-elle plutôt. Elle s’ennuyait. C’était son excuse. Elle avait passé l’année précédente le nez dans les bouquins, la tête dans ses révisions, se préparant à reprendre ses études pour terminer son master en septembre. Elle s’ennuyait. C’était inévitable. Eugenia avait recommencé à faire sa vie, ne dépendant plus entièrement d’elle et elle s’était bientôt retrouvé plus souvent seule qu’en sa compagnie, même si elles habitaient toujours ensemble. Elles avaient pris un appartement ensemble à Londres après l’accident et Scarlet avait pris la responsabilité de trouver un travail pour les faire vivre, toutes les deux, oubliant ses études pour le moment. Mais les années avaient passé et Eugenia avait commencé à retrouver son indépendance. Elle s’ennuyait, maintenant qu’on n’avait plus besoin d’elle. Mais même si Blake faisait partie des personnes qu’elle avait rencontré à l’université, elle n’avait pas pensé qu’elle serait la solution à son problème. Une soirée trop alcoolisée, de celles qui étaient devenues trop nombreuses dans le quotidien de Scarlet, trop routinière pour qu’elle ne s’y amuse, avait suffit. Une soirée trop alcoolisée, des regards trop appuyés, un baiser trop précipité. Et elle se retrouvait dans son lit, plusieurs mois plus tard, son regard fixé dans ses yeux bleus. Rien, elle n’était rien. Cela devait lui suffire, comme réponse. Une distraction. Quelque chose de nouveau. Quelque chose d’interdit. Cela devait lui suffire. Mais ce n'était pas le cas.
Je suis quoi pour toi ?
Tout. Le doute, mêlé à la peur, mêlée au désir. Tout et rien. Rien parce qu’elle était terrifiée. Tout parce qu’elle ne pouvait pas totalement se mentir. Elle ne savait pas d’où il venait, ce sentiment, qu’elle avait si vainement cherché dans ses relations avec ex petits-amis. Elle savait qu’il avait été toujours tapi dans un coin de son esprit, depuis l’âge où elle avait eu un béguin pour sa voisine de classe en maternelle, avant qu’elle ne comprenne que ce n’était pas normal aux yeux de tous. Avant qu’elle ne comprenne que ce n’était pas attendu d’elle. Avant qu’on ne commence à lui demander si elle avait un amoureux et non une amoureuse. Elle avait toujours été là, cette certitude, jusqu’à ce qu’elle puisse lui donner un nom, jusqu’à ce qu’elle l’associe à la peur et à la honte. Elle n'avait pas su comment elle devait se qualifier, alors qu’elle l’avait enterré, prétendant que ça ne lui correspondait pas. Elle était sortie avec des garçons, parce que c’était ce que les autres faisaient, parce que c’était ce qui était normal. Elle était sortie avec des garçons, pas par envie mais par contrainte. Cette contrainte n’avait pas tardé à se transformer en moyen de se convaincre que c’était ce qu’elle voulait, en moyen de se convaincre qu’elle était comme le reste des personnes qui l’entouraient. Parce qu’il y avait eu Gabrielle. Gabrielle avait été celle à lui faire comprendre. Gabrielle avait été celle à planter le doute dans son esprit. Gabrielle avait été celle à mettre feu à son cœur et son esprit. Gabrielle avait celle à la terrifier. Scarlet n'avait rien dit. Elle n'y avait même pas pensé. Elle n'avait pas tenté d'interpréter ce qu'elle ressentait. Elle avait déversé son poison, parce que c'était tout ce qu'elle savait faire, parce que c'était devenu un mécanisme de défense. Elle avait attendu que les insultes fassent effet sur ses propres pensées. Elle avait attendu que celles-ci correspondent à ce qui sortait de sa bouche. Ce n'était jamais arrivé. Gabrielle était restée sa victime. Jusqu’à ce que ses yeux se pose sur Blake, des années plus tard.
Tout avait changé. Et rien n’avait changé.
Elle n’était rien. Une distraction.
« Scar… » commença la blonde mais Scarlet l’interrompit. Tais-toi, aurait-elle voulu lui dire. A la place, elle avait refermé ses doigts sur son poignet et avait posé ses lèvres sur les siennes. Elle avait ignoré le feu ravageant sa peau. Elle avait ignoré les battements de son cœur. Elle avait ignoré ses doutes.

----------

december 26th, 2017 - you’re stuck in the loose hairs you found on your pillow the next morning, the way your mouth felt numb for days. you’re stuck in the quiet limbo, the dead silence, the moments after the fall when your limbs are all broken but you know you’re still alive. Je suis désolée. Elle avait écrit ces mots, encore et encore, n’envoyant que certains des messages qu’elle tapait, ne sachant pas quoi dire d’autre. Le premier message, lui, avait reçu une réponse. Parce que le premier contenait plus. Je suis désolée, avait-elle écrit. Je suis désolée. J’ai couché avec quelqu’un d’autre. J’étais ivre, j’ai pas réfléchi et les rumeurs me sont montées à la tête. Je suis désolée. Tu mérites mieux. Elle s’était retenue d’écrire avec un garçon au lieu de quelqu’un d’autre, parce que cela n’avait aucune importance, dans les faits. Même si ça en avait eu pour elle, sur le moment, alors que son geste ne lui avait apporté aucun soulagement. Cela avait simplement continué de creuser, encore et encore, le mal-être qui l’habitait, renforcé par les rares insultes qu’elle avait reçu depuis que les premières rumeurs avaient commencé à circuler. Quelqu’un avait dû la voir avec Blake, sur le campus. C’était la seule explication.
T’as raison, avait répondu Blake. Je mérite mieux.
Elle avait l’habitude, au fond. D’agir sur des coups de tête, de se laisser consumer par sa fierté, de faire passer ce qu’on pouvait bien penser d’elle avant tout le reste. C’était ce qui s’était passé lorsqu’elle avait laissé ses amis insulter sa sœur. C’était ce qui s’était passé lorsqu’elle s’était attaquée à Gabrielle au lieu de lui avouer ses sentiments, tant d’années auparavant. C’était ce qui se passait à présent, alors qu’elle avait l’impression de retomber à l’adolescence, de retomber dans les pièges qu’elle s’était elle-même tendue. Elle savait, à présent, qu’elle avait eu tort. Ce qu’on pouvait bien penser d’elle n’avait aucune importance.
Aucune importance en comparaison à la douleur de son cœur brisé, aucune importance en comparaison aux regards froids de Blake, aucune importance en comparaison aux débris de leur relation.
Tout cela n’avait aucune importance mais elle s’en rendait compte trop tard, bien trop tard, et encore une fois, elle se retrouvait seule, n’ayant pas formé de nouvelle amitié depuis qu’elle était retournée à l’université, ayant abandonné sa couronne depuis longtemps, n’ayant plus Eugenia, qui s’était envolée vers les Etats-Unis et qui n’était pas revenue lorsqu’elle avait promis de le faire. Il n’y avait plus que ses études, qui aurait toujours dû avoir la priorité, et Blake, qui avait faillit suffire à la détourner de son objectif. Blake, qui au fil des mois avait pris de plus en plus d’importance dans son cœur, dans sa vie. Mais elle avait continué de la traiter avec négligence, ne voulant pas poser de termes officiels sur leur relation. Et même si le mot exclusif n’avait jamais été attaché à ce qu’elles partageaient, elle s’était sentie immédiatement coupable de partager les draps de quelqu’un d’autre.
Il n’y avait plus que ses études, à présent, les mots secs de Blake suffisamment clairs pour qu’elle comprenne qu’il n’y avait pas de retour possible après ce qu’elle avait fait. Elle avait gardé un détail pour elle, cependant, persuadée que le lui avouer ne ferait qu’ajouter de l’huile sur le feu. Elle avait gardé sa grossesse pour elle, persuadée qu’elle n’aurait pas besoin d’être mentionnée puisqu’elle avait décidé d’y mettre un terme. Les médecins lui avaient expliqué que sa consommation d’alcool pendant les premières semaines, alors qu’elle n’était pas encore au courant, pourraient avoir des conséquences drastiques sur son enfant. Terrifiée à l’idée d’échouer encore plus dans son rôle de mère, elle s’était persuadée que le garder n’était pas une option. Elle n’avait pas d’argent, après tout, elle n’avait aucune stabilité à lui offrir. Alors elle avait pris rendez-vous et avait gardé son secret pour elle, convaincue qu’en parler, même au père, même à sa sœur jumelle, n’aiderait personne.

