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 tabula rasa

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Vigga Strandgaard
Vigga Strandgaard
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Date d'inscription : 29/03/2018

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MessageSujet: tabula rasa   tabula rasa EmptyMer 25 Sep - 20:26

( LEVIATHAN FAUST )
a study in how to fuck up

( interlude )

Cuanto te habrá dolido acostumbrarte a mí,
a mi alma sola y salvaje, a mi nombre que todos ahuyentan.
Hemos visto arder tantas veces el lucero besándonos los ojos
y sobre nuestras cabezas destorcerse los crepúsculos en abanicos girantes.
juegas todos los dias, Pablo Neruda

( chapitre sept)
they say you can't love someone if you can't love yourself
fuck, if only they know how i loved you

Sa main tremble, et il n’ose pas se l’avouer. Elle n’a pas arrêté de trembler depuis que ses doigts ont pressé la tempe d’Eachan, et son palpitant ne s’est pas calmé (une incessante symphonie qui puise son rythme dans sa propre addiction à un homme qui le détruit sans y penser).
do you think about me eachan?
cause i fucking think about you all the time
it’s a curse, far above the wolf bit
((tell me if i can cure it))

Il lève pourtant le café à ses lippes, et laisse l’amertume brûler sa gorge, une punition qu’il s’inflige pour son absence de regret. Le café est noir, aussi profond que les pupilles sombres de l’homme qui reste prostré au dessus de la table. Il se perd dans la contemplation d’un dessin accroché au frigo, un simulacre de famille dessiné par une main peu assurée, des bâtonnets en guise de corps; une idée folle d’un jour qui deviendrait interminable mais dont la fin crépite le long d’une colonne vertébrale trop fière pour sortir de son déni.
Pourquoi devrait-il regretter d'avoir forcer Eachan dans un état d’inconscience? A t’il regretté l’avoir blessé, des années plus tôt, lorsque l’homme lui avait envoyé un sortilège impardonnable et que le monde avait fermé les yeux sur les agissements d’un addict pour se concentrer sur la vengeance brûlante du leviathan. Un rire vient mourir dans sa gorge, et Levi se demande si une nouvelle fois il sera le démon à exorciser, l’homme aux mains trop habiles qu’il faudra chasser.
back in the ancient ages, healers were feared and then burnt at the stake.
that’s it, eachan. i’m the seed of the old age.

Il a même la démarche lourde du condamné lorsqu’il se rend dans (leur) chambre, une démarche loin de ses pas légers de prédateur; un loup condamné à errer dans une peau humaine et qui se sent pour la première fois depuis longtemps dépassé par des consternations qui ne devraient pas être les siennes.
Eachan est réveillé, et son regard se pose directement sur Leviathan qui ne lui accorde pas la moindre considération en retour. Il n’y arrive pas, a la gorge serrée par une colère qui prend possession de ses membres; un tremblement qu’il cache par le café qu’il monte à ses lèvres. Lorsque l’homme alité tourne la tête pour boire la potion posée sur la table de nuit, Leviathan en profite pour observer la brume qui se dissout dans les yeux de son mari (il reprend cette apparence humaine que Leviathan veut fuir pour se souvenir du seul amour qui semble lui convenir.)
Un autre mirage, celle de ce même homme alité. Une faille temporelle qui sublime les diverses expériences pour mêler les souvenirs. Amalgame de deux hommes qui se blessent pour mieux se soigner, qui ont oser prétendre qu’ils pouvaient être deux au lieu d’un seul, qu’ils n’avaient pas besoin de respirer l’air de l’autre pour vivre, oubliant qu’ils risquaient uniquement de suffoquer.
L'oasis disparaît (les années reprennent leurs dues, et Levi s’étrangle sur son imagination) pour ne laisser que le corps filiforme d’Eachan qui tente de se redresser, mais dont le mouvement agonise pour le laisser allongé de nouveau, la respiration sifflante. « How utterly foolish. » Il a le ton négligeant, un sourire morbide qui épouse le noir que le café a laissé sur la commissure de ses lèvres. Il aimerait prétendre ne pas trouver une certaine satisfaction dans l’état d’Eachan, mais Leviathan n’a jamais essayé de se faire passer pour un homme qu’il n’était pas.
neither do you, eachan
and look at the mess you did.

« I doubt I will ever stop disappointing you, » répond la voix sifflante de l’homme qui remonte à peine la courbe de la drogue. Il y a un début de honte dans son regard, masqué par l’indifférence qu’il a demandé en cadeau de mariage à son époux, un recueil des mensonges qu’il a vociféré pendant des années en accusant le dédain de l’autre.
« Everyone disappoints me, » rétorque t’il, le ton plat. « You’re not so special. » Il s’amuse de l’afflux sanguin qui offre à Eachan un simulacre de vie. Ne devrait-il pas être heureux d’avoir eu raison? Eachan vainqueur d’un mariage à un homme profondément gouverné par sa suffisance, surpassant les autres et n’ayant aucune volonté de plonger ses bras dans la brume. L’écossais l’avait accusé de craindre le monde, de s’isoler dans un masque qu’il était plus facile de contrôler, mais il n’avait pas songé à la suffocation de l’être qui ne peut respirer les fumées toxiques. Leviathan ne lui en veut pas; Eachan s’est plongé dans cette toxicité l’esprit libre de tout remord, un amant qui n’est ni indifférent ni cruel.
Son (mari) se hisse contre le dos du lit, écarte les épaules avec le dernier soubresaut de la proie fasse au prédateur, mais Levi a le sourire cramoisi du prédateur déjà repu. Il est le réceptacle d’une malédiction plus puissante et profonde que celle dont Eachan s’injecte dans le creux de son coude, une qui ne fait pas que flamber ses veines, mais qui les massacre avec un plaisir coupable. Eachan qui le juge si aisément, qui prétend assimiler le loup au renard et qui oublie que pour l’un des métamorphes, la transformation est aussi cathartique que la drogue en intraveineuse.
won’t change anything, right?
i’ll still watch you burn and wait to combust by your side
and you tell me i’m the fucking selfish one

Pulsion animale ou tout simplement l’amour qui règne (encore), et Eachan tend la main pour saisir celle de Levi, geste réflexe inscrit dans les muscles de deux hommes qui ont aimé et aimé et aimé. (gène ancestral qui alimente l’affection, qui facile les gestes, qui afflige le corps d’hormones lorsque les paumes se touchent). Mais Levi brûle, a le palpitant en miette de souffrance et d’inquiétude, un rythme contemporain qui n’a rien d’esthétique mais qui trouve son bonheur dans la destruction intrinsèque qu’il mène dans les souvenirs.
were you high when we took edilia to paris?
were you high when you kissed me?
were you high when we made love?
were you high when you said yes
were you high when you told me you loved me?
(the first time, the last one)
were you high
WERE YOU

Alors le réflexe se meurt, une agonie provoquée par un organe qui prend le contrôle, un changement robotique du cerveau sur le muscle qui s’étouffe. Il retire la main trop vite pour ne pas toucher celle d’Eachan qui regard sa paume esseulée un long moment, comme si la présence fantôme de la paume si intimement connue de son époux résonnait contre sa peau. La drogue adoucit la douleur, enroule autour des épaules maigrichonnes un plaid pour panser des plaies qu’il s’est ouverte lui-même. Héroine des temps modernes qui fait de l’homme qui pleure un enfant qui rit, à la voix tremblante lorsqu’elle murmure quelques mots.
« Don’t you want me? »
don’t you love me?
am i not your sun if i can’t be your moon

Regard qui le nargue d’un amour qu’il a pensé ressentir, mais qui lui retire toute réelle affection qu’il pourrait sentir sur sa peau humaine; loup laissé à l’abandon par une meute qui a trouvé un alpha plus robuste. Un omega rendue à sa place de solitaire par une substance corrosive. (perdre eachan pour en soigner des dizaines d’autres était un prix qu’il n’avait jamais voulu payer). « Not like this. »
Eachan tremble, pris par un rire sacrifié aux vautours de la drogue. Les gravillons dans sa gorge sont des armes qui poignardent Levi qui ne laisse rien passer, un masque supplémentaire sur ses traits à chaque mot de son époux. « Don’t you dare, Leviathan,  » murmure t’il avant de monter de ton tel le torrent qui souhaite enfin s’abattre, ayant retenu sa fureur devant l’intensité de l’ouragan. « That’s always been me, and you know it! » Même le loup n’est pas fait pour résister aux catastrophes naturelles; réchauffement climatique produit de l’homme et sa technologie moderne. Homme aux milles idées inventives, aux mains salvatrices qui a soutenu sa ferveur sans penser aux autres, égoïsme solitaire de celui qui est supérieur et devant lequel la nature a plié l’échine. Rébellion méritée devant l’absence de prise de conscience et de regret. ((i did that to help you, Eachan. You can’t be trusted.))
« You took that risk. »
i told you on the roof
you kissed me first, Levi
you chose me
and you married the drug addict

