Silas Brown & Thalia Selwyn + We are older than our bones, our souls are comets that bodies cannot hold. And all the stars we once knew, have already died. But god, you look at me and it’s okay, that we can’t remember how to be alive.

Thalia jeta un coup d’œil à sa montre, faisant tourner sa fourchette dans ses spaghettis de son autre main. De l’autre côté de la table, elle pouvait voir Silas, qui n’avait pas croisé son regard une seule fois depuis le début du repas et elle commençait à s’impatienter. Le diner allait toucher à sa fin et elle aurait aimé pouvoir capter son attention avant que ce soit le cas. Ils devaient quitter la Grande Salle en avance s’ils voulaient éviter de se faire prendre. Dans quelques minutes, il serait trop tard, le hall se remplirait d’élèves et les elfes de maison occuperaient ensuite l’espace pour nettoyer, ouvrant en grand les portes, donnant une vue imprenable sur l’entrée. A cet instant, elles étaient fermées, leur promettant de les masquer s’ils se faufilaient dans le parc. Mais Silas ne la regardait pas, si bien que tout cela ne servait à rien. Elle pouvait sentir la distance entre eux depuis la rentrée, l’attitude glaciale que le jeune homme avait adopté envers elle et elle savait parfaitement qu’elle était la seule fautive. Cette distance, elle était présente entre eux depuis des mois, mais avant les vacances, c’était la brune qui l’avait imposée. Pas parce qu’elle le voulait. Pas parce qu’il lui avait fait du mal. Simplement parce qu’elle pensait ne pas avoir le choix. Elle avait préféré être honnête, lui avouant qu’il valait mieux qu’il ne lui parle pas de sa famille ou de la résistance en général. Elle n’avait pas eu à lui donner de raison précise, l’affiliation entre les Selwyn et les Disciples, et par extension le gouvernement n’était pas un secret. Et pourtant ce n’était pas la seule raison, mais elle ne pouvait pas se résoudre à lui avouer ce qui se passait, chaque mois. Ces rendez-vous, elle les avait gardé pour elle, terrifiée de ce qu’il adviendrait à son meilleur ami si elle venait à les lui révéler. Elle avait subit, seule, les invasions de son esprit, un an durant, décidant finalement de protéger les proches de Silas lorsque la résistance était montée en puissance en mettant de la distance entre eux. Elle avait gardé pour elle les mesures qu’elle avait prise pour y mettre fait, masquant par des manches longues les traces que l’aiguille commençait à laisser sur sa peau, même après seulement deux fois. Pour l’instant, cela fonctionnait. Pour l’instant, elle n’avait pas eu de vision. Mais elle savait que cela ne voulait rien dire, qu’il n’y avait pas une fréquence qu’elle avait surveillé, puisque cela lui était déjà arrivé de ne rien voir pendant une année entière ou au contraire, d’avoir des prémonitions tous les jours. Son don était aléatoire, tout comme son futur. Si cela marchait, elle serait inutile aux disciples. Si cela marchait, elle serait tranquille, alors elle voulait y croire, alors elle persévérait. Elle ne savait pas exactement quelles étaient les règles, si ses visions seraient bloquées uniquement pendant le temps où elle était plongée dans une douce euphorie, ou si cela marchait pour quelques heures, quelques jours. Elle n’avait aucun autre moyen de le savoir que d’essayer, cachée dans la salle de bain entre deux heures de cours, son matériel ensuite soigneusement rangé sous le faux fond de sa malle. Elle n’avait aucune intention de parler de tout cela à Silas, non seulement pour le protéger mais parce qu’elle avait honte. Honte d’être tombée aussi bas, honte de se montrer aussi faible, honte de ne pas parvenir à aider sans broncher. Mais cela ne voulait pas dire qu’elle ne voulait pas lui parler du tout, regrettant son attitude des derniers mois. En lui demandant de ne pas lui faire part de ce qui se passait dans sa famille, elle avait inconsciemment dressé une barrière entre eux, l’évitant soigneusement par peur d’apprendre quelque chose qui pourrait lui porter préjudice. Elle avait passé l’été loin de lui, ne répondant pas à ses hiboux, prise dans ses doutes et ses peurs. A présent, elle regrettait.
Mais il ne la regardait pas, et même si elle ne pouvait pas lui en vouloir, Thalia s’impatienta. Elle finit par s’éclaircir doucement la gorge, forçant plusieurs têtes à se tourner vers elle, dont celle du Brown. Elle croisa son regard, maintenant le contact visuel en attendant que le reste des serdaigle se désintéresse d’eux. Enfin, elle fit un mouvement de la tête vers la porte et se leva. Il n’était pas rare pour un élève de finir en avance, volontairement ou non et il n’y avait rien qui les obligeait à rester à table, si bien que personne ne s’étonna de la voir quitter la Grande Salle. Discrètement, elle sortit du château et rejoint les serres de botanique, où elle et Silas avait pris l’habitude de se retrouver pour être au calme, pour parler sans être entendus ou tout simplement pour passer du temps ensemble. Elle entra dans leur serre et jeta immédiatement un sort d’obscurité sur les parois en verre, qui masquerait la lumière émanant des lampes qu’elle alluma ensuite. La jeune femme se jeta ensuite dans les coussins du canapé d’extérieur, installé dans un coin depuis sa première année, principalement utilisé par leurs professeurs pendant les cours. Iggy vint se poser à ses pieds, sous sa forme de jaguar, le regard également fixé sur la porte. De longues minutes s’écoulèrent, pendant lesquelles Thalia regarda plusieurs fois sa montre, laissant échapper un soupir à chaque fois qu’elle voyait à quel point l’aiguille avait avancé. Ce ne fut que cinq minutes avant la fin du repas que la porte s’ouvrit finalement, laissant entrer Silas. Elle se redressa, un sourire aux lèvres, alors qu’il s’avançait dans la serre. « J’ai presque cru que tu n’allais pas venir, » dit-elle en guise de salut, le cœur battant. Elle était appréhensive, pouvant voir sans mal que Silas avait changé d’attitude à son égard et que même en cet instant, il n’y avait aucun sourire sur ses lèvres. Elle espérait qu’ils pourraient oublier tout cela et reprendre les choses là où ils les avaient laissé. Son meilleur ami lui manquait, son absence creusant chaque jour un peu plus la plaie dans son cœur et elle espérait ne pas avoir compromis leur relation par la manière dont elle avait agit. Elle espérait qu’il puisse lui pardonner.