----------

june 10th, 2019 - it’s hard, isn’t it? living with a shattered heart. you breathe in and hope the shards don’t pierce your lungs. but, eventually, they will. there is no escape from it. you will bleed. you will gasp. and you will scar. u « Tu m’entends ? » L’image sur son écran recommença à bouger et elle pu voir les lèvres de sa sœur bouger alors qu’elle lui répondait par l’affirmative. Un sourire éclaira immédiatement son visage, comme à chaque fois qu’elles s’appelaient, même si son cœur était lourd. C’était devenu une routine dès la première semaine où Eugenia n’avait plus été à ses côtés. En deux ans et demi depuis, elles n’avaient manqué qu’un seul de leurs appels quotidien et il était rare que ces derniers durent moins de deux heures, puisqu’elles trouvaient toujours de quoi relancer la conversation, même après s’être raconté leur journée en détails. C’était devenu le seul bonheur des journées de Scarlet, le reste de son quotidien incroyablement fade. Sa vie amoureuse était vide, même maintenant qu’elle avait accepté sa sexualité, les souvenirs de sa relation désastreuse avec Blake encore trop frais même après deux ans pour qu’elle s’autorise à tomber de nouveau amoureuse. Son poste au Guardian lui plaisait mais elle sentait qu’elle n’était pas totalement épanouie en écrivant des articles d’actualités, désirant quelque chose de plus profond. Le reste de sa vie était désespérément vide, ses passe-temps restreints, ses relations peu nombreuses. A vrai dire, depuis qu’Eugenia était à New-York, et même depuis qu’elle avait commencé à travailler, sa vie s’était faite plus triste, plus ennuyante. Elle se sentait presque pathétique de penser ainsi mais sa sœur jumelle avait été une partie trop importante de sa vie suivant leur accident pour qu’elle supporte bien son absence. « J’ai une mauvaise nouvelle, » dit-elle au bout d’un moment, après qu’elles se soient donnés brièvement des nouvelles sur leur journée. « J’ai été virée. Ils ont plus l’argent pour payer autant de journalistes et j’imagine qu’il y en a qui sont meilleurs que moi, » ajouta-t-elle avec un soupire. Elle l’avait su depuis un moment mais ce n’était que depuis le début de la semaine qu’elle n’avait pas eu à retourner au bureau. Elle vit l’expression d’Eugenia changer, malgré la mauvaise qualité. « Ces connards, ils savent pas ce qu’ils perdent. Tu veux que je fouille de leur côté et que je déterre un scandale ? Un journal comme ça, ils doivent en avoir plein. » Scarlet sourit à nouveau, amusée par le cheminement de pensée de sa sœur, bien que ça ne la surprenne pas de sa part. « Calme-toi, Sherlock. Il était temps que je change de toute façon. » Elle marqua une pause, voulant s’assurer que sa connexion ne la lâcherait pas au moment où elle annoncerait le reste. Elle fronça les sourcils, faisant mine de réfléchir. « T’as pas un match la semaine prochaine ? » demanda-t-elle, prétendant ne pas déjà avoir regardé les billets d’avion. « Si, je m’entraîne tous les jours, j’en peux plus, » répondit Eugenia, lâchant un geignement. « Parce que tu sais, l’avantage, c’est que j’ai eu un gros chèque pour compensation et que j’ai économisé pas mal vu le salaire qu’ils me payaient. Donc je me dis que je peux bien me prendre un peu de vacances avant de chercher autre chose. » Elle vit sa sœur ouvrir la bouche, sans prononcer un mot cependant. « Enfin, si tu peux toujours m’avoir une place, j’ai trouvé un avion pour New York qui part demain matin. » Elle avait déjà commencé à faire un tri dans ses vêtements, ne doutant pas une seconde qu’Eugenia voudrait qu’elle vienne, même si elle ne pouvait pas assister à son match. En deux ans et demi, aucune d’elle deux n’avaient eu assez de temps de repos ni assez d’argent pour se rendre visite. En deux ans et demi, elles ne s’étaient pas vues une seule fois face à face. Et la douleur que l’absence d’Eugenia avait fait naître commençait à devenir insupportable. Celle-ci poussa un cri d’excitation, posant ses mains devant sa bouche. Scarlet explosa de rire, alors que sa jumelle peinait à sortir une phrase intelligible.
Revenir en haut Aller en bas
Riley Graham
Riley Graham
Messages : 558
Date d'inscription : 29/03/2018

Scarlet E. Lancaster Empty
MessageSujet: Re: Scarlet E. Lancaster   Scarlet E. Lancaster EmptyLun 11 Nov - 18:08

Scarlet Eleanor Lancaster
it sits on your chest, heavy and crushing. sometimes you can’t breathe against it. it’s all running through your head. chances. mistakes. and you’ll wonder if you’re doomed to repeat them. (sometimes you will)
#aboutme
âge vingt-sept ansanniversaire le dix-sept octobrené(e) à cardiff, pays de gallesorigines galloises et grecquesrelation célibatairemétier journaliste au chômage, écrit des articles en freelancerichesse $$
#photos
#myreallife
petite précision sur toi, histoire qu'on sache qui tu es + Toujours Laura, toujours 25 ans et je sais pas quoi dire d'autre :awn: :coeur:
#imtaken

check
Confidentialité · Conditions générales
Codage fait pour Nyac. Merci de ne pas utiliser ailleurs.
Scarlet Lancaster ● 1 mn

Comment ça je suis râleur ? #williamsburg


Souriant
souriant
Bruyant
Bruyant
Serviable
Serviable
Impliqué
Impliqué
poli
Poli
râleur
râleur
Scarlet Lancaster ● 1 mn

A la glamour, mais en moins glamour #resultatsdemerde

On a tous une chose qui nous effraie dans la vie, quelque chose qu’on fuit à tout prix… vous ce serait quoi ?
{ } L’échec, il n’y a rien de pire que de ne pas parvenir à atteindre ses objectifs ou ne pas être reconnu.
{ } L’immobilisme, bouger c’est la vie, ne rien faire c’est la mort.
{ x } La solitude, mourir seul(e) ou passer ses journées sans compagnie c’est bien triste.
{ } Le conflit, ça prend la tête pour rien et ça donne des migraines pas possible.
{ } La naïveté, ou du moins se laisser trop influencer, mieux vaut être banal mais tranquille.

Ça y est, les premiers flocons de neige tombent sur New York, que c’est beau…
{ } Enfin pour vous, un flocon c’est avant tout de l’eau sous son état solide… et comment ça on s’en fout ?
{ x } Et alors ? C’est la même chose tous les ans, on va pas passer notre vie à s’extasier… en plus il fait froid !
{ } Un bonnet, une écharpe… peut-être même des gants et on file travailler, pas le temps pour observer les flocons tomber.
{ } De la neige ? BATAAAAAILLE ! Ouais, même si vous voulez pas, la boule de neige va rencontrer sa cible malgré tout.
{ } C’est beau, mais c’est tout de même mieux de l’observer bien au chaud auprès d’un petit feu et avec un plaid sur les jambes… peut-être même avec une tasse de chocolat chaud plein de guimauves.