« You took that chance knowing what I am. » Chaque mot est une blessure supplémentaire qui se rajoute aux griffures offertes par Eachan la veille; chaque exclamation une douleur qui prend racine, aux épines destructrices. Il sent la colère résonner en sourdine, cherchant sa proie pour se pourfendre de la cruauté qui a toujours été la sienne. La vérité, Eachan, était que Leviathan était un loup bien avant de prendre leur apparence, un être aux lippes mordorées d’un ichor divin; une tâche déshumanisante que d’être celui qui ordonne les tragédies. Beau comme un dieu et cruel comme l’un, un Dionysos désenchanté par l’état du monde qui réveille fureur et cruauté par la simple salive toxique qu’il produit. (ou est-ce Eris, aux pommes dans lesquelles il croque pour vêtir sa superbe armure)
« And now you want to change the past! »
Oh, apocalypse de Troie
fais couler tes millions de navires
« I’m not interested in changing the past. Certainly I could care less about changing you.  » Eachan se dérobe, les yeux écarquillés, puis paisible, comme s’il s’y attendait, et Leviathan prétend ne pas ressentir la réflexion de cette douleur comme une écharde dans le coeur.


( chapitre trois)
for my defense
i was left unsupervised
« I’m disappointed Dima. »
Leviathan étire ses lèvres en un sourire, laissant des dents trop blanches éblouir le regard des autres, cachant au passage la lumière sombre de ses yeux.
« I live to be a disappointment, » murmure t’il avant même que la dernière voyelle de son surnom n’ait finit de résonner dans l’espace qui sépare les deux hommes. Ils se toisent pendant de longues minutes avant que l’ainé ne roule des yeux, un mouvement exaspéré qui ne peut cependant pas cacher son affection. Ils ont la boutade facile de trop de moments passés ensemble, les yeux un dictionnaire qui leur permette de traduire les gestes et phrases de l’autre. Pyotr a laissé les années lisser les angles trop durs de son collègue, ayant appris à ses dépends que l’acide de ses mots n’est pas forcément corrosive. (mais quand il le veut, oh, la seule chose qu’il ne pourra jamais soigner)
« And would you stop with that nickname? It’s not even my name. » Les épaules du russe se soulèvent d’un sifflement qui pourrait se confondre à un rire, observant comment l’autre homme croise les bras derrière sa tête. Leviathan essaye toujours de se faire paraître plus imposant, comme s’il devait prendre le plus d’espace possible, comme si les autres étaient indifférents devant l’intensité qu’il possédait; un alliage de métal et d’électricité pour créer un monstre nouveau, moderne devant lequel les pauvres mortels n'ont pas d’autres choix que de se prosterner. Pyotr se demande souvent s’il voit comment les autres se sentent à ses côtés, ou s’il l’imagine (une explosion chaotique, parce qu’un tel esprit ne peut rien imaginer d’autre que de créer et de détruire dans un simple souffle)
Pyotr agite la main, un geste léger qui ne fait que répondre au sourire qu’il sait pointer dans les yeux de son ami. « It's an appropriate nickname. Demetrio is your name, is it not? Let me use it, even if we both decided to go all american, » ajoute t’il, son prénom une madeleine de Proust, un souvenir d’une prononciation maternelle rattachée aux quelques lettres imparfaites. « Sure thing Peter. » Il aurait du s’y attendre; le ton railleur qui lui répond est prévisible pour un être qui se targue de ne jamais faire ce qu’on attend de lui (et la vérité est qu’il ne sait pas ce que les autres attendent, alors il en fait toujours trop et se lamente par la suite). « Because Leviathan is so much better. » Leurs rires se mêlent un court instant, et l’espace d’un moment, le visage du Faust prend une teinte plus douce, assortie aux boucles qui orne sa chevelure, mais cette sensibilité disparaît pour se peindre d’arrogance, comme s’il ne sait pas gérer cette sensation de vulnérabilité autrement que de reprendre l’apparence du démon de la genèse qui lui a donné son prénom. Mais Pyotr a appris à panser son désir de communication par les gestes que l’autre homme a à son égard, des non dits qui le laissent souvent sans mot, à regretter leur rencontre et ces années à prétendre accepter les miettes qu’il reçoit (il ne prétend pas en réalité, il a trop vu et entendu pour s’accrocher encore à une folle lueur, mais lorsque le soleil touche le chilien sans le vouloir, le couronnant comme si lui non plus ne peut le résister, Pyotr expire).
« So, Pedrito, what can I for you? You know I would hate to be anything less than stellar for you. » Leviathan agite ses sourcils, le coeur serré si fortement que le rire chaud et railleur de Pyotr ne fait rien pour compenser cette pression dans son thorax. Est-il venu ce jour, où un autre partira, virevoltant hors de sa vie avec la facilité qu’ont ces gens dont les mains voraces se plongent dans ce qu’il donne sans rien demander en retour? (et ils se prétendent supérieurs quand il ferme ses portes avec des moqueries sur les lèvres et des sorts inconnus coulant le long de ses doigts).
please tell me nothing is going to change
please tell me I did nothing wrong
even thought I know I did
i did not mean it
((yes i did, please no i didn’t))
please

Il attend, et Pyotr ne lit pas la tension qui se répand entre ses épaules. Pyotr le connait trop bien, et peut-être est-ce pour cela qu’il ne lui prête plus vraiment attention. Leviathan est un trop plein d’injections verbales à rester loin de lui, de gestes désespérés pour qu’on l’approche, un manque de coordination entre ce qu’il veut et ce qu’il désire. Ceux qui le côtoient depuis longtemps ont appris à passer outre ses mots et ses gestes quand les deux sont liés, jusqu’à arrêter de le regarder (et si Pyotr ne voit pas l’angoisse dans ses yeux sombres, c’est peut-être mieux ainsi).
Il ne faut pas le regarder, pour éviter de poser ses yeux sur la peau blanche d’une cicatrice qui pointe son nez lorsqu’il hausse les épaules et que le tissu soyeux de sa chemise coule le long de sa clavicule.
Il ne faut pas prêter attention à sa démarche tremblante, mettre cela sur la fatigue contingente à son titre de directeur de l'unité de chirurgie magique de l’hôpital magique de New York, sur sa dernière création en date - un enchantement permettant de réduire au possible les maladies nosocomiales  - sur les rendez vous mondain qu’il enchaine afin de ramener le plus de sponsor autour de son hôpital et des différentes cliniques qui en dépendent.
Pyotr ne peut savoir qu’il sait maintenant ce que de briser tous ses os signifie, qu’il peut prétendre hurler à la lune pour l’entendre lui murmurer des choses en retour.
he can’t possibly know
he can’t
please, for fuck’s sake, he can’t

Et lorsqu’ils marchent tous les deux dehors, que le visage de Leviathan n’exprime que du dégout, Pyotr ne peut mettre cela que sur l’absence évidente de son chauffeur, que la flemmardise légendaire du médicomage quant il s’agit d’agir telle une personne normale.
Et pas sur ses sens qui se rebellent contre sa volonté, qui s’expriment trop pour un corps habitué aux émotions humaines et non animales, qui veut arracher sa peau pour laisser la fourrure caresser ses muscles, sa cage thoracique ouverte pour laisser passer les sons gutturaux qui sonnent faux dans sa gorge d’homme.
« You really think I wouldn’t learn about it? » 
learn what pyotr?
that i was a shit human being so i thought why not be more?
that i learnt i was better being a animal than a fucking bipedal garbage?
that i can’t stop being more and wanting more?
that i made a mistake?
or is it? i don’t know, it doesn’t feel like it,
oh fuck pyotr, i love it.