(c) cosmic dust

Silas Brown & Thalia Selwyn + whenever our eyes lock I figure out the answer. it’s as though you hold the answer key to the questions I refuse to ask and it’s only with your hand holding mine that safety is a guarantee so don’t shelter me from the storm. I know my own power now and I can handle a little rain because with you standing beside me I feel sure enough to conquer the stars one by one until the only constellations in the sky somehow have our victories, our defeats and our vows etched in

Il y avait une rage dans ses os, et il sentait soulevé par une vague de colère qui puisait sa source dans ses entrailles les plus profondes. Chaque respiration était un sifflement, et chaque regard qu’elle lui lançait était une injure, une de plus. Son corps n’était devenu qu’une suite de cicatrices, laissés par des êtres aimés et qui n’avaient trouvé rien de mieux à faire que de l’abandonner, avec un simple on revient.
Silaounos avait été abandonné, laissé sur un rivage d’une mère qui l’avait laissé dans une culture qui n’était pas la sienne. Son père n’avait rien dit, et Silouanos avait attendu passif, qu’ils reviennent. Il avait attendu si longtemps qu’il avait changé, et qu’une rancoeur avait pris place entre ses côtes, et qu’elle grandissait à chaque gonflement de sa cage thoracique. Il attendait encore, et son espoir n’était plus qu’un foetus recroquevillé qui se mouvait à peine. Pourtant, il continuait à se mentir à lui-même, à regarder la porte de sa maison à Godric’s Hollow, attendant encore et encore qu’elle s’ouvre pour laisser passer des silhouettes dont il ne connaissait plus que les rebords.
Ses parents avaient fait de lui Egée, qui attendait au bord d’un précipice le retour de son fils. Peut-être même que c’était pour cela que sa mère, la devin qui prophétisait au milieu des encens et des fumées rougeâtres, l’avait nommé Nereus, pour le vieil homme de la mer. Elle avait peut-être vu une vision de son fils plongeant dans les abimes de la mer après avoir vu une voile noire, se mêlant avec les vagues pour ne devenir qu’un avec elles. Voulait-elle le voir souffrir des années durant, pris au piège d’une loyauté qui lui rongeait les membres car elle l’empêchait de s’attacher à la famille qui l’avait recueilli? Voulait-elle se savoir si présente dans les pensées de son unique fils que les devins le mettaient hors de lui et qu’il ne savait plus où était sa place, si elle n’était pas dans les forêts d’Arcadie?
Elle avait voulu lui apprendre la tolérance, mais Sophia Katsaros lui avait appris la peine, la douleur d’un coeur qui battait huit pays plus loin. Elle qui avait voulu qu’il s’ouvre aux autres, elle n’avait réussi qu’à le rendre paranoïaque, terrorisé à l’idée d’être seul.
Et puis, Silas avait été mis de côté une nouvelle fois, par la seule personne qu’il avait cru différente. Thalia avait mis une distance entre eux sans même le consulter, et elle avait tourné le dos et continuer à marcher dans une direction qu’il ne pouvait pas emprunter. Elle avait prétendu avoir des excuses, mais sans explication Silas avait du se rendre à l’évidence. Bien sur qu’elle allait partir, il l’avait toujours su. Il avait juste attendu pendant des années, et comme elle n’était jamais parti, il s’était laissé rêvé. Il avait osé espérer qu’elle puisse rester à ses côtés, mais il avait du se rendre à l’évidence. Silas était fait pour être abandonné. Entre les Katsaros qui ne voulaient plus de lui, entre les Browns qui avançaient dans un sens et qui le laissaient au beau milieu de la route, il y avait eu elle, Thalia, qui avait serré sa main une dernière fois avant de le laisser, encore une fois, seul.