Si tu devais emmener un seul objet pour un séjour à durée indéterminée sur une île déserte, ça serait...
{ } Un couteau suisse, pour être prêt à affronter n'importe quel danger et pouvoir te fabriquer n'importe quoi.
{ } Un chapeau, pour éviter l'insolation tout en étant au soleil pour parfaire ton bronzage.
{ } La saga complète d'Harry Potter, le temps risque d'être long, autant avoir de quoi t'occuper.
{ x } Une moustiquaire, s'il y a bien quelque chose que tu détestes, c'est les piqûres d'insecte alors ils n'auront aucune chance d'arriver jusqu'à toi.
{ } Un téléphone portable avec chargeur solaire, même s'il n'y a pas de réseau, ça peut toujours servir à faire des photos et mettre de la musique. Il paraît que la vie est plus belle en musique.

Ce week-end, c'est les fiançailles de tes meilleurs potes. Hélas, ton boulot t'appelle en urgence. Que fais-tu ?
{ } Tu déclines, il est hors de question que tu bosses ce jour-là. En plus, ton discours est prêt et il est hilarant.
{ } T'acceptes, presque hésitant, en leur disant bien que tu devras bien partir à une heure précise.
{ x } Des excuses t'en a des tas, tellement que ton boss finit par se rétracter.
{ } Bosser ce jour, c'est regrettable hélas, t'as déjà trop donner dans ce boulot pour te faire mal voir.
{ } Tu joues tellement sur les sentiments de ton patron qu'il finit par accepter, car tu lui promets de travailler les deux prochains weekends.

Tu viens d'apprendre que la voisine du 5ème s'est fait cambrioler. Comment réagis-tu ?
{ } Tu l'épaules et organises une cagnotte pour qu'elle puisse se racheter ce qu'elle a perdu.
{ } Tu es désolé pour elle, peut-être assez pour participer à la cagnotte, et tu espères surtout que tu ne seras pas le prochain.
{ } Tu te dis que le quartier est plus dangereux que ce que tu pensais et envisages de déménager.
{ x } Tu lui proposes ton aide pour ce dont elle pourrait avoir besoin et rajoutes un verrou à ta porte, au cas où.
{ } T'es mort de rire, t'attends juste quelques heures de plus pour voir la réaction de tous les voisins quand tu révéleras que c'est ta dernière blague.

Si tu devais vivre dans l'univers d'une série télé, laquelle ça serait ?
{ } Grey's Anatomy
{ } How I met your mother
{ } Game of thrones
{ } Desperate Housewives
{ } Mad Men
{ } Gossip Girl
{ } Shameless
{ } The Walking Dead
{ } Dexter
{ x } Breaking Bad

Si tu devais te réincarner en animal dans une autre vie, ça serait...
{ } Chimpanzé
{ } Lama
{ } Loup
{ } Baleine bleue
{ } Chien
{ } Dauphin
{ x } Aigle
{ } Perroquet
{ } Crabe
{ } Caméléon

Dans tes rêves les plus fous, tu t'imagines vivre à...
{ } Toronto
{ } Los Angeles
{ } Tokyo
{ } Bombay
{ x } Paris
{ } Ibiza
{ } Le Caire
{ } Sydney
{ } Londres
{ } Moscou

Scarlet Lancaster ● 1 mn

Rétrospective, pourquoi faire ? #storyofmylife

(october 3rd, 2008)
loneliness makes me somewhat of a monster, but not the kind you fear at night. the kind that wanders the woods in silent desperation, wondering who, if anyone, remembers its name.


« Alors Eugène, on s’est habillé dans le noir ce matin ? » Elle laissa échapper un rire forcé, adressant ensuite discrètement un sourire désolé à sa sœur. Elle remarqua cependant que ses cheveux étaient deux teintes plus claires qu’à leur habitude, tirant vers le jaune et elle fronça légèrement les sourcils, ne se souvenant pas qu’Eugenia se soit coloré les cheveux. Elle la regarda s’éloigner, se sentant un peu coupable. Mais elle était persuadée que sa jumelle savait que tout ce qu’elle faisait n’était qu’une façade, qu’un jeu pour se faire apprécier et arrêter d’être relégué au second plan. Elle avait profité de leur rentrée au Cardiff and Vale College pour adopter une autre attitude, repérant sans mal les élèves les plus populaires, pour beaucoup plus âgés. Elle s’était fait une place parmi eux en à peine un mois, et elle avait commencé à ignorer de plus en plus Eugenia dans les couloirs, elle qui n’avait pas suivi le mouvement, elle qui était restée cette gamine trop marginale pour ne pas être prise pour cible. Elle adressa un sourire à Wesley, celui à l’origine du surnom Eugène, et celui de qui elle essayait de plus se rapprocher, puisqu’il semblait avoir tout le monde à ses pieds. « Je reviens, » lui dit-elle doucement et elle s’éloigna vers les toilettes, là où elle avait vu Eugenia rentrer. Sa jumelle était en train de boire de l’eau lorsqu’elle entra, sursautant en la voyant arriver avant de la reconnaître. « Ça va ? » demanda-t-elle. « Il s’est passé quoi avec tes cheveux ? » Eugenia ne répondit pas tout de suite, s’essuyant la bouche et ramassant son sac, visiblement pressée de partir. « Rien, t’inquiète pas, » dit-elle à mi-voix, essayant de la contourner. Scarlet posa une main sur son bras pour l’empêcher de partir. Elle garda ses yeux plantés dans les siens, sachant parfaitement qu’elle finirait par craquer. Elle la regarda pousser un soupire, visiblement agacée de se faire tirer les vers du nez. « Tes potes se sont amusés à mettre du décolorant dans mon masque pour les cheveux, quand on a eu piscine ce matin. C’est rien, vraiment, » ajouta-t-elle, n’ayant pas l’air d’avoir envie d'élaborer, mais Scarlet pouvait voir que ça la contrariait bien plus qu’elle ne le laissait entendre. Et pendant un instant, elle eu envie de céder à ses vieux réflexes, de courir hors des toilettes pour confronter ceux qui étaient responsables, parce qu'elle pouvait sans mal se douter de qui il s'agissait. Mais ce n’était pas la position qu’elle avait pris. Ce n’était pas ce qu’elle s’était vue faire, cette année, pas encore. Elle avait de la peine pour sa sœur mais elle ne pouvait s’empêcher de penser que ce n’était pas si grave. Eugenia était une paria dans tous les cas. Ce n’était pas une décoloration ratée qui allait changer quoi que ce soit. « Ignore-les, » dit-elle finalement, replaçant une mèche de cheveux de sa jumelle derrière ses oreilles. « Ils sont tous pareils, ils pensent pas ce qu’ils font ou ce qu’ils disent. Ils peuvent pas vraiment te faire de mal. » Eugenia hocha la tête, sans répondre, ayant l’air encore une fois de vouloir partir plutôt que de lui parler. Elle s’écarta pour la laisser passer, un pincement au cœur, persuadée au fond d’elle qu’elle avait tort, incapable cependant de protester et se retrouver aux côtés de sa sœur, moquée de tous.

(may 27th, 2009)
the first time you feel it, it is paralysis shock sent through your body. you’re seventeen years old and staring into the eyes of a beautiful girl with a beautiful mind and she makes you understand what love feels like.