Leviathan lit dans les yeux de son ami de longue date de l’incertitude et la confiance qu’il a dans ses beaux mots, dans son sourire se courbe pour accueillir une panique qu’il ne connait pas, mais qu’il a rencontré lorsqu’un animal s’est jeté sur son dos pour planter ses crocs dans son épaule. Et dans le regard de Pyotr, ce sont ses propres souvenirs qui lui reviennent (non, l’inverse, ce n’est pas sa vie qu’il doit voir, c’est celle du russe, ce qu’il sait (please let him be someone that will stay)).
Il voit une forêt, immense et désordonnée dans sa nature chaotique, aux milles couleurs, aux milliards d’espaces, un écosystème qui n’a que faire du reste du monde. Un microcosme dangereux puisqu’inconnu, et un homme au milieu; perdu loin de son centre d’acier et de gratte-ciels, aux tours plus marbrées les unes que les autres, un enfant de diamant et d’or et de porcelaine, formé par un feu qu’il parvient à peine à contenir dans ses mains (le feu pourrait brûler la forêt mais elle reprendrait son dû sur sa terre brûlée, repartirait de plus belle, redeviendrait maître de son territoire).
Il y a ces créatures proches de celle qui l’a choisi à onze ans (quand l’arc empoisonné s’est tourné vers lui pour enflammer ses paumes) celles au pelage doux mais hirsute, et les caipora qui le tirent loin des autres experts - ces sorciers qui ont le même sang que lui mais qui n’osent pas s’immoler dans la grandeur des villes et la pénombre des branches. Des vieux amis, ces êtres différents, et il se laisse aller, se faire prendre dans des rondes que ces silhouettes devenues informes créer autour de lui ; il hurle puis murmure, devient l’un d’entre eux pour quelques minutes. « Vuelve! » ou « Ve », inconscient ou irresponsable, il ne sait plus s’il leur a demandé de l’amener au centre de cet organisme qu’il ne contrôle pas. Il souhaite quelque chose qui reste coincé dans sa gorge, incapable de trouver refuge dans les mots que l’homme maîtrise uniquement quand il s’agit de les utiliser comme arme, comme armure, mais jamais comme offrande.
i’m insane, and pyotr laughed.
i’m insane, and bonnie loved.
i’m insane and what would eachan do?

Il aurait du faire tant de chose, tourner les talons peut-être; transpaner silencieusement comme il en a le secret, réapparaître entre ces experts pour les toiser, narquois.
((do what you do best leviathan, heal the world and let it destroy you, what fucking kind of monster are you))
why don’t you find about?
La nuit tombe plus vite sous l’équateur, disent certains ignares ( toute est une question de latitude, elle ne tombe pas plus vite, mais le crépuscule ne dure juste pas aussi longtemps); et Leviathan n’en a jamais fait parti, pourtant il est surpris par l’obscurité qui lui apparaît soudaine (il a la main dans celle d’un caipora, plus ami avec des créatures que certains rejettent qu’avec les autres humains). Il voudrait courir, trouver une issue, mais il suffoque dans cet air peut-être trop pur; être à la recherche de la pollution pour exacerber l’acre qui coule dans ses bronches, quand les fumées toxiques ne sont qu’une énième question, et qu’il peut s’y concentrer, la magie prête à l’aider à y répondre en roulant sur ses épaules telle un vieux plaid trop familier, trop usé.
(lorsqu’il rentrera, il ramènera avec lui une plante rare, qu’il confiera au jardin botanique de Bogota, qui travaillera avec l’hôpital de La Paz pour y extraire de quoi traiter une nouvelle épidémie de peste magique se répandant au sud est de la Bolivie)
Quand la nuit tombe, tous les chats sont noirs, mais il n’a jamais été destiné à être un félin ; il a le coeur qui veut trop, trop nécessite trop, il est la créature harnachée de flèches qu’il enduit de son propre venin pour disparaître une fois l’incendie déclenchée. Un chien errant peut-être qui grogne dès le premier geste, qui aimerait peut-être plus mais qui se retrouve avec la gorge déchiquetée par une incertitude primaire. Un loup, plus certainement, une bête du Gevaudan qui n’attend qu’un signe, qu’une seule présence, et quand celle-ci arrive-
« You’re seriously going to adopt a kid with Bonnie? »
Les mots résonnent creux dans l’espace cosmique de son esprit, qui se replie pour former un trou noir ; une implosion qu’il contrôle entre ses paumes pour ne pas emporter d’autres avec lui.
he doesn’t know
he
- il ne sait pas que la bête est arrivée, que l’humain refuse de se demander dans quelle orientation il doit regarder sa morsure (incapable de savoir s’il a couru ou s’il a plié l’échine, impossible de savoir si c’est de face qu’il a affronté le loup garou, ou s’il lui a tourné le dos comme il dédaigne ceux qui ne le touchent pas).
Pyotr n’en sait rien; ignore tout de son réveil un beau matin, l’épaule couverte de feuilles étranges,  des semaines qui ont suivi. Peut-être remarquera t’il les tasses brisées, la nouvelle grâce animale qui sonne vraie pour la première fois de sa vie, la lueur d’une renaissance, la résurrection de l’homme qui devient l’animal, le monstre prenant forme humaine, le leviathan sorti des eaux.
Mais pour l’instant, il n’en sait rien.
Et c’est peut-être mieux ainsi.
being a wolf does not make me more of a monster
i'll still make you leave pyotr
i just have to breath


( chapitre deux)
sooner or later, your human sides loses.
it has to

Beauté infime et finale du soleil, celle qui s’assoupit dans les bras de la nuit pour attendre l’heure du matin. Le jour se languit de la nuit avec la même ardeur qui fait soupirer l’homme, incapable de s’arracher à la contemplation des dernières lueurs.
Moment qui semble éternel où l’astre solaire n’est plus aussi vif, aussi dangereux, l’heure du glas où les hommes peuvent enfin l’apercevoir, douceur exquise qui ne l’effleure même pas.
Leviathan attend, le souffle court. Il attend l’heure d’être autre, l’autre de la première transformation, l’heure où d’autres rayons miroitants atteindraient son nouveau reflet. Il attend d’être autre avec le désespoir de l’homme perdu dans le désert.
hey bonnie, do you know the forest speak?
and what does it say?
it calls me home

Son regard se perd dans les branches sinueuses qui s’étendent, un air qui le pourfende pour la première fois de sa vie. Il connait cette région par coeur, a inscrit ses genoux de ses jeux d’enfants lorsqu’il poursuivait son père dans les sentiers du parc national de Pumalin. Les années ont lissé l’appel à la nature pour le faire créature de métal et d’acier, plus proche du ciel et de ses buildings que de la terre et des roches. Pourtant les souvenirs ne s’effaçaient pas, lumières brisées d’un temps plus simple, sûrement. Quand il habitait encore Santiago, que ses parents se cachaient des foules dans une vieille cabine au nord de Valdivia. Un appel à la nature déguisé par la frustration du bruit et de l’affolement, qui menaient la petite famille à se réunir près de la ville qui avait accueilli les premiers Faust fuyant l’Allemagne.
Cette soirée changera la création humaine que Leviathan a formé à partir de sa chair et de son sang, et il ne souhaitait pas se voir changer sans l’esprit d’un père survolant encore ces planches. Alors que le soleil glisse sur la Cordillère, et que Manhattan se fait oublier, il peut enfin laisser ses masques tomber.
Le dernier achève sa descente sur le sol, porcelaine brisée sans un son, laissée à même la terre pour espérer la voir devenir fertile. L’inspiration se fait violente lorsque Leviathan laisse ses sens s’ouvrir sur le monde. Chaque mouvement devient un requiem, les odeurs des trombones, et il s’imagine chef d’orchestre dépassé par le talent de ses musiciens. Est-il encore humain, alors qu’il se sent déjà autre? Le soleil dépose sur l’enfant du sud des rayons mourant, et la lune hurle déjà puisque Levi se sent pulser d’une étrange vitalité.
are you here, wolf?
i can’t wait to me you, pup

Discussion éphémère qui se perd dans le bruit strident d’une porte à la poignée brisée par un homme dont la force surhumaine se dissocie de ses membres encore si humains. Syncope du requiem qui s’éternise sur la respiration calme d’un autre être pour être troublée la seconde qui suit. Leviathan sourit de la surprise qu’il entend dans le souffle de sa mère, tendant l’oreille pour ne rien capter du corps qui s’approche du sien.
¿ya soy un lobo?
Devient-il déjà animal alors que chaque cillement de sa part se meurt sur l’absence de la lune? Cette dernière se fait attendre, et il en a mal. Il a le palpitant qui s’excite de se savoir dans une peau qui n’est pas faite pour être la sienne, un thorax trop imposant pour la forme qu’il souhaite revêtir.
« ¿ Demetrio, vas a reparar la puerta?  » Son sourire se fait enfantin quand il se permet se peindre ses traits d’une émotion vive, humaine. Il connaît la voix de sa mère, gamin écervelé toujours collé à ses tailleurs, celui qui scande son nom complet pour le plaisir unique d’y accoler son matronyme. Mais en ces lueurs du clair-obscures, il découvre des nuances que ses oreilles, autrefois humaines, ne pouvaient pas capter. Un tiraillement d’une gorge qui porte le poids des années, l’amertume du citron qui colore ses dents et qui étire ses yeux en un million de replis, toujours plus humains que les autres. Progénitrice d’un homme qui ne s’est jamais satisfait de son sort, Dorotea se peint de couleurs sombres pour mieux renvoyer la douceur de son sourire. « No esta noche. » Il se tourne finalement vers elle, sa chemise s’ouvrant sur la cicatrice qui devient maintenant moteur de sa vie, un supplice délectable qu’il apprend à aimer avant de savoir pleinement la douleur qu’elle va engendrer.
oh my darling boy
you’ve always loved the rush of knowing things will hurt you
and thinking you can alone outdone fates
((maybe we should have call you isaac))

