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 (helios ibsen)

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Ishikawa Ryuku
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MessageSujet: (helios ibsen)   (helios ibsen) EmptyMer 4 Sep - 9:53

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Dernière édition par Ishikawa Ryuku le Dim 22 Sep - 11:21, édité 1 fois
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Ishikawa Ryuku
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MessageSujet: Re: (helios ibsen)   (helios ibsen) EmptyVen 13 Sep - 13:38

jferai les codes plus tard allez la bise

L’opale froid du coquillage touche le lobe de ton oreille puis enrobe tout le cartilage et en toi renaît le silence. Il paraît qu’on y entend la mer. Alors tu laisses ton sang couler dans tes veines, faire dix fois le tour de ton corps, grimper jusqu’à ta tête pour nourrir tes pensées, mais tu ne retrouves aucun de tes souvenirs dans cette carcasse irisée.
Seul le bruit sourd de l’air compressé contre ta joue.
Seule l’absence du parfum marin qui te laissait songeur lorsque tu étais enfant.
Seul le nœud de cabestan serré autour de ton cœur pour t’empêcher de repartir.
Tu reposes l’objet avec la délicatesse qui t’est propre et te regardes dans la glace qui habille le mur d’en face. Ton reflet n’est altéré par aucune trace, si ce n’est celle d’un nettoyage appliqué, invisible et régulier. Dans tes yeux brûle la lueur du chandelier qui éclaire la pièce d’une lumière tamisée, mais la couleur de tes iris change au rythme de ces éclats discrets : tu es d’humeur aqueuse, versatile comme le courant d’une eau dont on ne peut prévoir la trajectoire finale. Elle épouse toutes les formes, toutes les tailles, toutes les matières et s’écrase sur les incendies les plus violents alors que les animaux sauvages eux-mêmes ne s’y risqueraient pas.
Et quoi, tu t’évapores ? C’est pour mieux disparaître, c’est pour mieux revenir, douce pluie d’équinoxe ou giboulée redoutable qui s’infiltre partout, gangrénant les murs et les toits de moisissure vorace.
Peut-être qu’on te reconnaitra à l’odeur croupie des placards oubliés et des caniveaux portuaires où tes vêtements ont séché même en hiver. Mais pour l’heure, tu profites de la solitude d’être quelqu’un d’autre.
Quelqu’un dont tu as pris les traits pour une nuit, et ainsi la demeure, les vivres et les privilèges. Tu joues bien la comédie, tu as presque adopté les expressions de celui que tu remplaces et, à te voir dans le miroir, tu en as la carrure. Mais ton cœur, lui, reste le même, et sur ses plaies fermente toujours l’écume d’une colère froide et placide qui polit tes valeurs depuis déjà trop longtemps.
D’un coup de baguette, tu ouvres le robinet d’eau chaude du bain et les sels parfumés s’en suivent pour bouillonner à la surface. Tu y entres sans attendre, ta peau brûlant au contact des flots mais tu serres les dents blanches de ton hôte – les tiennes ? Tu gémis, un peu, d’une voix qui t’est étrangère, et bientôt tu t’immerges complètement dans cette immense baignoire. Elle pourrait contenir deux, peut-être trois corps entiers sans le moindre problème. Tu te souviens d’avoir dormi dans des espaces plus restreints encore.
Tu souris lorsque tu entends la porte d’entrée se refermer. Des bruits de pas, des soupirs, bientôt une silhouette entre les plinthes verticales de la salle de bain, et des yeux qui te fixent sans méfiance. A la place, des cernes las que le travail a creusés et, il est vrai, une pointe de désir surpris en te voyant ainsi dévêtu, les membres luisant de mousse et de propreté.
« Tu ne m’attends pas ? »
Tes lèvres s’étirent davantage et tu hausses les épaules en minaudant. Elle fronce les sourcils. C’est probable qu’elle trouve son compagnon étrange, bien silencieux pour une fois, ou peut-être concentré sur elle alors qu’il a pour habitude de ne plus vraiment la regarder dans les yeux.  
Les riches aiment comme ils consomment : sur demande. Adolescent, tu ne rêvais pas de rapports dans une baignoire moussante, mais simplement d’une eau ne serait-ce que tiède pour te laver après tous tes camarades d’internat.
A mesure qu’elle s’approche, tu te sens puissant, animé par l’adrénaline d’un interdit dont seul toi es conscient. Où est celui que tu remplaces ? Ce secret, tu le gardes, comme tout ce que tu crées, comme tout ce que tu vaux.
« Ça ne va pas ? Tu as un drôle d’air. » Si elle savait. T’as envie de lui montrer, rien que pour lire l’horreur dans son visage – la même qui vous prend à la gorge une fois la moisissure découverte. On a beau frotter, sa trace ne partira jamais vraiment.
« Non je suis juste … content de te voir. » T’as appris les banalités aussi. Celles qui ne font pas osciller les pensées de ceux qui ne doivent se douter de rien. Tu peux te contrôler tant que personne ne panique. Avoir échoué autrefois te rappelle ce que sont les conséquences à chaque geste que tu fais. Elle ne s’en formalise pas : ton bonheur fait le sien. Elle contourne la baignoire et tu poses ta nuque contre la porcelaine pour la suivre des yeux. Ses lèvres frôlent ton front avec une charmante incertitude : elle hésite, attend une autorisation que tu dois lui donner mais tu préfères la toiser sans ciller car les meilleurs ordres sont tacites – les chefs n’ont pas besoin de hurler pour se faire entendre.
Son nez suit bientôt la raie de tes cheveux – blonds cette fois. Elle suspend son mouvement pour humer l’air chargé d’humidité : « T’as traîné où aujourd’hui ? Tu sens le vieux poisson. » Ton regard s’assombrit – littéralement, se dénuant des couleurs pour plonger vers l’obscurité. Tu le tournes vers un coin de la pièce pour ne pas qu’elle le remarque. En vain, elle glousse face à ta mine boudeuse, mais d’un coup tu la détestes, d’un coup tu voudrais la voir hurler en apprenant qui tu es, d’un coup tu souhaiterais murmurer un sortilège de mauvais augure et scruter ses soubresauts sur le sol d’un air rêveur. Elle te rappelle qu’il ne suffit pas de cacher la moisissure pour la faire disparaître. Cette odeur, c’est la tienne : les sels de bain n’y feront rien, et tes iris rappellent à présent les chenaux opaques au cœur desquels on ne devine plus rien, oubliant les ordures qu’on a laissé traîner en amont d’un fleuve urbain.
Mais elle se redresse et tu te ravises : elle n’en vaut pas la peine.
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(helios ibsen)

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