« C’est vrai ? » Scarlet releva les yeux de son téléphone, les sourcils froncés, les yeux plissés. Elle suivit du regard la silhouette de son “amie“ qui se dirigeait vers elle, pressant le pas pour la rejoindre. Elle avait l’habitude de Beverly qui lui posait des questions obscures, sans rentrer immédiatement dans le vif du sujet. Et malgré l’année passée à partager tous ses cours avec elle, cela l’exaspérait toujours autant. « Qu’est-ce qui t’arrives encore ? » dit-elle en rangeant son Blackberry dans sa poche, poussant un soupire qu’elle n’essaya même pas de cacher. Beverly la laissait lui parler comme elle le voulait et il lui arrivait d’avoir de la peine pour elle, l’espace de quelques secondes. Elle lui attrapa le poignet, rapprochant sa bouche pour lui souffler son haleine chaude au creux de l’oreille. « Wes t’a vue rouler une pelle à Gabrielle samedi soir, c’est vrai ? » Un douleur vive la pris au cœur sous la surprise, alors qu’elle éclatait de rire de manière convaincante, travaillée. Elle avait passé trop longtemps à prétendre, à calculer ses réponses pour ne pas avoir une réponse automatique quand elle est prise de cours. Elle s’écarta de Beverly, un sourire aux lèvres, lâchant un pf pour accompagner ce qu’elle essaye de transmettre. Que c’était un malentendu. Quelque chose de risible. Pourtant, elle a envie de mourir. Elle a envie de se rétracter dans son casier et s’y cacher pour le restant de ses jours. Elle a envie de revenir en arrière, de s’empêcher de faire une erreur. On l’avait vue. « Non, non, non, elle était complètement torchée et elle m’a fait des avances, du coup je me suis dit que je pouvais marcher dans son jeu deux minutes, avant de la remettre à sa place. Elle s’est mise à chialer quand elle a compris que je me payais sa tête, » expliqua-t-elle, s’en convaincant presque. Pourtant, c’était elle qui lui avait attrapé la main, qui l’avait entraînée dans une pièce vide de l’appartement. C’était elle qui l’avait embrassée. C’était elle qui s’était mise à pleurer, une fois seule, après avoir prétexté vouloir simplement la tourmenter, ce qui ne semblait avoir eu aucun effet sur sa cible. Gabrielle l’avait repoussée, dégoûtée, et elle ne pouvait pas la blâmer. Elle avait passé l’année à la tourmenter, ses attaques allant de boulettes de papier lancées en cours quand elle s’ennuyait au contenu de son sac jeté avec les ordures de la cantine, quand elle sentait qu’elle avait besoin de se défouler. Elle avait toujours réagit avec violence envers la plus jeune, ayant décidé dès le départ qu’elle ne l’aimait pas. Pourtant, ses impulsions de la soirée passée prouvaient le contraire, et elle était incapable de l’expliquer. Elle voulait croire que c’était l’alcool, qu’elle n’était pas vraiment en contrôle de ce qu’elle faisait ce soir-là. C’était faux mais elle ne s’attardait pas suffisamment dessus pour se l’admettre. L’histoire lui convenait plus que la réalité, de toute façon. Beverly avait un sourire immense sur les lèvres et se retourna vers un autre de leurs amis, qui passait à côté d’elles. « Tu sais pas la meilleure ? Gabrielle c’est une- » Scarlet se retourna vers son casier pour l’ouvrir, incapable d’ignorer les insultes balancées par Beverly juste à côté d’elle, euphorique. Tournant la tête, elle croisa le regard de Gabrielle, à quelques casiers, ouvrant le sien, une expression contrariée sur le visage. Au lieu de l’embrouiller comme elle l’aurait fait d’habitude, elle mima avec ses lèvres dis rien ou tu vas le regretter. C’était elle ou Scarlet, et elle préférait garder sa réputation intacte que céder au sentiment de culpabilité qu’elle commençait à ressentir. Elle attrapa la flasque qui reposait dans son casier depuis quelques jours, peu utilisée jusqu’à maintenant, et elle pris une gorgée du whiskey tiède qui y reposait, laissant l’alcool lui brûler la gorge, lui faire sentir autre chose que la honte qui l’étouffait.

(april 13th, 2014)
we feel separate from everything. like these bodies aren’t our own. like when we touch each other our hands go right through. like my body is here but i am a thousand miles away. like i am outside looking in. like nothing feels real anymore.


Elle vida son verre d'une traite, rejetant la tête en arrière, avant de le poser sur la première table à portée. Autour d’elle, la pièce, remplie d'étudiants en première année de master, avait commencée à tanguer et ses rires s’échappaient de sa gorge sans qu’elle ne les contrôle vraiment. Ils fêtaient ensemble le début des vacances, à une demi-heure du centre de Londres. Elle se laissa porter au rythme de la musique, bousculée par les corps autour d’elle, un sourire sur ses lèvres. Avec plus d’entrain que ce qu’elle ressentait vraiment, elle repassa les bras autour du cou de l’étudiant avec lequel elle avait passé la soirée, lui volant un nouveau baiser. « Prenez une chambre, » lui cria Rachel dans l’oreille en gloussant. Elle repoussa doucement son amie et se détacha en même temps du jeune homme. Elle fit mine de vouloir continuer à danser, de vouloir continuer à se déchaîner. Elle ignora son cœur qui battait un peu trop vite, pour les mauvaises raisons, pour la mauvaise personne, gardant ses yeux loin de l’autre côté de la pièce où dansait une silhouette familière. Elle ferma les yeux, pour ne pas voir ceux qui l’entouraient, pour ne pas laisser l’alcool l’embarrasser. Une main tapota son épaule et elle se retourna, son visage s’illuminant. « Ginny, » cria-t-elle avec joie, serrant sa sœur contre elle. Elles n’étaient pas proches, pourtant. Elle n’avait pas l’habitude de s’enlacer et sa jumelle le lui rappela en se détachant d’elle. « Tu veux pas rester un peu ? » hurla-t-elle par-dessus la musique, un sourire aux lèvres. Sa sœur, elle, ne souriait pas. « On rentre, t’as un examen demain. » Scarlet s’apprêta à répliquer mais Eugenia avait déjà attrapé sa main pour la traîner dehors. La brune fit un signe à ses amis pour leur dire au revoir et se laissa traîner, sachant déjà pertinemment qu’elle abusait en ayant demandé à sa jumelle de venir la chercher puisqu’elle était incapable de reprendre le volant et qu’il n’y avait pas de transports à proximité, la soirée se trouvant à l’extérieur de Londres. « Tu devrais venir avec moi la prochaine fois, » dit Scarlet, un peu trop fort, alors qu’elles rejoignaient le parking, la musique désormais lointaine. Eugenia ne répondit pas, déverrouillant la voiture. Doucement, elle installa sa sœur sur le siège arrière, attachant sa ceinture pour elle, avant de s’installer derrière le volant et de démarrer. « On parlera de ça demain, ok ? Essaye de dormir. »
Cependant, cela ne fonctionna que l’espace de cinq minutes, au bout desquelles Scarlet réalisa qu’elle ne pourrait certainement pas trouver le sommeil. Elle baissa la vitre et passer la tête par la fenêtre, laissant le vent glisser contre sa peau. « Scar, tiens toi tranquille ! » La voix d’Eugenia la força à rouvrir les yeux et se rassoir complètement, laissant toutefois un soupire passer entre ses lèvres alors qu’elle levait les yeux au ciel. Sa jumelle en profita pour refermer la fenêtre grâce à ses commandes côté conducteur. Il ne fallut pas longtemps à Scarlet pour redevenir impatiente, se tortillant de nouveau sur son siège. « Je peux pas venir devant avec toi ? » marmonna-t-elle, jetant la flasque rebouchée et désormais vide au sol. Laborieusement, elle essaya de chercher le bouton permettant de détacher sa ceinture, laissant ses doigts s'enfoncer entre les coussins. « Scar, sérieusement, calme-toi... » s’énerva Eugenia alors que sa sœur continuait, quittant la route des yeux pour se retourner. Mais Scarlet ne l’écouta pas, essayant à présent de faire passer sa ceinture par-dessus sa tête. « Scar, remet ta cein- » Eugenia se retourna presque complètement, sa main venant frapper celle de sa sœur pour l’empêcher de continuer. Mais sa phrase resta en suspens, alors qu’elle reportait brusquement son attention vers l'avant, Scarlet se retrouvant projetée en arrière alors que sa sœur tournait violemment le volant. Trop tard.