Elle s’approche de lui, et pose une main sur sa joue. Leviathan ferme les yeux, renait sous l’odeur maternelle, puisse la force qui sape l’énergie de ses membres dans l’affection qui fait des yeux de sa mère des perles dont il n’oserait jamais se défaire. « Ciérrate la casa, mamá. Abreme solamente después del amenacer. » Il n’y aura pas de potion tue-loup, ce soir. Le poison attendra qu’il connaisse son corps, qu’il sache quelle sensation est celle de la transformation lunaire, avant de persécuter en le contrôlant. Il aimera son corps ce soir, plus qu’il ne l’a jamais aimé en tant qu’humain, une seule nuit avant de refermer la prise de son pouvoir sur son esprit en quête d’abandon.
Son ton doux se perd dans le regard sombre de sa mère, qui fixe soudainement le soleil couchant. Il a le souffle coupé lorsqu’elle se hisse sur la pointe des pieds pour déposer tendrement ses lèvres contre sa joue avant de prendre sa main dans la sienne. Leurs deux corps entrent en mouvement, descendant en synergie les marches et la brise du soir se mêle enfin dans ses mèches sombres. Il offre un dernier sourire à sa mère, un dernier tremblement sous son énième caresse, et l’observe refermer la porte, une vision magique qu’elle fait trembler en levant la baguette et laissant les sortilèges lui répondre.
Un dernier regard pour cette mère humaine avant de hurler à celle lunaire, et Leviathan s’enfonce dans la forêt, ses pas de plus en plus légers, survolant la mousse pour l’épouser, prêt à ne faire qu’un avec les créatures nocturnes.
Il se délaisse de ses habits un fois plongé dans l’embrasse amoureuse de la forêt, et attend. Les minutes passent, et incapable de bouger, il devient un membre à part entière de l’arbre qui supporte son crâne. Le froid fait hérisser ses poils, mais Leviathan les regarde avec la désinvolture de celui qui sait que sa véritable nature sommeil sous cette réaction corporelle. Alors il attend, encore et encore, que le jaune disparaisse pour faire place à l’éclat absolu du blanc.
what are you doing for, big old stupid ball of rocks
ain’t like you to keep me waiting


Puis, appelé par quelque chose de plus grand que lui, il se redresse, et l’argent prend possession de ses traits alors que la lune se dresse, pleine et ronde, prête à mettre au monde un de ses enfants.

Il respire.

Puis il hurle, première déclaration d’amour auquel répond le craquement de son dos quand son corps se replie sur lui même.
Le début d’une symphonie de souffrance qu’il compose à chaque grognement, qu’il achève d’un coup de mâchoire lorsque celle-ci se préparer à se métamorphoser, lorsque son souffle devient animal et qu’il arrête d’être tout à fait humain.

Chaque os se modifie, péripéties commençant par ses côtes qui se remodèlent, poussant ses organes pour se réapproprier l’espace dont ils n’ont que faire. Son corps est un champ de bataille dans lequel l’homme ne se défend même pas, laisse le loup sa place de gloire et préfère observer chaque transformation ((le médicomage note, se délecte de sa propre souffrance pour consommer la connaissance qui s’instille à chaque os brisés et recomposés)).
Sa peau s’étire soudain sur son thorax qui se gonfle devant la pression grandissante de ses poumons et sa gorge n’est plus suffisante pour traiter l’air qui lui manque, alors ses doigts s’enfoncent dans la chaire encore trop tendre. La peau n’est pas assez souple par endroit, alors elle craque, elle s’arrache sur ces os qui se déplacent. Ses fémurs se brisent pour laisser la rotule se détacher et se retourner, son corps heurtant le sol. Il enfouit sa tête dans le sol aussi malléable que ses muscles qui se contractent, pour se raccourcir. Ses membres s’agitent dans la terre, tandis que ses veines explosent pour se renforcer, son myocarde puisant dans ses réserves pour compenser sa volémie insuffisante. Son humérus droit glisse de son omoplate, laissant le haut de son corps gémir sur le sol sans pouvoir se relever. Il sent son pelvis se déchausser, comme si une force invisible tirait de toutes ses forces sur ses jambes. Il est épinglé de tous les côtés, réunit à l’intérieur pour que ses entrailles s’arrangent dans un corps nouveau, pour que ses poumons se fasse à la nouvelle pression de son sang; l’humain qui hurle à l’évolution se retrouve dans le corps d’une créature qui ne s’est jamais relevée, et il en subit les conséquences. Il hurle, levant sa gueule vers la lune qui lui impose un tel supplice. Le sang commence à perler de sa bouche quand sa mâchoire se transforme lentement, ses gencives des machines produisant une dizaine de dents supplémentaires, et lorsqu’il se mord la langue, Leviathan se demande s’il va s’étouffer sur le liquide chaud qui se répand sur son corps. D’un coup ses yeux brûlent et il hurle, il hurle, il hurle encore, portant ses mains à ses yeux, sur lesquels une glande pousse, acculant son globe oculaire, une pression sur son crâne qui appuie sur son cortex. Il sent sa peau du visage se fissurer lorsque ses doigts s’enfoncent dans le creux de ses joues, alors que leurs bouts s’ouvrent pour laisser passer des griffes. Lorsque ses pieds subissent le même sort, qu’une force se saisit de son cinquième métatarse pour le remonter le long de l’os, il se rend compte sur le monde a une couleur différente, beaucoup moins nuancé que la vision de l’humain, mais plus précise. Le hurlement de surprise est bien plus animal, ses lèvres recourbées sur une avancée de sa mâchoire qui le laisse incapable de respirer avant qu’il ne rejette la tête en arrière pour aligner cette dernière avec sa colonne vertébrale, un coup du lapin auquel il se soumet en tant que coupable principal.
Il est son propre meurtrier, poussé à la douleur inéluctable par une déesse qu’il commence à comprendre. Ses hurlements s’amplifient lorsque sa peau brûle pour laisser les poils transpercer la couche fine de l’épiderme pour revêtir la souple enveloppe hydratée par la sueur et le sang. Il n’est plus que capable de gémir lorsque vient le tour de ses bulbes olfactifs, reprenant leurs droits sur ce cerveau humain incapable de se servir de ces bouts de chairs rostraux; le monde se transforme, en deux couleurs, en des millions d’odeurs tandis que son crâne s’assouplie pour prendre la forme d’une tête de loup, que ses oreilles tremblent à chaque son ((n’est-ce pas uniquement ses hurlements, ses déclarations de souffrance mêlées à l’amour d’un globe lunaire?)), et lorsque son cerveau s’agence dans sa nouvelle configuration, l’homme s’assoupit pour laisser la place à l’animal.
et toi, tu hurles à l’air sauvage, forme brisée qui n’est pas tout à fait satisfaisante. vent trop frais sur ton corps encore trop nu. tu ne comprends pas, tes mâchoires se referment sur du vide, des babines ouvertes pour capter les odeurs et te réfugier dans celles familières des arbres et des animaux t’accompagnant dans ta souffrance. tu enfuis ton museau dans le sol humide, collant ses oreilles contre ton crâne. tu n’es pas faible, la douleur est une suite logique de la vie, alors tu muselles tes cris contre tes pattes qui s’enfoncent dans la terre fraiche. tu laisses ton corps trembler parce que tu l’écoutes plus que tout, tu as appris à le comprendre et à le laisser faire; instincts de survie ancrée dans chaque comportement.
l’air s’arrête enfin de trembler. le vent souffle sur ta fourrure et tu te relèves. tu laisses ton regard se perdre dans la forêt que tu domines enfin et ton corps commence sa douce foulée, chaque mouvement plus facile que le précédent. bientôt, tu n’es qu’une masse grise qui se faufile dans les sous bois, arpentant les racines pour construite ton empire. tu es guidé uniquement par tes sens, ton esprit entièrement focalisé sur la chasse. tu t’enfonces au coeur de cette végétation qui t’appelle, les crocs attrapant l’éclat de la lune, prêt à les enfoncer dans ta proie. tes oreilles frémissent au sommet de son crâne et tu captes l’odeur d’une proie. tu la pistes, d’abord par l’odorat puis par ton ouïe, attentif à tous sons. tu es le prédateur, ici, tapis dans l’obscurité dans laquelle rien ne peut t’arriver. tu te déplaces sans bruit, les feuilles autour de toi t’accueillant comme un des leurs; tu es endurant, peut-être trop pour celles que tu traques sans répit. tu es de ceux qu'elle n'a pas l'habitude de croiser, plus imposant que les chats sauvages ou les félins et leurs mouvements gracieux. tu n'es pas qu'un loup, tu es bien plus, et ta proie continue de manger, et tu n’as le temps de réfléchir ((tu es un animal sauvage, et la nature demande que tu respectes ta place de prédateur)) alors tu bondis. tes crocs se referment sur une patte du cerf qui se brise sous tes mâchoires puissantes, le sang chaud de l’animal épousant tes gencives, une victoire annoncée par le liquide vitale. ta fourrure se rougit alors que tu achèves le cerf en plantant une nouvelle fois ta gueule dans la gorge du cerf ; ton museau est chaud alors que tu le plonges dans les entrailles brûlantes; tes crocs incisifs pour détruire les muscles et les porter sur ta langue. c'est un gout qui ne devrait pas être nouveau, pourtant tu l'apprécies comme une créature qui n'a jamais vraiment consommé avant. tu continues de dévorer l’animal devant toi, une faim que la souffrance précédant ta chasse a creusé. tu perds la notion de temps alors que la carcasse sous tes dents se fait délicieuse, une viande crue que tu badigeonnes de ta salive pour marquer ton territoire aux autres carnassiers de cette forêt. tu te repais ainsi pendant de long moment, jusqu’à ce que les poils de ta gueule soient séchés par le sang, que tes yeux ne soient plus que des perles dorées dans le rouge de ton repas. lorsque derrière toi les créatures s’agitent, tu grognes, prédateur trop imposant pour être naturel, une force magique imposé par une nature impitoyable.
mais tu n’es pas seul dans cette forêt, et un chant t’appelle au loin. tu es incapable d’échapper à la chanson de cette sirène blanche dans le ciel, pas quand elle reprise par d’autres congénères qui te supplient à faire de même. alors tu écoutes, et tu obéis. ta tête se redresse pour hurler l’humour de la chasse et de la nuit, du sang entre tes canines et des autres qui te cherchent.
alors tu rejoins ta meute.