Et il se demandait pourquoi il osait encore souffrir ainsi. Il devrait avoir l’habitude. Il vivait ainsi depuis plus de dix ans, et il y avait des adages grecs qui résonnaient dans son crâne à chaque fois qu’il passait une main sur une crevasse dans son coeur. Heart, be still, you had worse than this to bear. Il avait eu l’été pour jongler cette version de Thalia qu’il ne connaissait pas. Il n’y avait jamais eu de secret entre eux, et il arrivait même à en vouloir aux Browns pour leurs implications dans la résistance si c’était ce qui avait mis cette distance entre eux. Mais pour le moment c’était à elle qu’il en voulait, elle qui avait brisé son coeur et qui faisait comme si de rien n’était. Elle qui essayait de capter son regard comme elle l’avait fait si facilement pendant des années.
« Si elle veut te parler, c’est peut-être pour t’expliquer sa distance, » argumenta Sôteira et Silas tourna les yeux pour observer son patronus perché sur une de ses épaules. La voix sage avait raison, mais il ne pouvait s’accrocher à la logique de son patronus, car  il n’y avait rien de logique dans la façon dont il ressentait cet abandon. Lui un être de raison était devenu une créature sujette à ses sentiments dès que la situation se tournait vers son passé. Pourtant, la mâchoire serrée et les yeux gris trop durs, il se tourna pour capter le regard de Thalia et il comprit rapidement ce qu’elle voulait. Cette compréhension tacite l’énerva plus que prévus, car c’était une nouvelle attaque envers lui. Ils se connaissaient si bien, et pourtant elle l’avait laissé seul.
Il quitta la salle du repas rapidement, et son humeur massacreuse des derniers jours laissait un vide autour de lui depuis son arrivée à Poudlard, alors il se retrouva, après avoir pris son temps, devant une des serres. « J’ai presque cru que tu n’allais pas venir, » dit-elle en souriant, et c’était sûrement encore pire. Parce ce sourire, il attirait Silas. Parce que ce sourire, il ne pouvait que lui en rendre un, en réponse automatique inscrite dans sa moelle. C’était un réflexe, un qu’il avait vu surgir de nulle part mais qu’il n’avait jamais considéré supprimer. Mais maintenant, elle lui souriait, et c’était un couteau dans le dos, une souffrance puis une caresse, un glaçon sur une brûlure.
« On est deux comme ça, » répondit-il, avec une intensité qui rappelait sa famille paternelle, mais qui rendait son teint encore plus clairs. Il ne quitta pas l’entrée de la serre, préférant s’installer le dos au mur, dans un geste ancestral de protection, laissant son dos hors d’atteinte. « Tu voulais quelque chose en particulier ou simplement qu’on se toise en silence? » demanda t’il, une lèvre en un rictus doucereux.

(c) cosmic dust

Silas Brown & Thalia Selwyn + We are older than our bones, our souls are comets that bodies cannot hold. And all the stars we once knew, have already died. But god, you look at me and it’s okay, that we can’t remember how to be alive.