(september 23rd, 2014)
the words rose like smoke: filled her lungs, choked her. i’m sorry. it should have been her, her blood, her life, the green of her eyes fading from existence. it would have hurt less. but the fates were selfish, not turning to see her fall to her knees. and beg. and plead. and choke. that they took the wrong one.


Elle n’y était pas retournée. Elle n’avait eu aucune raison de le faire, aucune raison de s’asseoir pour écouter un énième cours, aucune raison de faire comme s’il ne s’était rien passé. Elle n’y était pas retournée, parce qu’elle n’en avait eu aucune envie, son goût des études envolé depuis des mois. Elle n’y était pas retournée, parce qu’Eugenia n’aurait pas été à Londres. Et elle n’avait aucun intérêt à être loin de sa sœur. Pourtant, sa jumelle avait du soutient, de sa mère, de son beau-père, de leurs grands parents. Mais elle n’avait pas pu se résoudre à retourner à l’université. Après tout, c’était de sa faute.
Sa faute si Eugenia ne pouvait pas reprendre les cours.
Sa faute si sa famille entière était mobilisée.
Sa faute si sa jumelle ne pouvait plus marcher.
La culpabilité la tenait éveillée la nuit, rongeant ses os jusqu’à la moelle, s’installant dans chaque recoin de son esprit fatigué. Elle était incapable de s’en débarrasser, malgré le fait qu’Eugenia ne lui en veuille pas d’avoir indirectement provoqué leur accident. Parce qu’elle n’avait rien eu, si ce n’était des blessures bénignes dues aux morceaux de carcasse arrachés de la voiture. Rien, alors que sa sœur était en fauteuil roulant. Rien, alors qu’elle avait été celle à faire une erreur. Rien. Et cela la rendait malade, tandis que sa sœur peinait avec sa rééducation et le fait de devoir accepter de finir ses jours en fauteuil.
Elle n’était pas retournée à l’université. Et pourtant elle avait l’impression de ne servir à rien, d’être de trop alors que tout le monde s’affairait autour de sa sœur. Elle était celle qui essayait d’en faire le plus et pourtant elle était inutile, dépassée par tout ce dont Eugenia avait besoin à présent. Médicaments, visites à l’hôpital, séances de rééducation. Et elle ne pouvait rien apporter, si ce n’était sa culpabilité, si ce n’était son alcoolisme croissant, si ce n’était son incompétence.
Elle se sentait inutile, son café en main, un sourire enjoué sur les lèvres. Eugenia était installée sur le canapé du salon, un plaid épais sur les genoux, son fauteuil plié à ses côtés. Scarlet s’installa à côté d’elle, lui donnant la tasse qu’elle tenait entre les mains. « Merci, » souffla sa jumelle, avant de tremper ses lèvres dans le liquide chaud. Un silence s’installa, Scarlet ne sachant pas réellement si elle avait envie de parler mais ne voulant pas quitter la pièce au cas où sa jumelle aurait besoin de quelque chose. Au bout de quelques minutes, celle-ci poussa un soupir. « Scar. » « Quoi ? C’est trop chaud ? » Eugenia leva les yeux au ciel, rejetant la tête en arrière pour accentuer son geste. « Il faut que t’arrête ça, » ajouta-t-elle finalement, fixant son regard dans celui de Scarlet. « D’être gênée comme ça, à chaque fois qu’on est ensemble. Je te l’ai déjà dit. Je vais… bien. » Elle nota sans mal l’hésitation de sa sœur mais ne releva pas, ne pouvant pas la blâmer. Aller bien était une exagération, bien qu’elle comprenne ce qu’elle voulait dire. Les mois avaient passé et Eugenia semblait se remettre un peu plus chaque jour de leur accident. « Et je t’ai aussi déjà dit que je t’en voulais pas. Ce n’est pas de ta faute si j’ai quitté la route des yeux. J’aurais dû faire plus attention. » Scarlet baissa les yeux, ses sourcils froncés. Sa sœur avait tort. Même si elle n’avait pas été celle au volant, elle aurait dû l’écouter. Elle aurait dû s’abstenir de boire autant ce soir-là. Elle aurait dû trouver un autre moyen de rentrer plutôt que de la déranger. Elle aurait dû, elle aurait dû, elle aurait dû. Mais elle ne l’avait pas fait. Et toutes ses bonnes intentions ne suffisaient pas. Alors elle pris une inspiration et posa la seule question qui avait eu de l’importance à son esprit au cours des derniers mois. « Et si tu ne t’en étais pas sortie ? » Elle garda ses yeux fixés sur ses mains, sur la peau arrachée autour de ses ongles. Elle aurait dû. « Et si tu ne t’en étais pas sortie, alors que j’ai été horrible avec toi pendant toutes nos années au lycée ? » Elle s’en était toujours voulue d’avoir cédé à sa soif de popularité lorsqu’elles étaient plus jeunes, se dissociant d’Eugenia pour la laisser livrée à elle-même et ne pas la défendre lorsque ses propres amis décidaient de la harceler. Elle s’en était terriblement voulu, pourtant elle ne lui avait jamais demandé pardon, ayant trop honte pour parvenir à avoir cette conversation, et avait laissé l’université creuser un plus grand fossé entre elles, l’indifférence ayant remplacé ce qu’elle avait bien pu lui faire subir. Un silence suivit ses mots, pesant, chaque seconde pire que la précédente. Il n’y avait pas de réponse qui pouvait atténuer sa question. Il n’y avait rien qui pouvait réparer le comportement qu’elle avait eu. « Ça n’aurait pas été grave, » répondit finalement Eugenia. « J’ai toujours su que tu ne me détestais pas, au fond. Que tu étais perdue dans tes jeux de pouvoir. » Scarlet secoua la tête, peu convaincue. « Ça n’excuse rien. » Eugenia n’avait pas à la pardonner aussi facilement. Mais Eugenia avait toujours été meilleure qu’elle. Eugenia n’avait pas été celle à mériter d’être blessée ainsi. « J’ai été stupide. Et j’en suis désolée. » Sa sœur pris sa main dans sienne mais ne répondit pas, laissant ses excuses flotter dans l’air. Alors elle serra ses doigts entre les siens, sans doute trop fort.

(december 22nd, 2015)
I’m sorry you never know about the apocalypses that happen under my skin. i’m sorry you never hear the screams. i’m sorry you only wake up to the aftermath and the doubt hanging onto me by my teeth.