( interlude )

Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi u n i q u e au monde
le Petit Prince, St-Exupery

( chapitre one)
what is so scorpio of me?
the permanent dick jokes
Il bat la mesure de la musique qui résonne dans la pièce, les yeux fermés pour ne pas se concentrer sur les deux corps qui exagèrent chaque mouvement. Sa propre silhouette se déhanche, le rythme s’éveillant dans ses membres fins, le sang bouillonnant avec une facilité déconcertante. Levi ne se perd jamais dans la musique, il en fait un de ses nombreux domaines, arrachant les notes de l’air pour les orner autour de ses doigts telles des bagues dont il se pare pour se nommer seigneur. Un bruit sourd tranche l’accord parfait qui résonne encore et leurs rires sont des notes qui brûlent la mélodie. Leviathan a les lèvres qui piquent d'une remarque acerbe dont il a le secret, qu’il décide de contenir pour une raison qu’il prétend ignorer (un sentiment qui le chauffe, plus creusé par les rires que par l’interruption de la musique). Cependant cette sensation est si désagréable qu'il étire ses lèvres dans la simple idée de les remuer pour ensuite sentir des mains glacées se poser sur ses joues.
« Ah! Don't pretend to be annoyed when you're about to smile! »
Il roule des yeux sous ses paupières, n'ayant pas besoin de les ouvrir pour deviner le regard clair de Bonnie, la farine sur la joue et un haut trop grand coulant le long de ses épaules élancées. Il la connait par coeur, l'ayant étudié sans vraiment le vouloir, un enchantement qu'il ne peut contrôler mais dans lequel il se réfugie quand le reste l’échappe. Il pourrait tracer ses traits dans du marbre s’il avait une once de talent artistique ; mais en ne faisant cela, il ne la sublimerait aucunement. Faite de pierre, la statue ne pourrait contenir la joie et la vitalité du regard de la blonde, une arme qu’elle ne sait pas utiliser offensivement, mais qui perfore quotidiennement l’armure de Leviathan.
« It’s called a scowl, Bon. Try to learn the difference before healing anyone would you? Might be useful, » lui répond-il en agitant la tête d'un mouvement sec. Les mains de Bonnie glissent le long de son visage et il se moque qu'elle y laisse des traces de farine (elle a laissé une trace bien plus profonde, enfoncé dans un organe qu’il aime ignorer, un myocarde mécanique plus qu’organique). Elle fronce les sourcils, bien décidée à ne pas répondre, préférant porter sa main dans les boucles brunes du jeune homme pour y déposer une autre trace de son passage. Elle n'est guère surprise de le voir ainsi, narquois et mauvais même en une telle compagnie; comme toujours il compense son ton par une certaine douceur dans ses yeux, finalement ouvert par le bruit sourd de la porte du four se claquant. Il suffit de le regarder, en réalité ; d’éliminer ses mots qui mordent plus que ses dents perlées, son regard trop profond et sombre pour un sourire si superficiel. Leviathan est un être à détruire et à reconstruire, un chaos même puisqu’il en est son maître. Et Bonnie est faible, bien plus que Leviathan peut le penser ; un simple sourire de l’homme lui suffit pour qu’il panse les brûlures qu’il procure par ses mots. (you’re a fucking genius at healing the wounds you inflicted, my love).
« You’re prickly today, » ajoute la voix douce du Pyotr, attirant leurs attentions. Trop grand, trop imposant, le russe détonne à côté de la blonde pervenche et de la silhouette filiforme du latin. Il les surveille d'une hauteur dont ils ne peuvent espérer voir la cime, un chêne qui résiste aux ardeurs des deux autres. Des cheveux déjà trop blancs pour un homme aussi jeune, Pyotr a l'avantage d'associer à une certaine sagesse une politesse et une formalité rare en ceux de son âge ; certainement très rare dans son cercle où l'un parle en insulte et l'une répond en coups. Il est l’ardeur devant la passion et la férocité, un socle que Bonnie aime avec un sourire et que Leviathan prétend ne jamais avoir eu besoin. Et lorsque le médicomage arque un sourcil, particulièrement satisfait de lui-même, Pyotr souffle doucement, reprenant sa phrase pour la corriger (leviathan n'aime rien de mieux que de se dévaloriser lui-même, s'accablant les pires maux en une cape qu'il étend sur son dos de faux roi). (i wish you would learn to see you as i see you, my friend. a progenitor god with healing hands and a shy smile).
«  Even more prickly today. »
« Funny you should talk about my prick guapo, » claque la voix du Faust, son ton amusé, comme s’il attendait patiemment ce moment depuis le début de la conversation, comme s’il menait les deux autres par des fils qu’il tire sans prendre la peine de s’accommoder de leurs envies (un joueur d’échec qui joue contre lui-même et qui se complet dans des parties interminables). Le feulement de Bonnie n'a rien à envier au son que les grands chats produisent, et son visage arrive à se contorsionner pour accueillir l’embarras et l'exaspération que Leviathan arrive l'exploit de créer en la jeune femme. Pyotr, lui a le visage rougie par une seule émotion, encore peut-être peu habitué par les avances audacieuses que Leviathan aime envoyer au hasard à ceux qui l’entourent. Il aime désarçonner son publique, même si ce dernier ne se compose actuellement de ceux qui le connaissent le mieux.
« No one is talking about your anatomy Leviathan Faust!  » réplique Bonnie, le visage froncé dans une attitude plus maternelle que son âge ne laisse à penser. Des années que Bonnie courbe les angles plus durs de Leviathan et pourtant, elle trouve encore le courage de s’enrager pour la moindre de ses remarques. Levi n’ose même pas imaginer une scène différente (il souhaite la voir s’enflammer un instant, pour retirer l’affection étouffante qu’il pouvait lire l’instant d’avant dans ses grands yeux). « Bold of you to assume i'm not talking about my new intern, » prétend Leviathan, retournant une chaise pour s’y asseoir tel un trône, les jambes allongées pour prendre le plus d’espace possible. « No but seriously, it’s a real concern of mine. Frustration. I'm too gorgeous to be waste my body on my right hand and to smart to waste my genius-level intellect on a blue balls treatment. » Pyotr se laisse tomber sur une autre chaise, se passe la main devant son visage dont il sent les rides se creuser peu à peu. Bonnie, quant à elle, semble bien moins contenue que sa précédente remarque pourrait faire penser, et se penche sur la table pour répondre, sa bouche tordue en une mimique si moqueuse qu’elle doit l’avoir volée à Leviathan Faust. « What’s wrong with your left? »
L’exaspération de Pyotr passe cette fois-ci par un soufflement de douleur qu’il ne peut contenir malgré tous ses efforts. Mais c’est un grognement parfaitement audible qui résonne lorsque Leviathan se penche également sur la table pour lui murmurer en retour «  Callouses. » Le rire de Bonnie est fais de diamant, trop puissant pour s’effondrer devant les chocs qui accompagnent une vie ; et Pyotr se détend sous le son. Il dévisage Levi dont le visage mutin a repris un air ennuyé, à la limite du neutre. « It’s not like you to be celibate. »
Le russe est cependant surpris par le rire de la blonde qui retentit de plus belle, dont la silhouette se secoue sur la table. Il esquisse d’un mouvement de main agacé le if you don’t die of laughter i swear i’ll kill you myself du guatémaltèque ainsi que la lueur agressive dans ses yeux pour se tourner vers Bonnie dont le rire arrive enfin à se calmer. « You don’t know Pyotr? » Il ne prétend même pas cacher son agacement devant la question pourtant largement répondue par sa confusion apparente. « He’s being followed by an english spy. »