Il y avait un vide dans son quotidien, laissé par l’absence de Silas Brown dans sa vie. Un vide qu’elle ne parvenait pas réellement à combler, qui lui faisait mal autant qu’il l’étouffait. Elle n’avait pas été habituée à être si distante de son meilleur ami. Lorsqu’ils s’étaient rencontrés, leur relation avait été très forte très rapidement. En quelques semaines, ils en étaient venu à se voir tous les jours et à passer la majorité de leur temps libre ensemble, trouvant en l’autre un certain confort qu’ils n’avaient pas ailleurs. Il y avait quelque chose dans leurs personnalités qui faisait qu’ils n’avaient pas eu de temps d’adaptation. Pas de phase gênante, pas de phase courtoise, simplement une complicité qui pouvait laisser croire qu’ils se connaissaient depuis enfants. Au fond, il avait représenté l’une des plus grandes parties de sa vie ces dernières années, ce genre d’ami qu’on n’avait qu’une fois de sa vie, ce genre de relation qui était inégalable, peu importe le nombre de proches qu’elle pouvait bien avoir. Elle n’avait eu besoin que de lui pendant ce qui lui avait semblé être une éternité. Et en le rejetant, elle avait eu l’impression de déchirer une part d’elle-même, terrifiée par la menace omniprésente des disciples qui pesait sur elle. Elle ne savait pas exactement de quoi ils étaient capable mais elle avait compris depuis longtemps que tout n’était pas blanc, dans leurs affaires. Elle avait compris qu’ils éliminaient probablement ceux qui se dressaient sur leur chemin, et les Brown faisaient partie de ces gens-là. Elle avait pensé le protéger, lui et sa famille. Mais elle n’avait fait que se tirer une flèche en plein cœur, souffrant chaque jour de sa décision. Elle ne vivait qu’avec ses regrets, incapable de réellement donner un sens à ce qu’elle faisait. Elle sentait sa vie s’échapper entre ses doigts, lui faisant perdre tout contrôle dessus. Et Silas était la seule ancre dont elle avait besoin pour se sentir un peu moins démunie.
Il était entré sans un bruit, le mouvement de sa silhouette dans le noir attirant son regard. Un sourire s’était dessiné sur les lèvres de Thalia mais l’appréhension faisait battre avec peine son cœur, le réalisation que rien ne serait simple dans cet échange oppressant ses pensées. Il resta près de la porte, debout, loin d’elle, et ce fut le premier signe qu’il n’était pas prêt à lui pardonner. Elle ne dit rien cependant, se redressant sur son siège, espérant encore qu’il fasse quelques pas vers elle. « On est deux comme ça, » Son ton était froid, dénué de toute plaisanterie, creusant un peu plus la peine de la brune. « Tu voulais quelque chose en particulier ou simplement qu’on se toise en silence? » Un coup de plus dans son amour-propre déjà en miette, qu’elle accusa lui aussi sans un mot, ignorant la douleur engendré par les mots du jeune homme. Elle se leva finalement pour s’avancer d’elle-même dans la serre, réduisant la distance entre eux. Elle s’arrêta en face de lui, laissant le plan de travail central les séparer et elle s’appuya à son tour contre le paroi en verre. La gorge nouée, elle prit une inspiration, n’ayant aucune idée de ce qu’elle pourrait lui dire pour qu’il soit un peu moins froid, un peu moins dur. « Tu m’en veux. » Ce n’était pas une question, une simple constatation qu’elle formula, une pointe de déception dans sa voix. Une infime partie d’elle avait espéré que cela ne soit pas le cas, qu’il serait prêt à écouter ses explications et à lui pardonner. Mais tout dans son ton, sa posture, son attitude lui criait qu’il était plutôt fermé à tout échange avec elle. Cependant, il était là, et il l’écoutait à présent. « Je suis désolée. Je n’ai pas été juste envers toi. J’aurais dû t’écrire, mais… » Sa voix se brisa, sa gorge se bloqua, empêchant les mots de sortir. Maintenant qu’elle parlait, elle se rendait compte à quel point elle lutter pour ne pas tout simplement éclater en sanglots. Mais elle savait que cela ne la mènerait nulle part, alors elle fit de son mieux pour ravaler ses larmes. « J’avais peur. A cause de ce qui se passe en ce moment, de ta famille et de la mienne, » poursuivit-elle finalement. Elle n’avait jamais réellement parlé du fait que la moitié de sa famille fasse partie des disciples avec lui mais ce n’était un secret pour personne. Son nom de famille avait été publié dans des rapport officiels et le nom Selwyn était associé depuis plus de deux ans à Shacklebolt. « Ils s’intéressent beaucoup à moi dernièrement, » avoua-t-elle dans un souffle, son rythme cardiaque s’accélérant sous la peur. Elle ne pouvait pas en dire trop et ses mots devaient être choisis avec attention, parce qu’elle savait que son esprit serait analysé tôt ou tard, qu’elle ait une vision ou non. « Je pensais te protéger. J’avais tort, je suis désolée, » se répéta-t-elle. Elle détourna son regard, sentant les larmes brûler le bord de ses paupières et pris quelques inspirations discrètes pour reprendre contenance. Dans la pénombre, elle était certaine qu’il ne pouvait pas voir ses yeux briller. « Tu me manques. » Il n’y avait rien de plus à dire, parce qu’elle ne pouvait pas poursuivre en ce qui concernait les Disciples et le fait qu’ils s’intéressent à la résistance. Elle ne pouvait pas lui dire que ses visions étaient exploitées par ces derniers pour leurs fins personnelles. Elle ne pouvait pas même lui dire qu’elle était devin, parce qu’elle avait déjà vu qu’il la détesterait pour cette simple révélation. Et si en cet instant cela semblait déjà être le cas, elle ne voulait pas lui donner une raison de plus pour lui tourner le dos.

(c) cosmic dust