La porte s’ouvrit et elle pu voir la surprise se lire dans son regard, avant qu’il ne baisse les yeux vers sa montre. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Il s’écarta pourtant pour la laisser rentrer, n’hésitant pas d’avantage. Elle commença à enlever son manteau, n’ayant pas envie de parler ou d’expliquer quoi que ce soit. Mais elle savait qu'elle n'était pas juste envers son frère de simplement débarquer comme ça, sans explication. « J’ai besoin d’un verre. » Bartholomew hocha la tête, comprenant sans doute mieux son intention et leurs servi deux verres de gin, alors qu’elle s’installait dans son salon. Les années passées, elle s’était surprise à venir de plus en plus le voir pour avoir de ses conseils ou juste pour sa présence, rassurante, quand elle savait qu’elle ne pouvait pas parler à Eugenia. Après tout, sa jumelle vivait la même chose qu’elle et elle ne voulait pas l’accabler avec sa propre douleur. Barty n’était pas dans sa vie depuis si longtemps, puisqu’ils ne s’étaient connus qu’à leur adolescence mais elle n’avait jamais eu de mal à l’accepter dans sa famille. Il s’installa à côté d’elle, lui tendant le verre et elle pris immédiatement son verre. « Tu veux en parler ? » Il savait sans mal de quoi il s’agissait, parce qu’il n’y avait pas cinquante solutions possibles. Elle avait encore du mal à se dire que c’était réel, qu’elle avait vu le corps de sa mère être enterrée dans ses terres natales grecques, juste un mois plus tôt. Elle se réveillait encore souvent en oubliant, ayant quelques secondes de répit où sa mère était encore en vie, où elle savait qu’elle avait prévu de l’appeler plus tard dans la journée. Quelques secondes de répit avant que la réalité ne l’assomme et ne la cloue sur place. Oh. Elle n’avait personne à appeler. Eugenia dans la chambre d’à côté vivait la même chose et même si elle trouvait parfois rassurant de lui partager ce qu’elle ressentait, c’était devenu plus dur encore de porter sa douleur et la sienne. Barty, lui, était triste, mais probablement pas en deuil. Ce n’était pas sa mère qui était décédée, la sienne se portait encore bien, et elle ne se souvenait pas qu’il ait eu une relation particulièrement proche avec Béatrice. « Pas vraiment, » répondit-elle finalement. « Je saurais même pas quoi dire. C’est juste dur aujourd’hui. » Elle reprit une gorgée, avant de tendre son verre à Barty pour qu’il le remplisse à nouveau. Elle sentit ses yeux inquiets sur elle mais l’ignora, son regard perdu dans un coin de la pièce. Elle se demanda un instant s’il avait compris qu’elle était déjà ivre, lorsqu’elle avait toqué à sa porte. Ce ne serait pas improbable, son haleine parlant probablement d’elle-même. L’alcool avait toujours été son compagnon, depuis son adolescence. L’alcool avait toujours eu une place importante dans sa vie mais jamais à ce point. Il y avait eu l’année avant l'accident où c’était devenu plus fréquent, trop fréquent. Puis après, ça avait été une spirale sans fin, plus de limites, plus d’intérêt à en poser une. Elle avait l’impression de revivre la même chose, en dix fois pire, et elle était incapable de savoir comment survivre une journée de plus sans complètement craquer. L’alcool épongeait, c’était ce qu’elle se disait. Et elle peinait de plus en plus à avancer sans que l’ivresse n’embrouille ses sens. « Ça va devenir plus facile. Pas tout de suite, mais petit à petit, ça commencera à faire moins mal. » Elle laissa les larmes rejoindre ses joues, manquant de déborder depuis plusieurs minutes. Découragée, elle posa sa tête sur l’épaule de son frère et laissa le silence s’installer entre eux, son verre à la main.

(july 17th, 2016)
hide her under the curve of your lip and whoever else you pressed them up against and tell them it felt more like drowning and less like a kiss. tell them you tried to spit her down the throat of every single person you’ve kissed. tell them you think you dropped her somewhere in a drunken kiss, somewhere whispering into the ears of boys whose names you already forgot.


« Je suis quoi, pour toi ? » La question, murmurée, à peine audible, lui avait parut assourdissante. Elle avait fermé les yeux, comme si le fait de ne pas voir le visage en face du sien pouvait faire en sorte qu’elle soit seule. Cette simple idée lui avait permis de ne pas paniquer, de ne pas sentir son cœur s’emballer dans sa poitrine, de garder son calme. Mais lorsque Scarlet rouvrit les yeux, Blake était toujours là. Elles s’étaient couchées sur le côté de manière à se faire face, les rideaux tirés à la fenêtre pour les masquer à tout regard intrusif, même si elles étaient au quatrième étage. Personne ne pouvait les voir, ni les entendre, pourtant Scarlet avait l’impression d’être exposée, même si elles étaient seules dans l’appartement de la blonde. Elle avait constamment l’impression qu’il n’y avait pas assez de distance, pas assez de tissus, pas assez de murs pour les protéger du regard des autres.
Je suis quoi pour toi ?
Rien, avait-elle envie de répondre mais elle n’était plus assez cruelle pour cela. « Une distraction, » répondit-elle plutôt. Elle s’ennuyait. C’était son excuse. Elle avait passé l’année précédente le nez dans les bouquins, la tête dans ses révisions, se préparant à reprendre ses études pour terminer son master en septembre. Elle s’ennuyait. C’était inévitable. Eugenia avait recommencé à faire sa vie, ne dépendant plus entièrement d’elle et elle s’était bientôt retrouvé plus souvent seule qu’en sa compagnie, même si elles habitaient toujours ensemble. Elles avaient pris un appartement ensemble à Londres après l’accident et Scarlet avait pris la responsabilité de trouver un travail pour les faire vivre, toutes les deux, oubliant ses études pour le moment. Mais les années avaient passé et Eugenia avait commencé à retrouver son indépendance. Elle s’ennuyait, maintenant qu’on n’avait plus besoin d’elle. Mais même si Blake faisait partie des personnes avec qui elle travaillait, elle n’avait pas pensé qu’elle serait la solution à son problème. Une soirée trop alcoolisée, de celles qui étaient devenues trop nombreuses dans le quotidien de Scarlet, trop routinière pour qu’elle ne s’y amuse, avait suffit. Une soirée trop alcoolisée, des regards trop appuyés, un baiser trop précipité. Et elle se retrouvait dans son lit, plusieurs mois plus tard, son regard fixé dans ses yeux bleus. Rien, elle n’était rien. Cela devait lui suffire, comme réponse. Une distraction. Quelque chose de nouveau. Quelque chose d’interdit. Cela devait lui suffire. Mais ce n'était pas le cas.
Je suis quoi pour toi ?
Tout. Le doute, mêlé à la peur, mêlée au désir. Tout et rien. Rien parce qu’elle était terrifiée. Tout parce qu’elle ne pouvait pas totalement se mentir. Elle ne savait pas d’où il venait, ce sentiment, qu’elle avait si vainement cherché dans ses relations avec ex petits-amis. Elle savait qu’il avait été toujours tapi dans un coin de son esprit, depuis l’âge où elle avait eu un béguin pour sa voisine de classe en maternelle, avant qu’elle ne comprenne que ce n’était pas normal aux yeux de tous. Avant qu’elle ne comprenne que ce n’était pas attendu d’elle. Avant qu’on ne commence à lui demander si elle avait un amoureux et non une amoureuse. Elle avait toujours été là, cette certitude, jusqu’à ce qu’elle puisse lui donner un nom, jusqu’à ce qu’elle l’associe à la peur et à la honte. Elle n'avait pas su comment elle devait se qualifier, alors qu’elle l’avait enterré, prétendant que ça ne lui correspondait pas. Elle était sortie avec des garçons, parce que c’était ce que les autres faisaient, parce que c’était ce qui était normal. Elle était sortie avec des garçons, pas par envie mais par contrainte. Cette contrainte n’avait pas tardé à se transformer en moyen de se convaincre que c’était ce qu’elle voulait, en moyen de se convaincre qu’elle était comme le reste des personnes qui l’entouraient. Parce qu’il y avait eu Gabrielle. Gabrielle avait été celle à lui faire comprendre. Gabrielle avait été celle à planter le doute dans son esprit. Gabrielle avait été celle à mettre feu à son cœur et son esprit. Gabrielle avait celle à la terrifier. Scarlet n'avait rien dit. Elle n'y avait même pas pensé. Elle n'avait pas tenté d'interpréter ce qu'elle ressentait. Elle avait déversé son poison, parce que c'était tout ce qu'elle savait faire, parce que c'était devenu un mécanisme de défense. Elle avait attendu que les insultes fassent effet sur ses propres pensées. Elle avait attendu que celles-ci correspondent à ce qui sortait de sa bouche. Ce n'était jamais arrivé. Gabrielle était restée sa victime. Jusqu’à ce que ses yeux se pose sur Blake, des années plus tard.
Tout avait changé. Et rien n’avait changé.
Elle n’était rien. Une distraction.
« Scar… » commença la blonde mais Scarlet l’interrompit. Tais-toi, aurait-elle voulu lui dire. A la place, elle avait refermé ses doigts sur son poignet et avait posé ses lèvres sur les siennes. Elle avait ignoré le feu ravageant sa peau. Elle avait ignoré les battements de son cœur. Elle avait ignoré ses doutes.