Pyotr cligne des yeux un long moment, ne sachant pas quoi répondre. Il aimerait être surpris, mais Leviathan a les mains baladeuses, l’esprit insatiable, et il sait très bien qu’il ne peut pas contrôler tout ce que son ami fait; il est en réalité plus étonné que l’américain soit enfin suivi, que ses actions dont ses amis ignorent tout soient traquées par un gouvernement étranger. Il échange un regard à Bonnie dont le sourire dément de son regard troublé (elle ignore tout, elle aussi; sait qu’elle ne peut pas contenir un homme comme Leviathan, se demande jusqu’à quand elle pourra se tenir à ses côtés avant qu’il ne mette plus même la limite).
« LIke James Bond? » demande Pyotr, et sa question a le mérite de briser la tension contenue entre deux paires d’épaules trop fines. « I don’t know about that. He’s clearly not Connery material. » Les deux autres ont le sourire qui pointe, trop amusés par l’air fatigué de Leviathan pour ne pas en profiter (ils n’iront pas jusqu’à lui demander pourquoi, plonger les mains dans la brume qui consiste leur ami ; ils ne feront que de vivre à ses cotés, un honneur suffisant). « What’s his name? »
« No clue. Can’t understand a thing he says with his stupid scottish accent. » Il fait une moue ennuyé, que Pyotr efface par une simple question. « So he’s from Scotland. » L’air confus que lui affiche Leviathan, à la limite du questionnement sur l’intelligence du russe pousse Pyotr à se passer une nouvelle fois une main sur son front. « You said english, » répond-il lentement, comme s’il essaye d’inculquer une grande leçon de valeur à Leviathan Faust; mais comme à chaque fois, Levi hausse les épaules.
« Same thing. »
« Pretty sure it’s not. You should bring him by! If you’re not to ashamed of your old friends, that is. [/color] » Le sourcil haussé par le latin lui attire une tape sur l’épaule à laquelle il rit sans grande conviction. La jeune femme se mord la lèvre avant d’aller surveiller le gâteau, et prise d’un penchant assez mauvais, se précipite sur son sac dans l’autre pièce. Son envie d’ennuyer Leviathan pulse dans son corps tel un second battement de coeur, et son sourire ne peut se contenir. Lorsqu’elle regagne la table, elle se positionne en face de Leviathan et dépose sur le bois ce qu’elle est partie chercher. « You’re fucking kidding me. » Peu surprise par la réponse automatique du jeune homme, elle se tourne vers Pyotr qui hoche la tête avec un léger sourire. « You said you needed help. » Elle déploie les cartes sur la table avec conviction, sous le regard appuyé de son ami d’enfance. « If I wanted to pull something out of my ass, I’ll take a shit, Bonnie. » Le rire souple de Pyotr résonne enfin, et il semble apaiser la ligne dure des yeux de Leviathan; il n’ose pas l’avouer mais il se sent incapable de rejeter violemment leurs idées et envies, même si cela concerne la divination. « Why don’t you ask about his love life? » Bonnie acquiesce avec un plaisir non dissimulé sur ses traits, et elle explique rapidement le procédé au sceptique en face d’elle.
« Whichever I want? »
« Yes, » Bonnie soupire à moitié, agacée par le jeune homme qui lui redemande cinq fois la même chose. « whichever you want. You have to go with your gut. Try to feel which cards you’re drawn to.  » L’air de dégout de Leviathan ne l’empêche pas de continuer, une armure autour de son propre coeur creusée par une affection constante pour un homme qui refuse de se pencher sur ses propres sentiments et préfère se focaliser sur deux uniquement (la moquerie et la cruauté, pense t’elle au début; la solitude et la peine soupire t’elle ensuite.)
Leviathan finit par poser des doigts fins sur les cartes, admirant leur qualité. Il trouve cela stupide, mais Bonnie souhaite s’entrainer sur cet art qu’elle a commencé il y a peu de temps après avoir vu Pyotr tirer des cartes. Il ne souhaite pas lui reprocher de s’entrainer sur ce qui semble la passionner, alors il soupire et tire une carte vers lui.
« The first one is supposed to represent yourself. Now draw one for your supposed lover. »
Sceptique, Leviathan s’exécute ; à vingt trois ans, il a un myocarde qu’il a jamais appris à maîtriser, qu’il se contente de refouler derrières des sourires narquois qui lui sied si bien au teint. Il a ressenti de l’affection plusieurs fois, mais il a l’amour lointain, le coeur congelé avant de pouvoir ressentir la douleur de se l’arracher. (souvent il pense être né avec une cicatrice sur l’organe qui s’est recroquevillé par peur d’être de nouveau touché).
I prevent myself from showing I care way too much because it is too difficult for me not to care at all, aurait-il murmuré à Bonnie s’il savait comment.
You have the biggest heart I know, parce qu’elle n’a jamais eu besoin qu’il s’exprime pour traduire les émotions qui balaient ses yeux sombres ; parce qu’elle ne pouvait pas le laisser sombrer à attendre le moment ou la personne qui pourrait enfin peindre des émotions sur la toile vierge de son coeur gelé.
« And now the last one, it will be your fate. »
Levi laisse ses yeux sur la troisième carte qu’il attire vers lui, et attend que Bonnie les retourne. La première le laisse confus, puis il comprend que la carte est simplement renversée, et alors qu’il se penche pour mieux la voir, Bonnie couvre sa main. « Reversed Hierophant. It means you have strong personal beliefs. That you like challenging the status quo and - » « I got the Pope? You do know my ancestor got excommunicated? » Leviathan la coupe d’un rire qui résonne faux, et Bonne roule les yeux. Elle retourne la deuxième carte, offrant à la vue du jeune homme la carte du Pendu. Elle se tourne vers Pyotr pour ne pas avoir l’air arrogant du Faust et continue. « The Hanged Man. It means your soulmate - et le grognement de Levi ne l’arrête pas - is surrendering to something? Or going to. It’s going to let go. To experience new perspectives. » Les joues rougies par les commentaires mordants de Leviathan, Bonnie retourne enfin la dernière carte. « Well, seems like fate is an even more dramatic bitch that I am. And that’s saying something, Bon. » Pyotr s’approche pour poser la main sur la carte de la Mort et prendre la parole à son tour. «  It does not mean you’re going to die. Either of you. But you’re going to experience changes, profound and personal changes. It also means endings, so you’ll either transition together and everything will be great or you won’t, and well.  » Leviathan lève un sourcil, peu convaincu. « Did my soulmate just break up with me? » Ses yeux exprimant tout son dédain, Leviathan se laisse porter par son poids et renverse sa chaise qui se tient désormais en équilibre ; il a tout le ton de l’homme qui dirige son monde dans la voix, l’arrogance de celui qui penser tenir le destin dans sa poigne pour la manipuler tel qu’il le souhaite. « If I need to transform myself before getting laid, might as well go to become a monk. »

( chapitre neuf)
bowie sang about a man who sold the world
romantic fool

( interlude )
there's a bluebird in my heart that
wants to get out
but I'm too clever, I only let him out
at night sometimes
when everybody's asleep.
I say, I know that you're there,
so don't be
s a d.
then I put him back,
but he's singing a little
in there, I haven't quite let him
die
bluebird, Charles Bukowsky

( chapitre six)
he's a burning star
about to explode
(and there's nothing prettyabout it)

( chapitre cinq)
look at us, defying what society expects
(can an happy ending be a person?)
theodosia

( chapitre quatre)
let's breath together
(can I sound anymore like aproposal?)
eachan


Dernière édition par Vigga Strandgaard le Sam 22 Fév - 13:09, édité 13 fois
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Vigga Strandgaard
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MessageSujet: Re: tabula rasa   tabula rasa EmptyMer 25 Sep - 22:54

( chapitre huit)
there's a negative feedback in the pain receptors
that's why they tell you to press the bruise
there's nothing like another wound to numb the first one

Il a les paupières qui frissonnent, qui se brisent sous la lumière qui lui tombe dessus ; enfant des diamants et des projecteurs, adulte qui s’illustre dans la gloire auréolée, il n’en reste pas moins un homme dont l’ombre grandissante l’encercle avec bienveillance. Il peine à ouvrir ses yeux tandis qu’une douleur sourde gronde dans le creux de son torse (il laisse retomber son poing, il ne sait que trop bien d’où vient cette douleur).
Les minutes passent et il se demande depuis quand il perd la notion du temps. Il se souvient (des brides, des murmures) de souffles chauds dans le creux de son oreille.
Depuis quand les nuits s’enchainent sans regrets, quand les jours sombres ont plus d’intérêt que l’astre solaire.
(depuis quand retentissent des souffles chauds qui ne sentent pas les forêts et l’air d’un pays qu’il ne connaît pas)
Il s’étouffe sur ses pensées, s’assèche la gorge pour que la douleur le sorte de la torpeur qui embaume son corps. Il pense être familier avec la sensation d’un réveil hors-norme, quand son corps se prosterne devant une malédiction. Sa colonne vertébrale se courbe d’un coup, son crâne s’abaisse et il devient le spectateur d’une transformation qui devrait le tuer (n’est-il pas le premier admirateur de la nature cruelle de la magie?) Singulière métamorphose qui le prend tous les mois pour lui offrir une autre forme, telle une bénédiction offerte par un dieu mauvais.
mais la différence réside dans cet être en lequel il se transforme.
Sous loup, tout son être est modifié. Son coeur est plus grand, son esprit plus superficiel, ses mots inutiles et sa carapace une fourrure reflétant la lumière de la lune. Mais il est le même au final, un être plus pur, certes, mais celui qui fut un temps, ironisait un rictus sur l’appel de la nature.
Lorsque les nuits tombent - lorsque les heures s’allongent et qu’il n’est plus capable de reconnaître son propre visage de son prochain - il devient autre. Pourtant il ne change pas, il reste celui au corps marqué, au sourire charmeur et aux yeux sombres. Il ne le reconnaîtrait pas, ou au contraire, ill’attraperait par les mains, le contact facile d’une âme qui retrouve la même.
Dans son torse se tord une créature qu’il connaît intimement, et ses yeux s’ouvrent pour s’aveugler de la lumière du jour. Le tambour dans son crâne retentit en rythme d’une symphonie qu’il a composé la veille, et il se retourne sur lui-même pour observer la chambre dans lequel il se trouve. Il la sait sienne, aux meubles choisis avec soins, au gout prononcé qui tient sur la ligne entre sobre et démesuré; il s’entoure de ce qui lui ressemble Leviathan, pour enfin se fondre dans son environnement.
Lui l’homme plus grand que nature se tord de nouveau mais cette fois pour hoqueter devant la remonté gastrique qui lui presse les tripes. Sa main retient à peine ce que son estomac lui rend, et avec en arrière fond sa respiration haletante, il se penche au dessus de son lit, une main tendue pour attraper désespérément ce qu’il sait se trouver là (le seau a une place de choix près de la tête de lit, une âme sans respiration avec qui il partage ses nuits).
Il se laisse retomber sur son lit, son poing se serrant autour de son propre vomi. Il reconnaît la consistance, sait qu’il a déjà rendu son piètre repas hier - était-ce hier soir? les minutes sonnent creuses. Ainsi donc, il a réussi à retourner chez lui, et l’idée le fait rire, un son explosant dans le silence de sa chambre, secouant son corps pour lui rappeler que chaque parcelle de sa peau hurle sous la douleur.
Les pertes de mémoires deviennent presque quotidiennes; mais Leviathan sait qu’il retrouvera ses souvenirs en parcourant la page six du journal.
Après tout, le monde entier a toujours désiré lui apprendre comment il était.
(monstre, enculé, salaud, soigne moi mais ne me touche pas, il mérite tout, pauvre each-)
Un bruit résonne, entrecoupant ses pensées intempestives pour attirer son regard vers sa porte. Son corps manque un battement quand il remarque un verre d’eau et une potion posée sur une table basse.
Il peut rentrer seul, mémoire du corps qui cherche un endroit chaud et confortable.
Mais penser à de l’eau signifie se soucier de soit-même, et il n’a jamais été capable de se soucier de son état. Le bruit précédent résonne cette fois-ci dans son crâne quand il comprend. La douleur de la bile qu’il crache ne parvient pas à masquer celle de son myocarde qui se tord, dévoré par une créature aussi puissante que celle qu’il devient, une fois par mois.
Il pose ses mains sur son coeur, comme si la pression qu’il exerce peut calmer l’organe. Peut-être réalise t’il un simulacre de prière, comme les mains implorant la miséricorde d’un dieu inexistant du prêtre qu’il observe lorsque ses pieds décident de désacraliser un sol d’église.
« We can talk, my son. Or we could stay silent. The choice is yours. »
Il veut détruire le silence sacro-saint de l’endroit, hurler son nom pour invoquer le démon qui le ronge. Se confesser. S’excuser. Se faire pardonner. Pardonner
« Do you wish to forgive yourself or others?»
Les mots qu’il maîtrise d’une main d’artiste, ces consonances qu’il déverse de la cruauté extrême à l’amour le plus potent, tous ces sortilèges lui échappent.  
« I want… » le pardon d’avoir été fort, de s’être aimer, d’avoir réussi à préserver son coeur en l’arrachant de son torse.
« I wish… »  qu’il n’avait pas été aussi fort.
Il veut pardonner sa faiblesse, pardonner cette force qu’il n’avait jamais songé exister en lui. Il veut que le monde s’arrête pour qu’il puisse enfin reprendre son souffle. Que son torse se referme sur la plaie béante que l’alcool n’arrive pas à cautériser.
Mais les mots s’empêtrent dans le désordre de son esprit, et il ne fait que sourire, cette torsion des lèvres qui n’est en réalité qu’un artifice supplémentaire.
Couché sur son lit, les mains collantes de biles et de vomissements, il a perdu tous les masques. Il ne reste que la dernière poupée russe, celle trop petite pour exister en l’absence des autres, tant elle ne peut rien contenir. Un nouveau bruit se fait entendre et l’homme parvient à trouver la force de se lever pour arriver jusqu’au verre d’eau. Il déglutit péniblement, laissant des gouttes couler le long de son torse nu. Ses mains tremblent, et il sait ce qu’il a besoin pour se débarrasser du brouillard qui couvre ses pensées (pas de l’eau, jamais de l’eau, ce n’est pas assez fort pour tout couvrir.)
Il sort de la chambre par pas légers, décidé d’affronter la réalité pour ensuite replonger dans le bain d’alcool dans lequel il souhaite s’assoupir dès que possible. La tête brune qui se toune en sa direction lui rappelle les loups qu’il appelle frères; à la férocité de l’animal sauvage, elle arrive à fusionner le calme du prédateur qui se sait être le maillon fort de la chaine.
(il ne peut se cacher devant elle; il a perdu le privilège lorsqu’il a vomi pour la première fois sur ses pieds alors qu’elle essayait de le relever).
« Hey, » prononce t’il péniblement, les joues rouges d’un mélange de régurgitations et d’honte profonde; l’espace d’un moment il y a de la haine pour ce poing ayant perforé sa côte de maille.
Elle ne dit rien, et la voix dure du père résonne pendant trop longtemps dans le silence qui se crée.
« You should be with your mother. » Il parle à demi volume, apeuré par les conséquences de ses actes, de cette addiction qu’il voit venir (un devin qui prédit sa perte avec assurance d’aimer la descente) et qu’il se plaît à prétendre n’être rien - ne sera t’il pas comme lui, enfin, après toutes ses demandes de le comprendre.
« She can take care of herself. »
you can’t.
Un rire l’échappe, mauvais et cruel; parce qu’il se rend compte qu’elle est peut-être autant sa fille que celle de Bonnie, finalement. Elle a la noblesse de sa mère, sa férocité et sa loyauté. Mais elle a la cruauté de son père, la même maîtrise des mots pour enfoncer une dague dans les espaces des armures. (Il est trop facile d’oublier qu’elle a sa passion, son sourire contagieux. Que la joie qu’elle procure aux autres par un rire étincelant est le sien.)
« Where have you been, dad? You look like shit. »
« Good, because I also feel like it. »
Il ne lui montre rien de bien, à cet enfant à qui il donne régulièrement tout ce qu’il est. Il offre à ces yeux qui comprennent trop une vision apocalyptique, et il ose ensuite protester lorsqu’elle se jure de ne jamais se séparer de son coeur. Il se mord la langue ; ils ont tous les deux une bombe nucléaire à la place du myocarde et ils prétendent pouvoir choisir.
Il baisse les yeux pour observer ce qu’il peut de se torse et se surprend devant les hématomes qui créent sur sa peau une oeuvre d’art. Il en trace les contours, se perd dans les souvenirs d’une main guérisseuse dont il était le propriétaire avant que l’alcool ne courbe également les lignes magiques qui le traversaient.
« ¿Papá? »
Putain, qu’il en est fou, de cette petite. L’amour lui ronge le ventre (il y aussi tant de honte, tant d’espoir gâché, tant de pourquoi et tant de comment), et il veut s’immoler vivant lorsqu’il observe l’inquiétude dans les yeux de sa fille.
Encore une chose parfaite qu’il tenait dans sa main pour ensuite la fracasser ; un autre échec que les journaux pourront se targuer d’annoncer.
see, how even his daughter could not run away faster?
Une autre tragédie grecque, où il est à la fois le héros et le dieu aux ongles acérés. Et sa pauvre fille, au sourire qui est le sien mais dont il souhaite voir disparaître pour ne prendre que les traits de sa mère le regarde.
Elle veut des réponses, parce qu’elle n’est pas différente de lui, que les réponses secouent leurs esprits pour les rendre esclaves, et qu’elle ne le comprend pas (il n’a jamais voulu qu’elle le comprenne, qu’elle vive les mêmes choses que lui. il n’a jamais voulu qu’elle soit comme lui.)
Mais comment lui dire qu’il s’aventure dans des bars pour espérer que l’adrénaline ne fasse repartir son coeur. Comment lui avouer qu’il attend sa venue, parce qu’il se pense incapable de se sauver de lui-même. Comment lui expliquer que son père se déteste et que les regards du monde coulent sur lui, incapable d’exacerber le trou qu’il se fait de ses propres mains.
Ses yeux le brûlent, parce que ce n’est pas les réponses qui le poignardent, mais la question dans les yeux de sa fille.
dad? can’t you love me more, dad? am i not enough? what about fighting for me?
Il en pleure, parce qu’il n’a jamais voulu qu’elle le comprenne, qu’elle soit comme lui. Mais il a modelé son être de kaolin pour en faire une porcelaine aussi tenace et fragile que lui.