(april 26th, 2017)
you’re stuck in the loose hairs you found on your pillow the next morning, the way your mouth felt numb for days. you’re stuck in the quiet limbo, the dead silence, the moments after the fall when your limbs are all broken but you know you’re still alive.


Je suis désolée. Elle avait écrit ces mots, encore et encore, n’envoyant que certains des messages qu’elle tapait, ne sachant pas quoi dire d’autre. Le premier message, lui, avait reçu une réponse. Parce que le premier contenait plus. Je suis désolée, avait-elle écrit. Je suis désolée. J’ai couché avec quelqu’un d’autre. J’étais ivre, j’ai pas réfléchi et les rumeurs me sont montées à la tête. Je suis désolée. Tu mérites mieux. Elle s’était retenue d’écrire avec un garçon au lieu de quelqu’un d’autre, parce que cela n’avait aucune importance, dans les faits. Même si ça en avait eu pour elle, sur le moment, alors que son geste ne lui avait apporté aucun soulagement. Cela avait simplement continué de creuser, encore et encore, le mal-être qui l’habitait, renforcé par les rares insultes qu’elle avait reçu depuis que les premières rumeurs avaient commencé à circuler. Quelqu’un avait dû la voir avec Blake, après le travail. C’était la seule explication.
T’as raison, avait répondu Blake. Je mérite mieux.
Elle avait l’habitude, au fond. D’agir sur des coups de tête, de se laisser consumer par sa fierté, de faire passer ce qu’on pouvait bien penser d’elle avant tout le reste. C’était ce qui s’était passé lorsqu’elle avait laissé ses amis insulter sa sœur. C’était ce qui s’était passé lorsqu’elle s’était attaquée à Gabrielle au lieu de lui avouer ses sentiments, tant d’années auparavant. C’était ce qui se passait à présent, alors qu’elle avait l’impression de retomber à l’adolescence, de retomber dans les pièges qu’elle s’était elle-même tendue. Elle savait, à présent, qu’elle avait eu tort. Ce qu’on pouvait bien penser d’elle n’avait aucune importance.
Aucune importance en comparaison à la douleur de son cœur brisé, aucune importance en comparaison aux regards froids de Blake, aucune importance en comparaison aux débris de leur relation.
Tout cela n’avait aucune importance mais elle s’en rendait compte trop tard, bien trop tard, et encore une fois, elle se retrouvait seule, n’ayant pas formé de nouvelle amitié depuis qu’elle était retournée à l’université, ayant abandonné sa couronne depuis longtemps, n’ayant plus Eugenia, qui s’était envolée vers les Etats-Unis et qui n’était pas revenue lorsqu’elle avait promis de le faire, la laissant seule, sans but, sans boussole.  Il n’y avait plus que les souvenirs de l’accident, insurmontables depuis le début du mois, noyés dans l’alcool qu’elle versait dans sa gorge. Il n’y avait plus que ses études, qui aurait toujours dû avoir la priorité, et Blake, qui avait failli suffire à la détourner de son objectif. Blake, qui au fil des mois avait pris de plus en plus d’importance dans son cœur, dans sa vie. Mais elle avait continué de la traiter avec négligence, ne voulant pas poser de termes officiels sur leur relation. Et même si le mot exclusif n’avait jamais été attaché à ce qu’elles partageaient, elle s’était sentie immédiatement coupable de partager les draps de quelqu’un d’autre.
Il n’y avait plus que ses études, à présent, les mots secs de Blake suffisamment clairs pour qu’elle comprenne qu’il n’y avait pas de retour possible après ce qu’elle avait fait. Elle avait gardé un détail pour elle, cependant, persuadée que le lui avouer ne ferait qu’ajouter de l’huile sur le feu. Elle avait gardé sa grossesse pour elle, persuadée qu’elle n’aurait pas besoin d’être mentionnée puisqu’elle avait décidé d’y mettre un terme. Les médecins lui avaient expliqué que sa consommation d’alcool pendant les premières semaines, alors qu’elle n’était pas encore au courant, pourraient avoir des conséquences drastiques sur son enfant. Terrifiée à l’idée d’échouer encore plus dans son rôle de mère que dans sa vie en général, elle avait compris que le garder n’était pas une option. Elle n’avait pas d’argent, après tout, elle n’avait aucune stabilité à lui offrir. Alors elle avait pris rendez-vous et avait gardé son secret pour elle, convaincue qu’en parler, même à son père, même à sa sœur jumelle, n’aiderait personne.


(may 10th, 2018)
i’m sorry that you taste like every last time my heart sounded its own siren, forced its own self to break. i’m sorry you never get the chance to run. i’m sorry you wake to all this hurt.