am i not enough, eachan?


Dernière édition par Vigga Strandgaard le Sam 22 Fév - 13:14, édité 1 fois
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Vigga Strandgaard
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MessageSujet: Re: tabula rasa   tabula rasa EmptyDim 5 Jan - 19:01

leviathan faustWE ARE THE ARCHITECTS OF OUR OWN DESTRUCTION
(c) sarasvati
Nom(s), prénom(s) litanie scandée par une voix fière, un amalgame d'une culture du sud et de l'intégration du nord, une harmonie hurlée pour mieux être murmurée. demetrio leviatàn faust alvarez se présente avec la douceur du diable et la satisfaction de celui qui l'a invoqué; leviathan faust qui se suffit de lui-même, à la solitude atavique. Âge, date et lieu de naissance premier novembre mille neuf cent soixante neuf, une cinquantaine d'année qui l'effleure de peu, un demi-siècle dont il prétend ne pas voir les conséquences sur son dos qui se brise à chaque pleine lune.  Originesaméricain qui se délecte du rictus qui étire les lèvres de ceux qui comprennent l'origine de son accent, enfant à la double culture comme des millions d'autres, il retrace la nature de ses traits dans sa nationalité chilienne. Nature du sang  né trop riche pour que son sang avoir une quelconque importance, héritage paternel qu'il a négligé par simple volonté propre, sans jamais le rejeter, sang maternel qui n'a d'importance que dans l'affection qu'elle avait pour son fils ; un sang mêlé au milieu d'une new york qui a laissé derrière elle les colères de sang et de race. Province s'est tourné vers les terres enneigées de la scandinavie magique, s'installant dans les aciers de goteborg après avoir arracher toute la moelle d'une ville qui porte encore sa marque; new york lui manque autant que les sommets chiliens, trompette d'un coeur qui ne serait appartenir à un endroit, enfermé dans un corps volage. Statut civil et orientation poésie sélonophile qui tord ses lippes lorsque la pleine lune l'appelle, seule relation dans laquelle il se voit heureux; une bisexualité pour beaucoup trop accepté, aux combats consommés contre le puritanisme d'un monde qu'il a forgé de ses mains d'héphaistos. en couple avec isaiah riviera, chirurgie réparatrice de ses côtes qui se ferment enfin sur son thorax. boomer d'après sa fille qui se scandalise de ses moindres propos. Métier ou études résonne un appel à la nature déguisé par l'appel du vide, et il se devient directeur de l'hôpital de goteborg après avoir été celui de new york; génie compris et porté au firmament des médicomages.   Double pedro pascal.  trigger warnings leviathan being leviathan, addiction, gore, lecture de tarot
Patronus forme lupine se métamorphosant, jamais vraiment loup, jamais vraiment renard, une entropie qui se déploie en solitude; labo de crin au dépit de l'animal qui hurle à une divinité ancestrale, des constellations magiques qui ne prétendent que rarement répondre à la demande du mortel. Baguette écrire ici Amortentia animal sauvage masqué par un trois pièce, à l'odeur de forêt du sud; faune sauvage trempée par la brume d'un crépuscule d'hiver; flore parasite qui n'a jamais tenté être inoffensive. Miroir du Riséd nectar qui a franchi ses lèvres pour le changer à jamais, ichor toxique à l'or corrosif, une silhouette informe qu'il préfère taire à jamais; se complet dans l'incertitude Épouvantard couard aux mille visages, un janus des temps modernes qui hésite entre lycaon et sisyphe; créature à moitié monstre qui dans sa couardise se jetterait à genoux pour éviter le regard de dédain de sa fille.

Famille claudio behemot faust velasquez alchimiste aux mains noircies par une magie répondant à chaque conseil d'un esprit trop curieux, un père aimant qui a légué à son unique fils plus qu'un simple sourire contagieux (( deux esprits torturés par une soif de peut-être, un seul à l'âme soulagée)). enterrement sous un soleil chilien, s'abattant plus durement que le deuil. dorotea ania alvarez reyes porcelaine faite de kaolin plus dur que le diamant, héritière de l'empire financier de son père, regard distant de celle aux doigts de midas (( lippes étirées par la férocité d'acier qui orne les crocs de son fils.)) bonnie boston femme d'un temps, erreur de jeunesse qui n'en sera jamais une ; une pièce de puzzle qu'elle a placé de ses mains scarifiées près des pièces brisées de leviathan, affection sans nom de celle qui n'a pas quitté ses côtés, une âme soeur tacite. edilia bonnie faust boston tendresse d'un amour qui sera toujours plus grand que les autres, un soufflement au coeur quand elle lui sourit; amour d'une vie, création d'un dieu progéniteur. eachan reid faust extrêmes débordants, deux êtres qui confondent solitude et amour, confiance et passion. eachan n'est jamais loin du myocarde de leviathan, rattaché par l'aorte sanguinolente.

Allégeance moquerie affichée sur des lèvres entrouvertes, mécréant au patronyme démoniaque. brime l'allégeance de l'hôpital à eir par simple volonté chaotique, grogne sauvagement son allégeance à mani lorsque le dieu est à son paroxysme.

Particularité magique curiosité cruelle ou cruelle curiosité qui a tenté le corps à l'énième transformation; celle éternelle d'un être qui ne s'est contenté d'être comme les autres. lycan puisque tel est le terme qui le désigne, au cuir délavé par des cicatrices inavouables mais hurlées le soir de pleine lune. une acceptation qui dépasse ses crocs et qui déplie sa langue, animal au faciès humain qui prétend rechigner lorsque vient le temps de délaisser le masque. os brisés, souffrance qui s'apparente à de la vanité lorsqu'il étend ses membres de loups. prédateur qui s'affiche enfin pleinement, qui promet d'aimer l'humain pour le détruire à grand coup de mâchoire.
vibrantintelligentadaptablelogiquecyniqueégoistetoo mucharrogantdépréciatifdistant
derrière l'écran louise, 26, présentement en train de mourir pour obtenir deux lettres de merde devant son nom de famille.
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