Un soupire s’échappa de ses lèvres, ses yeux figés sur le jeton qu’elle retournait entre ses doigts. Un I marquait l’année qu’elle venait de passer sobre, pour la première depuis une éternité. Il y avait tellement d’autres raisons qui démarquait cette année des autres, mais celle-ci était probablement la plus importante. Je suis tellement fière de toi, disait un texto envoyé par sa sœur, à l’autre bout du monde. Elle aurait voulu qu’elles soient ensemble pour célébrer ses un an mais un océan les séparait et aucune des deux n’avait eu les moyens de rejoindre l’autre, pour l’instant. Le mois précédent avait été particulièrement difficile, l’anniversaire de leur accident faisant resurgir des souvenirs qu’elle préférait oublier et elle avait presque cru qu’elle ne tiendrait pas le coup. Elle aurait pu mentir, si c’était arrivé, mais elle savait qu’elle s’en serait voulu d’être malhonnête auprès de son sponsor et de son groupe. Elle n’en avait pas eu besoin de toute manière, le jeton lui semblant encore trop irréel pour qu’elle arrive à le ranger dans son portefeuille. Elle reporta les yeux sur la porte devant laquelle elle s’était arrêté, et le rangea finalement dans sa poche, prenant une inspiration, avant de toquer. Elle n’était pas certaine que ce soit une bonne idée, s’attendant à ce que la porte lui soit claquée au visage à peine ouverte. Mais lorsqu’elle avait appris qu’elle s’était installée à Londres, elle aussi, elle avait su qu’elle devait saisir l’opportunité pour présenter ses excuses, même si elles s’avéraient inutiles. Elle ne pouvait pas faire de même avec Blake, qui refusait toujours de lui parler, alors elle prenait ce qu’elle pouvait. Un homme qu’elle ne connaissait pas ouvrit finalement la porte et elle lui adressa un sourire gêné. « Bonjour, désolée de vous déranger… Je cherche Gabrielle Hawkins ? » Il se retourna vers l’intérieur de l’appartement, qui ne semblait pas si grand. « Chérie ? Il y a quelqu’un pour toi. Vous pouvez entrer si vous voulez, » ajouta-t-il à son intention et elle secoua la tête, gênée. « Non, c’est bon, ça prendra pas longtemps. Merci. » Il s’écarta et elle n’eut pas de mal à la reconnaître, malgré les années. Elle pu voir son expression changer immédiatement, la confusion claire sur son visage. « Scarlet, » précisa-t-elle, reconnaissant sans mal le regard qu’elle lui lançait, de ceux qui les connaissait peu et n’arrivaient pas à la différencier. Elles ne s’étaient pas vues depuis le lycée, donc il n’était pas étonnant qu’elle ne soit pas au courant qu’il suffisait d’un coup d’œil maintenant pour savoir qui était qui. L’expression de Gabrielle se durcit immédiatement. « Qu’est-ce que tu veux ? » Elle ne pouvait pas lui reprocher de n’avoir aucune envie de la voir, leurs derniers échanges ayant été particulièrement violents. Elle secoua la tête, peu habituée à présenter des excuses à qui que ce soit. Mais la culpabilité envers son ancienne victime ne l’avait jamais totalement quittée, même si elle n’avait pas été la seule. Gabrielle avait été différente. Et c’était sans doute pour cela qu’elle s’était montré le plus horrible avec elle. « Je sais que tu veux pas me voir, mais j’ai appris que t’étais arrivé récemment, et… Je voulais venir te demander pardon. » Elle sortit de sa poche le pendentif qu’elle avait gardé pendant des années, volé dans les affaires de Gabrielle pendant un cours de sport. Il était évident qu’il était plus ancien, et donc probablement sentimental. « Je voulais te rendre ça aussi, » ajouta-t-elle en lui tendant. « Je suis vraiment désolée, Gabrielle. J’ai été une connasse avec toi, et c’était pas à cause de quelque chose que t’avais fait. Ou de qui tu étais. Je savais pas comment gérer mes propres problèmes, donc je m’en suis prise à toi, » continua-t-elle, le cœur battant douloureusement dans sa poitrine. Elle avait passé trop d’années à se détester, trop d’années à vouloir enterrer ce qu’elle ressentait simplement par peur d’être comme ceux dont elle s’était moquée au lycée. Par peur d’être elle-même. Un an de sobriété semblait être une bonne étape pour laisser ces sentiments derrière elle. « Mais je veux pas me chercher des excuses, et t’es pas obligée de me pardonner. Je voulais juste te dire que j’étais désolée. Et te rendre ton collier. » Gabrielle hocha la tête, serrant le pendentif entre ses doigts. « Ok. Merci. » Et elle ferma la porte.


(september 25th, 2019)
it’s hard, isn’t it? living with a shattered heart. you breathe in and hope the shards don’t pierce your lungs. but, eventually, they will. there is no escape from it. you will bleed. you will gasp. and you will scar.


« Tu m’entends ? » L’image sur son écran recommença à bouger et elle pu voir les lèvres de sa sœur bouger alors qu’elle lui répondait par l’affirmative. Un sourire éclaira immédiatement son visage, comme à chaque fois qu’elles s’appelaient, même si son cœur était lourd. C’était devenu une routine dès la première semaine où Eugenia n’avait plus été à ses côtés. En deux ans et demi depuis, elles n’avaient manqué qu’un seul de leurs appels quotidien et il était rare que ces derniers durent moins de deux heures, puisqu’elles trouvaient toujours de quoi relancer la conversation, même après s’être raconté leur journée en détails. C’était devenu le seul bonheur des journées de Scarlet, le reste de son quotidien incroyablement fade. Sa vie amoureuse était vide, les souvenirs de sa relation désastreuse avec Blake encore trop frais même après deux ans pour qu’elle s’autorise à tomber de nouveau amoureuse. Son poste au Guardian lui plaisait mais elle sentait qu’elle n’était pas totalement épanouie en écrivant des articles d’actualités, désirant quelque chose de plus profond. Le reste de sa vie était désespérément vide, ses passe-temps restreints, ses relations peu nombreuses. A vrai dire, depuis qu’Eugenia était à New-York, et même depuis qu’elle avait commencé à travailler, sa vie s’était faite plus triste, plus ennuyante. Elle se sentait presque pathétique de penser ainsi mais sa sœur jumelle avait été une partie trop importante de sa vie suivant leur accident pour qu’elle supporte bien son absence. « J’ai une mauvaise nouvelle, » dit-elle au bout d’un moment, après qu’elles se soient donnés brièvement des nouvelles sur leur journée. « J’ai été virée. Ils ont plus l’argent pour payer autant de journalistes et j’imagine qu’il y en a qui sont meilleurs que moi, » ajouta-t-elle avec un soupire. Ce n’était pas l’entière vérité. Du moins, c’était le prétexte qu’ils avaient utilisé pour ne pas avoir à faire plus de paperasse. Elle savait que c’était la droite qu’elle avait collé à son collègue qui avait scellé son destin, après qu’il se soit plaint à coup de remarques ignorantes de la présence des Wheelchair Championships de l’US Open sur les écrans de leurs bureaux. Elle vit l’expression d’Eugenia changer, malgré la mauvaise qualité. « Ces connards, ils savent pas ce qu’ils perdent. Tu veux que je fouille de leur côté et que je déterre un scandale ? Un journal comme ça, ils doivent en avoir plein. » Scarlet sourit à nouveau, amusée par le cheminement de pensée de sa sœur, bien que ça ne la surprenne pas de sa part. « Calme-toi, Sherlock. Il était temps que je change de toute façon. » Elle marqua une pause, voulant s’assurer que sa connexion ne la lâcherait pas au moment où elle annoncerait le reste. Elle fronça les sourcils, faisant mine de réfléchir. « T’as prévu un truc pour notre anniversaire ? » demanda-t-elle, prétendant ne pas déjà avoir regardé les billets d’avion. Elle ne la laissa pas répondre, sachant très bien qu’elle avait déjà compris. « Parce que tu sais, l’avantage, c’est que j’ai eu un gros chèque pour compensation et que j’ai économisé pas mal vu le salaire qu’ils me payaient. Donc je me dis que je peux bien me prendre un peu de vacances avant de chercher autre chose. » Elle vit sa sœur ouvrir la bouche, sans prononcer un mot cependant. « J’ai trouvé un avion pour New York qui part demain matin. » Elle avait déjà commencé à faire un tri dans ses vêtements, ne doutant pas une seconde qu’Eugenia voudrait qu’elle vienne, surtout pour leur anniversaire. En deux ans et demi, aucune d’elle deux n’avaient eu assez de temps de repos ni assez d’argent pour se rendre visite. En deux ans et demi, elles ne s’étaient pas vues une seule fois face à face. Et la douleur que l’absence d’Eugenia avait fait naître commençait à devenir insupportable. Celle-ci poussa un cri d’excitation, posant ses mains devant sa bouche. Scarlet explosa de rire, alors que sa jumelle peinait à sortir une phrase intelligible.
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé

Scarlet E. Lancaster Empty
MessageSujet: Re: Scarlet E. Lancaster   Scarlet E. Lancaster Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

Scarlet E. Lancaster

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
BROKEN SOULS ARE ALWAYS BLEEDING :: defeat never suited her anyway :: But watch the queen seize control of the stars :: Laura-